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d'Atarnès, frère de Darius (a). Ce fut apparemment l'une de celles-là qu'il répudia, et qui est nommée Vasthi (1) dans le livre d'Esther. Je ne rapporte pas cette histoire au long; on la verra dans l'article d'Esther, et on l'a déjà vue dans celui d'Assuérus. Nous plaçons la répudiation de Vasthi la quatrième année de Darius (b), du monde 3487. Esther devint son épouse, et fut reconnue reine vers l'an 3488, avant l'ère vulgaire 5.4.

La seconde année du règne de ce prince, du monde 3485, les Juifs, animés par les ex-hortations des prophètes Aggée et Zacharie, recommencèrent à travailler au temple, dont ils avaient interrompu l'ouvrage depuis le temps de Cyrus. Leurs ennemis en ayant donné avis à Darius, ce prince leur permit de continuer (c). Aman, fils d'Amathi, ayant abusé de la bonté que le roi avait pour lui, en demandant la mort de tous les Juifs qui étaient dans ses états, et Darius ayant été informé de l'injustice de sa demande, ie fit lui-même pendre au poteau qu'il avait destiné pour Mardochée, et permit aux Juifs de se venger de leurs ennemis, en 3496. Ce prince réduisit Babylone après vingt mois de siége. Cette ville, autrefois la capitale de tout l'Orient, et la maîtresse de toutes les nations sous les règnes de Nabuchodonosor, et de ses fils et petits-fils, ne souffrit qu'avec une extrême répugnance de se voir réduite au second rang, et dépouillée de ses plus chères prérogatives, les rois de Perses ayant transféré à Suses le siége de leur empire. Elle résolut donc de se délivrer du joug de la servitude, et de se révolter contre les Perses (d). Dans ce dessein profitant de la révolution qui arriva en Perse, premièrement à la mort de Cambyse, et ensuite dans le massacre des mages, ils commencèrent à faire secrètement leurs préparatifs pour la guerre, et pour soutenir un long siége. Ils employèrent quatre ans à ces préparatifs, et lorsqu'ils crurent leur ville abondamment fournie de provisions pour plusieurs années, ils levèrent l'étendard de la rebellion, et refusèrent d'obéir à Darius, fils d'Hystaspe.

Ce prince leva promptement une armée, et vint faire le siége de Babylone avec toutes ses forces. Les Babyloniens n'osèrent s'exposer en pleine campagne contre un prince de la valeur de Darius. Ils s'enfermèrent dans leurs murailles, qui étaient d'une hauteur et d'une épaisseur qui les mettait hors d'insulte: et comme ils n'avaient à craindre que la famine, ils prirent la résolution la plus barbare dont on ait jamais ouï parler; ce fut d'exterminer toutes les bouches inutiles et incapables de combattre. Ils rassemblèrent donc toutes les femmes et tous les enfants, et les étrangèrent: ils réservèrent seulement chacun celle de leurs femmes qu'ils aimaient le plus, et une servante pour

(a) Herodot, I. VII, c. ccxxiv.

(b) Esth. 1, 3.

(c) 1 Esdr. vi, 12, 14.

(d) Herodot. I. III. Justin. I. I, c. x. Polyæn. I. VII.

e) Isai. XLVII, 7, 8, 9.

(() Isai. XLVII, 20.

faire les ouvrages de la maison. Aizsi se vérifia cette parole d'Isaïe (e): Tu as dit, & Babylone: Je serai toujours la maîtresse ; et tu n'as pas fait attention à ce qui doit l'arriver à la fin. Ecoute, ville délicieuse, et qui habites sans crainte, qui dis dans ton cœur : Je suis, et nulle autre n'est semblable à moi; je ne serai pas veuve, et je n'éprouverai pas la stérilité; ces deux maux fondront sur toi en un seul jour, la viduité et la stérilité, etc. En effet, par la mort de ses femmes et de ses enfants, Babylone n'éprouva-t-elle pas en un seul jour ces deux malheurs?

