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qu'il peut; mais, qu'il les offre toutefois avec componction, avec larmes; qu'il les offre avec douleur, avec gémissement; sans quoi les offrandes deviennent inutiles, car ce n'est point la valeur, mais bien l'affection qui les rend agréables. Ce ne sont pas les présens qui font valoir les dispositions, mais les dispositions qui donnent du prix aux largesses; ce n'est pas l'argent qui relève la foi, mais bien la foi qui relève l'argent. Voulez-vous donc retirer quelque fruit des offrandes que vous faites à Dieu, faites-les de cette manière. Car si l'homme présente quelque chose à Dieu, ce n'est point une grâce qu'il lui fait, mais c'en est une pour l'homme que Dieu veuille recevoir ce qu'il lui offre; car, les biens même que l'homme possède sont un présent de son Dieu et de son maître. Et dès lors, si l'homme offre quelque chose, il ne donne pas du sien, c'est le Seigneur qui recouvre ses richesses. Ainsi donc, lorsqu'on offre ses biens à Dieu, il ne faut point le faire avec la présomption de celui qui donne, mais avec l'humilité de celui qui paie; il ne faut pas croire qu'on efface entièrement ses fautes, mais qu'on en allège le poids ; il ne faut point offrir avec la confiance de celui qui rachète, mais avec la soumission de celui qui apaise; il ne faut point agir comme si l'on rendait tout, mais comme si l'on voulait payer une petite partie d'une dette immense; car, même en donnant suivant ses moyens, on ne paie pas ce que l'on doit pour la grandeur de ses fautes. Et ainsi, malgré vos offrandes, vous devez demander à Dieu qu'il les agrée; vous devez pleurer de les faire si tard, pleurer et gémir de ne les avoir pas faites plus tôt, et peut-être alors,

tarde offert, plangens ac pœnitens quod non prius; sicque erit ut juxta Prophetam propitietur forsitan Deus delictis suis.

Sed dicit aliquis: Totum ergo Deo oblaturus est quod habet? Non offerat totum quod habet, si non putat se debere totum quod habet. Non quæro cujus sit quod offertur, vel a quo sit acceptum ante quod redditur. Hoc dico solum, non offerat totum pro debito, si debere se totum non putat pro reatu. Totum ergo, inquit aliquis, peccator oblaturus est? Imo nihil, si non cum fide; imo nihil, si non cum ambitu; imo nihil, si non cum prece; imo nihil, si non hoc animo ut hoc ipsum inter præcipua Dei beneficia reputet quod animum offerendi dedit, et plus sibi in his quæ Deo relinquit præstari æstimet, quam in illis quæ prius habuit. Quia hoc quod habetur ab homine, temporarium est; quod autem Deo relinquitur, sempiternum. Totum, inquit aliquis, oblaturus est? At ego dico esse hoc totum parum. Quid enim jam scit aliquis an peccatorum mensuram oblata compensent? jam scit aliquis an tantum sit in officio placationis quantum est in offensione discriminis ? Si novit quisquam hominum peccatorum quanto redimere delicta possit, utatur scientia ad redemptionem. Si vero nescit, cur non tantum offerat quantum potest; ut si compensare peccata non valet pretii magnitudine saltem mentis devotione compenset. Perfectum

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Dieu, suivant le prophète, deviendra propice à vos

crimes.

