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sortes de supplices dans l'enfer le froid, le chaud, le trouble, ou le désespoir de l'âme (a). Le froid et le feu sont marqués dans Job (b): Ad nimium calorem transeat ab aquis nivium: Qu'il passe de l'eau des neiges à une chaleur excessive. Et l'auteur du Commentaire sur Job, qui est parmi les œuvres de saint Jérôme, entend de même ce passage; et il semble que l'Evangile a voulu désigner ces deux sortes de supplices, en marquant d'une part un feu qui ne s'éteint point, et de l'autre, le froid et les ténèbres de la nuit, et le grincement de dents; ou plutôt le tremblement de froid jusqu'à grelotter (c). L'auteur du quatrième livre d'Esdras (d) met les âmes des damnés entre le feu et l'eau; ayant le feu à la droite et l'eau à la gauche, également tourmentés de l'un et de l'autre. Les rabbins croient que Dieu tira de l'enfer le feu dont il brûla Sodome, et l'eau dont il inonda la terre au temps du déluge. Ainsi les païens ont imaginé dans l'enfer un fleuve de feu, c'est le Phlégéton, et un fleuve froid comme la glace, c'est l'Achéron, et ils ont dit que les Titans étaient tourmentés, les uns dans l'eau, et les autres dans le feu (e).

Aliis sub gurgite vasto
Infestum eluitur scelus, aut exuritur igni.

Les regrets, les remords, le désespoir des damnés sont exprimés par les rabbins sous le nom de désordre de l'âme; c'est ce qu'Isafe (/), et après lui l'Evangile (g), ont voulu inarquer par ce ver qui ronge et qui ne meurt point: Vermis eorum non moritur.

Les musulmans (h) ont emprunté des Juifs et des chrétiens le nom de Gehennem, ou Gehim, pour signifler l'enfer; Gehennem en arabe signifie un puits très-profond, et Gehim un homme laid et difforme; Ben-Gehennem, un fils de l'enfer, un réprouvé. Ils donnent le nom de Thabeck à l'ange qui préside

à l'enfer.

Ils reconnaissent sept portes de l'enfer (i); de même que les Juifs y reconnaissent sept degrés de peines; et c'est aussi le sentiment de plusieurs commentateurs, qui mettent au premier degré de peine, nommé Gehennem, les musulmans qui auront mérité d'y tomber. Le second degré, nommé Ladha, est pour les chrétiens; le troisième, nommé Hothama, pour les Juifs; le quatrième, nommé Sair, est destiné aux sabiens; le cinquième, nommé Sacar, est pour les mages, où guèbres, adorateurs du feu; le sixième, nommé Gehim, pour les païens et les idolâtres; le septième qui est le plus profond de l'abime, porte le nom de Haoviath, et est réservé aux hypocrites qui déguisent leur religion, et qui en cachent dans le cœur une autre que celle qu'ils professent au dehors.

D'autres expliquent autrement ces sept

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portes d'enfer. Par exemple, il y en a qui croient qu'elles marquent les sept péchés capitaux. Quelques-uns les prennent des sept principaux membres du corps, dont les hommes se servent pour offenser Dieu, et qui sont les sept principaux instruments de leurs crimes. C'est pourquoi un poëte persien a dit: Vous avez les sept portes d'enfer duns votre corps; mais l'âme peut faire sept serrures à ces portes; la clé de ces serrures est votre franc arbitre, dont vous pouvez vous servir pour si bien fermer ces portes, qu'elles ne s'ouvrent plus à votre perle.

Outre la peine du feu, qui est celle du sens, et que les musulmans reconnaissent comme nous, ils croient aussi la peine du dam, qui est la plus terrible de toutes, et sans laquelle l'autre serait peu de chose: c'est un éloignement de Dieu, et une privation de sa vue et de la vision béatifique, qui fait le plus grand supplice des damnés. [Voy. FEU.]