On croit avec raison que les Juifs qui demeuraient en Babylone, ou en furent chassés par les Babyloniens, comme trop attachés au roi Darius, qui favorisait en toutes choses leur nation, ou qu'ils prirent d'eux-mêmes le parti d'en sortir, lorsqu'ils virent les esprits résolus à la révolte. Les prophètes les avaient souvent avertis de fuir du milieu de Icette ville criminelle. Sortez du milieu de Babylone, avait dit Isafe (f), fuyez du milieu des Chaldéens, annoncez d haule voix que le Seigneur a sauvé son peuple. Et Jérémie (g): Retirez-vous du milieu de Babylone, sortez de la terre des Chaldéens. Je vais assembler contre elle une multitude de nations du côté de l'aquilon, qui la prendront, et la Chaldée sera en proie. Et encore (h): Fuyez du milieu de Babylone; que chacun de vous sauve son âme et sa vie. Le temps de la vengeance du Seigneur est arrivé; Babylone a été comme une coupe d'or entre les mains du Seigneur, il en a enivré toutes les nations; elle est tombée tout d'un coup, elle est toute brisée, etc. Enfin Zacharie, presque dans le même temps, c'està-dire, vers la cinquième année de Darius, avait fait dire aux Juifs de Babylone (i) : 0, fuyez de la terre d'aquilon, dit le Seigneur.... O Sion, qui habitez chez la fille de Babylone, sauvez-vous!

Darius, fils d'Hystaspe, fut vingt mois devant Babylone, sans faire aucun progrès considérable; la ville était fournie de toutes sortes de provisions pour plusieurs années : la hauteur et la force de ses remparts la rendaient imprenable; la résolution de ses habitants était extrême: Babylone renfermait dans son enceinte un grand terrain vide (j), qui pouvait être cultivé, ce qui était d'une grande ressource aux assiégés; de sorte qu'elle ne pouvait être prise ni par assaut ni par famine. Zopyre, un des généraux de Darius, entreprit de la prendre par stratagème. Il se fit couper le nez et les oreilles, et se fit diverses incisions sur tout le corps, et, en cet état, il se jeta dans la ville, se plaignant amèrement de la cruauté de Darius, qu'il ac cusait de l'avoir injustement mis en cet état. Il sut si bien gagner la confiance des Babyloniens, qu'ils lui confièrent le gouvernement de leur ville et le commandement de leurs

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troupes. Il s'en servit pour livrer la ville au roi, qui le combla de biens et d'honneurs pour tout le reste de sa vie.

Il n'eut pas plutôt Babylone en sa puissance, qu'il en fit enlever les cent portes d'airain, suivant la prédiction qu'en avait faite Jérémie (a): Voici ce que dit le Seigneur : Ce mur de Babylone qui est si épais sera renversé, ses portes si élevées seront brûlées, et les travaux des nations seront réduits au néant. C'est ce que raconte Hérodote (b): Darius abattil les murs de Babylone, non pas entièrement, car il les laissa à la hauteur de cinquante coudées, au lieu de deux cents qu'ils avaient auparavant; et il enleva toutes les portes, ce que n'avait pas fait Cyrus, lorsqu'il prit la ville; enfin il fit crucifier trois mille des plus mutins, et pardonna aux autres; et pour empêcher que Babylone ne de-meurât déserte, il y fit mener cinquante mille femmes des provinces voisines, pour remplacer celles qu'ils avaient tuées au commencement du siége.

Les autres guerres de Darius, fils d'Hystaspe, et les autres événements de son règne n'ont aucun rapport à notre sujet. Nous lisons que ce prince, qui parut toujours trèsfavorable aux Juifs, et qui avait même épousé Esther, et élevé Mardochée à de trèsgrands honneurs, et qui par conséquent devait avoir quelque connaissance du vrai Dieu, tomba sur la fin de sa vie dans l'erreur des mages adorateurs du feu. Zoroastre étant venu à sa cour (c) à Suse, sut si bien s'insinuer dans l'esprit du roi, et lui proposa ses sentiments avec lant d'adresse, que Darius embrassa ses sentiments, et son exemple fut suivi par les courtisans, la noblesse et tout ce qu'il y avait de personnes de distinction dans le royaume. Ainsi le magianisme, ou le culte du feu devint la religion dominante dans la Perse, et y continua jusqu'à l'établissement du Mahométisme dans le même pays.

