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grands coupables peuvent recourir aussi à cette excuse. Il est bien loisible aux voluptueux d'alléguer que, s'ils s'abandonnent à la fornification, ce n'est point par mépris pour Dieu, mais parce qu'ils sont emportés par le feu des sens et la faiblesse de la chair. Les homicides peuvent alléguer que, s'ils versent le sang humain, ils ne le font ni par mépris pour Dieu, ni par haine, mais parce que la cupidité seule les pousse au crime. Et que sert aux méchans une pareille excuse, puisqu'il n'importe guère de savoir quelle peut être la cause de la faute, lorsque tout péché est un outrage fait à Dieu ? Supposons néanmoins, comine nous l'avons dit déjà, qu'il en soit ainsi; supposons que ce n'est point par mépris que l'on abandonne ses biens à tout autre plutôt qu'à Dieu, mais qu'on y est entraîné par honneur ou du moins par amour pour son héritier. Mais que faisons-nous? rien ne prouve tant l'oubli et le mépris dont on paie Dieu. Car, si en léguant votre patrimoine à vos héritiers ou au premier venu, vous cherchez à leur donner par-là des témoignages de respect et d'amour, assurément, lorsque vous ne laissez rien à Dieu, vous témoignez par-là que vous n'avez pour lui ni respect, ni amour. Et ainsi, tout ce que vous direz pour vous se tourne contre vous ; l'amour et le respect que vous portez à d'autres impliquent mépris pour Dieu et outrage à son nom. Car, lorsque vous donnez à d'autres hommes, parce que vous les honorez, Dieu, à qui vous ne laissez rien, est déshonoré par vous; lorsque vous laissez beaucoup à d'autres hommes, parce que vous les aimez, vous ne laissez rien à Dieu, sans doute parce que vous ne l'aimez

amas, Deo ideo non relinquis profecto, quia non amas. Ecce enim adsistit tibi morienti atque testanti homo pariter ac Deus. Res aperta est, et non dubia; quem elegeris, prætulisti. Si in uno est honor solo, necesse est in alio inveniatur esse despectio. Si homo qui præfertur, gaudet se a te diligi, necesse est ut se doleat Deus qui prætermittitur, non amari. Sed putas Deum videlicet munificentia hominis non egere; et ideo quid necesse est, inquis, ab homine ei quippiam tribui, qui ipse cuncta omnibus dedit? Utrum egeat munificentia nostra Dominus, an non egeat, aut quomodo vel egeat, vel non egeat, jam videbimus. Interim, quia ab eo cunctis cuncta præstari etiam tu negare non ausus es, hoc dignior est absque dubio largitate nostra, quia nobis ipse ante largitus est, hoc justius ei officiis respondere tentamus, quo beneficiis illius magis impares sumus. Nam et natura ipsa hominum consuetudoque communis hac quasi generali cunctos lege constringit, ut a quibus aliquid liberalitatis accepimus, plus eis gratiæ debeamus; arctat quippe nos ad retributionem dati, accepta largitio. Ante usum enim ac munificentiam liberalitatis alienæ liber est quispiam, beneficiorum fœnore non gravatus. Coguntur autem omnes ipsa conscientia sua ad repensationem vicissitudinis, postquam esse cœperint debitores. Ita ergo et Deo hoc majora debemus, quod ab eo

