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rement plus méritoire, lorsqu'on semble donner du

sien.

Néanmoins, pour que l'esprit humain ne s'énorgueillit pas de ces paroles par lesquelles le seigneur désigne ces biens comme nous appartenant, on ajoute: Acquitte ta dette. Ainsi, l'homme que la reconnaissance n'engage point à donner, la nécessité le force de payer une dette; et celui que la foi ne peut attirer aux bonnes œuvres, la nécessité du moins est là pour l'y

contraindre. On nous dit donc d'abord : Honore le Seigneur de tes richesses. Puis: Acquitte ta dette. Ce qui revient à dire Es-tu reconnaissant; donne, comme si tu donnais du tien: Es-tu ingrat; rends, comme si tu rendais une chose qui ne serait point tienne. Ainsi, Dieu établit sagement et la volonté de donner et la nécessité de payer. C'est bien là dire à tout homme: Tu es invité à une œuvre sainte par l'exhortation, tu y es forcé par le devoir. Donne, si tu es de bon cœur; rends, si tu es de mauvaise volonté. L'Apôtre, lui aussi, prêchant la même vérité, ordonne aux riches de n'être point orgueilleux, de ne point mettre leur confiance dans l'incertitude des richesses, mais dans le Dieu vivant, qui nous donne, dit-il, avec abondance tout ce qui est nécessaire à la vie, dans la volonté des bonnes œuvres. L'apôtre Paul nous enseigne tout à-la-fois, et de qui nous tenons les richesses, et pour quelle fin elles nous sont données. Car, en disant qu'il faut espérer au Dieu qui donne toutes choses, il montre que ce Dieu fait les

operum bonorum, docet id ipsum quod dixit a Deo tribuit, propter bona tantum opera præstari. Præstat enim, inquit, omnia in voluntate operum bonorum; hoc est, ad hoc facit homines substantia esse locupletes, ut bona operatione sint divites; id est, ut commutent divitias quas acceperunt, et facultates ipsas in bonis operibus conlocantes, Dei opes, quas habent in hoc seculo temporarias, bene utendo faciant sempiternas; ac sic, agnoscentes munera Dei, duplici bono gaudeant, cum qui sunt divites in hoc seculo, esse quoque divites mereantur in cœlo.

Sic ergo habendæ sunt divitiæ, sic petendæ, sic tenendæ, sic propagandæ. Alioqui inestimabile malum est bonis a Deo datis non bene uti. Avaro enim, inquit Scriptura sacra, nihil est scelestius (1), et pessimum ac feralissimum morbi genus, divitiæ conservatæ in malum domini sui. Verum est. Quid enim pejus, aut quid miserius, quam si quis præsentia bona in mala futura convertat, et quæ ad hoc a Deo data sunt ut pararetur ex eis vitæ beatitudo perpetua, per hæc ipsa quæratur mors ac damnatio sempiterna? In quo et illud considerandum est, quod, si servatæ divitiæ ad malum hominis conservantur, quanto uti que ad majus malum coacervantur? Quotus enim quisque nunc divitum tantæ est continentiæ, qui

(1) Eccli. X. 9.

riches. En ajoutant après cela dans la volonté des bonnes œuvres, il enseigne que les bonnes œuvres sont l'unique fin pour laquelle Dieu accorde les richesses. Dieu donne tout ce qui est nécessaire à la vie, dans la volonté des bonnes œuvres, c'est-à-dire, s'il a fait les hommes riches en biens terrestres, c'est pour qu'ils deviennent riches en bonnes œuvres, pour qu'ils échangent les trésors qu'ils ont reçus, et que, plaçant leur fortune en bonnes œuvres, de temporelle qu'elle est, ils la rendent éternelle par un usage saint. Ainsi, reconnaissant les dons de Dieu, ils jouiront d'une double faveur, puisque riches déjà dans cette vie, ils mériteront de l'être encore dans le ciel.

