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vos soins et votre temps donnés à des choses périssables? Craignez-vous par hasard, qu'il ne se trouve personne, après votre mort, pour dévorer ce que vous aurez laissé? Je ne veux pas de cette crainte, je ne veux pas de cette appréhension. Plût à Dieu que votre salut fût aussi facile que le sera le dépérissement de toutes vos richesses! O infidélité! ô perversité! C'est un axiôme vulgaire, qu'on se veut plus de bien à soi-même qu'à un autre ; mais n'est-ce pas quelque chose de prodigieux, qu'un homme consulte les intérêts d'autrui et s'oublie lui seul? Voilà que vous allez paraître, malheureux, au sacré tribunal, à ce jugement terrible et redoutable, où l'ame errante et inquiète ne peut trouver de consolation que dans une bonne conscience, dans une vie innocente, et, ce qui est bien voisin d'une bonne vie, dans la miséricorde; où l'homme coupable n'a d'autre appui qu'une ame libérale, une pénitence fructueuse, et en quelque sorte, les mains puissantes d'une riche aumône; où enfin vous trouverez, suivant la diversité des mérites, ou un grand bien, ou un souverain mal, ou des récompenses immortelles, ou un tourment sans fin. Et vous songez à enrichir je ne sais quels héritiers, vous portez la sollicitude sur la fortune de vos amis et de vos proches, vous cherchez en vous-même quel est celui qui doit avoir la plus grande part à votre patrimoine, quel est celui à qui vous léguerez des meubles si divers et si brillans, quel est celui dont les coffres s'empliront de votre abondance, quel est celui à qui vous laisserez le plus grand nombre d'esclaves! Malheureux! vous vous occupez d'assurer une existence heureuse à d'autres après vous, et vous ne voyez pas com

quid de solo te es tam male meritus, ut tibi nec inter extraneos locum facias hæredis? Ecce exspectat te jam egressurum de vita ista officium tribunalis sacri, exspectant tortores angeli, et immortalium tormentorum terribiles ministri; et tu, futuras post te hæredum mundialium voluptates animo volutas? tu delicias aliorum mente pertractas? quam bene scilicet post te hæres tuus de tuo prandeat, quibus copiis ventrem expleat, quomodo usque ad nauseam redundantem viscera exsaturata distendat. Infelicissime omnium, quid tibi est cum his næniis, quid tibi cum his deliramentis, quid cum stultitia hujus erroris, quid cum perditione istius vanitatis? Numquid succurrere hoc tibi inter supplicia summa poterit, si is qui res tuas prodige comedit, lautus et pransus bene eructarit, aut etiam ut tibi, qui devoranda tua omnia tradidisti, redundanti cruditate plus præstet, si bene vomuerit?

Sed de iis unde nunc loquimur, si res ac ratio postulaverint, etiam post hæc aliqua subdemus Interim hoc specialiter dico, et peculiari admonitione commoneo, ne ullum omnino aliquis quamvis carissimum pignus animæ suæ præferat. Neque enim iniquum est ut quilibet Christianorum etiam legitimis hæredibus in hoc seculo minus congerat, dummodo sibimet in æternitate succurrat multis modis; quia, et facilius est hic deesse filiis quippiam quam parentibus in futuro, et multo levior

bien vous mourez mal. Dites-moi, je vous prie, ô malheureux, ô infidèle, pendant que vous jetez votre patrimoine à tant d'héritiers, que vous les enrichissez de vos biens, êtes-vous donc assez ennemi de vous seul pour ne pas vous faire aussi une place parmi des étrangers? Voilà que, au sortir de la vie, l'appareil du sacré tribunal vous attend, les anges réprouvés, ministres terribles des éternels tourmens vous attendent aussi, et vous méditez les plaisirs que doivent goûter après vous, de profanes héritiers, vous combinez dans votre esprit ce qui doit faire les délices des autres, inquiet que vous êtes de savoir si votre successeur dînera bien avec vos richesses, s'il aura de quoi remplir son ventre, s'il aura de quoi saturer et gonfler ses entrailles jusques à la nausée? Malheureux ! qu'avez-vous à faire de ces bagatelles, de ces rêveries, de cette erreur insensée, de cette vanité pernicieuse ? Vous sera-ce d'un grand secours, au milieu des supplices, que celui qui mange prodigalement vos trésors, sorte de table bien repu, exhalant les vapeurs du festin, ou que celui qui a reçu vos richesses à devorer, vomisse bien, après un repas indigeste ?

