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peu

méprise lui-même, qu'il se regarde comme le plus petit, comme le dernier de tous, et, ce qui est plus fort, tout cela avec une foi merveilleuse, avec une humilité qui n'a rien d'emprunté, avec la candeur d'un jugement sans détour. Ainsi donc, bien persuadé que les autres auraient de lui l'opinion qu'il en a lui-même, c'est à bon droit qu'il a mis en tête de son livre un nom qui n'est pas le sien, sans doute, afin de conque le sidération attaché à sa personne n'affaiblit pas l'autorité d'un écrit salutaire d'ailleurs; c'est assez la coutume aujourd'hui de mesurer l'importance des paroles sur la valeur de celui qui les a prononcées. Et les jugemens de notre âge sont si frivoles et si nuls, que les lecteurs considèrent moins ce qu'ils lisent que le nom de l'écrivain, et font moins attention à la force et à la puissance des choses écrites, qu'à la renommée de l'auteur. Voilà donc pourquoi notre écrivain a voulu se cacher et demeurer inconnu de toute manière, de peur que des livres qui ont en eux-mêmes quelque utilité, ne perdent pas trop par le nom de celui qui les a faits,

Vous savez ainsi, vous qui le demandez, pourquoi l'on a pris un nom étranger. Il reste à dire pourquoi l'on a employé celui de Timothée. Afin de satisfaire à cette question, il est besoin d'en revenir à l'auteur, car c'est celui qui est la cause première de tout le reste. Comme c'est par humilité qu'il a pris un nom étranger, c'est aussi par crainte et par prudence qu'il a pris le nom de Timothée. En effet, il est timide et scrupuleux, il

ciorum fugax, atque in tantum peccare metuens, ut interdum et non timenda formidet. Cum ergo subtrahere e titulo nomen suum et inserere vellet alienum, timuit in hac nominum commutatione mendacium, nequaquam scilicet admittendam putans etiam in officio sancti operis maculam falsitatis. Positus itaque in hoc ambiguæ opinionis incerto, optimum fore credidit ut beati Evangelistæ sacratissimum sequeretur exemplum; .qui in utroque divini operis exordio Theophili nomen inscribens, cum ad hominem scripsisse videatur, ad amorem Dei scripsit; hoc scilicet dignissimum esse judicans, ut ad ipsum affectum Dei scripta dirigeret, a quo ad scribendum impulsus esset. Hoc ergo etiam scriptor hic, de quo loquimur, usus est argumento atque consilio. Conscius enim sibi sic se omnia in scriptis suis pro Dei honore, sicut illum pro Dei amore, fecisse, qua ratione ille Theophili, hac etiam hic Timothei nomine scripsit. Nam sicut Theophili vocabulo amor, sit Timothei honor divinitatis exprimitur. Itaque, cum legis Timotheum ad Ecclesiam scripsisse, hoc intelligere debes, pro honore Dei ad Ecclesiam scriptum esse, imo potius ipsum honorem Dei scripta misisse, quia recte ipse scripsisse dicitur per quem factum est u’ scriberetur. Hac causa igitur in titulo libellorum Timothei nomen inscriptum est. Congruum siquidem scriptor ille existimavit ut cum in hono

a horreur des moindres mensonges, et redoute si fort de pécher, que souvent même il craint où il n'y a rien à craindre. Lors donc qu'il a voulu écarter son nom du titre de l'ouvrage, pour y substituer un autre nom, il a craint qu'il n'y eût un mensonge en cela, et n'a pas cru pouvoir se permettre une pareille dissimulation, même en une œuvre sainte. Placé dans cette gênante perplexité, il a trouvé bon de suivre l'exemple vénérable du bienheureux Évangéliste qui, inscrivant le nom de Théophile en tête de deux ouvrages divins, s'adresse à l'amour de Dieu, alors même qu'il paraît s'adresser à un homme et pense qu'il est bien juste de rapporter à l'amour de Dieu des écrits inspirés par cet amour. L'auteur dont nous parlons s'est fondé sur cette raison, sur cette pensée. Se rendant le témoignage d'avoir écrit pour l'honneur de Dieu, comme l'apôtre pour l'amour divin, il a employé le nom de Timothée, par la même raison que l'apôtre avait employé celui de Timothée. Si l'amour de Dieu est exprimé par le mot de Théophile, l'homme de Dieu est exprimé aussi par le mot de Timothée. Lors donc que vous lisez que Timothée a écrit à l'Église de Dieu, vous devez comprendre qu'on a écrit à l'Église par honneur pour Dieu, ou plutôt que l'honneur de Dieu a donné le jour à ce qui est écrit; on peut bien dire, en effet, que celuilà a écrit, qui vous a poussé à écrire. Voilà donc la raison pour laquelle le nom de Timothée a été inscrit en tête de l'ouvrage. L'auteur a jugé convenable de consacrer ce titre à l'honneur de la divinité, puisque c'est l'honneur de Dieu qui a guidé sa plume.

rem Dei libellos scriberet, ipsi divinitatis honori titulum consecraret.

Habes, o mi Saloni, caritas mea, habes quod exegisti; implevi opus muneris imperati. Superest ut, quia ego functus sum partibus meis, et tu fungaris tuis, id est, ores Dominum Deum nostrum et orando impetres ut libelli ad Ecclesiam Christi honore conscripti, tantum apud Deum scriptori suo prosint, quantum eos prodesse ipse omnibus cupit. Nec injustum, puto, est desiderium, quo tantum sibi aliquis præstari postulat pro salute, quantum ipse optat cunctis pro caritate. Vale, mi Saloni, decus nostrum atque subsidium.

Vous avez, o mon Salonius, objet de mon affection, vous avez ce que vous me demandiez; j'ai rempli le devoir que vous m'aviez imposé. Maintenant, puisque je me suis acquitté de mon rôle, vous vous acquitterez du vôtre; c'est-à-dire, vous prierez le Seigneur, notre Dieu, et vos prières obtiendront que des livres adressés à l'Église et composés par honneur pour le Christ, deviennent auprès de Dieu aussi utiles à l'auteur, qu'il souhaite de les voir devenir profitables à tous. Et c'est un souhait bien juste, ce semble, de demander pour son propre salut, tout ce que la charité nous fait désirer pour les autres. Adieu, mon Salonius, ma gloire et mon appui.

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