EN-GADDI (1), autrement HAZAZON-THAMAR (j), c'est-à-dire, la ville du palmier, à cause qu'il y avait quantité de palmiers dans son territoire. Elle était fertile en vignes de Cypre et en arbres qui portaient le baume. Salomon, dans son Cantique, parle des vignes d'Engaddi (k). Cette ville était près du lac de Sodome, à trois cents stades de Jérusalem (1), pas loin de Jéricho et de l'embouchure du Jourdain dans la mer Morte. Il est assez souvent parlé d'Engaddi dans l'Ecriture. Ce fut dans une caverne du désert d'Engaddi que David eut occasion de tuer Saül (m), qui le poursuivait.

En-Gaddi, en hébreu, signifie, la fontaine [ou l'œil du chevreau (n). [Voyez FON

TAINE.]

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[« Les environs d'Engaddi furent témoins de la défaite des Amorrhéens, des Amalécites et autres peuples confédérés contre le roi de celle des Ammonites et des Moabites réunis des Elamites Chodorlahomor et ses alliés, el contre Josaphat, roi de Juda. » BARBIÉ DU BOCAGE. Voyez AMALEC.

«Les montagnes d'Engaddi s'étendent à l'est du mont Français (ou le mont de Béthulie), à une distance d'une lieue environ. Ces montagnes, maintenant incultes et dépouillées, furent jadis vantées pour le baume et le raisin qu'elles produisaient: Mon bienaimé, dit l'Épouse des Cantiques, est beau comme une grappe de raisin suspendue aux vignes d'Engaddi. L'aride bruyère et le thym odoriférant forment toute la végétation de ces collines. Un voyageur moderne a été mal informé quand il a dit que le vin de Jérusa lem provenait encore des coteaux d'Engaddi. Au temps de saint Jérôme il existait une petite cité appelée Engaddi, habitée par des Juifs; tout a disparu aujourd'hui ; le seul village

(i) Alcoran c. De la pierre (j) II Par. xx, 2.

(k) Cant. 1, 14.

(1) Joseph. Antiq. l. IX, c. 1. (m) Reg. xxiv, 1, 2, 3 et sey. (n) 72 Ein-Guddi.

(1) Jos. xv, 62.

de ces mornes solitudes est un amas de masures croulanter, appelées en arabe Dereben-aber, Engaddi n'a conservé de sa beauté ancienne que son nom, qui veut dire en hé breu ail de chevreau. Les tribus campées dans les vallons d'Engaddi ont une réputation de rapacité et de barbarie. » M. POUJOULAT, Corresp. d'Orient, lettre CXXI, avril 1831, tom. V, pag. 204.

Il paraît cependant qu'il y a encore des vignes à Engaddi. Le 28 octobre 1832, M. de Lamartine a vu, dans des sentiers qui conduisent à Jérusalem, « quelques femmes de Bethlehem ou de Jéricho, portant sur leurs têtes un panier de raisins d'Engaddi, ou une corbeille de colombes qu'elles vont vendre le matin, sous les térébinthes, hors des portes de la ville.» Voyage en Orient, t. I, p. 435. Mais ceci ne constate peut-être que la réputation des anciens raisins d'Engaddi.]

EN-GALLIM, ou EIN-EGLAIM, la fontaine des veaux. Ezéchiel (a) parle de ce lieu, et il l'oppose à Engaddi: Les pécheurs sècheront leurs filets sur la mer Morte, depuis Engaddi jusqu'à Engallim. Saint Jérôme dit qu'Engallim est située au commencement de la mer Morte, où le Jourdain entre dans cette mer. Eusèbe met une ville d'Agallim de l'autre côté de la mer Morte, à huit milles d'Aréopolis. Mais cette dernière était trop éloignée de la mer dont il s'agit, pour croire que c'est celle d'Eusèbe.

Comme dom Calmet, le géographe de la Bible de Vence dit qu'Engallim n'était qu'un lieu. Il ajoute qu'on le suppose être situé vers l'extrémité septentrionale de la mer Morte. » Barbié du Bocage dit que c'était une ville de la tribu de Benjamin, située à l'embouchure du Jourdain, dans la mer Morte. »] ENGANNIM, ville dans la plaine de la tribu de Juda (b).