Je pourrai plus tard, si le sujet et l'occasion le demandent, ajouter quelques mots à ce que je viens de dire. En attendant, j'avertis et je conjure d'une manière spéciale qui que ce soit, de ne point préférer au salut de son ame la personne même la plus chère. Car, il n'y a pas d'injustice à ce que tout chrétien entasse moins de trésors en ce monde, même pour ses héritiers

præsens tenuitas quam æterna paupertas ; maxime quia, cum illic non paupertas tantum, sed etiam mors ac pœna timeantur, facilius est utique hic hæredibus deesse quiddam de patrimonio quam illic testatoribus de salute, idque et ipsi quibus hæreditas derelinquitur, si modo pietatis aliquid in se habent, specialiter velle debeant ne illi pereant qui relinquunt. Quod utique si nolunt, multo minus digni sunt quibus aliquid relinquatur; quia non injuste testator sapiens non relinquit quod hæres impius non meretur. Itaque optimum est ut unusquisque sibi consulat, et animæ ac saluti suæ omnia derelinquat. Sint quamvis interdum non filii tantum, quibus videtur naturaliter plus deberi, sed etiam pignora alia ejus vel meriti vel conditionis, ut eis ad impertiendum quiddam ac largiendum justitia ipsa ac Dei cultus patrocinetur, et quibus non solum pie aliquid relinquatur, sed etiam inreligiose non relinquatur. Scilicet si, aut parentes sint calamitosi, aut germani fideles, aut sanctæ conjuges, aut, ut longius denique munus pietatis extendam, si aut propinqui inopes, adfines egestuosi, aut denique cujuslibet necessitudinis indigentes, vel certe, quod super omnia est, Deo dediti. Hoc enim est præcipuum ac supereminens, si idipsum quod agit aliquis pietatis officio, religionis faciat affectu. Beatus enim ille qui suos ipsos divini amoris spiritu amat, cujus caritas Christi cultus est, qui in naturæ vin

légitimes, s'il se prépare, à lui, pour l'éternité de nombreuses ressources. Ce n'est pas un aussi grand malheur pour les enfans de manquer ici-bas de quelque chose, que pour les parens de manquer de tout dans la vie future; c'est bien peu que la pauvreté présente, en comparaison d'une éternelle indigence. Comme dans le siècle à venir ce n'est pas la pauvreté seulement, mais aussi la mort et les peines qui sont à craindre, c'est un moins grand malheur, certes, pour les héritiers, de perdre ici-bas quelque chose de leur patrimoine, que pour les testateurs de se voir enlevés dans l'autre vie des moyens de salut. Et ceux auxquels un héritage vient à échoir, doivent particulièrement désirer que les personnes qui le leur donnent, ne périssent pas, s'ils conservent encore pour elles un reste d'affection. N'éprouvent-ils pas ce désir, ils sont indignes qu'on leur laisse quelque chose; car, c'est avec justice qu'un sage testateur ne légue pas à un héritier impie, ce que celui-ci ne mérite point. Le premier devoir de la prudence est donc de commettre ses intérêts à soi, et de tout consacrer au salut de son ame; du reste il est quelquefois non-seulement des enfans, qui doivent naturellement recevoir davantage, mais encore des proches d'un mérite ou d'une position telle, que la justice et la religion ordonnent de les gratifier, de les favoriser: leur laisser quelque chose, c'est un acte de piété; ne leur rien laisser, c'est un acte d'irréligion. Je suppose que ce sont des parens dans le malheur, des frères vertueux, des épouses saintes, et, pour étendre encore plus loin cette obligation de piété, des proches dans le besoin, des alliés dans le dénûment, en un mot, toutes

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