Zoroastre tenta ensuite de faire embrasser sa religion à Argasp roi des Scythes orientaux, zélé sabéen; et, pour en venir plus aisément à bout, il employa l'autorité de Darius. Le roi scythe indigné qu'on voulût lui faire une loi dans une chose de cette nature, se jela dans la Bactriane avec une armée, baltit les troupes de Darius, tua Zoroastre avec tous ses prêtres au nombre de quatre-vingts, et démolit tous les temples de cette province. Darius y accourut, tomba sur les Scythes avant qu'ils eussent eu le loisir de se retirer, fit un grand carnage de leurs troupes, les avaient détruits, surtout celui de Balch, qui chassa du pays, et rétablit les temples qu'ils était comme la métropole de toute la religion des mages; Darius le rétablit d'une grandeur et d'une magnificence extraordinaire, et par reconnaissance, il fut nommé dans la suite le temple de Durius Hystaspe. On dit qu'il prit le titre de Maître des mages (a) Jerem. L1, 58.

Herodot. i. III.

(c) Religio veter. Persar. c. XXIV, XXV, XXVI. (d) Porphyr. de abstinentia. I. IV.

(e) Herodot, I. VII, c. vii.

DAR

(d), et qu'il voulut qu'on gravât ce litre su son tombeau.

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les difficultés qu'on forme sur la qualité d'éNous examinerons sur l'article d'Esther poux d'Esther, que nous avons attribuée à Darius fils d'Hystaspe. Darius mourut l'an du monde 3519, avant l'ère vulgaire 481, après trente-six ans de règne (e). Voyez An TAXERCÈS Longuemain et AssURRUS.

[Le tombeau de Darius Hystaspe et ceux de ces successeurs existent encore. Ceux de Darius Hystaspe, de Xercès et de Darius Codoman sont creusés dans la montagne de Ra chmed, sur un pic, à plus de soixante pieds au-dessus du sol, et où l'on ne parvient qu'en se faisant hisser au moyen d'une corde altachée autour du corps. Cette montagne est près de Persépolis. A deux lieues plus loin, sur un autre pic, dans le lieu appelé Wakschi-Roustam, sont les tombeaux des quatre autres rois Achéménides. Voyez, sur ces antiques monuments, Ker-Portet, Voyag., Descript. des ruines de Persepolis, dans les tom. 1. p. 520 et suiv., et Raoul-Rochette, Ann. de Ph. chrét. t. XII, p. 140 et suiv.]

la race royale des Perses, mais fort éloigné de DARIUS CONDOMANUS. Ce prince était de la royauté, et dans un assez grand abaissement, lorsque Bagoas, eunuque fameux, qui avait fait périr successivement les rois Ochus et Arsès, le plaça sur le trône (f). Son vérita ble nom était Codoman; et il ne prit celui de Darius que lorsqu'il fut fait roi. Il était descendu de Darius Nothus, qui eut un fils nommé Ostanes, lequel fut père d'Arsane, qui engendra Codoman. Celui-ci n'était d'abord qu'astande, c'est-à-dire courrier (g), ou tout au plus général des postes de l'empereur Ochus. Mais un jour étant à l'armée de ce prince, un des ennemis vint défier le plus vaillant des Perses. Codoman se présenta pour le combattre, et le vainquit (h), et pour récompense il fut fait gouverneur de l'Arménie. C'est de là que Bagoas le tira pour le placer sur le trône des Perses.

