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doue furent endommagées; on vit dans le moment de la première secousse les eaux du Tage s'élever de dix pieds à Tolède, qui est à cent lieues de Lisbonne ; et les eaux de la mer monter de vingt-deux pieds de hauteur, perpendiculairement, à Cadix. Les secousses de la terre qui ébranloient l'Europe, se firent sentir de même en en Afrique; et le même jour que les habitans de Lisbonne périssoient, la terre s'ouvrit auprès de Maroc; une peuplade entière d'arabes fut ensevelie dans les abîmes; les villes de Fez et de Mequinez furent aussi maltraitées que Lisbonne.

Ce fut dans ce terrible désastre que Louis Racine perdit un fils, unique, sa' plus douce espérance, un fils vraiment digne de son père et de son aïeul, et qui promettoit de répandre un nouvel éclat sur le nom de Racine. Il se trouvoit alors à Cadix, et fut malheureusement entraîné entraîné par le gonflement subit de la mer, au moment où il passoit en poste le long du rivage, pour se rendre à une fête où il étoit invité. Avec lui s'éteignit le nom de Racine. Son père en fut toujours inconsolable; il écrivoit en 1756 ces lignes qu'on ne peut lire sans la plus vive émotion;

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« Un fils m'étoit cher, non parce qu'il étoit unique, » mais parce qu'il promettoit beaucoup : obligé de » travailler à la fortune, il s'étoit déterminé, par un » choix sagement médité, au commerce maritime, où » les richesses qu'on peut gagner ne sont point, comme » il me le disoit, celles de l'iniquité. L'espérance qu'il » feroit une fortune honnête, et en honnête homme, » m'avoit adouci la douleur de sa séparation, lorsqu'il partit pour Cadix, où, à peine arrivé, il vient de m'être enlevé par cet affreux tremblement de terre

» dont on parlera long-tems; et les circonstances qui >> l'ont fait périr sont si cruelles, qu'elles contribuent » à le faire regretter de tout le monde, dans sa patrie » et en Espagne, où il s'étoit déjà fait estimer. Dieu » me l'avoit donné, Dieu me l'a été : oui, Dieu me l'a ôté, et même par un de ces coups imprévus qui >> rendent la mort terrible à tout âge, et surtout dans l'âge des passions. Cependant la vertu de mon fils » la bonté de son cœur, la droiture de ses sentimens » la sagesse de ses mœurs, tout me fait espérer que » Dieu l'a pris dans sa miséricorde, et que c'est moi

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qu'il a frappé par ce grand coup, afin que me trou» vant seul, je ne sois plus qu'à lui, et que je passe » le reste de mes jours à implorer pour moi cette » miséricorde, que ne mérite point une vie si peu >> conforme aux grandes vérités, que dès ma jeunesse j'ai eu la hardiesse d'annoncer dans ma poésie. Puisse l'affliction dans laquelle je passerai le reste de » cette vie, m'être utile pour l'autre ! Puisse cette religion que j'ai chantée arrêter les larmes que la na» ture veut à tout moment me faire verser sur mon » fils, et me faire verser les siennes sur moi-même! »

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L'an 1595, le 1 novembre, Mort de Pithou.

Pierre Pithou étoit né le 1 novembre 1539, à Troyes en Champagne. Après avoir reçu une excellente éducation domestique, il vint puiser à Paris, sous Turnèbe, le goût de l'antiquité. De Paris il passa à Bourges, pour y acquérir, sous le célèbre Cujas, toutes les connoissances nécessaires à un magistrat. Comme il avoit embrassé le calvinisme, il faillit être enveloppé dans le massacre de la Saint-Barthélem

Devenu catholique l'année d'après, il fut fait procureurgénéral en 1581, dans la chambre de justice de Guienne.

Grégoire XIII, ayant lancé un bref foudroyant contre l'ordonnance de Henri III, rendue au sujet du concile de Trente, Pithou, dans un Mémoire éloquent, défendit avec autant de force que de 1aison la cause de la France et celle de son roi.

Henri IV trouva en lui un citoyen non moins zélé : Pithou, entraîné d'abord dans la faction de la ligue, fit ensuite tous ses efforts pour réduire Paris sous l'obéissance de son souverain. Il étoit de la société des beaux esprits qui composèrent la satire ingénieuse connue sous le nom de Catholicon d'Espagne; sátire qui fit autant de mal aux ligueurs que les armes d'Henri IV.

