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son esprit ne sort jamais. Quant aux hommes impies, soit infidèles, soit Chrétiens, leur opinion doit passer pour peu de chose, ou être mise hors de ligne. Si je voulais encore plaire au monde, dit l'Apôtre, je ne serais pas serviteur de Jésus-Christ. Ce qu'il y a de plus triste et de plus déplorable, c'est que parmi vos enfans, il en est, comme je pense, qui, sous un prétexte de piété, démentent leur profession, et qui ont abandonné le siècle par l'habit plutôt que par le cœur. Si je ne me trompe, ils pensent et disent que tout chrétien doit, en mourant, préférer ses proches à la personne du Christ. Et, comme de tels sentimens sont trop criminels, trop détestables par eux-mêmes, ils s'efforcent de les cacher sous une sorte de voile pour en déguiser l'odieux, et disent que toutes les personnes qui croient au Seigneur, doivent être dévouées au Christ seulement lorsqu'elles sont pleines de vie et de santé, mais que, au sortir du siècle, elles doivent se ressouvenir avant tout de leurs parens selon la chair. Comme si les hommes chrétiens devaient se montrer autres quand ils sont pleins de force, autres quand ils quittent le siècle; comme s'ils devaient se montrer à Jésus-Christ autres dans la santé, autres dans la mort, autres dans le cours de la vie, autres dans les derniers jours!... En ce cas, le jeune homme aura donc un Christ, le vieillard un autre, et les hommes devront changer de croyance autant de fois qu'ils changeront d'âge. Car, si vous pouvez être pour le culte de Dieu, autre quand vous êtes vigoureux, autre quand vous êtes faible, autre quand vous êtes en santé, autre quand vous êtes malade, donc, selon que changera la cons

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debent homines demutari fide, quotiens demutan ́tur ætate. Si enim erga Dei cultum alter quispiam futurus est vigens, alter infirmus, alter sanus, alter ægrotans, ergo, prout status fuerit humani corporis inæqualis, ita erit homini etiam Deus ipse mutabilis, et quotiens fuerit in homine valetudo contraria, totiens erit etiam religio diversa. Quasi vero qui incolumes Christi esse debent, morientes Christi esse non debeant. Et ubi illud est: Qui perseveraverit in finem, hic salvus erit (1). Aut illud in proverbiis sacris divini sermonis oraculum: Sapientia in exitu canitur. Quo utique ostenditur, licet salubris sit in omni ætate sapientia, præcipue tamen omnes in exitu suo debere esse sapientes, quia laudari penitus anteactæ ætatis prudentia non merebitur, nisi bono fine claudatur: Sapientia enim in exitu canitur.

Sufficit, inquit pestilens prædicatio, sufficit præteritum opus homini, etiamsi in fine nihil faciat. Ego multo plus addo, aut non minus, eis, si potest, morte vicina, aut certe plus multo esse faciendum. Primum, quia de bono opere nihil nimis est. Deinde, quod ad tribunal Dei pergens, magis placare judicem debet, quasi jam in judicio constitutus. Postremo, quod si aliqua ante exitum bona fecit, multo magis facere jam in exitu suo debet, ne deterior scilicet

(1) Matth. X. 23.

titution du corps humain, Dieu sera, lui aussi, sujet au changement envers l'homme; chaque fois que la santé de l'homme variera, chaque fois aussi la religion sera sujette au changement. Comme si, tout en devant appartenir au Christ pendant la vie, on devait cesser de lui appartenir à la mort ! Et que deviennent alors ces paroles: Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé? Que devient cet oracle de la parole divine dans les saints proverbes : C'est dans la fin qu'il faut louer la sagesse. On nous montre par-là que, si la sagesse est salutaire à tout âge, c'est principalement à la mort qu'il en faut faire profession; la prudence d'une vie passée ne saurait mériter d'éloge, si elle n'est couronnée par une bonne fin; car c'est dans la fin qu'il faut louer la sagesse.