Bagoas s'aperçut bientôt que Darius n'é-
tait pas d'humeur à lui abandonner le gou-
vernement, et à se contenter du simple titre
de roi. Il résolut de s'en défaire, et prépara
du poison pour le faire périr (i). Mais Darius
en ayant été averti, l'obligea à le boire lui-
quille de la couronne. L'histoire nous repre-
même, et s'assura ainsi la possession tran-
sente Darius comme le plus bel homine et le
même temps comme le plus brave, le plus
mieux fait de tout l'empire des Perses, et en
les états et villes libres de la Grèce pour
généreux, le plus doux et le plus clément.
Alexandre le Grand ayant été choisi par
commander en chef l'armée que l'on destinait
contre les Perses, honneur qui avait été dé-
féré au roi Philippe son père un peu avant
sa mort, il passa en Asie à la tête de trente
mille hommes de pied, et de cinq mille che-
vaux; et ayant rencontré au passage du Gra-
(f) Diodor. Sicul. I. XVII.

(g) Plutarch. de fortuna Alexandri, et in vita ejusders
(n) Diodor. I. XVII. Justin. I. X, c. III.
(i) Diodor. I. XVII.

nique Darius, qui avait une armée cinq fois plus forte que la sienne, il remporta sur lui une grande victoire. Il le battit une seconde fois à Issus. Alors Darius lui fit faire jusqu'à trois fois des propositions de paix; mais voyant qu'il n'y en avait point à espérer, il assembla une nouvelle armée, qui se trouva forte de deux cent mille hommes: il la mena vers Ninive. Alexandre l'y suivit. La bataille se donna près d'un petit village nommé Gangameles Darius là perdit; Alexandre n'avait qu'environ cinquante mille hommes. Après cette défaite, Darius s'enfuit vers la Médie, dans l'espérance de tirer de cette province et de celles qui lui restaient encore au nord de l'Empire, de quoi tenter de nouveau la fortune.

Il arriva à Ecbatane, capitale de Médie, où il rassembla les débris de son armée (a), avec quelques nouvelles troupes qu'il leva. Alexandre, après avoir passé l'hiver à Babylone et à Persépolis, se mit en campagne pour aller chercher Darius. Celui-ci, sur l'avis de sa marche, partit d'Ecbatane dans le dessein de se retirer dans la Bactrienne, de s'y fortifier, et d'y augmenter son armée; mais il changea bientôt d'avis, s'arrêta tout court, et résolut de hasarder encore une fois le combat, quoique son armée n'eût alors qu'environ quarante mille hommes. Pendant qu'il s'y préparait, Bessus, gouverneur de la Bactrienne, et Nabarzanes, autre grand de Perse, arrêtèrent Darius, le chargèrent de chaînes, le mirent sur un chariot couvert, et s'enfuirent, l'emmenant avec eux vers la Bactrienne, résolus, si Alexandre les poursuivait, d'acheter leur paix en lui livrant son ennemi, sinon de le tuer, de s'emparer de la couronne, et de recommencer la guerre.

Huit jours après leur départ, Alexandre arriva à Ecbatane, et se mit à les poursuivre pendant onze jours de suite. Il s'arrêta enfin à Ragès, ville de Médie, n'espérant plus d'atteindre Darius : de là il se rendit au pays des Parthes, où il apprit ce qui était arrivé à ce prince infortuné. Après plusieurs jours d'une marche précipitée, il atteignit enfin les traîtres, qui, se voyant si pressés, firent ce qu'ils purent pour contraindre Darius à monler à cheval pour se sauver avec eux; mais ayant refusé de le faire, ils le percèrent de plusieurs coups, et le laissèrent mourant dans son chariot. Il était mort lorsqu'Alexandre arriva il ne put refuser ses larmes à un spectacle si triste: il couvrit Darius de son manteau, et l'envoya à Sisigambis, épouse de ce prince, pour qu'elle lui fit donner la sépulture dans les tombeaux des rois de Perse.

