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la religion à laquelle vous avez confié vos enfans. On a bien plus de mérite à se faire pauvre soi-même, Si vous désirez tant les voir dans la misère, laissez ce soin à leur piété. Qu'il leur soit libre, nous vous le demandons, de se faire pauvres de plein gré; ils doivent embrasser la pauvreté, mais non pas y être contraints. Et s'ils y sont contraints, qu'ils la supportent par piété ; mais qu'elle ne leur devienne pas une sorte de tourment infligé par condamnation. Pourquoi les jeter en dehors des droits du sang et de la nature ? Et moi aussi, je veux les voir pauvres, mais je veux toutefois que leur pauvreté ait son prix et que, par un bel échange, ils passent de la richesse à l'indigence, afin de mériter la richesse par le choix de la pauvreté. Au reste pourquoi m'efforcé-je de vous ramener à l'humanité et à la tendresse par les plus pressans devoirs de la raison, lorsque ce motif seul vous en détourne; et que les parens deviennent cruels par les choses mêmes qui devraient les adoucir? Car, tandis qu'il vous faudrait laisser à vos fils religieux une plus grande partie de votre patrimoine, afin que, par eux du moins il parvînt à Dieu quelque chose de vos richesses, vous, au contraire, vous ne leur laissez rien, de crainte qu'ils n'aient de quoi léguer à Dieu. La belle raison, la singulière prudence dont vous usez pour méconnaître vos fils, afin que, à leur tour, ils ne puissent s'avouer enfans de Dieu ! C'est magnifiquement reconnaître ses bienfaits sacrés, que d'empêcher par tous les moyens, que les vôtres ne lui rendent quelque honneur, quand vous tenez tout de sa munificence. Pourquoi, je le demande, agir avec tant d'ingratitude, avec tant d'impiété? Nous n'exigeons pas que vous donniez au Sei

pares esse faciatis? Id ergo agitis ut pœniteat eos cœptæ religionis, quos religio apud vos fecerit viles? Pius itaque ac bonus Dominus, qui servet in eis propositum ac professionem suam. Cæterum, quantum in vobis est, id agitis ut seculi eos cultores esse faciatis, quibus seculares filios antefertis. Quid est enim aliud quam religionem interdicere, ob religionem despectui habere?

Sed injusti fortasse videamur, cunctos parentes in hoc negotio æqualiter accusando, cum scilicet non omnes pari agant iniquitate cum filiis. Sunt enim, inquit aliquis, sunt ex parentibus multi, qui æquales filiis suis faciant portiones; nisi quod una tantum eos conditione discernunt, quod in his partibus quæ religiosis videntur adscribi, usum jubent ad eos, proprietatem ad alios pertinere. At vero hoc multo est pejus et infidelius. Tolerabilioris quippe impietatis esse videtur, cum proprietate aliquem filiis suis minus relinquere, quam proprietatem iis rerum penitus auferre. Potest enim aliquatenus ferri ista conditio, si aut amicis, aut adfinibus, aut propinquis hac lege aliquid relinquatur. Filiis vero qui proprietatem rerum non tribuit, nil relinquit. Sed invenit ini

gneur ce qui est à vous; rendez-lui quelque chose du sien. Pourquoi en agir avec tant d'avarice, avec tant d'impiété ? Ce que vous refusez ne vous appartient pas. Regardez-vous comme un acte d'iniquité de faire une égale répartition entre vos fils séculiers et vos fils religieux? Voulez-vous donc être cause qu'ils se repentent d'avoir embrassé une condition, qui les avilit à vos yeux ? Le Seigneur, plein de clémence et de bonté, conservera en eux les sentimens de leur profession. Mais avec cela, vous faites tout ce qui dépend de vous pour les rendre sectateurs du monde, en leur préférant vos fils séculiers. Car, n'est-ce pas interdire l'état religieux, que de vouer au mépris ceux qui y sont engagés ?

