Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

toutes vos richesses, à mériter de Dieu, s'il est possible, une opulence éternelle et une béatitude sans fin? Est-ce trop demander? que ne travaillez-vous tout au moins à mériter de ne point être toujours malheureux, de ne point être précipité dans les ténèbres extérieures, de ne point être dévoré par les flammes éternellement ardentes? Puisqu'il en est ainsi, d'où vient, comme je l'ai dit, que vous ne cherchez pas en toute manière à vous garantir du malheur, ou à vous procurer la félicité? D'où vient que vous n'agissez pas de la sorte ? D'où vient que vous n'achetez pas les biens éternels? D'où vient que vous ne redoutez pas les maux futurs? La cause de cette indifférence, il ne faut la voir, comme je l'ai avancé déjà, que dans la fausse persuasion où Vous êtes que Dieu ne vous jugera pas, que vous ne ressusciterez point. Car autrement, n'éviteriez-vous pas la redoutable sentence du jugement à venir et les supplices immortels? Mais vous ne croyez pas, non certes, vous ne croyez pas, malgré vos paroles et oo profession. Car vos paroles et votre profession oncent la foi, mais votre vie et votre mort publient vo incrédulité. Si je me trompe, confondez-moi; je

être confondu. Je ne demande point que vous me prouviez votre foi par les actes de votre vie passée, je me contente du seul témoignage que me fournissent vos derniers instans. Voilà, voilà que vous allez mourir, que vous allez quitter la maison de votre corps, ne sachant où vous serez porté, où vous serez entraîné, à quels supplices, à quelles tortures vous serez condamné; la seule ressource qui vous reste à cette heure dernière, la seule espérance que vous ayez d'échapper

immemor tui, oblitus salutis tuæ, de legatariis novis cogitas, de locupletando hærede suspiras? Et hæc faciens, credere te judicium Dei dicis, qui tibi, cum judicandus sis, vel inter suprema non consulis? et crede te aliquid de salute animæ tuæ loqueris, cui nullus est anima tua vilior, apud quem prope non interest cui prosis, dummodo tibi noceas? et credere te futurum judicem dicis, apud quem nullus est minor atque despectior quam ipse judex? Nam in tantum eum spernis, in tantum eum despicis, ut nec tibimetipsi consulas, dummodo ejus jussa contemnas. Aut refelle me, et convince, si mentior. Clamat tibi ecce morienti ipse qui te judicaturus est judex tuus, ne ullum omnino hominum in prorogandis rebus ac facultatibus tuis plus quam te ames, ne ulli de substantia tua moriens magis quam tibi consulas, nullum tibi anima tua propinquiorem, nullum judices cariorem. Quid enim proderit, inquit Salvator, homini, si lucretur mundum totum, et detrimentum faciat animæ suæ? aut quam dabit homo commutationem pro anima sua (1)? Hoc est dicere: Quid tibi, o infelicissime homo, proderit, si omnem mundum aut ipse habeas, aut tuis proximis relinquas si salutis atque animæ detrimenta patiaris? Damna enim animæ totum penitus secum auferunt;

(1) Matth. XVI. 26.

[ocr errors]

aux feux éternels, c'est le don que vous ferez de vos biens à Dieu, car vous n'avez rien désormais à lui offrir. Et cependant, oublieux de vous-même, oublieux de votre salut, vous songez à de nouveaux légataires, vous vous inquiétez pour enrichir un héritier. Et après cela, vous prétendez avoir foi au jugement de Dieu, vous qui, au moment d'être jugé, ne pensez pas même à vos propres intérêts, sur votre lit de mort! Et vous prétendez vous occuper en quelque chose du salut de votre ame vous qui en prenez si peu de soin, vous qui regardez si peu quelle est la personne que vous servez, pourvu que vous vous nuisiez à vous-même. Et vous prétendez croire au juge futur, vous qui ne dédaignez, qui ne méprisez personne autant que lui! Car, telle est la force de votre dédain, tel est le degré de votre mépris, que vous allez jusqu'à négliger votre propre avantage pour fouler aux pieds ses ordres. Réfutez-moi, confondez-moi, si je mens. Voilà qu'il vous crie, à vous moribond, le juge qui doit vous juger, de n'aimer, dans la dernière disposition de vos biens, personne plus que vous, d'employer vos richesses, à votre heure dernière, bien plus dans votre intérêt que dans celui des autres, de regarder votre ame comme votre plus proche parent, et votre meilleur ami. Car, dit le Sauveur, que sert à un homme de gagner l'univers entier et de perdre son ame? Et qu'est-ce que l'homme donnera en échange pour son ame? Ce qui revient à dire Que te servira, ô malheureux, de posséder tout le monde ou de le laisser à tes proches, si tu risques ton salut, si tu perds ton ame? La perte de 21

