Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

voyance, vous avez soin d'écrire avec sollicitude: Lorsque je serai sorti de ce monde, alors, qu'un tel qui m'est bien cher, soit mon héritier. Dites-moi, je vous prie, cet homme qui vous est si cher, comme vous le prétendez, et qui vous est si étroitement lié, pourquoi ne lui donnez-vous rien du vôtre, pourquoi ne lui abandonnez-vous rien du vôtre, tant que vous pensez pouvoir encore vivre, mais seulement quand vous êtes en face de la mort? Eh! que dis-je en face de la mort? Vous prenez même vos mesures pour qu'il n'ait rien du vôtre tant que vous respirez, tant qu'il vous reste un souffle de vie; s'il doit avoir quelque chose, c'est quand vous serez mort, mort tout-à-fait. Ce serait merveille que vous lui permissiez de posséder, sitôt votre trépas, et avant que vous soyez enlevé de chez vous, caché dans la tombe. Car en disant : Lorsque je serai sorti de ce monde, vous semblez exiger cette clause. C'est bien, en effet, sortir de ce monde, que cesser d'être avec son corps en présence des choses de ce monde. Dites-moi donc, pourquoi tant de précautions dans votre testament, pourquoi tant de sollicitude et de prudence? Sans doute, parce qu'il vous semble que votre bien vous est nécessaire tant que vous vivez; parce que vous ne voulez point vous dépouiller de vos richesses, et que vous regardez comme une souveraine injustice qu'un autre, vous encore vivant, vous plein de santé, s'élève sur votre fortune, pendant que vous seriez consumé par l'indigence. Vous avez raison, et je ne prétends pas que votre conduite soit déplacée; j'approuve tout ce que vous dites dans ce sens. Je désire cependant que vous puissiez me satisfaire sur un point. D'où vient, si l'usage de vos ri

dubio: Quia mortuo nihil opus est, nec reservandum mihi quicquam in tempus illud est, quia defunctus, ac nihil sentiens, nec delectari pos. sum possessione rerum mearum, neque amissione cruciari. Evidens causa est. Ergo idcirco moriens substantiam tuam alteri deputas, quia capere ex ea fructus post mortem ipse non possis. Sed quid quod electissimum vas Dei Apostolus Paulus testificatur et clamat quod quæcumque homo in vita hac seminaverit, hæc post mortem metet; et qui parce seminat, parce et metet; et qui seminaverit in benedictione, ex benedictione et metet (1). Ex quo aperte intelligi voluit eos qui seminaverint in parcitate, benedictionem metere non posse. Dum enim dicens, Qui parce seminat, parce et metet, et qui seminat in benedictione et metet, evidenter utique benedictionem in sola posuerit largitate, ostendit parcos seminatores mendicitatem, largos benedictionem esse messuros.

Sed fortasse hæc tibi, quicumque es, ô infidelis, aut parum valida aut parum aperta esse videantur. Quid quod Dominus ipse in Evangelio nihil quemquam de operibus bonis perdere Christianum manifestissime docet dicens: Quicumque

(1) Gal. VI. 8. Cor. IX. 6.

chesses vous semble si nécessaire, d'où vient que Vous regardez comme inutiles après la mort, les fruits et les revenus de votre fortune? Vous répondrez sans doute: Un défunt n'a plus besoin de rien, je ne dois rien non plus me réserver pour ce temps-là; une fois mort, une fois livré à l'insensibilité de la tombe, je ne puis être ni charmé de la possession de mes biens, ni tourmenté de la perte de mon patrimoine. Voilà qui est évident. Donc, en mourant, si vous léguez vos trésors à un autre, c'est que vous ne pouvez plus vous-même en retirer après le trépas aucune utilité. Mais quoi! le vase d'élection, l'Apôtre Paul, ne nous dit-il pas, ne crie-t-il pas: L'homme ne recueillera après la mort que ce qu'il aura semé dans cette vie. Celui qui sème peu, moissonnera peu; et celui qui sème avec abondance, moissonnera aussi avec abondance. Il veut évidemment faire entendre par-là que ceux qui sèment avec parcimonie, ne peuvent recueillir avec largesse. Car, lorsqu'il dit: Celui qui sème peu, moissonnera peu, et celui qui sème avec abondance, moissonnera aussi avec abondance, il est clair qu'il fait dépendre l'abondance de la libéralité seulement; il nous montre que les semeurs avares recueilleront la mendicité; les semeurs généreux, la ri

