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ordre de ne plus se présenter devant son père. Il obtint dans la suite son pardon, et suivit le roi au siége de Courtrai. Il donna de grandes preuves de courage, se fit aimer du soldat par ses profusions, excita la jalousie du dauphin, et eut des démêlés avec lui. On prétend même qu'il lui donna un soufflet; mais on ne trouve ce fait que dans l'auteur des Mémoires de Perse.

Madame de la Vallière, retirée aux Carmélites depuis l'année 1674, apprit par Bossuet la mort de son fils. On sait ce qu'elle répondit: Je dois pleurer sa naissance encore plus que sa mort.

L'an 1703, le 19 novembre, Mort du Masquede-Fer à la Bastille.

Quelques mois après la mort du cardinal de Mazarin, on envoya dans le plus grand secret, au château de l'île Sainte-Marguerite, dans la mer de Provence, un prisonnier inconnu, d'une taille au-dessus de l'ordinaire, jeune et de la figure la plus belle et la plus noble. Ce prisonnier, dans la route, portoit un masque, dont la mentonnière avoit des ressorts d'acier, qui lui laissoient la liberté de manger avec le masque sur son visage. On avoit ordre de le tuer s'il se découvroit. Il resta dans l'île jusqu'à ce qu'un officier de confiance, nommé Saint-Mars, gouverneur de Pignerol, ayant été fait gouverneur de la Bastille, l'an 1690, l'alla prendre à l'île Sainte-Marguerite, et le conduisit à la Bastille, toujours masqué.

Le marquis de Louvois alla le voir dans cette île avant sa translation, et lui parla debout et avec une considération qui tenoit du respect. Cet inconnu fut

mené à la Bastille, où il fut logé aussi bien qu'on pouvoit l'être dans ce château. On ne lui refusojt rien de ce qu'il demandoit. Son plus grand goût étoit pour le linge d'une finesse extraordinaire, et pour les dentelles. Il jouoit de la guitarre; on lui faisoit la plus grande chère, et le gouverneur s'asseyoit rarement devant lui. Un vieux médecin de la Bastille, qui avoit souvent traité cet homme singulier dans ses maladies, a dit qu'il n'avoit jamais vu son visage, quoiqu'il eût souvent examiné sa langue et le reste de son corps. Il étoit admirablement bien fait, disoit ce médecin; sa peau étoit un peu brune; il intéressoit par le seul son de sa voix, ne se plaignant jamais de son état, et ne laissant point entrevoir ce qu'il pouvoit être.

Cet inconnu mourut en 1703, et fut enterré la nuit,' à la paroisse de saint Paul. Ce qui redouble l'étonnement, c'est que quand on l'envoya dans l'île SainteMarguerite, il ne disparut dans l'Europe aucun homme considérable. Ce prisonnier l'étoit, sans doute, car voici ce qui arriva les premiers jours qu'il étoit dans l'île.

Le gouverneur mettoit lui-même les plats sur la table, et ensuite se retiroit après l'avoir enfermé. Un jour le prisonnier écrivit avec un couteau sur une assiette d'argent, et jeta l'assiette par la fenêtre, vers un bateau qui étoit au rivage presqu'au pied de la tour; un pêcheur, à qui ce bateau appartenoit, ramassa l'assiette et la rapporta au gouverneur. Celui-ci étonné, demanda au pêcheur: « Avez-vous lu ce qui est écrit » sur cette assiette, et quelqu'un l'a-t-il vue entre vos » mains?» « Je ne sais pas lire, répondit le pêcheur;

je viens de la trouver, personne ne l'a vue. » Ce

paysan fut retenu jusqu'à ce que le gouverneur fut bien informé qu'il n'avoit jamais lu, et que l'assiette n'avoit été vue de personne. « Allez, lui dit-il, vous >> êtes bien heureux de ne savoir pas lire.

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Chamillart fut le dernier ministre qui eut cet étrange secret. Quelques jours avant sa mort, le second maréchal de la Feuillade, son gendre, le conjura, à genoux, de lui apprendre ce que c'étoit que cet homme, qu'on ne connut jamais que sous le nom de l'homme au masque de fer. Chamillart lui répondit que c'étoit le secret de l'Etat, et qu'il avoit fait serment de ne le révéler jamais.

