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cens: Ite maledicti in ignem æternum quem paravit pater meus diabolo et angelis ejus. Esurivi enim, et non dedistis mihi bibere; nudus fui, et non operuistis me (1). Ubi ergo sunt qui dicunt Dominum Jesum Christum officio nostrorum munerum non egere? Ecce et esurire se pariter et sitire et algere commemorat. Respondeat quilibet horum si non eget qui esurire se queritur, si non eget qui se sitire testatur? Ego plus addo aliquid, Christum non solum egere cum cæteris, sed plus multo egere quam cæteros. In omni enim pauperum numero non est universorum una paupertas. Sunt enim quidam quibus, etiamsi vestimenta desunt, alimenta non desunt; multi sunt hospitio egentes, vestibus non egentes; multi domo carentes, sed non substantia; sunt denique quibus, etsi desint multa, non desunt omnia. Christus tantummodo solus est cui nihil est quod in omni humano genere non desit. Nullus suorum exulat, nullus frigore ac nuditate torquetur, cum quo ille non algeat. Solus cum esurientibus esurit, solus cum sitientibus sitit. Et ideo, quantum ad pietatem illius pertinet, plus quan cæteri eget, omnis enim egestuosus pro se tantum et in se eget, solus tantummodo Christus est qui in omnium pauperum universitate mendicet. Et cum hæc ita sint, quid ais, o homo, qui Christianum te esse

(1) Matth. 41.-43.

mon père a préparé pour le diable et pour ses anges. — Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à boire, j'ai été nu, et vous ne m'avez pas couvert. Où sont donc ceux qui disent que le Seigneur Jésus-Christ n'a pas besoin de nos largesses? Voilà qu'il vous déclare et qu'il a faim, et qu'il a soif, et qu'il a froid. Que l'un de vous me réponde n'est-il pas dans la nécessité, celui qui se plaint d'avoir faim? n'est-il pas dans la nécessité, celui qui nous dit avoir soif? Je vais ajouter encore que non-seulement le Christ a besoin comme les autres, mais qu'il a besoin plus que les autres; sur un grand nombre de pauvres, l'indigence varie dans son objet. Il en est qui, sans manquer de nourriture, manquent toutefois de vêtemens; beaucoup manquent d'asile, sans manquer toutefois d'habits; beaucoup n'ont pas de retraite, sans manquer toutefois de ce qui est nécessaire à la vie; il en est enfin qui, sans être privés de tout, sont dépourvus de beaucoup de choses. Le Christ est le seul qui manque à la fois de tout ce qu'il y a dans le monde. Aucun des siens ne souffre l'exil, aucun n'endure le froid et la nudité, sans que le Christ aussi ne frissonne avec lui. Seul, il a faim avec ceux qui ont faim; seul, il a soif avec ceux qui ont soif. Et ainsi, à ne considérer que sa compatissance, il est dans le besoin plus que les autres, car un nécessiteux ne souffre que pour luimême et en lui-même; seul, le Christ mendie en la personne de tous les pauvres. Après cela, que répondras-tu, ô homme, toi qui te dis Chrétien? Tu vois que le Christ est dans la misère, et toi, tu laisses ton patrimoine à des héritiers qui ne manquent de

dicis, cum Christum egere videas, tu facultates tuas quibuscumque non indigentibus derelinquis, Christus pauper est, et tu opes divitum cumulas? Christus esurit, et tu delicias affluentibus paras? Christus etiam aquam sibi deesse queritur, et a te apothecæ ebriosorum vino replentur ? Christus rerum omnium egestate conficitur, et a te luxuriosis copiæ congregantur? Christus tibi pro muneribus a te datis præmia sempiterna promittit, et tu nil præstaturis cuncta largiris? Christus tibi et pro bonis bona immortalia et pro malis mala æterna proponit; et tu nec bonis cœlestibus flecteris, nec malis perennibus commoveris? et credere te Domino tuo dicis cujus nec remunerationem desideras, ne iracundiam contremiscis.

Non credis igitur, sicut jam diximus libro superiore, non credis; ac, licet de conversorum venerabili choro esse videaris, licet religionem vestibus simules, licet fidem cingulo adseras, licet sanctitatem pallio mentiaris, non credis omnino, non credis. Et hoc tam viris istiusmodi quam fæminis dixi, non credunt. Induat sibi quamvis quilibet habitum sancti nominis, et titulum sacræ religionis inscribat, si de substantia sua aliis magis quam sibi consulit, profecto non credit. Nemo est enim credens qui facultates suas aliis prodesse malit quam sibi; nemo est qui beatitudinem aliis miseria sua emere contentus sit; nemo est qui,

rien? le Christ est pauvre, et toi, tu grossis l'opulence des riches? Le Christ a faim, et toi tu prépares des plaisirs à ceux qui nagent dans les délices? Le Christ se plaint de manquer d'eau, et toi, tu remplis de vin les celliers des heureux du monde? Le Christ se consume dans un dénûment absolu, et toi, tu entasses des trésors pour les voluptueux? Le Christ, pour les présens que tu lui feras, te promet des récompenses éternelles, et toi, tu donnes tout à ceux qui ne te rendront rien? Le Christ étale devant toi des biens immortels pour tes bonnes œuvres, des maux sans fin pour tes actions mauvaises, et toi, tu ne te laisses ni ébranler par les biens du ciel, ni remuer par l'aspect des maux de l'enfer! Et tu dis que tu crois à ton Maître, quand tu ne désires pas sa récompense, quand tu ne redoutes pas son courroux !

Donc, tu ne crois pas, ainsi que je l'ai dit au livre précédent, non, tu ne crois pas ; et, quoique tu sembles appartenir au chœur vénérable des convertis, quoique tu simules la religion par tes vêtemens, quoique tu professes la foi par ce rude ceinturon, quoique tu grimaces la sainteté par cet humble manteau, non, non, tu ne crois pas. Et je le dis aux hommes et aux femmes, ils ne croient pas. On a beau se couvrir d'un vêtement saint, on a beau se parer d'un titre religieux, d'un nom sacré, si l'on fait servir ses richesses à d'autres plutôt qu'à soi, oh! assurément, l'on ne croit point; car il n'est pas de croyant qui veuille rendre profitables ses trésors à d'autres plutôt qu'à soi; il n'est personne qui se trouve heureux d'acheter pour les autres

ut aliis paret delicias temporarias, subire egestates cupiat sempiternas. Et ideo qui patrimonio suo aliis magis quam sibi consulit, profutura sibi quæ Deo dederit omnino esse non credit. Dicat enim mihi quilibet horum cur facultates suas aliis derelinquit. Numquid non ideo quia profuturas, cui reliquerit, esse non ambigit? Ideo absque dubio. Igitur, quicumque ille es, si ea quæ aliis relinquis, ideo relinquis, quia profutura ei, cui reliqueris, certus es, sic profecto, si quæcumque religiosis muneribus prorogasses profutura esse tibi crederes, tibi absque dubio peculiariter deputares, quia quanto te plus amas quam eos quibus relinquis, tanto magis tibi relinqueres, si profutura ea tibimet vel tenui opiniuncula judicares, Non enim te odisti, ut prodesse tibi nolis, sed quæ pauperibus dereliqueris, profutura tibi esse non credis, et inde est quod aliis magis quam tibi consulis, quia profuturum tibi opus religiosum esse non credis. Sicut credis itaque, sic recipies. Tu Salvatorem perparvi pendis, et te Salvator nihili. Tu Christum postponis aliis, et te omnibus Christus. Tibi in comparatione etiam hominum perditorum vilis est Dominus, et tu eris inter periturorum ultimos deputandus.

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