On objectera peut-être que nous sommes injustes, d'accuser également tous les pères, puisqu'ils ne sont pas tous coupables de la même iniquité envers leurs fils. Il est des parens, dira quelqu'un, il en est un grand nombre qui font une égale part à leurs enfans; toute la différence qu'ils mettent entre eux, c'est dans ce que partage, ils ne donnent aux religieux que la jouissance, tandis qu'ils laissent aux autres la propriété. Or, c'est là ce qu'il y a de pire et de plus injuste. En effet, quelqu'un donne-t-il peu à ses fils en leur laissant la propriété, il est plus excusable que s'il donnait la jouissance du tout en réservant la propriété à d'autres. On pourrait en quelque sorte supporter cette clause, s'il s'agissait de faire un legs à des amis, à des alliés, à des proches; mais dépouiller ses enfans de la propriété, c'est ne leur rien laisser. Toutefois la coupable cruauté des pères a trouvé le moyen d'exclure entièrement

quissima infidelitas parentum quomodo a patrimonio suo Deum penitus excluderet, proprietatem rerum religiosis filiis auferendo. Usum enim his dedit, ut esset quo ipsi viverent; proprietatem his tulit, ut quod Deo relinquerent non haberent. O novum inreligiosæ mentis ingenium! invenit quo videretur filiis suis majore erga Deum sua impietate consulere. Fecit enim ut sancta soboles usum rerum habens, jus rerum non habens, quasi locuples quidem viveret, sed quasi mendica moreretur, ac sic testator infidelissimus plena de hoc mundo possit securitate discedere, cum sciret de suo ad Deum penitus pervenire nihil posse. Quamvis in hoc ipso quod supra dixi, per usum rerum aliquam filios religiosos opum imaginem possidere, ne hoc sit quidem, quia etsi usus videtur aliquid habere, conscientia tamen non habet. Nemo enim potest se vel brevi divitem credere, qui scit se proprium nil habere.

Quid agis miserrima infidelitas et paganicæ, ut ita dixerim, inreligiositatis error? Itane tantum odisti Deum, ut possis etiam filios tuos ob hoc tantum quia ad Deum pertinent, non amare? Meliore enim conditione quidam relinquunt libertos suos quam tu relinquis filios tuos. In usu siquidem quotidiano est ut servi, etsi non optimæ, certe non improbæ servitutis, Romana a dominis libertate donentur; in qua scilicet et

Dieu de leur patrimoine, en privant de toute propriété des fils religieux. On leur abandonne l'usufruit pour qu'ils aient de quoi vivre; on leur ôte la propriété, pour qu'ils n'aient rien à léguer au Seigneur. O criminelle invention d'un esprit irréligieux! On a trouvé le secret de pourvoir aux besoins de ses enfans, par une plus grande impiété envers Dieu. Par-là, des fils voués à un saint état, ayant la jouissance de leurs biens sans en avoir la propriété, vivent comme s'ils étaient riches, et meurent dans un entier dénûment; ainsi, un testateur infidèle peut sortir de ce monde en toute sécurité, bien assuré que rien de ce qui est à lui ne doit aller à Dieu. J'ai dit plus haut que par l'usufruit les enfans semblent jouir d'une ombre d'opulence, mais il n'en est rien; car, si l'usufruit paraît leur dire qu'ils ont quelque chose, la conscience toutefois leur dit le contraire. On ne peut, en effet, se croíre riche, quand on sait que l'on n'a rien.

Que faites-vous, misérable infidélité des parens, erreur sacrilège, pour ainsi dire, et païenne? Pouvezvous bien haïr Dieu jusqu'à n'aimer pas vos fils, par cela seul qu'ils lui appartiennent? Il est des hommes plus généreux envers leurs affranchis, que vous ne l'êtes envers vos enfans. Car, c'est un usage quotidien, que des esclaves, sinon irréprochables, tout au moins exempts de vices, reçoivent de leurs maîtres la liberté romaine, et avec elle la propriété de leur pécule et le 18

TOM. II.

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