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forces, en étaient venus jusques à comprendre, après l'expérience d'une guerre long-temps préparée, que les forces de la République ne pouvaient leur tenir tête, même avec les Barbares auxiliaires?

Ils pouvaient donc bien demeurer là, et ils ne craignaient rien. Mais, sans doute, la main céleste qui les y avait attirés pour punir les vices des Espagnols, les forçait encore de passer en Afrique pour la dévaster. Eux enfin confessaient que leur œuvre ne venait pas d'eux-mêmes un ordre divin les poussait, et les pressait. On peut comprendre par-là quelle est la grandeur de nos crimes, puisque des barbares sont contraints à venir porter chez nous les dévastations et les supplices, suivant les paroles du roi Assyrien, ce ravageur de la terre d'Israël: Croyez-vous que je sois venu dans ce lieu sans la volonté du Seigneur? Le Seigneur m'a dit : entre dans ce pays, et détruis-le. Et dans un autre endroit des Ecritures le Seigneur des armées, le Dieu d'Israël a dit ces choses: voici que j'enverrai et que je prendrai Nabuchodonosor roi de Babylone, mon serviteur, et il viendra et il frappera la terre d'Egypte. D'où nous pouvons reconnaître que toutes les afflictions qui nous viennent, sont des coups de la justice divine; mais que ces renversemens néanmoins, comme je l'ai dit plus d'une fois, nous arrivent à cause de nos péchés. Et dès lors, tout ce qui nous advient, nous devons l'attribner à nos pé4

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TOM. II.

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cuti, sed tamen, ut sæpe memoravi, propter peccata subverti. Ac per hoc, quicquid actum est, peccatis, non Deo adscribendum, quia recte illi rei factum adscribitur, quæ ut quid fieret exegit. Nam et homicida, cum a judice occiditur, suo scelere punitur; et latro, aut sacrilegus, cum flammis exuritur, suis criminibus concrematur. Unde et quod Vvandali ad Africam transierunt, non est divinæ severitati, sed Afrorum sceleri deputandum. Gravi enim eos, antequam illuc pergerent, ac longa iniquitate traxerunt. Et ideo intelligere debemus quia pietatis divinæ fuit quod pœnam diu debitam distulit, piaculorum autem et criminum, quod aliquando peccator populus quæ merebatur excepit. Nisi forte Afros hoc non meruisse credimus; cum utique nulli magis, utpote in quos omnia simul improbitatum atque impuritatum genera confluxerint. Cæteri enim homines, etsi nonnullis vitiorum flagitiis obligati sunt, quibusdam tamen non implicantur; etsi vinolentia non carent, malevolentia carent; etsi libidine æstuant, rapacitate non sæviunt; multos denique, etsi accusat incontinentia corporum, simplicitas commendat animorum. In Afris vero pene omnibus nihil horum est, quod ad utrumque pertineat, id est, bonum æque ac malum, quia totum admodum malum. Adeo, exclusa naturæ originalis sinceritate, aliam quodammodo in his naturam vitia fecerunt!

chés plutôt qu'à Dieu, parce qu'il est raisonnable d'imputer un fait à ce qui en fut la cause principale. Car, l'homicide que le juge met à mort, est puni par son crime même; le larron ou le sacrilége, qui est livré aux flammes, est en quelque sorte brûlé par ses crimes. C'est pourquoi, si les Vvandales ont passé en Afrique, il ne faut point en accuser la sévérité divine, mais les crimes des Africains. Car, avant que l'ennemi s'y acheminât, ils l'y avaient attiré par de longues et criantes iniquités. Par-là nous devons sentir que, si la peine méritée se fit long-temps attendre, ce fut l'œuvre de la bonté divine, et que, si le peuple pécheur reçut enfin son juste châtiment, ce fut l'œuvre de ses désordres et de ses crimes. Croiriez-vous, par hasard, que les Africains n'avaient point attiré sur eux ces fléaux? certes, ils les avaient attirés plus qu'aucun autre peuple, eux chez qui l'on voyait affluer tous les genres de forfaits et d'impuretés. La plupart des hommes, quoique dominés par un grand nombre de vices, sont dégagés pourtant de quelques autres; ils sont peut-être assujettis à l'ivrognerie, mais ils ne le sont point à la vengeance; ils brûlent peut-être de feux impurs, mais ils n'exercent point la rapine; enfin, si l'incontinence du corps les accuse, la simplicité d'ame les rend peut-être recommandables. Mais, dans tous les Africains, on ne trouve pas ce mélange de bien et de mal, parce que le mal y règne exclusivement. Tant les simples inclinations de la nature originelle une fois détruites, les vices y ont en quelque sorte introduit une nouvelle nature!