chesse.

Mais peut-être ces témoignages vous sembleront à vous, homme infidèle, manquer de force ou d'évidence. Le Seigneur n'enseigne-t-il pas manifestement dans l'Évangile que le Chrétien ne perd jamais le salaire de ses bonnes œuvres Quiconque donnera à boire à l'un de ces plus petits, un seul verre d'eau froide comme disciple, en vérité je vous dis, il ne perdra point

potum dederit uni ex minimis istis calicem aquæ frigidæ, tantum in nomine discipuli, amen dico vobis, non perdet mercedem suam (1). Quid dici evidentius potuit? Etiam eam rem in futuro habituram præmium esse dixit, quæ in præsenti pretium non haberet, tantumque honoris cultui suo tribuit, ut aliquid esset illic per fidem quod hic omnino nihil esset per vilitatem. Sed tamen, ne hoc sibi quidam forsitan blandirentur, si multą habentus exiguis possint magna mercari, subtiliter posuit etiam pro calice aquæ frigidæ non perituram esse mercedem, hoc utique evidenter ostendens non pro parvo aliquid magnum esse reddendum, sed tamen qualecumque fidei opus non esse periturum. Habes itaque indubitabilem futuræ retributionis securitatem, habes recipiendorum bonorum operum satis idoneum vadem qui quidem tantæ non solum fidei, sed etiam misericordiæ, atque pietatis est, ut non solvat tantum quod promiserit quasi debitum, sed etiam ostendat aliquid quo se faciat debitorem. Nam qui pro calice aquæ frigidæ redditurum se dixit esse mercedem, non solum vult solvere quæ acceperit, sed etiam demonstrat aliqua quæ solvat. Pius scilicet ac misericordia plenus, et consulere volens non solum diviti largitati, sed etiam pauperculæ officiositati, ostendit quo obnoxium sibi

(1) Matth. X. 42.

sa récompense. Que peut-il y avoir de plus évident? Au siècle futur, les choses mêmes qui n'ont point de prix ici-bas, trouveront un rémunérateur, et Dieu élève si haut la gloire de le servir que la foi donnera, dans l'autre vie, du mérite à ce qui n'était rien dans celle-ci. Afin pourtant que quelques hommes ne pussent entretenir le vain espoir d'acheter beaucoup en donnant peu, quoique riches, le Sauveur dit avec dessein qu'un verre d'eau froide recevra sa récompense, et par-là, nous déclare manifestement non point qu'on recevra beaucoup pour avoir peu donné, mais seulement que nulle action faite avec foi ne pé

rira. Vous avez donc la certitude indubitable d'une rétribution à venir, vous avez un garant qui vous assure le prix de vos bonnes œuvres; sa parole, sa miséricorde et sa bonté sont si grandes qu'il paie non-seulement ce qu'il a promis comme une dette, mais qu'il vous apprend encore à le rendre votre débiteur. Car, en nous disant qu'il récompensera jusqu'à un verre d'eau froide, il veut à la fois payer ce qu'il a reçu, et indiquer les choses qui auront leur salaire. Clément et miséricordieux, jaloux de favoriser l'empressement du pauvre aussi bien que la libéralité du riche, il enseigne comment on peut encore prêter à Dieu, lors même que l'on manquerait de tout.

« ZurückWeiter »