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sance à la loi, et il y avait autant de mérite avec des œuvres moindres, qu'il y en a sous l'Évangile avec des œuvres plus grandes. La loi fut pour lors une sorte d'Évangile; et par-là, se montrer soumis à la loi, c'était accomplir l'Évangile en quelque façon. L'autorité de la loi n'est donc plus un titre que l'on puisse invoquer aujourd'hui; car ce qui était vieux est passé, comme dit l'Apôtre, tout est devenu nouveau. Il y avait alors plus d'indulgence, plus de liberté. Alors, on permettait l'usage des viandes; maintenant, on prêche l'abstinence. Alors, il y avait bien peu de jours où il fallût jeûner; maintenant, toute la vie est en quelque sorte un jeûne continuel. Alors, la vengeance pouvait servir les opprimés; aujourd'hui, ils ne leur reste que la patience. Alors, la loi favorisait la colère; aujourd'hui, elle la combat. Alors c'était le glaive qu'elle présentait à l'accusateur; aujourd'hui, c'est la charité. Alors, elle se prêtait aux plaisirs de la chair; aujourd'hui l'Évangile condamne même un regard. Alors, les voluptés charnelles trouvaient une sorte d'autorisation; maintenant, les yeux mêmes sont asservis à un frein. Alors, la loi agrandissait la couche maritale pour y introduire plusieurs femmes; maintenant, elle la rétrécit pour en exclure même une seule, dans le zèle d'une chaste affection. Car il faut, dit l'Apôtre, que ceux qui ont des femmes, soient comme s'il n'en avaient point; Ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient point; ceux qui se réjouissent, comme s'ils ne se réjouissaient point; ceux qui achettent, comme s'ils ne possédaient point; — ceux qui usent des choses de ce monde, comme s'ils n'en usaient point: car la figure de ce monde passe. Voyez comme

tes, et qui utuntur hoc mundo tanquam non utantur. Præterit enim figura hujus mundi (1). Videte quam breviter missus a Deo doctor cuncta moderatus sit, et intra quam perfectionem universa concluserit, non inlicita solum intercidendo, sed etiam licita coarctando, circumcidens scilicet et usum conjugiorum, et infidelitatem fletuum, et intemperantiam gaudiorum, et habendi libidinem, et emendi cupiditatem, et ipsam denique mundi hujus brevem atque umbratilem voluptatem. Et hæc omnia cur? Cur utique, nisi, ut ipse dixit, quia præterit figura hujus mundi. Quam longe sunt ergo a mandato Dei quos cum ipsos jusserit Deus viventes opibus renuntiare, illi eas cupiunt etiam in cognatis suis mortui possidere! Aut quam longe ab ea devotione sunt, ut exhæredent se ipsos propter Deum, qui exhæredare nolunt saltem extraneos propter se! Quibus libenter libere dicerem : Quæ insania est, o miserrimi! ut hæredes alios quoscumque faciatis, vos ipsos vero exhæredatis; ut alios relinquatis vel brevi divites, vos ipsos æterna mendicitate damnatis.

Sed quærit fortasse aliquis, quid sit istud quod nunc plus exigat Deus a Christianis per Evangelium, quam à Judæis ante per legem? Aperta istius rei ratio est. Ideo enim majora nunc Domi

(1) Cor. I. VII. 29-31.

le docteur suscité de Dieu règle tout en peu de mots, et renferme tous les devoirs dans les bornes d'une rigide perfection! non-seulement il retranche les choses défendues, mais encore il limite les choses permises; il resserre l'usage du mariage, la perfidie des larmes, l'immodération des joies, la fureur de posséder, la passion d'acquérir, et enfin les voluptés de ce monde si courtes et si éphémères. Mais pourquoi tout cela? Pourquoi! si ce n'est assurément, comme il le déclare, parce que la figure de ce monde passe. Qu'ils sont donc indociles aux préceptes du Seigneur, ceux qui, loin de renoncer dès cette vie aux richesses, suivant l'ordre qu'il en a donné, ambitionnent encore de les posséder après leur mort, dans la personne de leurs proches! Qu'ils sont peu disposés à se déshériter eux-mêmes pour Dieu, les hommes qui refusent pour leur salut, de déshériter des étrangers! Ah! je leur dirais volontiers, à ces hommes-là, et sans ménagement: Quelle folie est la vôtre, malheureux! pour enrichir je ne sais quels héritiers, vous vous déshéritez vous-mêmes; pour laisser à d'autres des richesses d'un jour, vous vous condamnez vous-mêmes à une éternelle mendicité.

