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plus qu'au langage de la volupté. Dites-moi, vous, qui que vous soyez, qui ne pouvez supporter ces paroles, Socrate ne fut-il pas toujours regardé comme le plus sage des hommes, au témoignage même de l'Apollon delphique, qui était comme le maître des philosophes et le prince des démons? Comparons donc aux lois de Socrate sur la pudeur, celles dont il s'agit. Que nul homme, dit Socrate, ne possède une femme à lui, car les mariages doivent être communs à tous; en effet, la concorde sera bien plus grande entre les citoyens, si tous les hommes se mêlent sans distinction à toutes les femmes; si toutes les femmes se livrent sans distinction à tous les hommes, si tous les hommes deviennent par-là maris de toutes les femmes, et toutes les femmes, épouses de tous les hommes. Entendit-on jamais parler ainsi ou le frénétique, ou le démoniaque agité par le délire de la fureur? Tu dis donc, ô le plus grand des philosophes, que, avec cette doctrine, tous les hommes sont maris de toutes les femmes, toutes les femmes épouses de tous les hommes, et tous les enfans, fils de tous les citoyens. Mais moi, je dis que nul homme ne serait alors mari d'aucune femme, que nulle femme ne serait épouse d'aucun homme, que nul enfant ne serait fils d'aucun citoyen; car, dans ce mélange confus de toutes choses, personne ne peut rien revendiquer en propre. C'était peu pour ce philosophe, le plus sage de tous, comme on l'appelle, de professer ces maximes, s'il ne les eût lui-même mises en pratique. Il céda sa femme à un autre, et il fut imité ensuite par le Romain Caton, ce Socrate de l'Italie. Voilà les beaux modèles de vertu que nous ont laissés Rome et Athènes; il n'a pas tenu à ces sages que tous les maris

sicut etiam Romanus Cato, id est, alius Italiæ Socrates. Ecce quæ sunt et Romanæ et Atticæ sapientiæ exempla; omnes penitus maritos, quantum in ipsis fuit, lenones uxorum suarum esse fecerunt. Sed vicit tamen Socrates, qui de hac re et libros condidit, et memoriæ hæc pudenda mandavit. Plus habet unde gloriari sibi praceptis suis possit. Quantum ad doctrinam suam pertinet, lupanar fecit e mundo. Injuste damnatus dicitur a judicibus. Et verum est. Rectius enim eum hæc talia prædicantem genus damnaret humanum, sicut absque dubio damnavit. Nam, cum in hac re doctrinam ejus omnes repudiaverint, omnes eum non solum sententiæ auctoritate, sed, quod multo magis est, vitæ electione damnaverunt, et recte. Conferantur enim cum iis quæ ille constituit, illa quæ statuerunt ii quos dominari Africæ Deus jussit. Statuit ille ut nullus penitus suam haberet uxorem, isti ut nullus penitus non suam; ille ut omnis fæmina viris omnibus subjaceret, isti ut nulla fæmina alium quam virum suum nosceret; ille generationem mixtam atque confusam, isti puram et ordinatam; ille omnes domos scortari voluit, isti nullam; ille in cunctis habitaculis lupanaria ædificare conatus est, isti etiam e civitatibus sustulerunt; ille prostare voluit omnes virgines, isti castas fe

cere meretrices.

