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terme de notre vie; pourquoi cherchons-nous à étendre ce mépris jusqu'au delà du tombeau ?

Nous avons parlé des conditions diverses et des devoirs qu'elles imposent, parce que certaines personnes qui font profession de piété s'imaginent, comme nous l'avons dit, n'être pas obligées de donner leurs biens au Seigneur, ou l'être moins que les gens du monde; tout au contraire, cette obligation devient pour eux d'autant plus rigoureuse que le serviteur qui connaît la volonté de son maître sans l'accomplir sera frappé de coups, tandis que celui qui ne la connaît pas recevra peu de coups. Or, la religion, c'est la connaissance de Dieu; conséquemment, tout homme religieux, parlà même qu'il pratique la vertu, déclare qu'il est instruit des volontés de Dieu. La profession de piété n'affranchit donc point d'une dette, elle ne fait que l'accroître; car, en prenant un nom saint, on s'engage à la sainteté. Ainsi, l'on doit faire d'autant plus qu'on a promis davantage, suivant ces paroles: Il vaut beaucoup mieux ne pas s'engager, que de ne pas accomplir sa promesse après un vœu.

Mais, dira quelqu'un, si les choses vont ainsi, l'indévotion présente plus de garanties que la piété. Point

tutior ergo est inreligiositas quam religio. Minime. Religiosus enim per hoc est debitor quod profitetur religiosum; inreligiosus autem, per id quod neglexerit religionem ; ac per hoc, ambo habent pro diversitate conditionis debitum suum. Religiosus debet quicquid se professus est agnovisse; inreligiosus vero, etiam quod non dignatur agnoscere, secundum illud quod specialiter sermo divinus de eo dicit: Noluit intelligere ut bene ageret (1). Sed tamen qui onerasse religiosos hac re videmur, quia professionem nominis sponsionem esse diximus religionis, removeamus hanc sarcinam, putemus non ita esse quæ dixi. Consideremus denique non quid professione, sed quid ratione, non quid voto, sed quid salubritate ipsa facere debeamus. Dicite mihi, quæso, omnes religiosi, numquid est ullus hominum qui non omnia quæ facit, vel salutis suæ, vel certe utilitatis gratia faciat? Nemo, opinor. Omnes enim ad affectum atque appetitum utilitatis suæ, naturæ ipsius magisterio atque impulsione ducuntur. Ideoque et qui militant, id sibi pulchrum, et qui negotiantur, id sibi utile, et qui agricolantur, id sibi fructuosum esse existimant. Et quid plura? Fures quoque ipsi, et latrones, et venefici, et sicarii, et omne improbæ conversationis genus, id sibi quod agit congruum putat ; non quod ulli prava conveniant,

(2) Psal. XXXV. 3.

du tout. Car, un homme religieux se trouve débiteur, dès-lors qu'il fait profession de piété, et un homme indévot, quand il néglige la pratique de la vertu; tous deux ont une dette respective, suivant la différence de leur condition. Le juste doit à Dieu l'accomplissement de tous les devoirs qu'il se glorifie de connaître; l'impie, au contraire, l'accomplissement des devoirs mêmes qu'il ne prend pas la peine de connaître. C'est de lui spécialement que la parole sainte a dit: Il a cessé de comprendre, afin de ne pas faire le bien. Toutefois, comme je paraîtrais avoir surchargé les justes, en avançant que, par la profession d'un nom saint, ils s'engagent à la pratique de la vertu, soulageons-les de ce fardeau, et supposons qu'il n'en est point ainsi que nous l'avons dit. Considérons enfin plutôt ce que nous devons faire par raison, que ce que nous devons faire par état; plutôt ce qui est nécessaire que ce qui est de conseil. Dites-moi, je vous prie, vous tous, gens de bien, est-il un homme qui en faisant une chose, n'ait pas en vue ou son salut ou du moins quelqu'autre avantage? Il n'en est point, je pense. Car nous sommes tous portés par la voix et l'impulsion de la nature à aimer, à rechercher notre utilité. Un soldat regarde la milice comme une chose belle; un commerçant, le négoce comme une chose utile; un laboureur, l'agriculture comme une chose fructueuse. Et quoi encore? Les voleurs aussi, les larrons, les empoisonneurs, les sicaires et tous les scélérats pensent trouver leur avantage dans ce qu'ils font; ce n'est pas que le crime donne le bonheur à l'homme, mais celui qui fait le mal, ne le fait que parce qu'il croit y trouver son utilité. Et nous donc, quelle autre cause nous a

sed quod ille qui pravis utitur, hoc sibi credat congruum esse quod pravum. Ergo et nos non alia, opinor, causa, religionis philosophiam adpetivimus, quam quod nobis id conveniens arbitrati sumus; cogitantes scilicet et præsentium rerum brevitatem et futurarum æternitatem, quam parvum istud, quam grande illud; cogitantes quoque futurum judicem, et tremendi judicii graves exitus, ardentem in medio populorum circumstantium vallem perennium lacrymarum ; quam non solum introiri atque tolerari inæstimabile ac summum malum, sed etiam videri ac timeri pars mali summi sit; cogitantes quoque, inter hæc horrenda et poenalissima, alia hæc præclara ac beatissima, novos scilicet cœlos, et novam terram, vultum rerum omnium pulchriorem, æternum justitiæ habitaculum, recens ædificium creaturarum, aureas super rudes cœlos sanctorum omnium domos, aulas gemmis intermicantibus expolitas, et immortalium metallorum fulgore pretiosas, lucem illic septuplo illustriorem, puniceo semper splendore radiantem, beatitudinem ineffabilibus bonis divitem, lætam cum incolis suis perennitatem, Patriarcharum consortium, Prophetarum societatem, Apostolorum germanitatem, Martyrum dignitatem, et in omnibus sanctis angelorum similitudinem, opum coelestium copiam, deliciarum immortalium affluentiam, communem cum Deo vitam. Hæc ita

fait rechercher la philosophie de la religion, si ce n'est l'espoir des biens qui nous en reviendraient? Nous avons songé à la courte durée des choses présentes, à l'éternité des choses à venir, pesant le prix de celles-ci et le néant de celles-là. Nous nous sommes représenté aussi le juge futur et les terribles suites de ces redoutables assises; cette vallée de pleurs éternels et ce gouffre ardent au milieu des peuples rassemblés: gouffre épouvantable, dont le séjour est le plus grand de tous les maux, dont l'aspect et la crainte sont déjà un grand mal. Nous nous sommes retracé, après ces horreurs et ces tourmens, d'autres spectacles pleins d'éclat et de félicité: de nouveaux cieux, une nouvelle terre, une face de chose plus brillante, l'éternel domicile de la justice, une autre création; par de-là nos cieux pâles et ternes, les maisons dorées de tous les saints, des palais resplendissans de pierres précieuses, reluisans de l'éclat des métaux immortels, une lumière mille fois plus vive et qui ne cesse de jeter au loin ses rayons pourprés, une béatitude riche en biens ineffables, une éternité de joie avec les célestes habitans, cette société des Patriarches et des Prophètes, cette fraternité avec les Apôtres, cette dignité des Martyrs, cette ressemblance de tous les saints avec les anges, cette immensité de célestes richesses, cette affluence d'immortelles délices, et cette vie intime avec Dieu. C'est donc la pensée et la contemplation de toutes ces choses qui nous a fait embrasser le culte et les devoirs d'une religion sainte. Nous nous en sommes fait en quelque sorte un avocat et un intercesseur puissant pour obtenir de si grands biens; nous avons recouru à

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