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du Seigneur et à la table des démons. Ce n'était point assez pour eux de boire la coupe des démons avec la coupe du Seigneur, s'ils n'eussent encore préféré cellelà; il ne leur suffisait pas de comparer la table des démons à la table du Seigneur, si, après un culte d'infames superstitions, ils ne fussent venus encore au temple de Dieu, et n'eussent infecté d'une odeur impure les saints autels du Christ, poussés qu'ils étaient par l'esprit immonde.

Tous les Africains, allez vous dire, ne tombaient pas dans ce crime; les riches et les grands s'en rendaient seuls coupables. Supposons qu'il en soit ainsi. Mais, comme les maisons les plus riches et les plus puissantes représentent une cité, vous voyez que la superstition sacrilége de quelques grands a souillé la ville entière. Il est hors de doute que tous les esclaves sont, ou semblables à leurs maîtres, ou pires qu'eux, ce qui est toutefois plus général, et dès lors, si les bons maîtres ont quelquefois de mauvais serviteurs, il est aisé de comprendre ce qu'étaient les esclaves en Afrique, puisque, déjà mauvais par eux-mêmes, la corruption des maîtres les rendait pires encore. Supposons donc que ce que nous avons dit regarde principalement les puissans et les nobles. Sont-ils moins énormes les vices communs aux grands et aux petits, je veux dire la haine et l'horreur que l'on a pour tous les Saints? Car c'est une espèce de sacrilege, de haïr les serviteurs de Dieu. Si quel

quid illa leviora quæ nobilibus ignobilibusque communia? odia scilicet atque execrationes sanctorum omnium dico. Sacrilegii quippe genus est, Dei odisse cultores. Sicut enim si servos nostros quispiam cædat, nos in servorum nostrorum cædit injuriam, et, si a quoquam filius verberetur alienus, in supplicio filii pietas paterna torquetur, ita et cum servus Dei a quoquam læditur, majestas divina violatur, dicente idipsum ad Apostolos suos Domino: Qui vos recipit, me recipit; et qui vos spernit, me spernit (1). Benignissimus scilicet ac piissimus Dominus communem sibi cum servis suis et honorem simul et contumeliam facit; ne quis, cum læderet Dei servum, hominem tantum a se lædi arbitraretur; cum absque dubio injuriis servorum dominicorum Dei admisceretur injuria, testante id suis Deo affectu indulgentissimo in hunc mondum: Quoniam qui vos tangit, quasi qui tangit pupillam oculi mei. Ad exprimendam teneritudinem pietatis suæ, tenerrimam partem humani corporis nominavit ; ut apertissime intelligeremus Deum tam parva sanctorum suorum contumelia lædi, quam parvi verberis tactu humani visus acies læderetur. Insectabantur itaque Afri atque oderant servos Dei, et in iis Deum.

Sed quæritur forsitan quibus modis probetur

(1) Matth. X. 40.

qu'un frappe nos esclaves, il nous frappe nous-mêmes en les outrageant; si quelqu'un maltraite un enfant, la tendresse paternelle souffre de la douleur du fils; de même, lorsqu'on outrage un serviteur de Dieu, on attaque la majesté divine, comme le Sauveur le déclare à ses Apôtres : Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui vous méprise me méprise. Le Seigneur, plein de bonté et de tendresse, partage avec ceux qui le servent et les honneurs qu'on leur rend, et les injures dont on les accable; afin que, en insultant un juste, on ne croie pas insulter un homme seulement; car, les outrages faits aux serviteurs de Dieu deviennent un outrage pour lui, comme il l'assure avec une bonté pleine de douceur : Quiconque vous touche, me touche en quelque sorte la pupille de l'œil. Pour exprimer la tendresse de son amour, Dieu désigne ici la partie du corps humain la plus sensible, afin de nous donner à comprendre qu'il est aussi offensé du moindre outrage fait à ses Saints, que le serait du moindre attouchement la paupière de l'œil. Ainsi donc les Africains persécutaient et haïssaient les serviteurs de Dieu, et, en leur personne, celle de Dieu même.

