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tans, qui s'étaient montrés barbares envers les serviteurs de Dieu, portent, dans le temps qu'il écrit, le joug des a Barbares. » Dubos, livre II, ch. 10.

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Parmi les plus brillantes imitations faites de ce pathétique mouvement, par nos prédicateurs français, nous citerons celle du P. de La Rue:

« Pardonnez-moi d'appliquer là les gémissemens de Sal« vien, sur le déplorable aveuglement du peuple de Trèves, quand après l'incendie et la destruction de leur ville par "les Vvandales, ils osaient, Chrétiens qu'ils étaient, demander «< aux empereurs pour grace et pour consolation les jeux « du cirque : Circenses ergo, Treveri, desideratis. Je l'avoue, <«<leur disait ce saint orateur, je vous ai crus dignes de pitié, quand vous étiez sous le fer de vos ennemis, mais combien « l'êtes-vous plus, depuis que vous cherchez à vous en consoler par de vains spectacles! Miserrimos esse vos credidi, « cum excidia passi estis; miscriores vos video, cum specta

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cula postulatis. Il vous faut donc des théâtres, et des courses << de chevaux, et des pompes, et des jeux! Où ? dans quelle place? en quel lieu ? sur les ruines de vos murailles, sur « les cendres de vos maisons, sur les bûchers de vos pères, <« au milieu des os et du sang de vos citoyens! Parlez, ferez-vous ces jeux? An super busta et sanguinem peremp<< torum? Quel endroit de votre ville est exempt de ces tristes « marques de la colère de Dieu ? Non, je ne m'étonne plus «< que vous vous soyez attiré tant de malheurs. Ce qui me surprend, c'est qu'en étant échappés, vous vous empressiez de les mériter encore ! Ah! c'était donc trop peu d'avoir

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déjà passé trois fois par les flammes des Barbares; vous

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avez voulu risquer un quatrième embrâsement, et, n'y ayant pas tous péri, vous travaillez par de nouveaux péchés à faire tomber sur vous le dernier éclat de la foudre.

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Ils sont pour vous ces reproches, mes chers frères; ils s'adressent directement et personnellement à vous. Vous « êtes sortis des bras de lá mort; peut-être en sortez-vous << encore; peut-être portez-vous encore sur vous la pâleur

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de la mort et les cicatrices des verges, dont le bras de Dieu « vous a frappés. Vous demandez des jeux, des cartes; il « vous faut des compagnies qui raniment en vous le senti<< ment du plaisir; dans quel sang, hélas! dans quel corps! « Urbi exusta, perditæ, captivæ, interemptæ. Dans un corps « dévoré depuis peu de temps par la fièvre, épuisé par les remèdes, desséché par les langueurs. Victime livrée en proie « à tous les ennemis de la vie, tremblante sous les coups et «<les jugemens éternels; objet de pitié pour vos amis, de mépris et de dégoût pour vous-même, ayant à peine encore un souffle de vie et des lèvres pour adresser votre faible prière au ciel; après avoir promis à Dieu de vous dévouer « tout entier, le corps, les sens, l'esprit et le cœur à son service, ah! de cœur et d'esprit vous aspirez à ces plaisirs « désavoués et détestés! N'ayant pas la force de les chercher,

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vous les rassemblez autour de vous, vous en rappelez le

goût. Que ferez-vous, quand vos sens seront ranimés et « votre santé confirmée? Trois ou quatre attaques d'infirmité « vous ont dû faire sentir que le juge frappaît à la porte, et tous <«< ces coups n'ont servi qu'à faire éclater votre ingratitude et « votre mauvaise foi. Vous attendez pour vous rendre à lui qu'il frappe encore! Et ne savez-vous pas qu'il peut *venir sans frapper? Combien en voyez-vous d'exemples! Vous« même, n'êtes-vous point réservé pour en servir? Après l'abus de tant de grâces et de tant de maladies, craignez de mourir sans maladie, et n'oubliez rien éviter ce malheur.»

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pour

Sermon Sur le bon usage des maladies, tom. II,

de Rigaud.

,pag. 288, edit.

MUNERA VOCAMUS.

Page 390. ligne 5.

α

Quelquefois la lâcheté des empe« reurs, souvent la faiblesse de l'empire, firent que l'on chercha à apaiser par de l'argent les peuples qui menaçaient « d'envahir (1). Mais la paix ne peut pas s'acheter, parce que « celui qui l'a vendue n'en est que plus en état de la faire << acheter encore.

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<< Il vaut mieux courir le risque de faire une guerre malheureuse que de donner de l'argent pour avoir la paix; car ⚫ on redoute toujours un prince lorsqu'on sait qu'on ne le « vaincra qu'après une longue résistance.

« D'ailleurs, ces sortes de gratifications se changeaient en « tributs, et, libres au commencement, devenaient nécessaires; << elles furent regardées comme des droits acquis; et lorsqu'un « empereur les refusa à quelques peuples, ou voulut donner moins, ils devinrent de mortels ennemis. Entre mille exem

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ples, l'armée que Julien mena contre les Perses fut pour« suivie dans sa retraite par des Arabes à qui il avait refusé « le tribut accoutumé (2); et d'abord après, sous l'empire de « Valentinien, les Allemands, à qui on avait offert des présens moins considérables qu'à l'ordinaire, s'en indignèrent, et «< ces peuples du nord, déjà gouvernés par le point d'honneur, « se vengèrent de cette insulte prétendue par une cruelle << guerre.