Le Masque de Fer a été une énigme dont chacun a voulu deviner le mot. Les uns ont dit que c'étoit le duc de Beaufort; mais le duc de Beaufort fut tué par les Turcs à la défense de Candie, en 1669, et l'homme au masque de fer étoit à Pignerol en 1662. D'ailleurs, comment auroit-on transféré le duc de Beaufort en France, sans que personne en sût rien?

Les autres (1) ont rêvé le comte de Vermandois, fils naturel de Louis XIV, mort publiquement de la petite vérole, en 1683, à l'armée, et enterré dans la ville d'Arras. Mais il faut être fou pour imaginer qu'on enterra une bûche à sa place; que Louis XIV fit faire un service solennel à cette bûche; et que pour achever la convalescence de son propre fils, il l'envoya prendre l'air à la Bastille pour le reste de sa vie, avec un masque de fer sur le visage.

On a imaginé ensuite (1) que le duc de Montmouth,

(1) Le père Griffet.

(1) Saint-Foix, Essais sur Paris.

à qui le roi Jacques fit couper la tête publiquement dans Londres, en 1685, étoit l'homme au masque de fer. Il auroit fallu qu'il eût ressuscité, que l'ordre des temps eût été changé et que l'année 1662 eût pris la place de 1685; que le roi Jacques eût fait mourir, au lieu de lui, un homme qui lui ressemblât parfaitement; il auroit fallu trouver ce Sosie, qui auroit eu la bonté de se faire couper le cou en public pour sauver le duc de Montmouth; il auroit fallu que toute l'Angleterre s'y fût méprise; qu'ensuite le roi Jacques eût prié instamment Louis VIV de vouloir bien lui servir de sergent et de geolier. Louis XIV, ayant fait ce petit plaisir au roi Jacques, n'auroit pas manqué d'avoir les mêmes égards pour le roi Guillaume et pour la reine Anne, avec lesquels il fut en guerre.

Toutes ces illusions étant dissipées, il reste à savoir qui étoit de prisonnier toujours masqué, auquel on avoit donné un nom italien, car on l'appela toujours Marchiali. (Voyez le 5 septembre.)

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D'après le journal de du Jonca, il paroît certain qu'après la mort de ce prisonnier, il y eut ordre de brûler généralement tout ce qui avoit été à son usage, comme linge, habits, matelas, couvertures, et qu'on poussa même les précautions jusqu'à défaire les carreaux de sa chambre, dans la crainte qu'il n'eût caché quelque billet ou fait quelque marque qui eût pu aider à faire découvrir qui il étoi1.

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L'an 1796, le 19 novembre, Mort de Catherine II, impératrice de Russie.

Catherine II Alexiewna, impératrice de Russie, fille du prince d'Anhalh Zerbst, gouverneur de Stettin

dans la Pomeranie prussienne, se nommoit dans sa jeunesse Sophie-Auguste d'Anhalth: elle ne prit le. nom d'Alexiewna qu'en embrassant le rit grec, pour épouser son cousin germain Charles-Frédéric, duc de Holtscin-Gottorp , que l'impératrice Elisabeth. avoit appelé auprès d'elle, après l'avoir fait élire graud-duc de Russie, et désigné pour son successeur. Catherine, dirigée par une mère ambitieuse, s'attacha à se faire des partisans, et à se créer dans l'Etat un parti indépendant de celui de son époux. Ayant avec les grâces de son sexe un esprit vaste et hardi, le goût des connoissances, l'amour, extrême du travail et du plaisir, une ambition profonde, et ne redoutant rien pour arriver à son but, elle ne tarda pas à devenir puissante et redoutée. Vainement des intrigues galantes avec le chambellan Solticoff, le polonais Pòniatowski, Grégoire Orloff, avoient-elle détruit, tout accord entre elle et le grand-duc; en vain l'impératrice Elisabeth lui avoit elle-même témoigné quelques mécontentemens, Catherine s'attacha le peuple par des pratiques de dévotion, les grands par son accueil séduisant, l'armée par ses largesses. A la mort d'Elisabeth, le grand-duc monta sur le trône sous le nom de Pierre III: elle avoit à le redouter; bientôt une rébellion, couronnée du succès, ôta l'empire à ce prince pour le donner à son épouse. (V. leg et le 17 juillet. )

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L'empereur de Russie, écrivoit alors le roi de » Prusse, a été détrôné par son épouse: on s'y at» tendoit. Cette princesse a beaucoup d'esprit, et les » mêmes inclinations que la défunte Elisabeth: elle » n'a aucune religion; mais elle contrefait la dévote,

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