On demandera peut-être comment cette haine se manifeste? De la même manière que se manifestait celle des Juifs envers le Christ, lorsqu'ils lui disaient : Tu es un

odium illorum. Illis scilicet quibus etiam Judæorum odia comprobantur in Christum, cum dicebant ad eum Samaritanus es tu, et dæmonium habes (1), cum inridebant, cum maledicebant, cum insufflabant in faciem ejus, et frendebant dentibus super caput ejus. Unde etiam in psalmis dicit Salvator ipse qui pertulit: Omnes qui conspiciebant, aspernabantur me, et locuti sunt labiis, et moverunt caput (2). Et alibi: Tentaverunt, inquit, me, et deriserunt derisu, frenduerunt in me dentibus suis (3). Ita igitur et in monachis, id est, sanctis Dei, Afrorum probatur odium; quia inridebant scilicet, quia maledicebant, quia insectabantur, quia detestabantur, quia omnia in illos pene fecerunt quæ in Salvatorem nostrum Judæorum impietas ante fecit quam ad effusionem ipsam divini sanguinis perveniret. Sed isti, inquis, sanctos non occiderunt, sicut Judæos fecisse legimus. An occiderint, nescio; non affirmo. Sed tamen magna defensio, si hoc tantum in eis de paganorum non fuit persecutione quod habet persecutio ipsa postremum. Putemus ergo occisos illic non esse sanctos. Sed quid faciemus quod non sunt longe ab occidentibus qui animo occisionis oderunt; præsertim cum Dominus ipse dicat: Qui odit fratrem suum sine causa, homicida

(1) Joan. VIII. 48.
(2) Psal. XXI. 8.
(3) Jer. XX. 7.

Samaritain, et tu es possédé du démon ; lorsqu'ils riaient de lui, lorsqu'ils l'accablaient de malédictions, lorsqu'ils soufflaient sur sa face, lorsqu'ils grinçaient des dents contre lui. De là, dans les Psaumes, les paroles du Sauveur victime de ces traitemens injurieux : Tous ceux qui me voient m'insultent; le mépris sur les lèvres, ils ont secoué la tête. Et ailleurs: Ils m'ont tenté, et ils m'ont tourné en dérision; ils ont grincé les dents de fureur. Ainsi se manifeste la haine des Africains contre les moines, c'est-à-dire, les Saints de Dieu. Ils se riaient d'eux, ils les maudissaient, ils les poursuivaient, ils les détestaient, ils les accablaient enfin de presque tous les mauvais traitemens que l'impiété des Juifs avait épuisés sur notre Sauveur, avant d'en venir à l'effusion de son sang divin. Mais, dites-vous, ils n'ont pas tué les Saints, comme les Juifs ont tué le Christ. Je ne sais, je n'affirme rien; mais toutefois, ce n'est pas une merveilleuse défense de dire qu'ils ont été moins cruels que les païens persécuteurs, en ce qu'ils ne se sont pas portés aux mêmes excès. Supposons donc que des Saints n'ont point été massacrés en Afrique. Mais y a-t-il si loin de ceux qui tuent à ceux qui haïssent avec une ame désireuse du meurtre? Le Seigneur ne dit-il pas : Celui qui hait son frère sans motif est homicide. Au reste, ce n'est sans motif qu'ils ont persécuté les serviteurs de Dieu; car, la chose paraîtra évidente, si l'on considère qu'ils attaquaient des hommes dont la conduite, les mœurs, les inclinations faisaient un contraste si frappant avec leur vie à eux; des hommes en qui ils ne voyaient rien qui fût de leur goût, parce que tout était de Dieu. La grande cause des discordes, c'est la différence des volontés; car, il est

TOM. II.

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pas

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