On va me demander peut-être ce que veut dire cela, que Dieu exige plus aujourd'hui des chrétiens par I'Évangile, qu'il ne demandait jadis aux Juifs par la loi. La raison en est manifeste. Si maintenant nous payons davantage à notre maître, c'est que nous devons plus. Les Juifs n'avaient que l'ombre des choses, nous avons

no nostro solvimus, quia majora debemus. Judæi quippe habebant quondam umbram rerum, nos veritatem; Judæi fuerunt servi, nos adoptivi; Judæi acceperunt jugum, nos libertatem; Judæi maledicta, nos gratiam; Judæi litteram interficientem, nos spiritum vivificantem; Judæis servus magister missus est, nobis filius; Judæi per mare transierunt ad eremum, nos per baptisma introimus in regnum; Judæi manna manducaverunt, nos Christum; Judæi carnes avium, nos corpus Dei; Judæi pruinam cœli, nos Deum cœli, qui cum, ut Apostolus ait, in forma Dei esset, humiliavit semetipsum usque ad mortem, mortem autem crucis (1), non contentus scilicet simplicem pro nobis subire mortem, nisi ipsam voluntariæ necis susceptionem summorum suppliciorum perpessione cumulasset. Pro hoc ergo solo quid solvere homo poterit, cui se per ultimam pœnarum acerbitatem Christus impendit? Aut quid pro se dignum Domino repensabit, qui ipsum Deo, a quo redemptus est, Deum debet? Hæc ergo causa est qua devotiores esse nos Dominus sibi velit, quia tam magno devotionem nostram pretio comparavit. Et ideo ait, beatissimus Paulus: Quis ergo, inquit, nos separabit a caritate Christi? Tribulatio, an angustia, an persecutio, an fames, an nuditas, an

(1) Philip. II. 8.

la réalité! Les Juifs étaient les esclaves, nous sommes les enfans adoptifs; les Juifs avaient reçu le joug, nous avons reçu la liberté; les Juifs avaient la malédiction, nous avons la gràce; les Juifs avaient la lettre qui tue, et nous avons l'esprit qui vivifie; aux Juifs on avait donné pour maître un esclave, à nous, on a donné le Fils; les Juifs parvinrent au désert en traversant la mer Rouge, nous, par le baptême, nous entrons dans le royaume; les Juifs mangèrent la manne, nous sommes nourris du Christ; les Juifs avaient la chair des oiseaux, nous avons le corps de Dieu; ils avaient la rosée céleste, nous avons le Dieu du ciel, lui qui, au langage de l'Apôtre, ayant la nature divine, s'est humilié jusqu'à la mort, et à la mort de la croix, non content de subir pour nous une simple mort, s'il n'eût mis le comble à cette mort volontaire en y ajoutant les plus cruels supplices. Qu'est-ce donc que l'homme paiera, lui pour qui le Christ s'est livré à des peines si amères? Que donnera-til en retour au Seigneur, lui qui doit un Dieu au Dieu par qui il fut racheté? Voilà donc le motif pour lequel le Seigneur exige de nous un dévoûment plus parfait, puisqu'il a acheté à si haut prix ce droit à nos hommages. De là vient que le bienheureux Apôtre dit: Qui donc nous séparera de l'amour de Jésus-Christ? Sera-ce l'affliction, les angoisses, la persécution, la faim, la nudité, le péril, le glaive? Suivant l'Apôtre, nous ne devons pas seulement à Dieu nos trésors et nos richesses, mais encore la faim, le glaive, les souffrances, l'effusion de notre sang, le sacrifice de notre vie, une mort enfin assaisonnée des plus affreux tourmens. Les justes doivent comprendre par-là que ce n'est point assez pour

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