Ainsi se vérifièrent les prophéties de Daniel, qui avait prédit la ruine de la monarchie des Perses. Il avait représenté cette monarchie sous l'idée d'un ours (b), qui avait trois rangs de dents dans la gueule, et à qui il fut dit: Levez-vous, et rassasiez-vous

(a) Arrian. I. III. Diodor. I. XVII. Plutarch, in Alex. Curt L. V.

(b) Dun. vn, 5, 6. (c) Dan. 11, 39, 40.

de carnage. Mais cette bête fut mise à mort par une autre bête qui était semblable à un léopard, et qui avait quatre ailes et quatre têtes. Le même empire des Perses était représenté dans la statue qui parut en songe à Nabuchodonosor (c), par la poitrine et les bras qui étaient d'argent; et celui d'Alexandre y était désigné par le ventre et les cuisses d'airain.

Dans un autre endroit, l'empire des Perses nous est encore figuré sous l'idée d'un bé-lier (d), qui donne des coups de cornes contre l'occident, contre le septentrion, et contre le midi rien ne pouvait lui résister il fi tout ce qu'il voulut, et il devint fort puissant. Mais en même temps un bouc (c'est Alexandre le Grand) vint du côté de l'occident, parcourut tout le monde sans toucher la terre: il avait une corne fort grande entre les deux yeux. Il s'avança contre le bélier qui avait des cornes, et s'élançant avec impétuosité, il courut contre lui de toute sa force, l'attaqua avec furie, le frappa, lui rompit les deux cornes, et l'ayant renversé, il le foula aux pieds, sans que personne pût délivrer le bélier de sa puissance. On ne peut rien ajouter à la clarté de ces prophéties.

Les auteurs grecs conviennent que le motif de la guerre des Grecs contre les Perses, était l'entreprise que Xercès avait faite contre la Grèce, dans laquelle, selon l'expression de Daniel (e), ce prince avait animé tous les peuples contre la Grèce. Mais les auteurs Orientaux racontent la chose autrement (f) Ils disent que Darab II, roi de Perse, fils de. Bahaman, ayant fait la guerre à Philippe, roi de Macédoine, obligea ce prince à lui demander la paix. Il ne l'obtint que sous ces conditions premièrement de payer au roi vainqueur mille beizaths, ou mille œufs d'or de tribut annuel: ces beizaths valaient chacun quarante drages d'argent et en second lieu, de lui donner sa fille en mariage. Darab ayant reçu la fille du roi Philippe pour femme, et s'étant aperçu dès la première nuit de ses noces qu'elle avait l'haleine mauvaise, résolut de la renvoyer à son père, quoiqu'elle fût déjà enceinte.

Philippe la fit soigneusement garder jusqu'au temps de ses couches: elle enfanta Alexandre, que Philippe déclara lui appartenir, et à qui il laissa le royaume après lui. Darab, roi de Perse, mourut aussi vers le même temps, et eut pour successeur Dara, son fils (c'est Darius Codoman), qui fut un prince violent et cruel, qui aliéna tellement les esprits des peuples, et même des grands de sa cour, qu'ils députèrent à Alexandre le Grand, pour l'exhorter à faire la conquête de la Perse. Alexandre ayant donc refusé de payer le tribut ordinaire, et ayant répondu à ceux qui le vinrent demander, que la poule qui pondait les beizaths, ou les œufs d'or, s'était envolée à l'autre monde; Dara assembla une grande armée pour lui faire la guerre.

(d) Dan. vi, 4, 5, 6, 20, 21. (e) Dan, x1, 2.

() D'Herbelot, Biblioth. Orient. p. 285. Dara et Darab.

Alexandre se prépara à le bien recevoir, et alla même au-devant de lui jusqu'en Perso il lui livra bataille, et le vainquit. Dara s'étant retiré dans sa tente, deux de ses officiers, natifs de Hamadan, lui passèrent leur épée au travers du corps, et s'enfuirent vers le camp du vainqueur. Alexandre, informé de ce qui s'était passé, accourut à la tente de Dara, qui respirait encore, lui prit la tête, la mit sur ses genoux, pleura son triste sort, lui protesta qu'il n'avait aucune part à sa mort. Dara ouvrant les yeux, le pria de le venger de la perfidie de ses serviteurs, lui donna sa fille Roxane en mariage, et lui recommanda de ne point mettre le gouvernement de la Perse entre les mains des Grecs. Ainsi il mourut entre les bras d'Alexandre, qui était son frère, selon les historiens, étant né de la fille de Philippe, épouse de Darab, comme Dara était né d'une autre femme du même Darab, père de Dara.

