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être? Et lors même que le courroux du ciel les eût livrées à d'autres barbares quelconques, ces peuples ennemis de la pureté auraient passé par les supplices que méritaient leurs crimes. Il est arrivé encore que pour manifester en ces lieux la réprobation de l'impudicité, ces provinces ont été abandonnées aux Vvandales surtout, c'est-à-dire, à des barbares pudiques. Dans cette captivité des Espagnes, Dieu a voulu montrer doublement combien il déteste les passions de la chair, combien il aime la chasteté, puisqu'il a donné l'empire aux Vvandales, en récompense de leur vie pudique, et l'esclavage aux Espagnols, en punition de leurs licences. Eh quoi donc? n'y avait-il pas dans tout l'univers des barbares plus puissans pour leur livrer les Espagnes? Oui, sans doute, il y en avait beaucoup; si je ne me trompe, presque tous l'étaient. Mais Dieu a livré toutes choses aux ennemis les plus faibles, pour montrer que la cause, et non les forces décident des événemens; que nous n'avons point été accablés par la valeur de ces peuples autrefois si lâches, mais que nous devons notre défaite à l'infamie seule de nos vices. Ainsi, l'on peut nous appliquer justement ces paroles que le Seigneur adressait autrefois aux juifs : Je les ai traités selon leur impureté et selon leur crime, et j'ai détourné d'eux ma face. Et ailleurs : Le Seigneur amènera sur toi une nation d'une terre lointaine; les pieds de leurs chevaux fouleront tes places publiques, et ils tueront ton peuple avec le glaive. On a donc vu en nous l'accomplissement de ce que disent les pages saintes, et la force des expressions célestes est justifiée par le châtiment de tous.

divinus, et vim verborum cœlestium luit pœna

cunctorum.

Sed tamen cum omnes fere barbaræ gentes Romanum sanguinem biberint, omnes viscera nostra laceraverint, quid est quod Deus noster maximas Reipublicæ opes et locupletissimos Romani nominis populos in jus potissimum ignavissimorum quondam hostium dedit? Quid? nisi ut agnosceremus scilicet quod supra dixi, meritorum hoc fuisse, non virium; utque ipsum hoc nobis in confusionem caderet ac pœnam, quod ignavissimis traderemur; et vel sic plagam cœlestis manus agnosceremus, quia nos non fortissimi hostium, sed ignavissimi subjugarent. Sic enim legimus, quod si quando evidenter intelligi Deus voluit magna opera a se patrari, aut per paucos aut per infirmos acta res est, ne opus cœlestis dexteræ, virtuti assignaretur humanæ. Ideo siquidem et dux Sisara, quem Hebræus tremebat exercitus, a muliere prostratus est, et Abimelech civitatum expugnatorem fœminea manus perculit, et ferratæ Assyriorum acies vidua opitulante ceciderunt. Et ne de solis tantum fœminis loquar, Benadab Regem Syriæ, cui præter innumera populi sui millia, triginta et duo Reges exercitusque ejusdem numeri serviebant, nonne ideo a paucis Principum pedissequis Dominus vinci voluit, ut qui esset auctor talis victoriæ nosceretur? Contra Madianitas quoque, qui, ut liber Judicum refert, instar locusta

Cependant, comme presque toutes les nations barbares se sont enivrées du sang romain, que toutes elles ont déchiré nos entrailles, pourquoi notre Dieu a-t-il donc fait passer au pouvoir de nos plus lâches ennemis les immenses richesses de la République, et les peuples les plus opulens du nom romain? Pourquoi! si ce n'est afin de nous faire connaître apparemment, comme je l'ai dit plus haut, que ces conquêtes sont le fruit des vertus plutôt que des forces; afin de nous accabler et de nous punir, en nous livrant à des lâches, afin de rendre manifestes les coups de la main divine, en nous donnant pour maîtres, non les plus vaillans d'entre nos ennemis, mais les moins courageux. Nous le voyons dans l'Ecriture, si Dieu quelquefois a voulu montrer évidemment que certaines grandes œuvres venaient de lui, les choses se faisaient par un petit nombre d'hommes, par des hommes faibles, pour que l'ouvrage de la main céleste ne fût point attribué à la force humaine. Ainsi, le général Sisara, l'effroi des armées israélites, fut abattu par une femme; ainsi, une main de femme renversa Abimelech ce vainqueur des cités; ainsi, les bataillons de fer des Assyriens tombèrent devant le bras d'une veuve. Et pour ne point parler des femmes seulement, Benadab, roi de Syrie, qui outre ses armées innombrables, avait encore à ses ordres trente-deux Rois accompagnés chacun de leurs troupes, le Seigneur ne permit-il pas que ce prince si puissant fût vaincu par un petit nombre de serviteurs, afin qu'on ne pût méconnaître l'auteur d'une telle victoire ? Gédéon, lui aussi, reçoit ordre de combattre avec