Voilà donc comment il faut posséder, ambitionner, conserver et propager les richesses; sans quoi, c'est un mal inappréciable de ne pas bien user des dons de Dieu. Rien, dit l'Ecriture sainte, n'est plus criminel que l'avare; conserver des richesses qui doivent vous perdre, c'est de toutes les maladies la plus funeste et la plus terrible. En effet, quoi d'aussi triste et d'aussi déplorable que de voir les biens présens devenir la cause des maux futurs; que de voir un avare faire servir à la mort et à la damnation éternelle ce qui lui avait été donné de Dieu comme un moyen d'acquérir une vie immortelle et bienheureuse? Il faut de plus observer que, s'il est dangereux pour l'homme de conserver les richesses avec trop de soin, il doit l'être bien davantage de les amonceler avec trop d'avidité. Où est aujourd'hui le riche assez modéré pour être content des richesses qu'il possède, sans vouloir en accumuler d'autres en

opes custodire contentus, adcumulare jam nolit? O miseria temporis et ecclesiasticæ plebis, ad quid redacta est! ubi, cum scriptum sit quod servare opes genus sit magni criminis, non augere jam genus putatur esse virtutis. Ergo, ut supra diximus, quomodo se quidam reos omnino non putant, si nec in morte sibimet per dispensationem substantiæ consuluerint, cum etiam ex hoc rei sint, quod usque ad mortem cuncta servaverint? Aut quomodo rei non erunt qui facultates suas ad quoscumque homines infidelissima vanitate transmiserint, cum etiam illi rei futuri sint qui non seipsos in vita ista aliqua ob honorem Dei rerum suarum parte privaverint? ostendente id ipsum etiam per Apostolum suum Domino nostro atque dicente: Agite nunc, divites, plorate in miseriis quæ advenient vobis, divitiæ vestræ putrefactæ sunt, et vestimenta vestra a tineis comesta sunt, aurum et argentum vestrum æruginavit, et ærugo eorum in testimonium vobis erit, et manducabit carnes vestras sicut ignis. Thesaurizatis in novissimis diebus (1). Præter illam quæ in mysterio latens major est multo ac terribilior divinorum verborum severitatem, sufficere ad metum ac tremorem omnibus puto illa quæ prompta sunt. Ad divites enim peculiariter loquitur. Plangere eos præcipit, mala futura

(1) Jac. V. 1-3.

core? O malheur des temps et du peuple chrétien, jusqu'où vous êtes monté! Il est écrit que c'est un grand crime de conserver son opulence, et aujourd'hui c'est une sorte de vertu de ne pas l'augmenter. Je l'ai déjà dit, comment peuvent-ils donc se croire sans péché, ceux qui, mème à la mort, ne consultent point les intérêts du salut par une sage dispensation de leurs biens, puisqu'on est coupable par cela seul que l'on a tout conservé jusques à la mort? Comment ne seraient-ils point coupables, ceux qui, par une impie vanité, se choisissent pour héritiers les premiers hommes venus, puisque l'on sera même réputé criminel pour ne s'être point privé, dès cette vie, d'une portion de ses richesses, en l'honneur de Dieu ? N'est-ce pas là encore ce que nous montre le Seigneur, quand il dit par la bouche de son Apôtre : Et maintenant, riches, pleurez; pleurez à cause des malheurs qui viendront sur vous. La pourriture consume vos richesses, les vers dévorent vos vêtemens; la rouille ronge l'or et l'argent que vous amassez; et cette rouille s'élèvera en témoignage contre vous, et, comme un feu, consumera votre chair. C'est là le trésor de colère que vous amassez pour les derniers jours. Sans approfondir la force des paroles divines, force plus terrible encore par sa mystérieuse obscurité, il suffirait, je pense, pour effrayer et épouvanter les riches, du sens qui se présente tout d'abord à l'esprit. C'est aux riches particulièrement que s'adresse l'Apôtre. Il leur ordonne de pleurer, il leur annonce les maux à venir, il les menace des feux éternels. Et, ce qui rend ces menaces plus effrayantes, c'est qu'il ne leur reproche ni des meurtres, ni des fornications, ni

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