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ter, qui nos ipsos pro nobis misericordiam rogat. Miserere, inquit, animæ tuæ. Hoc est dicere miserere etiam tu illius cujus vides miseratione me frangi; miserere illius, illius tandem cujus misereor ego semper; miserere tu animæ saltem tuæ, cum misereri me cernas alienæ. Et quid post hæc? o miserrime homo, cum Deus sic tecum agat, non adquiescis? rogat te ut tui miserearis, et non vis? causam tuam apud te agit, et a te non admittitur? dignatur te pro te petere, et a te non potest impetrare? Et quomodo, quisquis es, o miserrime homo, quomodo te postea supplicantem ille in judicio suo audiet, cum tu hic eum pro te rogantem audire ipse nolueris?

Sed videlicet causa grandis est qua Deum audire non possis. Circumstant enim te ægrotantem cognati atque agnati tui, circumstant locupletes matres familiæ, circumstant nobiles viri, obsidet lectum infirmitatis tuæ sericis atque auratis vestibus circumfusa numerositas. O quantus fructus æternitatis est talibus bona propria erogare mendicis! Digna videlicet causa et satis justa est ut tu animæ tuæ auferas quod egenis talibus derelinquas. Sed nimirum misericordia frangeris, et lamentantium propinquorum pietate superaris. Est certa ratio. Vides quippe opulentissimi ac splendidissimi cultus homines, tibi anxios, tibi flentes, tristi vultu, et festo habitu, compositas ad mæstitudinem facies tibi ostentantes, per ima

mes entrailles; prends, prends enfin pitié d'une amequi éveille toujours ma compatissance; prends au moins pitié de ton ame, lorsque tu me vois prendre pitié de celle d'autrui. Et après cela, malheureux que vous êtes, quand Dieu en agit avec vous de la sorte, vous ne l'écoutez pas ? Il vous demande de prendre pitié de vous, et vous ne voulez pas le faire ? Il plaide lui-même votre cause auprès de vous, et il n'y trouve pas d'accès? Il daigne vous prier pour vous-même, et il ne peut rien obtenir ? Et comment, ô malheureux que vous êtes, écoutera-t-il plus tard vos supplications à son tribunal, lorsque vous refusez d'entendre les prières qu'il vous adresse pour vous ?

Mais il est une grande raison apparemment qui vous empêche d'écouter Dieu! Dans votre maladie, vos amis et vos proches vous entourent, d'opulentes matrones sont là, des gens de distinction vous environnent, une foule nombreuse aux vêtemens soyeux et dorés se presse à vos côtés et assiège votre lit de mort. O quel grand fruit pour l'éternité de dispenser ses propres biens à des pauvres de cette nature! Certes, il est bien juste et bien raisonnable d'ôter à votre ame, pour laisser à de pareils indigens! Mais c'est que la compassion vous brise, c'est que vous êtes vaincu par l'affection de vos proches tous en pleurs? Il y a bien là de quoi. Vous voyez alors des hommes vêtus d'une manière riche et éclatante, s'inquiéter pour vous, pleurer sur vous, le visage triste, en habit de fête, étalant des figures composées au deuil, achetant

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ginariam sollicitudinem suam ementes hæreditatem tuam. Quem non moveat tanta pietas, quem non moveat talis dolor? aut quomodo, cum hæc talia videas, non obliviscaris tui? Vides enim extortas lacrymas, simulata suspiria, fictam anxietatem, non optantem ut convalescas, sed expectantem quando moriaris. Vides defixos in te, quasi accusantes tui obitus tarditatem, omnium vultus. O infelicem te ac miserrimum, cujus supremum exitum tantus desiderat ac precatur numerus propinquorum! Nisi quod scio, ac satis certus sum, nihil omnino apud Deum vota talium prævalere. Nam mirari possem forte quod viveres, quem mori tam multi velint. Et propter hos, quisquis ille es, propter hos tales animam tuam deseris, et credere te judicium Dei dicis, cum ad hoc ejus jussa despicias, ut patrimonium tuum talibus derelinquas? Dispersit, inquit Propheta de eo qui Deum credit, dispersit, dedit pauperibus, justitia ejus manet in æternum (1). Sed et Salvator ipse ad omnes divites: Vendite, inquit, quæ possidetis, et date eleemosynam (2). Et alibi: Vende quæ habes, et da pauperibus (3). Numquid dicit, agnatis da, numquid adtinibus? Non utique, sed pauperibus, sed

