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riches à pleurer; nous, au contraire, nous les invitons au remède. L'Apôtre nomme les richesses un feu ; nous, au contraire, nous désirons changer les richesses en une eau qui éteigne le feu de la colère divine, selon qu'il est écrit: Comme l'eau éteint le feu, ainsi l'aumône résiste au péché. L'Apôtre enseigne que la damnation réside dans les richesses conservées avec trop de soin ; moi, je veux procurer la vie éternelle par ces mêmes richesses qui, au dire de l'Apôtre, donnent la mort à tous les hommes.

Au reste, lorsqu'on est engagé dans les vices de la chair, et que l'on a vieilli dans le désordre jusqu'au trépas, il ne suffirait point, je pense, pour mériter la vie éternelle, d'avoir, en mourant, disposé avec piété de tous ses biens, si l'on n'avait renoncé d'abord au péché, si l'on n'avait rejeté cette tunique de crimes sale et fangeuse, pour recevoir des mains de l'Apôtre une robe nouvelle de conversion et de sainteté. Autrement, vous ne cessez point de pécher, lorsque à l'heure dernière, c'est l'impossibilité seule et non la volonté qui vous éloigne du vice. En effet, si quelqu'un se retire des actions mauvaises à la mort seulement, ce n'est pas lui qui laisse le crime, c'est le crime qui l'abandonne; et ainsi, repoussé loin du vice par la seule nécessité, il péche encore, ce semble, après avoir cessé de pécher. Car, à en juger par les dispositions du cœur, celui-là reste criminel qui voudrait pécher encore, s'il en avait le pouvoir. On s'appuie donc sur de frèles espérances quand on ne péche dans la vie, que pour racheter à la mort la foule de ses iniquités, et que l'on se promet le salut, non point parce que l'on est bon, mais parce

i!

quia bonus, sed quia dives sit. Quasi vero Deus non vitam quærat hominum, sed pecuniam, atque a cunctis malorum redimendorum

agen

spe male tibus accipere solos pro criminibus nummos velit, et corruptorum judicum more argentum exigat, ut peccata vendat! Non ita est. Prodesse enim largitionem plurimum certum est, sed non illis qui ultima futuræ largitionis spe male vivunt, qui fiducia redimendæ immunitatis scelera committunt; sed illis qui decepti aut lubrico ætatis, aut nubilo erroris, aut vitio ignorantiæ, aut postremo lapsu fragilitatis humanæ, resipiscere tandem quasi post mortem gravissimæ infirmitatis aut quasi post luctum turbatæ mentis incipiunt, et sicut ad sensum suum insani homines post furorem, sic isti redeunt post errorem, in uno tantummodo a se dispares, quod illi gaudent postquam evaserint ægritudinem, isti plangunt postquam acceperint sanitatem. Nec immerito. Illi enim tanto plus gratulantur, quanto plus incolumitatis indeptos esse se sentiunt; isti tanto plus confunduntur, quanto evidentius morbum sui erroris agnoscunt. Quo fiat necesse est ut illi exultent, et isti lugeant, quia illi, quod ægrotarunt, imputant valetudini; isti, quod erraverunt, sibi, ac sic, illi læti sunt de remedio, et isti anxii de reatu.

Unde admoneo cum omnes, tum præcipue eos

que l'on est riche. Comme si Dieu cherchait les trésors des hommes plutôt que leurs actions; comme s'il demandait en expiation des crimes de l'or seulement, à tous ceux qui vivent mal dans l'espoir de racheter leurs fautes, et que, semblable aux juges corrompus, il exigeât de l'argent pour vendre le pardon des péchés. Non il n'en est point ainsi. Assurément, la libéralité a de grands avantages, non pas pour les hommes qui vivent mal, se confiant aux largesses qu'ils feront à l'avenir, qui s'abandonnent au crime dans l'espoir d'acheter leur pardon; mais pour ceux qui, séduits par la vivacité de l'âge, par les ténèbres de l'erreur, par le vice de l'ignorance, ou enfin par la fragilité humaine, reviennent à eux, comme on fait après l'épuisement d'une grave maladie ou maladie ou après le deuil d'un esprit troublé, et qui, au sortir de leurs égaremens, retrouvent la raison, comme les insensés au sortir d'un accès de fureur. La seule différence qu'il y a, c'est que les uns se réjouissent après avoir échappé à la maladie, et que les autres pleurent après avoir recouvré la santé. Et c'est avec raison, car ceux-là se félicitent d'autant plus qu'ils se retrouvent dans un meilleur état; ceux-ci éprouvent une confusion d'autant plus grande qu'ils reconnaissent mieux le danger de leurs égaremens passés. Il est donc nécessaire que les uns se réjouissent et que les autres pleurent; car, ceux-là n'imputent leur maladie qu'à une santé frêle et délicate, ceux-ci n'attribuent qu'à eux leurs longs égaremens. Ainsi, le remède d'un côté, la faute de l'autre, deviennent une cause de joie ou de