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Toutes ces nations (3), qui entouraient l'empire en Eu

(1) On donna d'abord tout aux soldats; ensuite on donna tout aux ennemis. Montesquieu.

(2) Ammien Marcellin, XXV.

(3) Id. XXV.

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rope et en Asie, absorbèrent peu à peu les richesses des Romains; et, comme ils s'étaient agrandis parce que l'or et l'argent de tous les rois étaient portés chez eux (1), ils s'affaiblirent parce que leur or et leur argent furent portés chez « les autres.

« Il n'y a point d'état où l'on ait plus besoin de tribut que « dans ceux qui s'affaiblissent; de sorte que l'on est obligé d'augmenter les charges à mesure que l'on est moins en « état de les porter: bientôt, dans les provinces romaines, les « tributs devinrent intolérables.

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« Il faut lire dans Salvien, les horribles exactions que l'on << faisait sur les peuples. Les citoyens poursuivis par les traitans, n'avaient d'autre ressource que de se réfugier chez « les Barbares, ou de donner leur liberté au premier qui la « voulait prendre.

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« Ceci servira à expliquer, dans notre histoire française, « cette patience avec laquelle les Gaulois souffrirent la révo<«<lution qui devait établir cette différence accablante entre « une nation noble et une nation roturière. Les Barbares, en << rendant tant de citoyens esclaves de la glèbe, c'est-à-dire << du champ auquel ils étaient attachés, n'introduisirent guère « rien qui n'eût été plus cruellement exercé avant eux (2). Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, chap. XVIII.

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(1) « Vous voulez des richesses, disait un empereur à son armée qui murmurait: voilà le pays des Perses, allons en chercher. Croyez-moi,

« de tant de trésors que possédait la république romaine, il ne reste plus rien; et le mal vient de ceux qui ont appris aux princes à acheter la paix des Barbares. Nos finances sont épuisées, nos villes détruites, « nos provinces ruinées. Un empereur qui ne connaît d'autres biens que « ceux de l'ame n'a pas honte d'avouer une pauvreté honnête. » Ammian. Marcellin. XXV.

(2) Voyez Salvien, liv. V ; et les lois da Code et du Digeste là-dessus. 32

TOM. II.

Voyez à ce sujet tout le livre V. — Voyez aussi, dans l'ambassade écrite par Priscus, le discours d'un Romain établi parmi les Huns, sur sa félicité dans ce pays-là. Voici un fragment de ce discours :

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« Γυναικαδε γήμασθαι βαρβαρον, ειναιτε αυτῳ παιδας. « και Ονηγησιῳ τραπεζης κοινωνούντα, αμείνονα του προτε ρου, τον παροντα ηγεισθαι. Τους μεν γαρ παρα Σκυθαις, « μετά τον πόλεμον, εν απραγμοσυνη διατελείν εκαστου των « παρόντων απολαύοντος, και ουδαμως η ολιγα ενοχλουμε « νου. Τους μεν τοι παρα Ρωμαίοις εν μεν πολέμῳ ραδίως αναλισκεσθαι, εις ετέρους τας της σωτηρίας ελπίδας εχον« τας· ως παντων δια τους τυράννους μη χρωμένων οπλοις. « Και των χρωμένων δε σφαλερώτερα η των στρατηγων « κακια, μη υφισταμένων τον πολεμον. εν δε ειρηνη οδυ νηρότερα υπάρχειν τα συμβαίνοντα των εν τοις πολεμοις « κακων, διατε την βαρύτατην εισπραξιν των δασμών, « και τας εκ των πονηρων βλαβας των νόμων, ου κατα « παντων κειμενων. Αλλ' ει μεν ο παραβαινων τον θεσμον, « των πλουτούντων ειη, επι της αδικίας αυτον μη διδοναι δικας· ειδε πενης ειη, ουκ επισταμενος χρησθαι πραγμασιν, υπομείνη την απο του νομου ζημίαν, είπερ μη προς « της κρίσεως απολειποι τον βιον, μακρον επι ταις δικαις « παρατεινόμενου χρόνου, και πλείστων εκδαπανομένων χρηματων οπερ των παντων ανιερώτατον ειη, επι μισθῳ « των από του νόμου τυγχανειν. Byzantine Historia pag. 59.

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Cette fatale et honteuse coutume des présens fut introduite dans la république par Domitien. Ne pouvant dompter Décébale, roi des Daces, il lui paya un tribut annuel, et fut imité par ses successeurs, dans un si funeste exemple. Mais les empereurs romains, afin de voiler ce qu'il y avait là d'odieux, désignaient les tributs sous les noms moins avilissans de munus, de stipendium. A propos de l'empereur Justinien, qui avait acheté la paix des Perses, Procope s'exprime en ces termes : Ύστερον μεν τοι το ξυγκείμενον απαν χρυσιον Ρω

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