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HISTOIRE.

L'an 1706, le 9 décembre, Mort de Pierre II, roi de Portugal.

Le roi Pierre II (1) étoit si sobre, qu'il mangeoit la plupart du tems seul, assis par terre sur un morceau de liége, et n'ayant qu'un seul domestique pour le servir; il ne buvoit jamais de vin, et ne permettoit pas qu'on approchât de lui après en avoir bu.

Dans les premières années de son régne, on ne connoissoit d'autres légumes en Portugal, qu'une mauvaise espèce de choux, l'ail et les ognons. C'est depuis ce prince, qu'on voit abonder en ce royaume toutes sortes de légumes et de fruits délicats; il faut en excepter les oranges, beaucoup plus anciennes que lui en Portugal.

Il eut beaucoup de peine à remédier à un traité désavantageux qu'il avoit conclu avec l'Angleterre. Cette dernière puissance s'étoit engagée à prendre tous les vins du Portugal en échange du produit de ses manufactures, ce qui fit bientôt convertir tous les champs de blé en vignes, de sorte que ce royaume regorgeoit de vin, et se trouva manquer absolument de pain.

L'an 1759, le 9 décembre, Entrée de don Carlos à Madrid.

Après la mort de Ferdinand VI, roi d'Espagne,

(1) Pierre II étoit monté sur le trône de Portugal le 23 septembre 1667, après la déposition de son frère Alphonse VI, pour cause de folie.

don Carlos, son frère consanguin, fut appelé, par droit de succession, à cette monarchie; mais comme, les derniers traités, les couronnes d'Espagne et par des Deux-Siciles, ne pouvoient être réunies sur une même tête, ce prince, après avoir fait constater de la manière la plus authentique, l'imbécillité et l'incapacité de l'infant don Philippe, son fils aîné, déclara pour son successeur au royaume des Deux-Siciles, don Ferdinand, son troisième fils, et s'embarqua ensuite pour l'Espagne, emmenant avec lui l'infant Charles-Antoine, son deuxième fils, pour lui succéder au trône d'Espagne.

Charles-Antoine lui a effectivement succédé en 1788.

HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE, DES SCIENCES
ET DES ARTS.

L'an 1642, le 9 décembre, Le chancelier Séguier est nommé protecteur de l'Académie française. Après la mort du cardinal de Richelieu, l'Académie s'assembla pour se choisir un protecteur. Les suffrages furent d'abord partagés, un grand nombre se déclaroient pour le cardinal Mazarin qui succédoit à Richelieu. Ce ministre jouissoit alors de la faveur publique : l'administration sévère de son prédécesseur faisoit aimer la douceur et la modération de son caractère; `et l'on espéroit beaucoup de ses connoissances diplomatiques. D'autres académiciens auroient voulu choisir le duc d'Enguien qui fut depuis le grand Condé. Ce prince ne s'étoit pas encore distingué par son génie et par des exploits; mais il montroit un goût décidé pour la littérature. Cependant le parti le plus nombreux et le plus raisonnable portoit le chancelier Séguier:

Ce grand magistrat avoit concouru avec Richelieu à l'établissement de l'Académie; il en suivoit assidument les séances : tout le rendoit digne de cette place; il y fut nommé, et reçut avec plaisir cette fonction. L'Académie, depuis cette époque, s'assembla dans son hôtel: lorsqu'il mourut, le roi s'en déclara protecteur, et la logea au Louvre.

Pendant que l'Académie s'assembloit chez le chancelier, la fameuse Christine, reine de Suède, vint à une des séances. On lui présenta le dictionnaire qui n'étoit pas encore imprimé, et le hasard voulut qu'en l'ouvrant, elle tombat sur le mot jeux de prince. L'explication l'étonna, elle est en ces termes : ce sont des jeux qui ne plaisent qu'à ceux qui les font. L'Académie fut unmoment embarrassée; mais, la reine ayant souri, tout le monde fit de même, et la définition resta.

HISTOIRE RELIGIEUSE.

