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mour des choses divines. Car, peut-on regarder comme apocryphes, des livres qu'on sait bien n'être pas de l'apôtre Timothée ?

On me demandera peut-être quel est donc cet auteur, puisque ce n'est pas l'apôtre? Est-ce son nom, ou bien un nom emprunté qu'il a mis en tête de son œuvre? A la vérité, on peut demander cela, et on aura bien raison de le faire, si toutes ces questions peuvent amener quelque utile résultat. Mais, si elles restent infructueuses, qu'est-il besoin de se consumer dans une vaine curiosité dont on ne doit retirer aucun avantage? Dans quelque ouvrage que ce soit, c'est l'utilité, plutôt que le nom de l'auteur, qu'il faut rechercher. Or, s'il y a du profit dans la lecture, si l'ouvrage, de quelque main qu'il vienne, peut instruire les lecteurs, qu'a-t-on à faire avec un nom qui ne saurait assouvir la curiosité? On répondrait volontiers à de tels questionneurs, par ces paroles de l'ange: Estce le nom de mon pays que vous voulez savoir, ou mon service dont vous avez besoin? Comme il n'y a point d'utilité à retirer du nom de l'auteur, il serait superflu de le demander, quand l'ouvrage est devenu profitable.

En voilà bien assez, comme j'ai dit, pour le sujet. Mais, comme je ne peux rien vous refuser, ô mon cher Salonius, vous ma gloire et mon appui, je vous parlerai plus nettement. Sur le livre, dont il s'agit, on peut faire trois questions. Pourquoi l'auteur a-t-il adressé son livre à l'Eglise ? S'est-il servi d'un nom emprunté, ou du sien? Si ce n'est pas du sien, pourquoi en a-t-il pris un autre? S'il en a pris un autre, pourquoi

et an suo; si non suo, cur alieno; et si alieno, cur Timothei potissimum nomen quod scriberetur, elegerit. Igitur ut libelli ad Ecclesiam scriberentur, hæc causa est. Scriptor ille, ut etiam scripta ipsa testantur, habet hunc in se cultum atque affectum Dei, ut Deo nihil præponendum putet, secundum illud scilicet Domini nostri dictum, quo ait: Qui amat filium aut filiam plus quam me, non est me dignus (1). Quamvis dictum hoc tepidissimi ac negligentissimi quique homines solo tantum persecutionis tempore putent esse servandum. Quasi vero ullum omnino tempus sit quo præferri aliquid Deo debeat; aut qui persecutionis tempore pretiosiorem omnibus rebus Christum habere debet, reliquo omni tempore habere debeat viliorem. Quod si ita est, amorem Dei persecutioni debebimus, non fidei; et tunc tantum poterimus, quando nos impii persequentur; cum utique aut majorem aut certe non minorem tranquillis quam asperis rebus affectum Domino debeamus. Quia et hoc ipso a nobis plus debet diligi, quia nos a malis non patitur adfligi; indulgentia scilicet piissimi et mollissimi patris nobiscum agens, qui magis vult nos in pace et quiete fidem nostram religiosis operibus ostendere, quam in persecutione pœnis nostrorum corporum comprobare. Et ideo, si tunc ei nil

(1) Matth. X. 37.

a-t-il choisi de préférence celui de Timothée? Voici donc la raison pour laquelle les livres ont été adressés à l'Eglise. L'auteur, comme l'attestent ses écrits, professe un tel respect, un tel amour pour Dieu, qu'il ne pense pas qu'on doive rien lui préférer, selon ces paroles de notre maître : Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n'est pas digne de moi. Je le sais, tous les hommes tièdes et négligens prétendent que cette loi ne regarde que les jours de persécution. Comme s'il y avait un temps où l'on dût préférer quelque chose à Dieu; comme si l'on pouvait aux jours de persécution faire passer le Christ avant toutes choses, et le dédaigner en d'autres époques! En est-il ainsi; nous devrons l'amour de Dieu à la persécution, et non pas à la foi, et nous aurons de la force, alors seulement que les impies nous tyranniseront, tandis que, au contraire, nous devons au Seigneur dans la tranquillité, plus, ou du moins tout autant d'amour, que dans les circonstances orageuses. Car, c'est pour nous un motif de l'aimer davantage, quand il ne nous abandonne point aux méchans, père tendre et plein d'indulgence qui aime bien mieux nous voir dans la paix et le repos, manifestant notre foi par des œuvres religieuses, que la signalant au jour de la persécution par les supplices de nos corps. Si donc nous ne devons rien lui préférer dans les momens difficiles, on ne doit rien lui préférer non plus, lorsque son indulgence lui donne plus de droits à notre amour. Mais de pareils débats sont faits pour un autre temps; poursuivons ce que nous avons commencé.

præferendum est quando nobiscum aspere agitur, ne tunc quidem præferri debet quando per indulgentiam plus meretur. Sed hæc alii tempori magis congruunt; nunc quod cœpimus exequamur. Videns igitur scriptor ille, quem diximus, graves atque multiplices Christianorum pene omnium morbos, atque a cunctis in Ecclesia positis non solum non postponi omnia Deo, sed prope cuncta præponi; nam et ebriosi in ebrietatibus Deum spernere videntur, et cupidi in cupiditate, et impudici in libidine, et cruenti in crudelitate, et in his omnibus pene omnes, atque hoc eo gravius, quod non solum hæc per scelus atrocissimum diu admittuntur, sed ne postea quidem per pœnitentiam corriguntur; maxime cum etiam in his qui pœnitentes esse dicuntur, nomen sit magis pœnitentia ipsa quam fructus, quia parum sunt rerum vocabula ipsas res non habentia, et nihil virtutum verba sine viribus; plurimi namque ac pene cuncti, et rerum abundantes, et conscii criminum ac flagitiorum suorum, non modo ea quæ admiserunt, exomologesi ac satisfactione, sed ne hoc quidem quod facillimum est, donis saltem ac misericordiis redimere dignantur; atque non solum id in prosperis negligunt, sed quod multum irreligiosius, in adversis; non solum incolumes, sed etiam deficientes; tanta incredulitas est hominum, et tam gravis infidelium languor animarum, ut, cum

Or, l'écrivain dont il s'agit a vu les graves et nombreuses maladies qui travaillent presque tous les Chrétiens; il a vu tous ceux qui sont placés dans l'Église, non-seulement ne pas mettre toutes choses après Dieu, mais faire passer toutes choses avant lui, car les ivrognes semblent mépriser Dieu par leur ivrognerie, les avares, par leur cupidité; les impudiques, par leurs débauches; les hommes de sang, par leur cruauté; et presque tous les Chrétiens par l'universalité de ces désordres d'autant plus incurables que l'on ne cesse de - s'y livrer avec une atroce fureur, et que l'on ne travaille pas à s'amender dans le repentir, puisque chez ceux même qui se disent pénitens, la pénitence est plutôt une apparence qu'une realité, le nom d'une chose n'étant rien sans la chose elle-même, les noms des vertus n'étant rien sans l'exercice de ces vertus. Il a vu que la plupart des Chrétiens, quoique dans l'abondance, quoique bourrelés par le remords de leurs crimes et le souvenir de leurs forfaits, non-seulement dédaignent de racheter leurs fautes par l'exomologèse et la satisfaction, mais encore, ce qui serait très-facile, ne veulent pas les racheter au moins avec des dons et des aumônes, insoucieux de leur salut, nonseulement dans la prospérité, mais encore, ce qui est plus criminel, dans le malheur; non-seulement dans la santé, mais encore dans la maladie. Telle est l'incrédulité des hommes, telle est la langueur des ames 28

TOM. II.

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