Darius Codoman, ou Condomane ne régna que six ans, depuis l'an du monde 3668, jusqu'en 3674. Il mourut en 3674 ; l'an 326 avant la naissance de Jésus-Christ, et l'an 330 avant l'ère vulgaire.

DAROMA, est le même que Darom, qui en hébreu signifie le midi. Eusèbe et saint Jérôme se servent souvent du terme Daroma, pour désigner la partie méridionale de Juda. Ce canton de Daroma s'étend du nord au midi, depuis la ville d'Eleutheropolis, en avançant vers l'Arabie Pétrée, à la longueur de près de vingt milles; et du levant au couchant, depuis la mer Morte, jusqu'à Gérare el Bersabée (a).

DARTRE. Les dartres peuvent se rapporter à la lèpre, comme des avant-coureurs et des dispositions à cette maladie. Ce n'est d'abord qu'une inégalité de la peau, avec une démangeaison assez petite, mais qui s'aumente dans la suite. La peau se charge d'une blancheur farineuse qui dégénère enfin en lèpre, lorsqu'au lieu de cette blancheur il survient des croûtes ou des écailles semblades à celles du poisson. Les Romains ont connu une espèce de dartres plus dangereuse que les ordinaires; ils l'ont nommée Mentagra. Pline dit qu'on ne l'avait pas connue avant le règne de Tibère; mais elle était si contagieuse qu'elle se communiquait par un seul baiser ou en touchant simplement celui qui en était affecté. Elle attaquait d'abord le visage, puis le cou, la poitrine et les mains, et rendait difforme, par une espèce de son, vilain et sale, qui couvrait le visage. On ne peut presque pas douter que ceux que Moïse ordonne d'enfermer, pour juger si la blancheur que l'on remarque sur leur corps s'est augmentée, ne fussent altaqués de dartres qui dégénéraient communément en lèpre (1).

DATHAN, fils d'Eliab, fut un de ceux qui conspirèrent avec Coré, Abiron et Hon, pour

(a) Voyez Reland. Palæst. I. I, c. xxxi, p. 185, 186. (b) Num. XVI, I..., 51. Psal. cv, 17. Vers l'an du monde 2532, avant Jésus-Christ 1448, avant l'ère vulg. 1452 (c) I Macc. v, etc. Joseph. Antiq. I. XII, c. u. (d) I Macc. v 9.

dépouiller Moïse et Aaron de l'autorité que Dieu leur avait donnée sur son peuple. Dathan et ses complices furent engloutis dans la terre, et descendirent au tombeau tout vivants (b). [Voy. ABIRON el CORÉ.]

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DATHEMA, ou Dathman, forteresse du pays de Galaad, où les Juifs de delà le Jourdain se retirèrent, et où ils soutinrent l'effort de Timothée, en attendant que Judas Machabée les vint délivrer (c). On ignore la vraie situation de cette forteresse, mais cela ne fait rien quant à l'histoire de ce qui s'y passa. Avant la captivité de Babylone, el sur le déclin de la monarchie des royaumes de Juda et d'Israel, les nations qui étaient dans le pays de Galaad, c'est-à-dire, les Arabes, les Ammonites et les Moabites s'assemblèrent pour exterminer les Juifs de leur pays (d); car depuis l'édit d'Antiochus, qui les obligeait à quitter leur religion, tous les peuples leurs voisins et leurs ennemis, se crurent tout permis à leur égard, ils se joignirent même aux troupes d'Antiochus pour leur faire la guerre: mais les Juifs, informés de leur dessein, se retirèrent dans la forteresse de Datheman. Aussitôt ils envoyèrent des lettres à Judas Machabée et à ses frères, pour leur faire savoir l'état où ils se trouvaient réduits, et leur demander un prompt secours. Dans le temps qu'ils lisaient ces lettres, il leur vint de pareilles nouvelles de la part des Juifs de Galilée ; alors Judas fit assembler tout le peuple, pour délibérer sur ce qu'il y avait à faire dans ces conjonctures. Il fut résolu que Judas et Jonathas, son frère, passeraient le Jourdain, pour aller secourir ceux qui étaient dans le pays de Galaad; et que Simon, leur autre frère, irait en Galilée, pour délivrer leurs frères, qui y étaient menacés d'une perte entière. Ils laissèrent dans la Judée, pour la garde du pays, Joseph et Azarias, avec défense de combattre jusqu'à leur re

