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vous aurez choisi, ainsi vous recevrez. Vous n'aurez point de part avec le Christ que vous avez méprisé ; vous serez avec ceux que vous lui avez préférés.

Quelque infidèle dira peut-être qu'il n'y a pas là de quoi irriter Dieu, de quoi entraîner les hommes dans un péril éternel. Je sais bien que tous les coupables regardent ordinairement leurs fautes comme légères. Pour les voleurs, le larcin n'est qu'une bagatelle; pour les ivrognes, l'ivrognerie n'est qu'une chose innocente; pour les impudiques, la fornification n'est point un crime; car, il n'est pas de forfait si grand qui ne soit excusé par son auteur. Mais un pécheur veutil savoir quels châtimens terribles Dieu réserve aux grands crimes, qu'il considère avec quelle rigueur les saints punissent en eux les péchés même les plus légers; prévoyant déjà, d'après les paroles de Dieu, la sévérité de son futur examen, étudiant dans ses écritures les jugemens de leur Seigneur, ils vivent toujours dans les œuvres de Dieu, toujours dans la componction, toujours dans la croix; heureux, en ayant pitié de tout le monde, d'être sans pitié pour eux-mêmes, de ne se rien pardonner, de se donner tout à Dieu, et de se rendre ainsi dignes de récompense au jugement futur, parce qu'ils se trouvent ici-bas incessamment coupables. Et que dirai-je de leur miséricordieuse libéralité, vertu qui, chez eux, est une sorte d'initiation à toutes les vertus? Car, pour le plus grand nombre, la naissance, le berceau, en quelque sorte, d'une sincère conversion, c'est le renoncement à toutes choses, avant de s'engager dans la vie religieuse, selon ces paroles de notre Seigneur: Vendez tous vos biens, donnez-les aux pauvres, 24

TOM. II.

sibi facultatibus nil relinquant, secundum illud scilicet Domini nostri dictum, quo ait: Vende omnia bona tua, et da pauperibus, et veni, sequere me (1). Et illi itaque secuturi vocantem Deum, prius vendunt omnia quam sequantur. Divitias enim onerum atque impedimentorum loco esse ducentes, expeditos se non putant ad sequendum Deum, nisi omnia prius carnalium sarcinarum impedimenta projecerint, simul ut more hominum commigrantium, prius ad locum habitaculi destinati res suas transferant quam seipsos; scilicet, ut, cum ea universa quæ ad se pertinent, transtulerint, tunc ipsi plenam ac refertam bonis immortalibus domum, præmissa rerum omnium facultate, commigrent, securi, absque dubio, nihil sibi postea defuturum, qui exituri de habitaculo vili et contemptibili ac jam jamque ruituro, nihil illic de suo penitus reliquerint quod periret. Hæc ergo sanctorum spes, hæc fiducia est. Sic sibi opulenta rerum transmissione prospiciunt, ut æternis immortalium facultatum copiis perfruantur. Cæterum tu, quicumque ille es, aut quæcumque, quæ animæ tuæ ac salutis oblita, ipsa te resculis tuis spolias, quomodo in futuro quasi condita ac parata reperies, quae hic aut non indigentibus aut etiam quæ abundantibus deputaris? Quomodo reddenda tibi

(1) Matth. XIX. 21.