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Vous me direz peut-être : le pécheur doit-il donc offrir à Dieu tout ce qu'il possède ? Qu'il n'offre pas tout ce qu'il a, s'il ne pense pas le devoir tout entier. Je ne demande pas à qui appartient ce qui est offert; je n'examine pas de qui est venu ce que l'on rend; je dis seulement qu'il ne doit pas tout offrir pour sa dette, s'il ne croit pas tout devoir pour ses fautes. Il est donc des pécheurs, allez-vous dire, qui doivent tout donner? Assurément, et ils ne doivent rien donner, si ce n'est avec foi; rien, si ce n'est avec générosité; rien' si ce n'est avec prière; rien, si ce n'est avec des dispositions qui leur fassent regarder comme un des plus signalés bienfaits de Dieu ce désir de donner, en leur apprenant que la grâce qui les porte à offrir au Seigneur est plus précieuse que celle par laquelle ils reçurent jadis. Car, ce que l'homme possède n'est que d'un jour, mais ce qu'il abandonne à Dieu doit durer à jamais. Mais enfin, va-t-on dire encore, il faut donc tout offrir? Moi, je vous dis que ce tout est bien peu de chose. Car, qui peut savoir si son offrande égalera la mesure de ses péchés? Qui peut savoir si l'expiation balancera l'offense? Un pécheur connaît-il à quel prix il peut racheter ses fautes, qu'il use pour lui de cette science précieuse. Mais s'il ne le connaît pas, pourquoi hésiter à offrir tout ce qu'il peut, afin de compenser, au moins par le zèle du cœur, ce qui manque à la grandeur du présent? C'est montrer une conscience parfaite, que de ne rien laisser en elle de

enim conscientiæ fructum exhibet qui intra conscientiam nil relinquit. Dura nonnulli hæc absque dubio et immensurata causantur; maxime quia Propheta is, de quo diximus, Babylonium Regem hoc tantum admonuisse videatur ut multa donaret, non ut universa distraheret. Non profero interim testimonia evangelii, nec confugio ad vocem loquentis Dei in sacris voluminibus. Non dico aliud vetere, aliud nova lege præceptum. Unde etiam Apostolus: Ecce, inquit, vetera transierunt, facta sunt omnia nova. Omnia autem ex Deo (1). Quibus utique dictis docet non vetera secundum litteram, sed nova secundum Deum essc facienda. Hoc solo interim contentus sum quod Propheta dixit. Sermo enim ei cum Rege erat, et quidem cum Rege non unius urbis, sed, ut tunc videbatur, totius orbis. Quia itaque non poterat populos quos regebat per testamentum egenis tradere, et nationes barbaras indigentibus quasi nummos dare, aut in pauperum stipes diffusa longe ac late regna convertere, et ideo Propheta, Peccata, inquit, tua in misericordiis redime. Hoc est: aurum da indigentibus, quia non potes regnum dare; facultates distribue, quia potestatem non vales prorogare. Ac per hoc, videbatur jussisse ut totum daret, quem hoc solum non jussit distribuere quod non poterat erogare.

(1) Cor. I. V. 17-18.

répréhensible. Sans doute, quelques personnes vont alléguer que ces maximes sont dures et outrées, parce que le prophète dont nous avons parlé, commande seulement au roi de Babylone de donner beaucoup, mais non pas de tout livrer. Je ne veux point produire cependant les témoignages de l'Évangile, je ne veux point en appeler à la voix de Dieu qui parle dans les livres sacrés. Autres sont les préceptes de la loi ancienne, autres ceux de la nouvelle : c'est ce que je ne dis pas. De là ces paroles de l'Apôtre: Ce qui est vieux est passé; tout est devenu nouveau. Et tout vient de Dieu. Il nous enseigne par-là qu'il ne faut point accomplir les choses anciennes selon la lettre; mais qu'il faut observer dans l'esprit de Dieu les choses nouvelles. Je veux bien m'en tenir cependant aux paroles d'un prophète; car, il s'adressait à un roi, et certes, non pas à un roi maître d'une seule ville, mais à un roi arbitre, comme il semblait alors, de tout l'univers. Or, ce prince ne pouvait laisser aux pauvres par testament les peuples qu'il gouvernait, ni leur distribuer des nations barbares comme on distribue des pièces de monnaie, ni convertir en apanage de l'indigence, des états d'une immense étendue. Aussi le prophète lui crie-t-il: Rachète tes péchés par l'aumône, c'est-à-dire, donne de l'or aux pauvres indigens, puisque tu ne peux leur donner ton royaume; distribue tes richesses, puisque tu ne peux leur laisser ta puissance. N'est-ce pas exiger que tout soit donné, quand on excepte seulement ce qui ne peut se partager?

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