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recevra,

éternels qu'ils doivent acquérir à grand prix. S'il n'y a point de châtiment à craindre, il est toutefois un royaume à ambitionner. Et dès-lors, si les justes n'ont rien à racheter, ils ont pourtant quelque chose à acquérir. A moins, par hasard, qu'on ne craigne de perdre à ce marché, c'est-à-dire, de prêter plus qu'on ne de ne retirer d'un fonds immense que de légers intérêts, de ne pas compter des recettes égales aux dépenses, de voir son argent en danger, une fois qu'on a livré un prix énorme, et, après avoir prêté beaucoup au Seigneur sur la terre, de ne pas trouver peut-être au ciel un débiteur solvable dans le Christ. Si vous êtes dans cette funeste appréhension, je n'ai rien à vous dire, parce que rien ne sert à celui qui doute; une opération est nulle, lorsqu'elle n'est pas fondée sur la confiance, et celui-là prête vainement à intérêt, qui n'espère rien recevoir. C'est le Christ, comme nous le confessons, qui rétribue suivant les œuvres. Si donc vous regardez comme pauvre celui qui ne peut rendre, comme infidèle à sa parole celui qui refuse de le faire, comment pouvez-vous attendre votre rétribution de celui que vous croyez dans l'impossibilité de vous payer, et que vous savez de mauvaise foi? S'il n'en est point ainsi, et si vous êtes persuadé qu'il peut effectuer ses promesses, quelle folie, quel égarement de ne lui point donner autant que vous pouvez, assuré que Vous êtes de recevoir beaucoup plus que vous n'aurez donné? Quel malheur pour vous de ne rien vouloir retirer des choses que vous laissez, quand vous pouvez posséder tous les biens auxquels vous croyez!

Sed (miserum me!) puto, non creditur Deo. Et quod dico puto, utinam ambigue putarem, et non evidenter agnoscerem. Laborarem fortasse intra me vincere opiniones meas, et cogerem sensum dubia non credere, ut mentem melioribus applicarem! Sed quid agimus ? Non dubiis rebus vincimur, et evidentibus coarctamur. Quis enim Domino mente credit, et facultate non cedit? quis Deo animam suam mancipat, et pecuniam negat? quis promissis cœlestibus fidem commodat, et non agit ut esse possit particeps promissionum? Et ideo, cum videamus homines hæc non agere, cogimur non credentes palam et evidenter agnoscere. Non licet ut eos nos Deo fidem putemus adhibere, cum illi se rebus clament negare. In quo necesse est infidelitatem pene omnium hominum plangi atque lugeri. O miseria! o perversitas! Homini ab homine creditur, et non creditur Deo, Humanis promissionibus spes commodatur, Deo negatur. Omnia denique in rebus humanis spes futurorum agunt. Vita quoque ipsa hæc temporaria nonnisi spe alitur ac sustinetur. Ideo enim terris frumenta credimus, ut cum usuris credita recipiamus. Ideo in vineis labor maximus ponitur, quia homines spes vindemiæ consolatur. Ideo negotiatores thesauros suos emptionibus vacuant, dum venditionibus sperant esse cumulandos. Ideo navigantes vitam ventis ac tempestatibus credunt, ut