et venez, suivez-moi. Ainsi, déterminés à suivre le Seigneur, ils vendent tout avant d'entrer dans la carrière. Regardant les richesses comme un fardeau, un embarras, ils ne se croient point assez dégagés pour suivre Dieu, qu'ils n'aient rejeté le poids des affections charnelles, et que, pareils à ceux qui changent de domicile, ils n'aient envoyé leurs meubles dans les maisons qu'ils vont habiter. Une fois qu'ils auront transporté tout ce qui leur appartient, ils pourront, à la suite de leurs richesses, s'acheminer vers un séjour rempli et comblé des biens immortels, assurés qu'ils seront de ne plus manquer de rien, puisque, au sortir d'une habitation vile, méprisable, et prête à crouler, ils n'y auront rien laissé du leur, qui soit exposé à périr. Voilà donc l'espoir des saints, voilà leur confiance : en transportant ainsi leurs trésors, ils se ménagent la faculté de jouir des immortelles richesses. Au reste, vous qui, oublieux de votre ame et de votre salut, vous dépouillez de votre modeste fortune, comment, au siècle futur, trouverez-vous amassé et tout prêt ce que vous n'aurez légué ici-bas qu'à des personnes qui ne sont pas dans le besoin, ou qui se trouvent dans l'abondance. Comment croyezvous que Dieu vous rendra ce que vous ne lui aurez pas confié? Enfin, comment voulez-vous que l'on vous rende ce que vous ne voulez pas confier? Personne jamais ne demande qu'on lui paie ce qu'il n'a pas prêté; personne n'est assez déraisonnable pour espérer qu'on lui rende ce qu'il n'aura pas donné. Ainsi donc, vous ne pouvez vous attendre à recevoir de Dieu ce que vous n'avez pas voulu qu'il pût vous

a Deo credis, quæ Deo ipse non credis? Postremo, quomodo reddi vis, quæ credere non vis? Nemo enim sibi solvi vult quæ non commodat; nec tam stultus est, ut quæ non fœneraverit, putet esse reddenda. Et ideo tu nequaquam a Deo quasi reddendum sperare poteris quod Deo utique non credens, reddere tibi Deum ipse nolueris. Unde compleatur dictum in te divinum illud necesse est, quia reliquisti aliis vel alienis divitias tuas, sepulcrum tuum erit domus tua in æternum. Et illud quod Salvator ad similem tui loquitur: Quia tepidus es, et neque fervens, neque frigidus, incipiam te evomere ex ore meo. Et illud dicis: Dives sum, et divitias habeo, et nullius egeɔ; et nescis quia tu es miser, et pauper, et cœcus, et nudus (1). Nemo itaque sibi in vita, in morte, in actu, in dono, in testamento suo hominem Deo præferens, de vitæ ac professionis prærogativa aliquid blandiatur. Pœnalis est homini ac perniciosa ista securitas; præsumptæ spes, sarcinæ sunt reatus; usurpata absolutio damnationem parit. Quicumque sibi se excusat, accusat Deo, secundum illud: Nam qui se existimat esse aliquid, cum nihil sit, seipsum seducit (2). Nemini itaque facilis sua causa sit. Nullus difficilius evadit quam qui se evasurum esse præsumpserit. Dura hæc forsitan atque austera videantur.

(1) Apoc. III. 16-17.

(2) Gal. VI. 3.

rendre, n'ayant pas voulu, vous, le lui confier. Il faut bien alors que s'accomplisse en vous cet oracle céleste : parce que vous avez laissé vos richesses à des étrangers, votre sépulcre sera votre demeure pour jamais. Puis ensuite ce que le Seigneur dit à un homme de votre espèce: Parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni chaud, je te vomirai de ma bouche. Et tu dis: Je suis riche, j'ai des trésors, je ne manque de rien; et tu ne sais pas que tu es malheureux, pauvre, aveugle et nu. Que nul homme donc, lorsqu'il se préfère quelqu'un, soit dans la vie, soit à la mort, soit dans ses actions, soit dans ses legs, ne compte sur les prérogatives d'une vie sainte et d'une profession religieuse. Une telle sécurité devient fatale et funeste; ces présomptueuses espérances sont le fardeau du péché; cette absolution usurpée ne produit que la damnation. On a beau se justifier soimême, on n'est pas innocent devant Dieu, suivant ces paroles: Si quelqu'un s'imagine être quelque chose, il se trompe lui-même, parce qu'il n'est rien. Que personne donc ne s'absolve facilement. Nul n'échappe moins au tribunal de Dieu, que celui qui se promet faussement qu'il échappera.

Ceci vous paraît peut-être dur et austère. Pourquoi non? Tout châtiment, dit la parole divine, semble être un sujet de tristesse et non de joie. Cela est dur et aus

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