Il suffit, dit une doctrine désolante, il suffit à l'homme des bonnes œuvres passées, quand bien même il ne ferait rien à la mort. Moi, je prétends qu'aux approches du trépas l'on doit faire, sinon beaucoup plus, du moins tout autant. D'abord, en fait de bonnes œuvres, il n'y a jamais rien de trop; puis ensuite, quand on s'achemine au tribunal de Dieu, il faut chercher davantage à se concilier son juge, comme si déjà l'on comparaissait en jugement. Enfin, si l'on a fait quelque bien jusque là, à plus forte raison faut-il en faire à la veille de mourir, pour que la fin de la vie ne soit pas trop indigne des actes précédens. S'est-on peu appliqué aux bonnes œuvres, il convient plus

superioribus vitæ actibus finis esse videatur. Si autem bonis operibus parum studuit, multo utique magis facere eum vel in exitu suo convenit, ut, quod vita anteriore non reddidit, saltem in extremitate persolvat, et qui ex hoc reus est quod ante neglexit, vel per hoc excusari aliquatenus Domino suo possit, quod præteritam inhumanitatem ultima saltem devotione compenset. Sed ad superiora redeamus. Sapientia, inquit sermo divinus, in exitu canitur (1). Cur eam non dixit cani in pueritia, non in juventute, non in statu rerum incolumium, non in prosperitatibus secundorum? Scilicet quia in his omnibus quicquid laudatur, incertum est. Quamdiu enim quis subjacet mutationi, non potest cum securitate laudari, et ideo, ut ait, sapientia in exitu canitur. Exiens enim quis de incertis periculorum, certum merebitur, evasa omnium rerum varietate, suffragium, quia tunc stabilis et firma laus est, quando meritum jam non potest perire laudati. Sapientia, inquit, in exitu canitur. Quid est, quæso, sapientia Christiani! Quid, nisi timor et amor Christi? Initium enim, inquit, sapientiæ timor Domini (2), et alibi: Perfecta, inquit, dilectio foras mittit timorem. Ergo, ut videmus, initium sapientiæ est in timore Christi, perfectio

(1) Psal. CX.- 9.

(2) Joan, Ep. I, IV. 18.

encore de réparer cette omission tout au moins à l'heure suprême, afin de payer tout au moins au dernier terme, ce qui n'a point été rendu pendant la vie; afin que, si l'on s'est rendu autrefois coupable de négligence, on trouve aux yeux de son maître une sorte d'excuse à compenser les précédentes ingratitudes tout au moins par un dernier mouvement de piété. Mais revenons à notre sujet. C'est à la fin, dit la parole divine, qu'il faut louer la sagesse. Pourquoi ne dit-on pas qu'il faut la louer dans l'enfance, dans la jeunesse, dans un état de choses florissant, dans le bonheur et la prospérité? C'est qu'alors les éloges ne reposent que sur l'incertain. Car, tant que l'homme est soumis aux vicissitudes, on ne saurait le louer sans crainte, et voilà pourquoi il est écrit que c'est à la fin qu'il faut célébrer la sagesse. Celui qui échappe à ce qu'il y a d'incertain dans les dangers, mérite un juste suffrage pour être à l'abri des changemens ; car la louange est ferme et stable, alors que le mérite ne peut subir d'altération. C'est à la fin, nous dit-on, qu'il faut célébrer la sagesse. Qu'est-ce, je vous prie, que la sagesse du Chrétien? Qu'est-ce, sinon la crainte et l'amour du Christ? Le commencement de la sagesse, est-il écrit, c'est la crainte du Seigneur. Et ailleurs : L'amour parfait chasse la crainte. Ainsi, comme nous le voyons, le commencement de la sagesse est dans la crainte du Christ, la perfection, dans l'amour. C'est pourquoi, si la sagesse du Chrétien consiste dans la crainte et dans l'amour du Seigneur, nous ne sommes vraiment sages qu'en aimant Dieu toujours et au dessus de tout; mais, s'il faut l'aimer en tout temps, il faut

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