Atque utinam hic Socratis tantum error fuisset,

ne devinssent les corrupteurs de leurs femmes. Mais Socrate néanmoins les a surpassés tous, lui qui a écrit sur cette matière, lui qui a légué ces infamies à la postérité. Il a plus encore de quoi s'énorgueillir de ses préceptes; car, à en juger par sa doctrine, il a fait de l'univers un théâtre de prostitution. Il fut, dit-on, injustement condamné par ses juges. Cela est vrai; car, c'était bien plutôt au genre humain de le condamner, lui et les maximes qu'il débitait. Et sans doute, c'est ce qui est arrivé. Tous les hommes, en répudiant ses doctrines, l'ont condamné par l'autorité de leur sentence; et, ce qui est bien plus fort, par le choix de vie qu'ils ont fait. Et ils ont eu raison. Comparez, en effet, ce que Socrate établit avec les constitutions de ceux que le Seigneur a donnés pour maîtres à l'Afrique. Le philosophe veut que nul homme n'ait une femme à lui; les Vvandales, que tout homme ait une femme à lui; le philosophe demande que toute femme s'abandonne à tous les hommes ; les Vvandales, que toute femme ne connaisse que son mari; celui-là veut une génération confuse et mêlée; ceux-ci, une génération pure et bien ordonnée; celui-là veut que toutes les maisons soient des lieux de débauche ; ceuxci en bannissent le libertinage; Socrate s'efforce d'élever des lupanars dans toutes les demeures, les Vvandales les proscrivent de toutes les cités; Socrate veut changer en prostituées toutes les jeunes filles, les Vvandales cherchent à rendre chastes même les courtisanes.

Et plût au ciel que ces égaremens fussent particuliers

non et conplurium Romanorum ac pene omnium; qui, etsi nequaquam Socratis vitam in cæteris, in hac re tamen Socratica instituta sectantur, quia et complures viri uxores plurimas singuli, et innumeræ mulieres viros complures singulæ habent. Omnes denique civitates numquid non lustris plenæ sunt, ac lupanaribus fœtent? Et quid dixi omnes? certe nobilissimæ quæque, ac sublissimæ adeo dignitatis, quæ etiam et prærogativa est hæc honorum in magnis urbibus, ut quantum præcellunt cæteris magnitudine, tantum præstent impuritate. Et quæ esse, rogo, Romano statui spes potest, quando castiores ac puriores Barbari quam Romani sunt? Parum est quod dicimus. Quæ nobis, rogo, ante Deum aut vitæ esse aut veniæ spes potest, quando castitatem in Barbaris cernimus, et nec sic casti sumus? Erubescamus, quæso, et confundamur. Jam apud Gothos impudici non sunt nisi Romani, jam apud Vvandalos nec Romani. Tantum apud illos profecit studium castimoniæ, tantum severitas disciplinæ, non solum quod ipsi casti sint, sed, ut rem dicamus novam, rem incredibilem, rem pene etiam inauditam, castos etiam Romanos esse fecerunt.

Si infirmitas id humana pateretur, exclamare super vires meas cuperem, ut toto orbe resonarem Pudeat vos, Romani ubique populi, pudeat vitæ vestræ. Nulla pene urbes lustris, nullæ

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à Socrate, qu'ils ne fussent point communs à la plupart et à la presque totalité des Romains, qui, sans imiter en tout la vie de Socrate, suivent toutefois ses maximes sur cette matière! Car, on voit souvent, chez eux, un homme avoir à lui seul plusieurs femmes, et une femme, avoir à elle seule plusieurs maris. En un mot, toutes les cités ne sont-elles pas remplies de lieux infâmes, n'exhalent-elles pas l'odeur infecte des lupanars? Qu'aije dit, toutes? Oui, et les plus nobles, les plus distinguées, regardent comme une prérogative de leur élévation, de surpasser les autres en impureté, comme elles les surpassent en grandeur. Et quel espoir, je le demande, peut-il rester à l'empire romain, quand les Barbares sont plus purs et plus chastes que nous? C'est peu encore, ce que nous disons. Pouvons-nous compter sur la vie ou sur le pardon, lorsque nous voyons la chasteté dans les Barbares, et que nous n'en devenons pas plus chastes? Rougissons donc et soyons confus. Voilà que chez les Goths, les Romains seuls sont impudiques; chez les Vvandales, ils ont cessé de l'être. L'amour de la pudeur, la sévérité de la discipline ont eu parmi eux un si merveilleux empire que, non-seulement ils sont chastes, mais que, chose nouvelle! chose incroyable! chose presque inouie! ils ont rendu chastes jusqu'aux Romains eux-mêmes.

Si la faiblesse humaine le permettait, je voudrais élever la voix au-delà de mes forces, et faire retentir dans tout l'univers ces paroles: Rougissez, peuples Romains, rougissez de votre vie. Il n'est presque pas de

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