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L'ouvrage le plus intéressant de Pithou, est son Traité des libertés de l'Eglise gallicane, qui a servi de fondement à tout ce qu'on a écrit depuis sur cette matière. Il a enrichi la république des lettres de quelques ouvrages anciens qu'il a tirés de l'obscurité, tels que les Fables de Phedre (1).

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L'érudition de Pithou lui mérita le titre de Varron de la France; il en étoit l'oracle, et son nom pénétra dans les pays étrangers. Ferdinand, grand-duc de Toscane, l'ayant consulté dans une affaire importante, se soumit à sa décision, quoique contraire à ses intérêts.

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(1). On a soupçonné Faerne d'avoir eu connoissance de ce manuscrit; il paroît n'avoir pas été inconnu à Vincent-deBeauvais, dominicain, qui vivoit sous le règne de Saint-Louis. On trouve dans son Speculum doctrinale, des fables évidemment empruntées de Phèdre.

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L'an 1683, le 1 novembre, Mort de madame de Villedieu.

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Marie-Catherine Desjardins, appelée depuis madame de Villedieu, étoit née en 1640, dans la ville d'Alençon. Une aventure qu'elle eut avec un de ses cousins, l'ayant obligée de quitter Alençon, elle vint à Paris, où elle cultiva le genre dramatique, et donna en même tems de petits romans qui lui firent un nom. Elle eut bientôt des soupirans, parmi lesquels elle distingua un jeune capitaine d'infanterie, plein d'esprit et d'une figure aimable, nommé Villedieu. Il étoit marié depuis un an: elle lui persuada de faire casser son mariage. L'idée étoit extravagante mais elle ne cherchoit qu'à faire excuser son attachement pour un homme déjà engagé. Villedieu entreprit ce¬ pendant de la réaliser, mais il trouva des opposi→ tions. Sa maîtresse ne l'en suivit pas moins à Cambrai où son régiment étoit en garnison; garnison; et lorsqu'ils revinrent dans la capitale, elle y parut sous le nom de madame de Villedieu. Une telle union ne pouvoit être heureuse. Il y avoit déjà eu, de grandes divisions, entre les deux amans, lorsque Villedieu fut obligé de partir pour l'armée, qu il perdit la vie, Sa prétendue veuve ne fut point une Artémise; partagée entre l'amour les romans et le théâtre, elle vécut comme on doit vivre au milieu de telles occupations. La mort subite d'une de ses amies lui ayant ouvert les yeux, elle se retira dans un couvent et y vécut avec sagesse jusqu'à ce que ses aventures, ayant été connues de la communauté, elle fut congédiée. Madame de Saint-Romain sa sœur reçut chez elle la nouvelle dévote, que

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ne le fut pas long-tems. Elle trouva dans cette maison un monde choisi, qui lui fit reprendre bientôt son ton de galanterie. Ce fut là qu'elle connut le marquis de la Chasse, qu'elle épousa ensuite. Ce marquis étoit marié, mais il avoit congédié sa femme. Quoique madame de Villedieu ne l'ignorât pas, elle ne fit pas difficulté de lui donner sa main secrètement. L'ayant perdu au bout de quelque tems, elle épousa en troisièmes noces un de ses cousins, qui lui permit de reprendre le nom de Villedieu.

Ses œuvres ont été recueillies en douze volumes dont les deux derniers ne sont pas d'elle. On y trouve plusieurs romans : les Désordres de l'Amour, le Portrait des Foiblesses humaines, les Mémoires du Sérail, les Nouvelles africaines. Les deux premiers sont ceux où elle a le mieux réussi. Ses œuvres poétiques sont fort inférieures à sa prose; la versification en est foible et languissante. Au reste, dirons-nous avec un auteur célèbre, nous sommes bien éloignés de youloir ici donner quelque prix à tous ces romans dont la France a été et est encore inondee; ils ont presque tous été, éxcepté Zaïde et Giblas, des productions d'esprits foibles, qui écrivent avec facilité des choses indignes d'être lues par les esprits solides: ils sont même pour la plupart dénués d'imagination, et ne peuvent servir qu'à gâter le goût des jeunes gens, et à corrompre les mœurs.

L'an 1784, le 1 novembre, Mort de Pompignan.

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Jean-Jacques Lefranc, marquis de Pompignan d'abord avocat-général, ensuite premier président de la cour des aides de Montauban, naquit en cette ville

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