ENGANNIM, ville de la tribu d'Issachar(c). Elle fut donnée aux lévites de la famille de

Gerson (d). [Ailleurs elle est nommée Anem. I Par. VI, 73.]

ENGANNA. Saint Jérôme dit qu'il y a une ville de ce nom vers Gérasa, au delà du Jourdain.

ENGASTRIMYTHOS (e), devins, magiciens. Voyez PYTHON.

EN-HADA, ville de la tribu d'Issachar (f). Eusèbe met une ville d'Enada sur le chemin d'Eleutheropolis à Jérusalem, à dix milles d'Eleutheropolis.

EN-HAZOR, ville de Nephthali. Josue, XIX, 37. Ne serait-ce pas Atrium Ennon, ou Chazor-ennon d'Ezéchiel, XLVII, 17; XLVIII, 1, et la ville d'Enna de Moïse? Num. XXXIV, 5.-[Voyez ENAN.]

[« N. Sanson suppose, dit le géographe de

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Vence, que En-hasor est un surnom d'Edraï, ville de la même tribu. Dom Calmet plaçait vers cet endroit Asor, ville royale des Chamanéens, Jos. XI, 1, et c'est aussi l'opinion de Danville. »]

ENIVRER. Voyez IVROGNE, IVRESSE.

ENNOM, qui a donné son nom à la vallée Ge-hennom, ou à la vallée des enfants d'Ennom (g). Celle vallée est à l'orient de Jérusalem. On l'appelle aussi vallée de Topheth. On croit qu'on y adorait le dieu Moloch, et qu'on y entretenait un feu perpétuel en son honneur. On peut voir ce que nous avons dit sur GEHENNA.

ENNON, oa ÆNNON, lieu où saint Jean baptisait, parce qu'il y avait abondance d'eaux (h). Ce lieu était à huit milles de Scythopolis, vers le midi, entre Salim et le Jourdain (i). [Ennon, suivant Barbié du Bocage, était une ville de la demi-tribu ouest de Manassé, située non loin du Jourdain, sur un ruisseau qui court s'y jeter, et à peu de distance de Salim.]

ENOCH, ou HENOCH, fils de Carn (j). C'est de son nom que la première ville qui soit marquée dans l'Ecriture, a pris son nom. Caïn l'appela Enoch, ou Enochie, à cause de son fils.[Voyez HENOCH.]

ENOCH, fils de Jared (k), naquit l'an du monde 622; avant Jésus-Christ, 3378; avant l'ère vulgaire, 3382. Il engendra Mathusala, âgé de soixante-cinq ans ; il vécut encore trois cents ans après, et eut plusieurs fils et plusieurs filles. Il marcha avec Dieu, et après avoir vécu en tout trois cent soixantecinq ans, il ne parut plus, parce que le Seigneur l'enleva du monde. Quelques-uns (1) prennent ces dernières paroles, comme si elle's marquaient qu'Enoch mourut d'une mort naturelle, mais prématurée, parce que véritablement il vécut bien moins que les autres patriarches de ce temps-là; comme si Dieu, pour le garantir de la corruption, eût voulu le tirer de bonne heure de ce monde. Mais la plupart des Pères et des commentateurs enseignent qu'il n'est point mort, et que Dieu le transporta hors de la vue des hommes, de même que, longtemps après, il transporta Elie sur un chariot de feu. Saint Paul, dans l'Epitre aux Hébreux, marque assez clairement qu'Enoch n'est point mort (m): C'est par la foi qu'Enoch fut enlevé, afin qu'il ne vit point la mort ; et on ne le vit plus, parce que le Seigneur le transporta ailleurs. Et Jésus, fils de Sirach (n), selon la Vulgate, dit qu'il fut transporté au paradis ; ce qu'il faut entendre du paradis terrestre (o). Le Grec ne lit pas le paradis. Saint Jérôme l'entend du ciel (p): Enoch et Elias rapti sunt cum corporibus in cœlum.