rum cuncta compleverant, Gedeon jubetur pugnare cum paucis, non quia plures in exercitu non haberet; sed vetatur multos ad bellum ducere, ne multitudo sibi posset aliquid de victoria vindicare. Unde cum triginta armatorum millia congregasset, sic ad eum Dominus locutus est: Multus est tecum populus, nec tradetur Madian in manus ejus (1). Et quid postea? Homini adversum innumera barbarorum millia pugnaturo ccc tantum viros reliquit. In eam quippe exiguitatem redigi agmen militum jussit, ut sibi de patrato divinitus belli opere paucitas usurpare nihil posset. Denique cur hoc Dominus ita faceret, ipse evidentissime declaravit, dicens: Ne glorietur contra me Israel, et dicat: Meis viribus liberatus sum. Audiant, inquam, hoc omnes improbi, audiant omnes præsumptuosi, audiant præpotentes, audiant cuncti quid Deus dicit: Ne glorietur, inquit, contra me Israel, et dicat: Meis viribus liberatus sum. Audiant hoc, inquam, omnes contraria et blasphema jactantes, audiant hæc spem suam in homine ponentes. Loqui universos adversum se Deus dicit qui liberari se viribus suis posse præsumunt. Quis autem est Romanorum non ita dicens? Quis est non ita sentiens? Quis nostræ partis non prope jugiter in hac parte blasphemat? Nullas esse jam Reipublicæ vires,

(1) Jud. VII. 2.

un petit nombre de soldats défit les Madianites qui, suivant le livre des Juges, avaient inondé tout le pays comme des sauterelles; ce n'est pas qu'il n'eût une armée plus forte, mais Dieu lui défendit de mener beaucoup de guerriers à la bataille, afin que la multitude ne pût s'attribuer quelque chose de la victoire. C'est pourquoi, ce général ayant rassemblé trente mille combattans sous les armes, le Seigneur lui parla de la sorte: Tu as avec toi un grand peuple, Madian ne sera point livré entre tes mains. Qu'arriva-t-il ensuite? Dieu ne laissa que trois cents hommes à Gédéon, pour aller attaquer des milliers de barbares, et, s'il réduisit les bataillons Israélites à une aussi petite quantité, ce fut sans doute pour que cette poi gnée de soldat ne pût se glorifier d'une victoire qui venait du ciel. Enfin, le Seigneur lui-même déclara manifestement le motif qui le faisait agir ainsi : de peur qu'Israël ne se glorifie contre moi et ne dise: J'ai été délivré par mes propres forces. Qu'ils écoutent donc, tous les méchans; qu'ils écoutent, tous les présomptueux; qu'ils écoutent, tous les grands du siècle; qu'ils écoutent les paroles divines: de peur qu'Israël ne se glorifie contre moi et ne dise: J'ai eté délivré par mes propres forces. Encore une fois, qu'ils écoutent ces paroles, tous ceux qui osent nous contredire et blasphémer contre Dieu; qu'ils écoutent ces paroles, ceux qui mettent leur espérance dans l'homme. Dieu dit que ceux-là élèvent la voix contre lui, qui prétendent pouvoir se délivrer par leurs propres forces. Or, quel est le Romain qui ne parle point ainsi? Quel est l'homme qui ne pense point ainsi? Quel est l'homme, parmi les nôtres, qui ne blasphème point de la sorte presque continuellement ?

TOM. II.

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