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Il seroit à desirer que les gens de bien eussent suivi dans tous les tems le conseil plein de courage que Tullie donne à un Romain qui veut abandonner sa patrie:

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TULLIE.

Ah! la vertu qui fuit ne vaut pas le courage

Du crime audacieux qui sait braver l'orage!

Que peut craindre un Romain des caprices du sort,
Tant qu'il lui reste un bras pour se donner la mort?
Ayez-vous oublié que Rome est votre mère ?
Demeurez, imitez l'exemple de mon père,
Et de votre vertu ne nous vantez l'éclat,
Qu'après une victoire ou du moins un combat.
On n'encensa jamais la vertu fugitive,

Et celle d'un Romain doit être plus active;
On ne le reconnoît qu'à son dernier soupir :

Son honneur est de vaincre, et vaincu, de mourir.

La catastrophe faisoit la plus grande impression. L'instant où Tullie découvre le voile qui cache la tête de son père, sur la tribune aux harangues, et l'expression admirable avec laquelle mademoiselle Clairon rendoit toute la force de cette position terrible, formoient un coup de théâtre qui déchiroit l'ame des spectateurs.

HISTOIRE.

L'an 1525, le 24 décembre, Mort de Vasco de Gama.

C'est ce navigateur célèbre qu'Emmanuel-le-Grand, roi de Portugal, fit partir en 1497, avec une flotte, pour suivre le projet qui avoit échoué tant de fois, de s'ouvrir une route aux Indes orientales par l'Océan : cette entreprise étoit regardée comme téméraire et impraticable, parce qu'elle étoit nouvelle.

Gama et ceux qui eurent la hardiesse de s'embarquer avec lui, passèrent pour des insensés qui se sacrifioient de gaieté de cœur. Ce n'étoit qu'un cr ans la ville contre le roi. Tout Lisbonne vit partir avec indignation et avec larmes ces aventuriers, et les pleura comme morts. Cependant l'entreprise réussit, et fut le premier fondement du commerce que l'Europe fait aujourd'hui avec les Indes.

Vasco de Gama fit trois voyages par mer dans l'Inde. Au premier, il doubla le cap de Bonne-Espérance; mais il revint sans avoir eu de grands succès. Il partit pour le second en 1502, et revint avec treize vaisseaux chargés de richesses. Il repartit en 1524, nommé viceroi des Indes par le roi Jean III. Il établit son siége à Cochin, où il mourut.

Emmanuel l'avoit nommé amiral des mers des Indes, Perse et Arabie, et ce titre a été conservé à ses descendans; il fut créé grand de Portugal; il fut honoré du don pour lui et pour sa postérité.

L'an 1734, Le feu ayant pris, dans la nuit du 24 aư 25 décembre, au palais du roi d'Espagne, à Madrid, consume les meubles les plus précieux, les tableaux les plus rares, la plus grande partie des archives de la couronne, et toutes celles qui regardent les Indes.

L'an 1800, le 24 décembre, Attentat du 3 nivose,

Le 24 décembre, à huit heures du soir, le premier consul se rendoit à l'Opéra avec un piquet de sa garde, pour assister à la première représentation de l'Oratorio d'Haydo. Arrivé à la rue Saint-Nicaise, en face de celle de Malte, une mauvaise charrette, attelée d'un petit cheval, et gardée par un enfant, complice innocent des plus grands, criminels, se trouvoit placée de manière à embarrasser le passage. Elle contenoit un baril de poudre cerclé en fer, et renfermant quantité de balles. A ce baril tenoit un canon de fusil solidement fixé, garni de sa batterie, mais ayant la crosse coupée. Les premiers gardes de Bonaparte font ranger cette charrette; mais, à peine passés, on la remet dans sa première position les gardes qui suivent la font de nouveau retirer. Le cocher, quoiqu'allant extrêmement vite, eut l'adresse de l'éviter. Quelques secondes après que le consul fut passé, une explosion terrible casse les glaces de sa voiture, blesse le cheval du dernier homme du piquet de sa garde, ébranle les maisons environnantes, au nombre de quarante-six, brise toutes les vitres du quartier, tue et blesse plusieurs personnes qui passoient, et des propriétaires de maisons voisines. La détonation est entendue de tout Paris. Une bande de roue de la charrette est jetée par dessus les toits,