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L'apôtre saint Jude (a) cite un passage du livre d'Enoch, qui donne bien de l'exercice aux interprètes. On demande si l'apôtre a pris ce passage d'un certain livre d'Enoch, que l'on voyait aux premiers siècles de l'Eglise, et dont nous avons encore de longs fragments; ou s'il l'avait reçu par tradition, ou enfin par une révélation particulière. Il est plus vraisemblable qu'il l'avait lu dans le livre dont nous avons parlé, lequel, quoique apocryphe, pouvait contenir plusieurs vérités, dont saint Jude, éclairé d'une lumière surnaturelle, a pu faire usage pour l'édification des fidèles. Voici le passage cité par saint Jude: Enoch, le septième après Adam, a aussi prophétisé des hérétiques et des méchants, en disant: Voici le Seigneur qui vient avec les milliers de ses saints pour juger et condamner tous les impies de toutes leurs impiétés qu'ils ont commises, et de tous les blasphèmes qu'ils ont prononcés contre Dieu.

Les plus anciens Pères, comme saint Justin, Athénagore, saint Irénée, saint Clément d'Alexandrie, Lactance et autres Pères des premiers siècles, avaient puisé dans ce livre d'Enoch un sentiment qu'on voit dans leurs ouvrages, c'est que les anges s'allièrent aux filles des hommes, et en eurent des enfants. Tertullien (b) parle de cet ouvrage en plus d'un endroit, et toujours avec estime. Il voudrait que l'on crût qu'il fut conservé par Noé dans l'arche pendant le déluge, ou qu'Enoch lui-même l'écrivit de nouveau après le déluge, et l'envoya à Noé. Il dit que si les Juifs ne le reçoivent pas, on n'en doit rien conclure à son désavantage; que c'est apparemment parce qu'il parle trop en faveur de Jésus-Christ. Mais tout cela n'a pas empêché que l'Eglise n'ait mis cet écrit au rang des apocryphes, et que plusieurs Pères très-éclairés, comme Origène (c), saint Jérôme (d) et saint Augustin (e), n'en aient parlé comme d'un livre qui n'avait par luimême aucune autorité ; quoique la prophétie citée par saint Jude fût d'une autorité divine, à cause de l'inspiration de ce saint apôtre. L'auteur du Testament des douze patriarches cite plusieurs choses du livre d'Enoch, qui ne se trouvent plus.

Le désir de posséder le livre d'Enoch engagea le fameux M. Peiresch à de grandes recherches et à des dépenses considérables (). On lui rapporta qu'il était en Ethiopie, et il fit tant qu'on le lui apporta. C'est l'ouvrage d'un nommé Bahaila Michail, qu'on lui donna au lieu du livre d'Enoch. M. Ludolf, l'ayant recouvré, l'a fait connaître comme l'ouvrage d'un imposteur. Voici le commencement de ce livre : Au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. C'est ici le livre des mystères du ciel et de la terre; il contient le sujet du premier et du dernier tabernacle, et celui de toutes les créatures. C'est

(a) Judæ v. 14, 15.

(b) Tertull. de Cult. femin. l. I, c. m, et l. II, c. x, el de Idololat. c. ivet xv, et Apolog. c. xxu.

(c) Origen. homil. 28 in Numer., el l. V contra Cels., P. 267.

(d) Hieron. de Scriptorib. Eccles., in Jud. apostol. (e) Aug. I. XV de Civil. c. xxm, ci l. XVIII, c. xxXVIII.

ce qu'a appris Abba-Bahaila-Michail, et il l'a su de Tamhana Samai. L'ange qui lui a été envoyé lui a dit: Ecoute... le Père n'est pas avant le Fils: le Fils n'est pas avant le Père, ni le Saint-Esprit avant le Père et le Fils, etc.; ce qui est bien différent du livre d'Enoch connu et cité par les anciens, et dont M. Fabricius nous a donné les fragments qui sont échappés à la longueur de lant de siècles.