tour.

Simon étant donc allé dans la Galilée, livra plusieurs combats aux nations ennemies, qui furent défaites et s'enfuirent devant lui; et il les poursuivit jusqu'à la porte de Ptolémaïde, leur tua environ trois mille hommes, et remporta de riches dépouilles (e).

Judas Machabée, de son côté, et Jonathas, son frère, ayant passé le Jourdain, apparem ment à Bethsan, marchèrent trois jours dans les déserts; et les Nabathéens, peuples Arabes qui n'étaient point entrés dans le complot de ceux qui voulaient faire main-basse sur les Juifs, vinrent au devant d'eux avec amitié, et en ayant été reçus dans un esprit de paix, ils leur racontèrent tout ce qui se passait au sujet de leurs frères de Galaad, qui s'étaient renfermés dans les villes les plus fortes, où les ennemis les tenaient encore assiégés, et avaient résolu de faire marcher le lendemain leur armée, pour les perdre tous en un même jour (/).

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Judas ayant reçu cet avis, partit aussitôt avec son armée contre Bosor, surprit la ville, la brûla. fit passer au fil de l'épée tous les mâles qu'il y trouva, et enleva tout le butin. De là il marcha toute la nuit pour se rendre à la forteresse de Datheman, et il arriva au point du jour dans le moment que l'attaque commençait avec de grands cris de part et d'autre, et que les ennemis montaient à l'assaut avec un grand nombre d'échelles et de machines. Alors Judas partagea son armée en trois corps, s'avança contre les ennemis en ordre de bataille, et lorsqu'il fut à portée, ses troupes firent retentir leurs trompettes, et poussèrent des cris vers le ciel en invoquant le secours de Dieu. Les soldats de Timothée reconnurent aussitôt que c'etait Judas Machabée; ils quittèrent l'attaque de Datheman, et prirent la fuite. Judas les poursuivit, en fit un fort grand carnage, et il en demeura ce jour-là près de huit mille sur la place.

Observations (1) sur l'escalade de Datheman par Timothée, et sur le secours de cette forteresse par Judas Machabée (2).-L'insulte des villes par escalade est, je crois, aussi ancienne que leurs fortifications, et toutes les machines que l'industrie a pu inventer pour s'en rendre maître, sont venues long temps après. Il est vrai qu'on les a d'abord bloquées avant que l'on pensât à les escalader, et souvent l'on s'en tenait au blocus, lorsque les murs de la ville se trouvaient à l'abri de ces sortes d'entreprises par leur hauteur extraordinaire. Les attaques d'emblée et par escalade chez les Hébreux, étaient ordinairement environnantes, ils y joignaient quelquefois la sape et l'enfoncement des portes, pour faire diversion des forces de l'ennemi, Les Grecs et les Romains observaient aussi cette méthode; toute l'armée donnait en même temps et la cavalerie même y avait part. Dès que l'armée était arrivée devant une place, l'infanterie l'environnait de toutes parts; les frondeurs et les archers formaient une seconde ligne derrière les soldals pesamment armés, qui étaient commandés pour l'escalade, et la cavalerie formait une troisième ligne qui environnait les deux autres.

