Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Charles VI, naquit à Vienne le 13 mai 1717, et épousa, le 12 février 1736, François de Lorraine, qui parvint depuis à l'empire sous le nom de François Ier.

Charles VI étant mort en 1740, l'électeur de Bavière fut élu empereur à Francfort par les armes de la France, sous le nom de Charles VII. Cet électeur s'étoit déjà emparé de l'Autriche et de la Bohême, tandis que le roi de Prusse, de son côté, s'emparoit de la Silésie. Ce qui restoit des dépouilles de Charles VI étoit sur le point d'être enlevé à sa fille, et il sembloit que la maison d'Autriche alloit être ensevelie dans le tombeau de son dernier empereur.

Marie-Thérèse, obligée de quitter Vienne, alla se jeter dans les bras des Hongrois; ayant assemblé les quatre ordres de l'Etat, elle parut au milieu d'eux, tenant entre les bras son fils aîné, encore au berceau, et leur parlant en latin, elle leur dit avec cette grâce, cet air de grandeur et de majesté qui ont toujours accompagné cette princesse : « Abandonnée de mes amis,

[ocr errors]

>>

[ocr errors]

persécutée par mes ennemis, attaquée par mes plus proches parens, je n'ai de ressource que dans votre fidélité, dans votre courage et dans ma constance. » Je remets entre vos mains la fille et le fils de vos »rois, qui attendent de vous leur salut. » Tous les palatins attendris, tirent leurs sabres, en s'écriant avec transport: Moriamur pro rege nostro Theresia.

Marie étoit enceinte alors, et il n'y avoit pas longtems qu'elle avoit écrit à la duchesse de Lorraine, sa belle-mère : « J'ignore encore s'il me restera une ville » pour faire mes couches. » Dans cet état elle excitoit le zèle de ses Hongrois, elle ranimoit en sa faveur l'Angleterre et la Hollande; elle négocioit avec le roi de

Sardaigne, et pressoit les levées dans la Bohême et dans l'Autriche.

Son nom déjà célèbre, et l'histoire de ses malheurs portée jusqu'au fond de l'Esclavonie et sur les bords de la Drave, enflamment les habitans de ces contrées sauvages de cet enthousiasme martial qui animoit tous ses sujets. Il sort de ces pays barbares des bandes nombreuses, si connues depuis sous le nom de Pandours et de Talpaches, dont la bravoure impétueuse, l'habillement singulier et l'air affreux, jetoient partout l'épouvante, et gravèrent pour long-tems dans la mémoire des ennemis de leur reine, le souvenir de leur figure et de leurs actions.

Le courage de Marie-Thérèse la secourut autant que ses propres sujets et ses alliés. Enfin, après une guerre de huit ans, elle parvint à faire une paix avantageuse, qui lui assura la possession de l'immense héritage que ses ancêtres lui avoient transmis.

Cette illustre princesse, la gloire de son sexe, le modèle des reines, des épouses et des mères, par sa piété sincère et éclairée, par sa grandeur d'âme, par la sagesse de son gouvernement, par son amour conjugal, par sa tendresse maternelle, par sa bonté compatissante pour les malheureux, descendit dans le tombeau avec le beau nom de mère de la patrie, qu'elle avoit mérité

Par

quarante ans de bienfaits répandus sur ses peuples. Marie-Thérèse, sans autre garde que le cœur de ses sujets, se rendoit également accessible à tout le monde. « Je ne suis qu'un gueux de paysan, disoit un pauvre >> laboureur de Bohême; mais je parlerai à notre bonne >> reine quand je voudrai, et elle m'écoutera comme si j'étois un monseigneur. »

[ocr errors]

Cette généreuse impératrice, rentrant un jour dans son palais, aperçoit une femme et deux enfans qui se traînoient à ses pieds; la faim les avoit arrachés de leur chaumière « Qu'ai-je donc fait à la Providence, s'é» cria Marie-Thérèse, pour qu'un semblable malheur » arrive sous mes yeux? » Dans l'instant elle leur fait apporter son dîner, et ne se nourrit elle-même que des larmes qu'elle répand.

Quelque tems après la mort de François Ier, son époux chéri, elle fit faire son propre cercueil, et cousut elle-même son linceuil : c'est dans cette robe funèbre, faite dans le plus grand secret, de sa main, qu'elle a été ensevelie.

mnm

HISTOIRE.

L'an 886, le 30 novembre, Paix honteuse de Charlesle-Gros avec les Normands.

Vers la fin de l'année 885, les Normands (1) firent une descente en France par la Seine; et après avoir pillé Rouen et Pontoise, ils vinrent mettre lę siège devant Paris.

Cette ville, qui ne consistoit encore que dans la cité, étoit entourée de murailles flanquées de tours de distance en distance. On n'y entroit que par deux ponts, le Petit-Pont et le Pont-au-Change. Ghacun de ces ponts étoit défendu par deux tours, à la place desquelles on bâtit dans la suite le grand et le petit Châtelet.

Les Normands mirent le feu à la tour du petit Châtelet, et la détruisirent entièrement : pour celle du grand Châtelet, ils ne purent s'en rendre maîtres. Abbon, auteur contemporain, rapporte qu'après avoir tâché de combler les fossés de cette tour avec des fascines, et même avec des boeufs et des vaches qu'ils tuèrent exprès, ils y jetèrent les corps d'une partie des prisonniers qu'ils avoient faits, et qu'ils égorgèrent pour leur servir de pont; que Gozlin, évêque de Paris, saisi d'horreur et d'indignation à ce trait d'inhumanité,

(1) Les Normands, c'est-à-dire hommes du Nord, étoient des habitans des bords de la mer Baltique, qui, dès le quatrième siècle, commencèrent à porter la désolation et le ravage dans l'Europe et jusques dans l'Afrique.

lança un javelot et tua un de ces barbares, que ses camarades jetèrent aussitôt avec les autres. Le siége dura une année et demie. On en connoît peu qui aient été poussés avec plus de vigueur et d'acharnement. Les Parisiens le soutinrent avec un courage inébranlable : ils avoient à leur tête non seulement Eudes, que sa valeur éleva depuis sur le trône de France, mais encore leur évêque Gozlin, qui chaque jour, après avoir donné la bénédiction à son peuple, se mettoit sur la brêche, casque en tête, un carquois sur le dos et une hache à sa ceinture, et ayant planté une croix sur le rempart, combattoit à sa vue. Ce prélat mourut de ses fatigues au milieu du siége, laissant une mémoire respectable et chère; car s'il arma des mains que la religion réservoit seulement au ministère de l'autel, il les arma pour cet autel même, et pour ses concitoyens, qu'il empêcha de devenir la proie des barbares.

le

Les Parisiens éprouvèrent toutes les horreurs qu'entraînent dans un long siége, la famine et la contagion, et ne furent point ébranlés. Au bout de ce temps l'empereur Charles-le-Gros, roi de France, parut enfin à leur secours sur le mont de Mars, qu'on appelle aujourd'hui Montmartre; mais il n'osa pas attaquer les Normands: il ne vint que pour acheter une trève honteuse. Ces barbares quittèrent Paris pour aller piller la Bourgogne, tandis que Charles retournoit en Allemagne, où les grands, indignés d'avoir à leur tête un prince si méprisable, le déposèrent solennellement à la diète de Tibur. (Voyez le 11 novembre.)

« ZurückWeiter »