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Exaggeramus forte rem verbis, et alte nimis attollimus. Videamus ergo id ipsum quale sit. Peccata, inquit, tua in misericordiis redime. Quid est aliqua redimere? Opinor, pretium rerum quæ redimuntur dare. Non quæro quæ illius Regis peccata fuerint. Ipse sciat quanti debuerit redimere quæ fecit. Te adloquor cujus causa est; te adpello cujus discrimen agitur. Hoc facito quod propheta dixit: Peccata tua in misericordiis redime. Noli tantum Deo relinquere quantum habes, si pro peccatis tuis necessarium non putas quantum habes. Estima diligentissime culpas quas admisisti, æstima peccatorum diversitates. Vide quid pro mendaciis debeas, quid pro maledictis atque perjuriis, quid pro negligentiis cogitationum, quid pro impuritate sermonum, quid pro omni denique malæ voluntatis adfectu. Adde postremo etiam si aliqua de his intra conscientiam tuam sunt de quibus Apostolus dicit, adulteria, fornicationes, impudicitiæ, ebrietates, immunditia Deo exosa, avaritia idololatriæ famula, et post hæc aliqua forte crimina etiam de humani sanguinis effusione contracta. Cumque omnium supputaveris numerum, expende pretia singulorum. Et post hæc non quæro ut pro peccatis tuis totum Deo tradas quod habes; hoc solum redde quod debes, si potes æstimare quod, debeas. Addo autem post ista omnia, quod, cum tractaveris delicta tua atque taxaveris, tanto plus pro malis

Peut-être que nous exagérons, que nous poussons les choses trop loin. Voyons donc ce qu'il en est réellement. Rachète, dit-il, tes péchés par l'aumône. Qu'est-ce-que racheter une chose? Si je ne me trompe, c'est donner le prix de ce qui est racheté. Je n'examine point quels étaient les péchés du roi de Babylone; c'était à lui de savoir à quel prix il devait les racheter. Je m'adresse à vous dont il s'agit ici; j'en appelle à vous dont les intérêts se débattent. Faites ce que disait Daniel: Rachetez vos péchés par l'aumône. N'abandonnez point à Dieu tout ce que vous possédez, si vous ne croyez pas nécessaire au rachat de vos fautes tout ce que vous avez. Pesez soigneusement les fautes que vous avez commises, considérez-en les diverses espèces. Examinez ce que Vous devez pour vos mensonges, ce que vous devez pour vos médisances et vos parjures, ce que vous devez pour cette négligence de pensées, pour cette impureté de discours, et enfin pour toutes ces affections d'une volonté mauvaise. Examinez enfin si votre conscience vous reproche quelques-uns des vices que nomme l'Apôtre, l'adultère, la fornication, l'impureté, l'ivrognerie, la luxure odieuse au Seigneur, l'avarice esclave de l'idolâtrie; et peut-être encore une effusion criminelle de sang humain. Après avoir supputé le nombre de tous vos désordres, fixez le prix que chacun d'eux exige en particulier. Ensuite, je ne demande point que vous livriez à Dieu pour vos péchés, tout ce que vous possédez; rendez seulement ce que vous devez, s'il vous est possible d'évaluer votre dette. J'ajoute encore qu'après avoir examiné et taxé vos fautes, vous donnez d'autant plus pour ces fautes, que vous

tuis debebis, quanto peccata tua vilius æstimaris. Quomodo? Quoniam qui se, inquit Apostolus, existimat esse aliquid, cum nihil sit, seipsum seducit (1). Ut non dicam tibi quod Regi illi victuro adhuc, et forte juveni, ut festinaret tamen peccata sua redimere præceptum est. Tu autem tanto plus pro te debes, quod hæc vel moriens facis, vel jam jamque moriturus. Grandis enim munificentia ac devotio futura est, quæ possit id compensare, quod hæc tum demum Domino tuo reddis, quando habere ipse jam non potes. Præsertim cum addatur ad ista omnia, quod Propheta ipse, qui Regem illum ad redemptionem criminum vocat, per hæc ipsa quæ dicit debere fieri, non tam ei veniæ securitatem quam viam inquirendæ salutis ostendit. Dicens enim, Peccata tua in misericordiis redime, forsitan propitiabitur Deus delictis tuis, hoc ipsum quod dicit forsitan, spem indicat, non fiduciam pollicetur. Ex quo intelligi potest quam difficile jam in supremis positi peccatores qualibet munificentia ad perfectam indulgentiam pervenire possint, quando Propheta ipse qui suadet propitiationem Dei inquirendam, promittere tamen non ausus est promerendam. Dat consilium de actu, et tamen dubitat de effectu. Hortatorem se agendi, non impetrandi auctorem facit. Quare ita? Quia omnes scilicet peccatores debent pro se vel in supre

(1) Gal. VI. 3.

les aurez portées à un moindre prix. Comment? Le voici : Quelqu'un, dit l'Apôtre, s'imagine-t-il être quelque chose lorsqu'il n'est rien, il se trompe lui-même. De plus, je ne vous dis point que le prophète ordonnait à un roi qui devait vivre encore, qui peut-être était jeune, de se hâter toutefois de racheter ses péchés. Or, vous à qui je parle, vous devez donc d'autant plus donner pour vous que vous ne songez à le faire qu'à l'extrémité, ayant déjà la mort sur les lèvres. Car, il faudra que votre munificence, que votre piété soit bien grande, pour faire oublier que vous rendez à votre Seigneur ce qui lui est dû, au jour seulement où tout va vous échapper. Ce sera pis encore, si l'on ajoute à tout cela que le Prophète, exhortant le roi de Babylone à racheter ses crimes, lui montre dans la conduite à tenir, moins une assurance de pardon qu'une route pour trouver le salut. Rachète, dit-il, tes péchés par l'aumône, et Dieu te pardonnera peut-être. Ce mot peutêtre donne l'espoir, mais ne promet pas l'assurance. Par où l'on peut comprendre combien il est difficile pour des pécheurs au lit de mort, d'obtenir un entier pardon, même avec de grandes aumônes, quand le Prophète, qui engage à implorer la divine miséricorde, n'ose point toutefois promettre qu'on l'obtiendra. Il conseille une action, il doute de l'effet; il se conduit en ministre qui exhorte, et non pas en caution qui assure. Pourquoi cela? C'est que, au moment suprême, les pécheurs doivent tout essayer pour leur salut, bien qu'ils ne puissent rien se promettre. Car, si Daniel ne dit point au roi qu'il sera sauvé la seule abondance des bonnes œuvres, le par pécheur qui n'a point expié ses égaremens, peut com

TOM. II.

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mis cuncta tentare, etsi non possunt ulla præsumere. Si enim Regi Propheta ille per solam bonorum operum largitatem absolutam indulgentiam non promitit, intelligere peccator, non acta errorum pœnitentia, potest quanta ei et quam larga in supremis munificentia opus est, qui vult obtinere a Domino per seram devotionem, quod non potest usurpare per legem.

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