L'an 1669, le 9 décembre, Mort de Clément IX.

Jules Rospigliosi Clément IX avoit succédé au pape Alexandre VII; il travailla heureusement à pacifier l'Eglise de France, troublée par les disputes qui regardoient le formulaire. La paix fui conclue en 1668, par le concours des deux puissances.

Ce pape avoit fort à cœur le secours de Candie assiégé par les Turcs; et, outre celui qu'il y envoya par lui-même, il en procura un plus considérable de la part de la France; mais tous ses soins ne purent empêcher que la place ne fût prise. Le chagrin qu'il ressentit de cette perte, le conduisit au tombeau.

HISTOIRE.

L'an 1508, le 10 décembre, Ligue de Cambrai.

Cette ligue fut conclue contre les Vénitiens, entre le pape Jules II, l'empereur Maximilien, le roi de France et le roi d'Espagne. Ce fut un événement inouï jusqu'alors, que la conspiration de tant de princes contre une république, qui, trois cents années auparavant, n'étoit qu'une ville de pauvres pêcheurs.

Le pape Jules II, né à Savonne, domaine de Gênes, voyoit avec indignation sa patrie sous le joug de la France. Un effort que fit Gênes en ce tems-là, pour recouvrer son ancienne liberté, avoit été puni par Louis XII, avec plus de faste que de rigueur. Il étoit entré dans la ville, l'épée nue à la main; il avoit fait brûler, en sa présence, tous les priviléges de la ville; ensuite ayant fa t dresser son trône dans la grande place, sur un échafaud superbe, il fit venir les Génois au pied de l'échafaud, qui entendirent leur sentence à genoux ; il ne les condamna qu'à une amende de cent mille écus d'or, et bâtit une citadelle, qu'il appela la Bride de Génes.

Le pape qui, comme tous ses prédécesseurs, auroit voulu chasser tous les étrangers d'Italie, cherchoit à renvoyer tous les Français au-delà des Alpes; mais il vouloit d'abord que les Vénitiens s'unissent avec lui, et commençassent par lui remettre beaucoup de villes que l'Eglise réclamoit. Ses propositions ayant été rejetées, Jules II se servit alors, contre Venise, des

Français mêmes, contre lesquels il eût voulu l'armer. Ce ne fut pas assez des Français, il fit entrer toute l'Europe dans la ligue.

Presque tous les potentats, ennemis les uns des autres, suspendirent leur querelle pour s'unir ensemble à Cambrai contre Venise. Jamais tant de rois ne s'étoient ligués contre l'ancienne Rome. Venise étoit aussi riche qu'eux tous ensemble. Elle se confia dans cette ressource, et surtout dans la désunion qui se mit bientôt entre tant d'alliés. Il ne tenoit qu'à elle d'apaiser Jules II, principal auteur de la ligue; mais elle dédaigna de demander grâce, et osa attendre l'orage. C'est peut-être la seule fois qu'elle ait été téméraire.

Les excommunications, plus méprisées chez les Vénitiens qu'ailleurs, furent la déclaration du pape. Louis XII envoya un héraut d'armes annoncer la guerre au doge; il redemandoit le Crémonois, qu'il avoit cédé lui-même aux Vénitiens quand ils l'avoient aidé à prendre le Milanais.

Cette rapidité de fortune qui a toujours accompagné les Français dans les commencemens de toutes leurs expéditions, ne se démentit pas. Louis XII, à la tête de son armée, détruisit les forces vénitiennes à la célèbre journée d'Agnadel, près de la rivière d'Adda. Alors chacun des prétendans se jeta sur son partage. Jules II s'empara de toute la Romagne: ainsi les papes qui devoient, dit-on, à un empereur de France leurs premiers domaines, durent le reste aux armes de Louis XII.

L'empereur, de son côté, s'empara de Trieste, qui est resté à la maison d'Autriche jusqu'à la paix de Presbourg. Il n'y eut pas jusqu'au duc de Ferrare et

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