Les Orientaux ont conservé diverses traditions peu certaines touchant Enoch, qu'ils appellent Edris. Par exemple, ils croient que, dans les guerres continuelles que se faisaient les enfants de Seth et ceux de Caïn, c'est-àdire la race des enfants de Dieu contre les enfants des hommes, Enoch fut le premier qui commença ces guerres (g), et qui introduisit la coutume de faire des esclaves de ceux d'entre les Caïnites qui avaient été pris dans le combat, Seth était le monarque universel du monde dans ces premiers temps, et Mahaléel, nommé Doudasch par les mahométans, était un de ses généraux, et combattait nu depuis la tête jusqu'au nombril, par la seule force de ses bras.

Ils croient de plus (h) qu'Enoch reçut de Dieu le don de sagesse et de science dans un degré éminent, et que Dieu lui envoya du ciel trente volumes remplis de tous les secrets des sciences les plus cachées ; d'où vient que les livres d'Enoch sont encore aujourd'hui si célèbres et si respectés dans l'Orient, quoiqu'ils ne les possèdent pas, et ne les connaissent que par réputation. Outre ces livres qu'il reçut du ciel, il en composa encore un bon nombre, qui leur sont aussi peu connus que les premiers.

Dieu l'envoya aux descendants de Caïn pour les ramener dans le bon chemin ; mais ceux-ci ayant refusé de l'écouter, il leur déclara la guerre, et réduisit leurs femmes et leurs enfants en esclavage. Ils lui attribuent l'invention de la plume et de l'aiguille, ou de la couture et de l'écriture, de l'astronomie et de l'arithmétique, et encore plus particulièrement de la géomance. On sait ce que Josèphe (i) a dit de deux colonnes, l'une de pierre, pour résister à l'eau ; et l'autre de brique, pour résister au feu, sur lesquelles les enfants de Seth, avant le déluge, écrivirent leurs découvertes astronomiques.

On dit de plus qu'Edris, ou Enoch, fut la cause innocente, ou l'occasion de l'idolâtrie, un de ses amis, affligé de son enlèvement, ayant formé par l'instigation du démon une statue qui le représentait si au naturel, qu'il s'entretenait des jours entiers avec elle, et lui rendait des honneurs particuliers, qui dé générèrent peu à peu en superstition. D'autres fixent l'époque de l'idolâtrie sous Enos, et expliquent ces paroles de l'Ecriture (j): Ipse cœpit invocare nomen Domini: Il com(f) Ludolf. Comment. in Hist. Æthipp. 3, not. xxx, p. 347.

(g) D'Herbelot, Bibl. Orient., p. 301, Dondasch. (h) Idem, p. 310, Edris.

(i) Joseph. Antiq. I. I, c. u.

(j) Genes. iv, 26.

mença d'invoquer le nom du Seigneur ; comme s'il y avait : Alors on profana le nom du Seigneur ; car l'Hébreu peut aussi recevoir ce sens. [Voyez ENOS.] Enfin les chrétiens orientaux tiennent qu'Enoch est le Mercure Trismegiste, ou trois fois très-grand des Egyptiens, plus connu sous le nom d'Hermes. On donne à Enoch un fils, nommé Sabi, que les Sabiens d'Orient veulent faire passer pour auteur de leur secte.

Les profanes semblent avoir eu quelque connaissance d'Enoch, et de la prédiction qu'il fit du déluge. Etienne le géographe le nomme Anacus, et dit qu'il demeura dans la ville d'Iconium en Phrygie. Un oracle avait prédit que tout le monde périrait après la mort d'Anac. Il mourut âgé de plus de trois cents ans, et les Phrygiens, à sa mort, donnèrent de si vives marques de douleur, qu'elles sont passées en proverbe, et que l'on dit, pleurer Anac, pour marquer un deuil extraordinaire. Le déluge de Deucalion suivit de près la mort d'Anac. Voilà ce que dit Etienne. Eusèbe (a) cite d'Eupolème, que les Babyloniens reconnaissent Enoch comme premier inventeur de l'astrologie; qu'il est le même qu'Atlas des Grecs, qu'il eut pour fils Mathusalé, et qu'il reçut, par le ministère des anges, toutes les rares connaissances qu'il avait.