Mais, hélas! l'on ne croit point en Dieu, ce me semble. Et qu'ai-je dit? Plût au ciel que ce fût pour moi un doute seulement, et non une vérité démontrée! Je travaillerais peut-être à vaincre en moi mes soupçons, et je forcerais mon esprit à rejeter ces doutes pour l'appliquer à des pensées plus douces. Mais, que faisons-nous? Ce n'est point le doute qui l'emporte, c'est l'évidence qui nous presse. Peut-on croire en Dieu du fond du cœur, sans lui faire cession de ses biens? Peut-on lui engager son ame, et lui refuser ses trésors? Peut-on ajouter foi aux célestes promesses, et ne rien faire pour y participer? Aussi, quand on est témoin de cette étrange conduite, il faut bien confesser ouvertement que les hommes manquent de foi. Comment penser qu'ils croient à Dieu, lorsque leurs œuvres nous crient qu'ils n'y croient pas. Nous devons bien alors gémir et pleurer sur l'infidélité de presque tous les hommes. O malheur! ô perversité! L'homme croit à l'homme, et il ne croit point à Dieu. On espère en des promesses humaines, on doute de celles de Dieu; tout enfin, dans les affaires d'ici-bas, se fait par l'espérance de l'avenir; même, cette vie éphémère ne se nourrit et ne se soutient que d'espérance. Car, si l'on confie la semence à la terre, c'est afin de recouvrer avec usure ce qu'on lui a prêté. Si l'on donne tant de soin à la culture de la vigne, c'est que l'on se console dans l'espoir de la vendange. Si le marchand épuise ses trésors en achats, c'est qu'il espère les grossir plus tard par la vente. Si le navigateur confie ses jours aux vents et aux tempêtes, c'est pour arriver au terme de ses vœux et de ses désirs. Qu'ajouter encore? La paix, au milieu des nations féroces et bar

spebus votisque potiantur. Et quid plura? Pax quoque, inter feras ac barbaras gentes, spe innititur, et, fide adstipulante, firmatur. Latrones quoque ipsi et sanguinarii fidem sibi invicem non negant, et quæ promiserint, mutuo se servaturos esse confidunt. Totum denique, ut dixi, inter homines spebus agitur. Solus Deus est, de quo desperatur. Cumque elementa ipsa et naturam mundi Dominus noster fidelem fecerit, illi tantum prope ab omnibus non creditur, qui solus fecit ut rebus omnibus crederetur.

Sed dici forte hoc loco possit, quod rebus suis utantur homines non esse infidelitatis interdum, sed necessitatis, neque Deo non credere religiosos, sed vitæ atque usui necessaria reservare ; multos enim sanctorum hominum a summa dispensandarum opum perfectione, aut sexu nonnunquam, aut ætate, aut ipsa infirmioris corpusculi imbecillitate prohiberi. Esto, hoc ferri possit; sed tamen, etiamsi feratur, ita ferendum est, ut pro qualitate necessitatum atque causarum sufficientia retineantur, immoderata resecentur. Habentes enim, inquit Apostolus, victum et vestitum, iis contenti sumus. Nam qui volunt divites fieri, incidunt in tentationes et laqueum diaboli (1). Ergo, ut videmus, in rebus tantum necessariis est salus, in superfluis laqueus, in mediocritate Dei

(1) Tim. I. VI. 8-9.

bares, s'appuie sur l'espérance, et se consolide sous la garantie d'une foi réciproque. Les voleurs, eux aussi, et les hommes de sang se fient les uns aux autres, et comptent sur l'exécution des promesses qu'ils se sont mutuellement faites. Tout enfin, parmi les hommes, repose, comme je l'ai dit, sur l'espérance. Dieu est le seul en qui l'on n'espère point. Notre maître a imprimé une marche fidèle aux élémens et à la nature du monde, et il est le seul à qui presque tous refusent de croire, auteur qu'il est des qualités qui nous donnent de la confiance pour les choses de la création.

On pourra dire peut-être que, si les hommes usent de leurs biens, ce n'est pas toujours un acte d'infidélité, mais l'effet de la nécessité, et que les personnes religieuses ne manquent point de foi envers le Seigneur, mais qu'elles se réservent les choses nécessaires aux usages de la vie; car, beaucoup de justes trouvent quelquefois dans leur sexe, dans leur âge, dans la faiblesse d'un corps débile et infirme, un obstacle à cette haute perfection qui dispense les richesses. Soit, acquiesçons à cela; mais disons en même temps que, si l'on se réserve ce qui peut suffire à ses besoins et à sa condition, il faut retrancher le superflu. Ayant, dit l'Apôtre, de quoi nous nourrir et de quoi nous couvrir, nous devons être contens. Car ceux qui veulent devenir riches, tombent dans les tentations et dans le piége du diable. Donc, comme nous le voyons, le salut est dans les choses nécessaires, le piége dans le superflu, la grâce de Dieu dans la médiocrité, le piége du démon dans les richesses. Enfin, qu'ajoute aussitôt l'Apôtre?... qui précipitent les

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