Ces trois lignes, ainsi disposées à une certaine distance, formaient chacune un cercle autour de la ville, et à mesure qu'elles en approchaient, le cercle devenait toujours plus petit, de sorte qu'il ne restait aucun intervalle dès qu'on était arrivé sur le bord du fossé, qui devait être à sec pour ces sortes d'entreprises; les archers et les frondeurs faisaient pleuvoir une grêle de flèches et de pierres sur ceux qui paraissaient aux défenses des murailles, pendant qu'on distribuait les échelles aux soldats pesamment armés, qui descendaient en hâte dans le fossé, s'avançaient au pied des murs, y appliquaient les échelles, et tâchaient de gagner le haut. Les Romains appelaient cette façon d'attaquer, (a) Pharsale de Lucain, I. III.

(b) I Mac. v, 28.

(c) Ibid. v. 30.

corona capere, mais sûrement ils ne sont pas les premiers qui aient attaqué de la sor! non plus que les Grecs; les peuples de l'Asie observaient cette méthode, avant qu'ils fussent connus dans le monde. Ce qu'ils appelaient tortue d'hommes, était connu et pratiqué des Hébreux dans les attaques brusques et d'emblée; c'est-à-dire, que les soldats se couvrant de leurs boucliers qu'ils élevaient sur leur tête, et serrant leurs rangs et leurs files, s'avançaient au pied des murailles, sans crainte des pierres et des feux qu'on jetait d'en haut, et qui coulaient par dessus eux. M. de Brébeuf l'a fort bien expliqué dans la Pharsale (a):

Et joignant de concert leurs écus en tortue,
Les Romains vont couverts jusqu'au pied des remparts,
Et laissent derrière eux les cailloux et les dards.

Cette tortue n'est pas si clairement expliquée dans les Livres sacrés; mais on s'aperçoit assez que les Hébreux ne l'ignoraient pas. Ceci me paraît suffisant pour mettre le lecteur au fait de ces sortes d'attaques; venons présentement à l'action de Judas Machabée.

Cette entreprise de Judas contre Timothée est digne d'un aussi grand capitaine qu'il était; il ne va pas chercher un ennemi dégagé de tout embarras, et seulement campé devant la place, il prend mieux son temps, il attend que Timothée ait attaché l'escalade aux murs de la ville avec toutes ses forces, et qu'il n'ait rien à lui opposer, afin de pouvoir le surprendre et l'attaquer au moment que son armée se trouvant divisée, elle ne puisse avoir le temps de se réunir, et de se mettre en bataille pour lui résister. Judas sentait son armée trop faible pour en venir à une action générale et à découvert; son industrie lui fait naître un expédient qui l'assure du succès de son entreprise; pour mieux tromper son ennemi, il fit marcher son armée vers le désert de Bosor, et surprit la ville tout d'un coup (b). Timothée, informé que Judas tirait de ce côté-là, crut sans doute qu'il avait du temps de reste pour prendre Datheman par escalade, et ensuite aller secourir Bosor; inais il se trompa, cette ville fut prise sur-lechamp. Après cette expédition, Judas fit marcher son armée pendant toute la nuit au secours de Datheman avec tant de secret et de diligence, qu'il y arrive, et au point du jour, levant les yeux, dit l'Ecriture (c), ils aperçurent une troupe innombrable de gens qui portaient des échelles et des machines, pour se saisir de cette forteresse, et prendre ceux de dedans. Il arriva justement au moment favorable qu'il souhaitait, c'est-à-dire lorsque l'attaque était déjà commencée; dans une telle surprise on ne sait comment s'y prendre, il faut donner ses ordres, abandonner une attaque, rassembler ses troupes qui environnent une ville, les mettre en bataille: tout cela ne se fait pas en un instant: Timothée se trouva dans cet embarras, ayant l'ennemi sur les bras, et dans son camp même.

(1) Par Folard, Voyez la préface, p. xI. (2) I Mac. v, 9 et suiv.

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