Les rabbins tiennent qu'Enoch, ayant été transporté au ciel, fut reçu au nombre des anges; et que c'est lui qui est connu sous le nom de Métatron, ou de Michel, l'un des premiers princes du ciel, qui tient registre des mérites et des péchés des Israélites. Ils ajoutent qu'il eut Dieu même et Adam pour maitres, et qu'ils lui enseignèrent la manière de bien servir le Seigneur, et de lui offrir des sacrifices. On attribue à Enoch l'invention de quelques lettres et quelques livres d'astrologie. Les Juifs le font auteur de la formule de la grande excommunication. On peut voir sur cela M. Fabricius, de Apocryphis V. T., et les auteurs qu'il cite.- [Voyez DEMON, où il y a une longue analyse du livre d'Enoch. Voyez aussi les Annales de philos. chrét. tom. 1,299; II, 267; IX, 48, 103; XVI, 120; XVII, 161 et suiv., 172 et suiv., 374 et suiv.]

et

ENOCH, ou HÉNOCH, fils de Madian, petit-fils d'Abraham et de Céthura (b). ENOCH, ou HÉNOCH, fils aîné de Ruben, et auteur de la famille des Enochites (c).

ENOS, fils de Seth (d), et père de Caïnan. Il naquit l'an du monde 235; avant JésusChrist 3765; avant l'ère vulgaire 3769. Il mourut âgé de neuf cent cinq ans, l'an du

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ENS

518 monde 1140; avant Jésus-Christ 2860; avant l'ère vulgaire 2864. Moïse nous dit qu'Enos commença à invoquer le nom du Seigneur ; c'est-à-dire, qu'il fut inventeur des cérémonies de la religion, et des rits du culte extérieur que l'on rend à Dieu. D'autres traduisent l'Hébreu par (e): Alors on commença à invoquer le nom du Seigneur. Enos forma la manière publique et extérieure d'honorer Dieu. Ce culte se soutint et se conserva dans la famille d'Enos, pendant que la famille de Caïn se plongeait dans toute sorte de déréglements et d'impiétés.

Plusieurs Juifs (f) croient que, du temps d'Enos, l'idolâtrie commença à s'introduire dans le monde. Ils traduisent l'Hébreu par : On commença alors à profaner le nom du Seigneur; on commença à le donner à la créature, aux idoles (1); on pourrait aussi traduire de cette sorte (g): On commenca alors d se qualifier du nom du Seigneur. Les gens de bien, pour se distinguer des méchants, commencèrent à prendre la qualité d'enfants de Dieu, ou de serviteurs de Dieu; d'où vient que Moïse, Genes. chap. VI, 1, 2, dit que les enfants de Dieu, c'est-à-dire, les descendants d'Enos, qui jusque-là avaient conservé la vraie religion, voyant les filles des hommes qui étaient belles, prirent pour femmes toutes celles qu'ils avaient choisies.

Génébrard (h) attribue quelques écrits à Enos; il dit qu'il écrivit sur la religion, sur la manière de prier Dieu, et sur les cérémonies. Mais on n'a aucune connaissance de ces prétendus ouvrages, et il ne cite aucun auteur ancien qui en ait fait mention.

Les Orientaux (i) ajoutent à son histoire, que Seth, son père, le déclara prince souverain et grand pontife des hommes après lui; qu'Enos fut le premier qui ordonna des aumônes publiques pour les pauvres, qui établit des tribunaux publics pour rendre la justice, et qui planta ou plutôt qui cultiva le palmier. Il mourut âgé de neuf cent soixante-cinq ans, et laissa Caïnan, l'aîné de ses fils, pour successeur de sa dignité de prince souverain et de grand prêtre.