pas. Voilà qu'à votre lit de mort, et lorsque vous testez, Dieu et l'homme se présentent ensemble devant vous. C'est chose patente et non douteuse; celui que vous aurez choisi, vous le préférez. Si vous rendez honneur à un seul, il faut bien que votre mépris revienne à l'autre. Si l'homme que vous préférez se félicite de votre amour, il faut bien que Dieu se plaigne de votre indifférence, lui que vous laissez de côté. Mais peut-être pensez-vous que Dieu n'a pas besoin de la munificence de l'homme. Et qu'est-il nécessaire, ditesvous, que l'homme accorde quelque chose à l'auteur de tous les dons? Si Dieu a besoin ou non de notre munificence, comment il en a ou n'en a pas besoin, c'est ce que nous verrons. En attendant, comme vous n'avez pas osé nier, vous, que tout vient de Dieu, il mérite sans doute d'autant mieux nos largesses qu'il a usé le premier de libéralité à notre égard; nos efforts pour le payer de bons offices sont d'autant plus fondés que nous sommes plus incapables de reconnaître ses bienfaits. La nature elle-même et le commun usage font pour ainsi dire à tous une loi générale de porter la gratitude au delà des faveurs; une grâce reçue emporte avec elle une obligation de reconnaissance. Avant que vous ayez usé de la munificence d'autrui, vous êtes libre, votre cœur n'a pas d'intérêts à payer; mais votre conscience est engagée à un retour, une fois que vous vous êtes constitué débiteur. Ainsi donc, nous devons d'autant plus à Dieu que nous avons reçu tout de lui; nous sommes d'autant moins capables de répondre à ses bienfaits que, même avec le désir d'acquitter notre dette, nous lui rendons encore du sien. Or,

cuncta percepimus; et hoc respondere beneficiis illius minus possumus, quod ei, etiamsi quod debemus redhibere cupiamus, tamen de suo reddimus. Ac per hoc, non est quod placere sibi quisquam largitione sua debeat. Sicut sua non sunt cuncta quæ a domino suo accipit, sic sua non sunt cuncta quæ reddit. Et ideo perfidiæ quidem pœna debetur ei qui negaverit Deo quæ sunt sibi ab eodem commodata, imputare autem largitionem non potest qui reddiderit accepta.

Sed Deus, inquis, non eget retributione? Nihil minus quam ut non egeat. Non eget enim juxta potentiam suam, sed eget juxta præceptionem suam; non eget secundum majestatem suam, sed eget secundum legem suam, et in se ipso quidem non eget, sed in multis eget; non quærit in se munificentiam, sed in suis quærit, et ideo non eget quidem juxta omnipotentiam, sed eget juxta misericordiam, non eget deitate pro semetipso, sed eget pietate pro nobis. Quid enim dicit ad pios ac largos dispensatores Deus? Venite, benedicti patris mei, possidete regnum quod vobis paratum est a constitutione mundi. Esurivi enim, et dedistis mihi manducare; sitivi, et dedistis mihi bibere (1). Et alia in hunc modum. Et ne hoc causæ de qua nunc loquimur parum forsitan videretur, adjecit rerum diversitatem, avaris et infidelibus di

(1) Matth. XXV. 34-35.

il n'y a pas après cela de quoi nous glorifier de nos dons. Ce que nous avons reçu de notre maître n'est pas à nous, ce que nous lui rendons ne nous appartient pas non plus. Et voilà pourquoi il doit être puni de son infidelité, celui qui refuse à Dieu les choses que Dieu lui a prêtées; voilà pourquoi il ne peut se targuer de libéralité, celui qui rend des choses

reçues.

Dieu, dites-vous, n'a que faire de notre reconnaissance? Rien de moins vrai que cela. Sans doute, il n'en a pas besoin, si l'on considère sa puissance; mais il en a besoin, à ne voir que son précepte; il n'en a pas besoin, si l'on considère sa majesté; mais il en a besoin, à n'envisager que sa loi; il n'en a pas besoin en lui-même; mais il en a besoin en beaucoup d'hommes; ce n'est pas pour lui qu'il demande, c'est pour les siens, et ainsi il n'a pas besoin, si l'on considère sa toutepuissance, mais il a besoin, si l'on examine sa miséricorde; il n'a pas besoin de divinité pour lui, mais il a besoin de notre piété pour nous. En effet, que dit le Seigneur aux hommes bons et généreux: Venez, les bénis de mon père, possédez le royaume qui vous a été préparé depuis le commencement du monde. - Car, j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire, et d'autres choses. de ce genre. Mais afin qu'il ne semblåt pas dire trop peu pour notre sujet, il a opposé à ces paroles la sentence des avares et des infidèles: Allez, maudits, au feu éternel que

TOM. II.

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