dans la cour du second consul Cambacérès. Un moment après, Bonaparte fait arrêter sa voiture, demande ce que c'étoit? Il manquoit un grenadier à cheval de sa garde; il fait courir à l'endroit de l'explosion, le cheval seul avoit été blessé. Le premier consul envoie dire à madame Bonaparte qui le suivoit, de retourner aux Tuileries : elle étoit avec sa fille et madame Murat dans sa voiture, sur la place du Carrousel, quand le coup partit. Les glaces de sa voiture furent brisées, ses chevaux effrayés s'arrêtèrent; mais elle ordonna aussitôt de poursuivre, afin de partager les périls de son époux. Sa sollicitude fut bientôt calmée, à la rencontre des gardes qui venoient la rassurer sur les jours du premier consul.

Bonaparte étoit dans sa voiture, accompagné des généraux Lannes et Bessière, et de son aide-de-camp Lauriston. Il continua son chemin, et assista à l'Oratorio, où il resta avec sa famille jusqu'à ce que la toile fût baissée.

Dans l'après-midi de ce jour, deux particuliers passoient sur le Pont-Neuf, on entendit l'un dire : « Il est » tems. » L'autre lui répond: « Non; nous entendrons » la boîte.» (Ils furent arrêtés.)

Parmi les victimes de l'explosion de la machine infernale, se trouva M. Trepsat, architecte, recommandable par ses talens et par ses qualités personnelles. Il fut couvert de blessures, et pendant qu'on levoit l'appareil, il disoit : « J'aime encore mieux que >> cet accident me soit arrivé qu'au premier consul; car » où en serions-nous si Bonaparte eût péri?» Ses blessures lui nécessitèrent l'amputation d'une cuisse; il marche avec une jambe de bois : pour le récompenser,

le premier consul l'a nommé architecte du palais de Versailles.

En revenant de l'Oratorio, Bonaparte trouva rassemblés chez lui les ministres, les conseillers d'Etat et les généraux qui s'y étoient rendus pour recevoir ses ordres. Ce même jour, et les jours suivans, plusieurs membres des autorités constituées se rendirent chez lui pour le féliciter d'avoir échappé à ce nouveau danger. Il ne reçut pas sans émotion ces témoignages d'un si vif et si unanime intérêt ; et entr'autres choses qu'il dit aux maires de Paris, on a recueilli celles-ci : « J'ai » été touché des preuves d'affection que le peuple m'a » données dans cette circonstance. Je les mérite, parce » que l'unique but de mes désirs et de mes actions est » d'accroître sa prospérité et sa gloire. Tant que cette poignée de brigands m'a attaqué directement, j'ai » dû laisser aux lois et aux tribunaux ordinaires leur >> punition; mais puisqu'ils viennent, par un crime sans

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exemple dans l'histoire, de mettre en danger une > partie de la cité, la punition sera aussi prompte >> qu'exemplaire.

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» Assurez, en mon nom, le peuple de Paris, que » cette centaine de misérables-qui ont calomnié la liberté par les crimes qu'ils ont commis en son nom, » seront désormais mis dans l'impuissance absolue de » faire aucun mal. Que les citoyens n'aient aucune inquiétude, je n'oublierai pas que mon premier de>> voir est de veiller à la défense du peuple contre ses » ennemis intérieurs et extérieurs. »

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Un arrêté des consuls, du 11 nivose, mit deux cent mille francs à la disposition du ministre de l'intérieur pour les secours à accorder aux femmes et aux enfans

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