(1) Psal. CXI. 8.
(2) Luc. XII. 33.
(3) Matth. XIX. 21.

votre héritage par une hypocrite sollicitude. Qui ne serait ému d'une telle affection, qui ne serait ému d'une telle douleur? En face d'un pareil spectacle, comment ne pas s'oublier soi-même ? Vous voyez des larmes grimacées, des soupirs simulés, une anxiété feinte, qui ne souhaite pas votre convalescence, mais attend que vous mouriez. Vous voyez tournés sur vous tous les regards, qui semblent accuser la lenteur de votre agonie. Malheureux, infortuné, puisqu'un si grand nombre de proches désirent et appellent votre trépas! Je n'ignore point toutefois, et je sais bien que leurs vœux restent sans effet auprès du Seigneur. Car, j'aurais droit de m'étonner assurément que vous viviez encore, lorsque tant de monde voudrait vous voir mourir. Et c'est pour de telles gens que vous abandonnez votre ame! et vous prétendez avoir foi au jugement de Dieu, lorsque vous ne méprisez ses ordonnances que pour laisser votre patrimoine à des êtres de cette espèce! Il a répandu ses biens sur le pauvre, dit le Prophète, de celui qui croit à Dieu; Sa justice subsistera dans tous les siècles. Et le Sauveur lui-même ne dit-il pas à tous les riches: Vendez ce que vous avez, et donnez-en l'aumône. Et ailleurs: Vendez ce que vous possédez, et donnez-le aux pauvres. Est-ce qu'il dit donnez à vos parens, donnez à vos alliés. Non, certes, mais: donnez aux pauvres, aux indigens. Est-ce qu'il dit : donnez à un proche opulent, donnez à un homme puissant et considéré? Non, certes, mais donnez au pauvre, à l'indigent, au nécessiteux. Et c'est à bon droit. Car, lorsque vous aurez dispensé vos biens à vos proches dans l'opu

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egenis. Numquid propinquo diviti, numquid ulli omnino homini præpotenti? Non utique ; sed egenti, sed inopi, sed egestuoso. Et recte. Numquid enim cum locupletibus cognatis tuis substantiam tuam dederis, justitia tua manet in æternum, aut cum divitias eorum divitiis tuis auxeris, thesaurum habebis in cœlo? Væ, inquit Propheta, his qui dicunt dulce amarum, et amarum dulce (1). Etiam laudari a te tales hos Deus prohibet, et tu ditare non metuis? dari his prædicatoria verba non vult, et tu etiam talenta largiris? honorari vitam eorum fictis sermonibus vetat, et a te thesauri eorum divitiæque cumulantur? Sed vereris videlicet vultus circumsidentium propinquorum, et præsentes atque obsidentes lectulum tuum metuis offendere. Ne metueris eos, inquit Dominus per Prophetam, neque paveas a facie eorum, quoniam domus exasperans est (2). Et ideo tu etiam esto intrepidus et constans. Non formides vultus eorum, neque frangaris ambitu eorum. Despice concuspicentes hæreditatem tuam, et dividentes jam inter se substantiam tuam, qui non te sed patrimonium tuum diligunt, imo qui cupiditate rerum tuarum te execrantur. Nam dum tua impatienter sitiunt, te oderunt; præsentiamque tuam quasi æmulam

(1) Is, V. 20.
(2) Ezech. II. 6.

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