tristesse.

Voilà pourquoi j'avertis tous les hommes, mais ceux

TOM. II.

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quos gravium delictorum terror exagitat, et in quibus infelicior conscientia peccatorum pœnalium recordatione suspirat, primum ut, licet lapsi sint, non commorentur in lapsu, nec in volutabris suis sordentium suum more versentur qui, cum æstuantes alvos cœno immerserint, nequaquam sordidis voluptatibus satisfaciunt, nisi tota penitus luto membra convolvant. Non ergo horum naturalem sequantur inluviem, nec male blandis lapsibus adquiescant, aut in barathro libidinum commorantes, in ipsis se sepeliant ruinis suis. Sed illico, ubi concidere, consurgant, et elevationem protinus meditentur in lapsu; ac, si fieri ullo modo pernicitate pœnitudinis potest, tam velox sit remedium resurgentis, ut vix possit vestigium apparere conlapsi. Ergo in hujusmodi causis hoc primum medelæ opus est, ut morbos suos languentes horreant, curare plagas festinent saucii, et illico e corporibus sagittas rapiant vulnerati. Optime enim malagma vel fibula calidis adhuc vulneribus imponitur; et citius sibi plagarum caro sociatur, quæ non diu hiare permittitur. Ulcus quippe in corpore si computruerit, dilatatur; et, si plagas cancroma sequitur, cancrum necesse est consequatur occasus. Fugienda itaque primum hæc peccatoribus mala sunt; nec dandus diabolo locus ut qui stantes impulit in ruinam, lapsos præcipitet in mortem. Quod si aut tanta vis morbi, aut tanta ægrotorum fuerit incuria, ut vale

principalement que tourmente l'effroi de leurs crimes et dont la conscience pleure à la triste pensée des peines dues à leurs iniquités, voilà pourquoi je les avertis de ne pas persévérer dans leur chute, quand même ils sont tombés; de ne pas se rouler dans leur bourbier, à la façon des animaux immondes qui, après s'être plongés dans la fange, n'ont point encore satisfait leurs sales plaisirs, s'ils ne se vautrent aussi tout entiers dans la boue. Que les hommes se gardent bien de descendre à ces honteux penchans, de se plaire à des chutes d'une douceur trompeuse, et de s'ensevelir sous leurs propres ruines, en séjournant dans le gouffre des voluptés; mais qu'ils se relèvent aussitôt après être tombés ; qu'ils avisent, à l'instant même de la chute, aux moyens de se relever. Il faudrait, s'il était possible, que le repentir suivît de si près la faute, ou plutôt la chute, qu'il en restât à peine quelque trace. Ainsi donc dans de pareilles circonstances, le premier remède pour ceux qui languissent, c'est d'avoir leur maladie en horreur; pour ceux qui ont des plaies, d'y appliquer un salutaire appareil; pour ceux qui sont blessés, d'arracher en toute hâte le trait fatal. Car il est bien d'employer les émolliens et les secrets de l'art, lorsque le le coup est récent encore; les chairs se rejoignent avec plus de facilité, si on ne les laisse pas trop long-temps béantes. L'ulcère une fois atteint par la putréfaction se dilate, et si la gangrène s'en suit, il faut que la mort vienne enfin. Voilà les premières précautions que doivent prendre les pécheurs; qu'ils ne donnent pas lieu au démon, après les avoir poussés dans le précipice, debout qu'ils étaient, de les précipiter encore

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