le 10 août 1709, d'une famille noble et bien alliée. Ses parens le destinèrent à la magistrature, et son goût l'entraînoit vers la poésie. Dans sa tragédie de Didon, jouée en 1734, il parut un digne imitateur de Racine. On y trouve à la vérité des négligences et des vers prosaïques; mais il y a aussi des morceaux écrits avec force et élégance. Elle est restée au théâtre. Un exil passager lui ayant inspiré des dégoûts pour la magistrature, il vint s'établir à Paris, où il fut d'abord accueilli comme un homme qui joignoit la bonté du cœur à des talens distingués. Mais sa réception à l'Académie française, en 1760, fut l'époque d'un dénigrement presque universel. (Voy. le 10 mars.). Il se vit obligé de se retirer dans sa terre de Pompignan, où il passa les plus beaux jours de sa vie. Il y mourut, emportant l'estime de ses concitoyens et le regret de ses vassaux, dont il étoit le protecteur et le père. Ses ouvrages ont été recueillis en six volumes in-8°. Nous avons parlé de sa Didon. Sa comédie des Adieu. de Mars, en un acte et en vers libres, fut représentée avec succès à la Comédie italienne, en 1735. Ses Cantiques sacrés, malgré l'épigramme de Voltaire (1), ne passeront jamais pour des productions sans mérite. Quoique sa traduction des Georgiques de Virgile soit venue malheureusement après celle de M. Delille, elle offre des morceaux où la difficulté est vaincue avec succès. Son Voyage de Languedoc n'égale point par la facilité, par la molle négligence du style, par l'enjouement, celui de Chapelle; mais il lui est supérieur (1) Sacrés ils sont, sar personne n'y touche. par l'élégance, la correction et la variété, et il y a de très beaux vers. Quant à ses productions en prose, l'Eloge du duc de Bourgogne respire une simplicité touchante; ses Dissertations, sa Lettre à Racine le fils, ses Discours académiques, décèlent un jugement sain, un goût solide, un esprit nourri de la lecture des anciens; sa Traduction des tragédies d'Eschyle et de quelques dialogues de Lucien est généralement estimée pour l'élégance et la fidélité. Son érudition étoit aussi étendue que bien digérée; et les beaux arts qui tiennent à la poésie, tels que la peinture et la musique, ne lui étoient pas étrangers. Voltaire, son ennemi, en se plaignant de son zèle inflexible, rendoit justice à sa vaste littérature, et même à quelques-uns de ses vers. Il admiroit celte strophe de l'Ode sur la mort de Rousseau : Le Nil a vu sur ses rivages Sur ces obscurs blasphémateurs. : « Je n'ai guère vu de plus grande idée ( dit M. de » La Harpe) rendue par une plus grande image, ni » des vers d'une harmonie plus imposante je la ré» citai un jour à M. de Voltaire, qui y trouvoit tous de sublime réunis. Je lui en nommai » l'auteur, et il l'admira encore davantage. » les genres Il est juste d'ajouter que toute l'ode est fort belle, et que la première strophe pourroit peut-être soutenir la comparaison avec celle qu'on vient de lire : Quand le premier chantre du monde Expira sur les bords glacés Où l'Ebre effrayé, dans son onde Le lion répandit des pleurs. HISTOIRE RELIGIEUSE. Le 1 novembre, Fête de la Toussaint. Au septième siècle, Boniface IV consacra le Panthéon de Rome à la sainte Vierge et à tous les Saints. Cette consécration du Panthéon fut un préparatif à la fête qu'on célèbre aujourd'hui. Boniface l'établit à Rome après la dédicace de ce temple. Au commencement du neuvième siècle, Grégoire IV ordonna qu'elle seroit reçue généralement dans toute la chrétienté, et voulut qu'on la célébrât le 1 novembre. Auparavant c'étoit le 12 mai qu'on célébroit la fête de tous les Saints. Des fleurs dont nous parons leur temple et leur tombeau Toi, qui viens m'arracher l'espoir où je me fonde, Par ton propre désir n'es-tu pas démenti? Je nais avec ce vœu d'un immortel partage; Et si je l'ai conçu, l'idée en est un gage. LEMIERRE HISTOIRE. L'an 1655, le 2 novembre, Traité de la France et de Cromwel. La France étoit alors en guerre avec l'Espagne : Mazarin et dom Louis de Haro prodiguèrent à l'envi leur politique pour s'unir avec Cromwel. Le protecteur goûta quelque tems la satisfaction de se voir courtisé par les deux plus puissans royaumes de la chrétienté. Il se détermina pour la France; il traita d'égal à égal, et força le roi à lui donner le titre de frère dans ses lettres. Son secrétaire signa avant le plénipotentiaire de France, dans la minute du traité qui resta en Angleterre; mais il traita véritablement en supérieur, en obligeant le roi de France de faire sortir de ses Etats Charles II et le duc d'Yorck, petitfils d'Henri IV, à qui Louis XIV, leur cousin, devoit un asile. Tandis que Mazarin faisoit ce traité, Charles II lui demanda une de ses nièces en mariage: le mauvais état de ses affaires, qui obligeoit ce prince à cette démarche, fut précisément ce qui lui attira un refus. On a même soupçonné le cardinal d'avoir voulu marier au fils de Cromwel, celle qu'il refusoit au roi d'Angleterre. Ce qui est constant, c'est que lorsqu'il vit le chemin du trône moins fermé à Charles II, il voulut renouer ce mariage; mais il fut refusé à son tour. |