Exceptis enim paucissimis Dei servis, quid fuit totum Africæ teritorium quam domus una vitiorum, æneo illi similis, de quo Propheta dicit: O civitas sanguinum! Eneum, in quo est ærugo, non exiet de eo, quia sanguis non exiet de eo (1). Civitatem, ut videmus, æneo et iniquitatem sanguini comparavit. Ut intelligamus scilicet sic esse in civitate populi iniquitatem, sicut in æneo sanguinem bullientem. Non dissimile autem est huic illud sermonis sacri : Factæ sunt mihi domus Israel commixtæ omnes æramento, et ferro, et stanno, et plumbo, in medio argentum permixtum est. Propterea dic hæc: Sic dicit Dominus Deus: Pro eo quod facti estis omnes in permixtionem unam, conflabo vos et insufflabo in vos in igne iræ (1). Dissimillima inter se genera metallorum sacer sermo memoravit. Et quomodo in eodem conflatorio res diversæ conflantur? Scilicet quia in diversitatibus metallorum dissimilitudo hominum designatur. Et ideo etiam argentum, id est, nobilioris materiæ metallum, iisdem ignibus datur, quia naturæ nobilioris ingenium, vita degenerante, damnatur. Sicut etiam de principe Tyri dixisse legimus Dominum per Prophetam : Fili hominis, incipe lamentum super principem Tyri, et dic illi: Hæc dicit Dominus Deus: Tu

(1) Ezech. XXIV. passim.
(2) Id. XXII. 18 et passim.

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Un très-petit nombre d'hommes vertueux exceptés, le territoire de toute l'Afrique a-t-il été autre chose qu'un foyer de vices, pareil à ce vase d'airain dont le prophète disait ó ville de sang! le vase rouillé ne sortira point du milieu de toi, parce que le sang non plus ne disparaîtra pas. L'Ecriture, comme nous le voyons, compare la ville à un vase d'airain, et l'iniquité à du sang. C'est pour nous faire entendre, sans doute, que l'iniquité, dans une ville populeuse, est comme du sang bouillonnant dans l'airain. Voici encore un passage des livres saints à-peu-près semblable: la maison d'Israël s'est changée pour moi en écume : ils sont tous comme de l'airain, de l'étain, du fer et du plomb, au milieu du creuset, et ils sont devenus, comme de l'argent. C'est pourquoi, annonce ces choses: Ainsi parle le Seigneur Dieu: parce que vous êtes devenus tous comme de l'écume, je vous rassemblerai et je soufflerai sur vous dans le feu de ma colère. Les pages sacrées énumèrent ici des espèces de métaux tout-à-fait dissemblables. Et comment des choses différentes sont-elles réunies dans le même creuset? Sans doute parce que les divers caractères des hommes sont figurés par cette diversité de métaux. C'est pour cela aussi que l'argent, c'est-à-dire, le métal d'une plus noble matière, est livré aux mêmes flammes, comme un esprit d'une plus haute nature, une fois qu'il dégénère, est aussitôt réprouvé. On le voit par ce passage du Prophète où le Seigneur lui ordonne de parler du prince de Tyr: Fils de l'homme, commence un chant lugubre sur le roi de Tyr, et tu lui diras: Voici ce que dit le Seigneur Dieu: toi, le sceau de la ressemblance, toi, la couronne de beauté, tu habitais dans les délices de l'Eden; les pierres précieuses formaient ton

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