TOM. II.

nec quicquam homo omnino habere poterit, qui seipsum damno animæ pereuntis amittat. Aut quam, inquit, homo commutationem dabit pro anima sua? Hoc est dicere: Non respicias, o homo, pecuniam, non possessionem, nec dubites, saltem moriens, pro spe tua, quantum potes rei tuæ ac facultatis offerre. Quicquidlibet enim dederis pro te, vile est; quicquid pro te obtuleris, parvi pretii est, quia anima tua in omnium rerum comparatione pretiosior. Et ideo nihil dubites pro te dare, quia si te amiseris, omnia in te perdis; si autem te lucrifeceris, tecum et in te omnia possidebis.

Cum hæc ergo tibi jam morienti, o homo quisquis es, Dominus tuus clamet, tu mentem obduras, tu aurem obstruis, et nudis sermonibus fidem adserens, sufficere tibi putas verba pro rebus; ac satis te firmum æstimas credulitatis habere subsidium, si Deum, quem rebus atque operibus tuis despicis, verbis mendacibus honorare videaris. Fili, inquit Scriptura sancta, si habes, benefac tecum, et Deo bonas oblationes offer (1). Et alibi: Miserere, inquit, animæ tuæ (2). Vide pietatem erga te Domini nostri, vide quam misericors sit Dominus Deus nos

(1) Eecli. XIV. 11.

(1) Eccli. XXX. 24.

l'ame entraîne tout avec elle, et l'on ne saurait plus rien posséder, une fois que l'on a joué son avenir. Qu'est-ce que l'homme, suivant l'Écriture, donnera en échange pour son ame? N'est-ce pas dire: Ne regardez, ô homme, ni à l'argent, ni aux richesses; n'hésitez pas, du moins en mourant, à offrir pour votre salut tout ce que vous pouvez donner de vos biens et de vos possessions. Tout ce que vous sacrifierez pour vous n'a guère d'importance; tout ce que vous offrirez pour vous n'a guère de prix; votre ame est incomparablement plus précieuse. Ainsi donc, ne balancez pas à tout livrer pour vous, car si vous venez à vous perdre, vous perdez tout en vous; si au contraire vous vous sauvez, vous posséderez tout avec vous et dans vous.

Et lorsque, à votre mort, le Seigneur vous crie tout cela, ô homme, vous endurcissez votre cœur, vous bouchez vos oreilles, et, content de manifester votre foi par de simples discours, vous vous imaginez que les paroles peuvent remplacer les actions; vous croyez que votre foi est assez fortement appuyée, si, tout en méprisant Dieu par vos œuvres, vous semblez l'honorer par des paroles mensongères. Mon fils, dit la sainte Ecriture, as-tu quelque chose, commence par te faire du bien, et offre à Dieu de dignes offrandes. Et ailleurs : Aie pitié de ton ame. Voyez comme notre Maître est bon envers vous! voyez comme il est plein de miséricorde, le Seigneur notre Dieu, lui qui nous prie d'avoir pitié de nous-mêmes! Aie pitié, dit-il, de ton ame. N'est-ce pas dire: prends pitié, toi aussi, d'une ame dont les intérêts émeuvent

« ZurückWeiter »