Soleil, située sur les frontières de Juda et de EN-SEMES (j), c'est-à-dire, Fontaine du Benjamin (k) (2). On doute si c'est une ville, ou une simple fontaine. On montre au delà de Béthanie, en allant au Jourdain, une fontaine, que l'on dit être celle du Soleil. Mais cela n'est nullement certain.

Les Arabes (1) appellent de ce nom l'ancienne métropole d'Egypte, que les Hébreux Isaïe (m) prédit qu'il y aura un jour dans ont appelée On, et les Grecs Héliopolis.

(1) Idem, p. 79, Ain-al-Schamasch.

(m) Isai. xix, 18. D 70. Edit. Rom. «g Åmeðan. (1) M. Cahen, qui est Juif, traduit en ces termes: Alors on commença à nommer par le nom de l'Eternel. Et en note, il dit: A nommer, ou invoquer. Ceci pourrait bien être l'origine de la prière adressée à l'Eternel, désigné par son nom quadrilatère. »

Pagnin qui était catholique, traduit par profaner. MM. Franck et Glaire traduisent par invoquer.

(2) Située sur la limite de la tribu de Benjamin, au nord. Ses eaux s'écoulaient dans le Jourdain et formaiont la ligne de démarcation entre les deux tribus d'Ephraim et de Benjamin. » BARBÉ DU BOCAGE.

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l'Egypte cinq villes qui parleront la langue phénicienne, ou hébraïque, et qui jureront au nom du Seigneur; et que l'une de ces villes s'appellera la ville du Soleil (Hir-Hacheres). On croit que c'est Héliopolis, ville célèbre dans l'Egypte, sur le Nil, à une demi-journée de Babylone d'Egypte. Je crois que c'est cette ville que les Arabes veulent désigner sous le nom de fontaine du Soleil, Ain-al-Schamasch. Mais M. d'Herbelot (a) dit que c'est la ville de Coss, située dans la haute Egypte, et la plus grande des villes d'Egypte après le grand Caire. Il prétend que Coss est l'ancienne et fameuse ville de Thèbes, située sur le Nil. Il faut voir ci-après HÉLIOPOLIS.

ENTHOUSIASME. On donne ce nom à la fureur poétique qui transporte l'esprit, enflamme l'imagination, et lui fait dire des choses sublimes et surprenantes. Virgile a fort bien décrit l'enthousiasme de la prêtresse d'Apollon, qu'Enée consulta avant son voyage aux enfers (b):

At Phœbi nondum patiens immanis in antro
Bacchatur Vates, magnum si pectore possit
Excussisse Deum; tanto magis ille fatigat
Os rabidum, etc.

On donne aussi quelquefois le nom d'enthousiasme à l'inspiration des prophètes, parce que, dans le moment qu'ils prophétisaient, ils paraissaient tout transportés et hors d'eux-mêmes, et parlaient un langage extraordinaire. Ainsi Saül, ayant fait rencontre d'une troupe de prophètes qui prophétisaient au son des instruments, se mit à prophétiser au milieu d'eux (c): Insiluit spiritus Domini in eum, et prophetavit in medio eorum. Le même prince, étant allé pour arrêter David qui était au milieu des prophètes, fut saisi de l'Esprit de Dieu (d), se déshabilla, et demeura tout nu au milieu d'eux tout le jour et toute la nuit. Les Hébreux expriment ordinairement l'enthousiasme des prophètes sous le nom de la main du Seigneur, qui se fait sentir en eux, ou de l'esprit du Seigneur qui saule sur eux, ou qui les revét. Le prophète Elisée (e), étant dans l'armée des rois de Juda et d'Israel, et ayant été consulté par le roi Josaphat, pria qu'on lui fit venir un joueur d'instruments pour calmer son esprit ému; car il venait de parler avec émotion à Joram, roi d'Israel: Adducite mihi psaltem; cumque cantaret psalles, facta est super eum manus Domini. L'on dit que les pythagoriciens employaient le chant et les instruments de musique pour se procurer la paix du cœur et la sérénité de l'esprit (/): Pythagoræi mentes suas a cogitationum intentione, cantu fidibusque ad tranquillitatem traducebant.

Les faux prophètes et les devins du paganisme entraient dans une espèce de fureur, lorsqu'ils étaient dans leur enthousiasme; mais les prophètes du Seigneur etaient pous

(a) D'Herbelot. Bibl. Orient., p. 271, Coss.

(b) Virgil. Eneid. vi.

(c) Reg. x, 5, 10.

I

(d) Reg. xix, 23, 21.

(e) IV Reg. m, 15, 16.

U) Cicero Tuscul, quæst. I. IV.

sés d'une douce impression, qui, sans troubler leur esprit ni leur imagination, leur donnait la force, la majesté et l'autorité nécessaires pour parler et agir comme les ambassadeurs de Dieu; au lieu que les devins et les faux prophètes, n'étant animés que d'un mauvais génie, ou même contrefaisant une inspiration qu'ils n'avaient pas, s'agitaient et se donnaient des mouvements forcés, faisaient des contorsions violentes, et s'efforçaient de se défaire du démon qui les agitait.

Il est vrai que quelquefois Dieu agissait sur l'esprit de ses prophètes avec tant de force, qu'il leur faisait en quelque sorte violence. Jérémie (g) se plaint au Seigneur qu'il l'a en quelque sorte trompé, en l'engageant dans l'emploi de la prophétie: Vous m'ovez séduit, Seigneur, et j'ai été séduit; vous avez été plus fort que moi, et vous avez prévalu. Je suis devenu le sujet de leur moquerie tout le jour. J'ai dit en moi-même: Je ne nommerai plus le Seigneur, et je ne parlerai plus en son nom; mais en même temps il s'est allumé dans mon cœur un feu brûlant, qui s'est enfermé dans mes os, et je suis tombé dans la langueur, n'en pouvant plus supporter la violence. Eliu dans Job dit à peu près de même (h): Je suis rempli de l'esprit, et je ne puis m'empêcher de parler; ma poitrine est comme un tonneau de vin nouveau sans soupirail, qui rompt le vaisseau où il est renfermé.

Tel était l'enthousiasme des vrais prophèportait, leur faisait une douce violence, tes: il les animait, les échauffait, les transallumait leur zèle, en sorte qu'ils ne pouvaient s'empêcher d'invectiver contre les désordres, et de reprendre les pécheurs. Mais ces impressions si vives, si fortes et si effiprophètes ne fût pas soumis aux prophètes, caces n'étaient pas telles, que l'esprit des comme dit saint Paul (i), et qu'ils ne conservassent pas la connaissance, la présence d'esmême certains prophètes qui se sont défenprit, la tranquillité, convenables; on voit fait à Tharse, pour ne pas prêcher à Nidus de prophétiser; comme Jonas qui s'ennive(); et ces prophètes dont le Seigneur se plaint, qui, par timidité, ne voulaient pas annoncer au peuple tout ce qu'il leur inspiqui furantur verba mea unusquisque a proximo rait (k): Ecce ego ad prophetas, ait Dominus, suo. En un mot, les vrais prophètes n'étaient pas comme ces devins, qui dans leur fureur disaient, qui faisaient mille efforts inutiles, parlaient malgré eux, et sans savoir ce qu'ils pour tâcher de secouer le joug du démon qui les agitait ().

Bacchatur demens aliena per antrum
Colla ferens, vittasque Dei, Phobeaque serta,
Erectas discussa comas, per inania templi
Aucipiti cervice rotas... magnoque exæstuat igne,
Iratum te, Phoebe, ferens, etc.

(g) Jerem. xx, 7. 8.

(h) Job, xxxu, 18, 19.

(i) I Cor. xiv, 32.

(j) Jonas, 1 et 1.

(k) Jerem. xx, 29, 30.
(4) Lucan. Pharsal. I. V

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