fermé & une demeure de paix; de forte, qu'en m'occupant au-dehors, pour fatisfaire à mes obligations, je ne perde jamais la tranquillité & le recueillement ? mettez une fûre garde à ma bouche, & comme un cachet fur mon cœur afin qu'il n'en forte & qu'il n'y entre rien qui puiffe vous empêcher d'y venir faire votre demeure. Ainfi foit-il.

DE LA FÊTE DE NOEL.

Il faut recevoir avec joie celui qui a été attendu avec défir. Il faut paffer cette bienheureuse nuit qui a donné au monde le Sauveur des hommes, dans des Cantiques d'allégreffe, & dans des fentimens de reconnoiffance. Il faut donc pendant cette nuit adorer ce Dieu fait Enfant pour notre falut, & se retirer enfuite avec modeftie, pour prendre quelque repos, & retourner à la Mefle du point du jour, & paffer cette journée comme on a coutume de faire dans les autres grandes Fêtes.

Prière pour le Jour de Noël. Eigneur, qui ne defcendez fur la terre, que pour nous apprendre à nous en détacher, & pour nous élever au Ciel opérez dans mon ame ce que vous venez de faire dans le monde; embrafez la du feu que vous venez d'allumer fur la terre. Faites-moi renaître avec vous; mettez dans mon cœur les faintes difpofitions du vôtre, gravez-y l'amour de la pauvreté, du mépris, de la fouffrance & de l'obéiffan

ce; puifque vous daignez vous affujettir à mes mifères, rempliffez-moi de vos dons, changez-moi en vous.

O divin Enfant ! fouffrez que je m'approche de votre Crêche, recueillez mes fens, réuniffez mes penfées & mes affections, afin que je vous contemple dans la Crêche, & que je médite avec fruit toutes les circonftances de votre Naiffance.

Souverain maître du Ciel & de la terre, je vous adore dans la pauvreté que vous avez embraffée , pour nous enrichir

des biens du Ciel: ô Etable! ô Crêche! où naît mon Roi que votre fouvenir éteigne en moi l'ardeur avec laquelle je cherche mes commodités; qu'il étouffe les plaintes que j'ai accoutumé de faire, quand je reffens quelques effets de la pauvreté.

O Dieu de Majefté ! qui naiffez fous la forme d'un efclave, pour nous retirer de l'esclavage du démon, je vous conjure par cette prodigieufe humiliation, de me faire jouir de la liberté de vos enfans bienaimés, & de ne jamais permettre que je faffe fervir au péché les puiffances de mon ame, & les membres de mon corps: que votre naiffance me procure une entière victoire fur toutes mes paffions; afin qu'après vous avoir fervi en ce monde, je regne avec vous dans le Ciel.

O Dieu caché! Dieu enfant, que votre filence dans la Crêche et éloquênt ! éle

vez donc votre pauvre créature au nombre de vos Difciples, apprenez - moi de cette chaire de vérité, à être douce & humble de coeur; cachez à mes yeux le bien que vous avez mis en moi; faites que je devienne petite, & que je m'anéantiffe pour honorer la fouveraineté de votre nature, & les abaiffemens de votre adorable humanité : oui, mon Dieu, plus je vous vois petit, plus je comprends la grandeur de votre amour. Votre état d'enfant me donne la confiance de m'approcher & de vous dire du fond de mon cœur , que je vous aime d'autant plus que vous êtes plus profondément abaiffé pour moi.

O bienheureuse Vierge ! qui ne pouvez vous laffer d'admirer la grandeur & la baffeffe de votre divin Fils, ni affez reconnoître le choix qu'il a fait de vous pour être fa Mère: fouffrez que je contemple avec vous l'excès de fon amour pour les hommes: priez-le de verfer dans mon cœur quelques gouttes de ce torrent de délices, que vous goûtez à la vue de votre Dieu fait homme.

Efprits céleftes, qui rendez gloire à Dieu de fon amour pour les hommes, & qui promettez de fa part une véritable paix à ceux qui le ferviront en efprit & en vérité, agréez que je m'uniffe à vous pour adorer notre commun Roi; aidez

moi à remercier le Père éternel de nous avoir envoyé un Sauveur; obtenez-moi la grace de profiter de fon avènement & de faire toujours ici-bas fa volonté comme vous la faites dans le Ciel. Ainfi foit-il.

PRATIQUE

Pour les trois derniers jours de l'année.
POUR LE PREMIER JOUR.

L faut remercier Dieu de tous les biens qu'il nous a faits, de nous avoir créés, confervés, rachetés & appellés à la Foi & à la Religion Catholique, & auffi de ceux qu'il nous a faits en particulier.

POUR LE SECOND JOUR.

IL faut demander pardon à Dieu de tous les péchés

que nous avons commis pendant cette année, fondant & examinant le fond de notre ame, les vanités & les curiofités de notre efprit, les affections & les averfions de notre coeur; enfin toutes nos mauvaifes inclinations, pour les détefter, & demander à Dieu la grace de s'en corriger..

I

POUR LE TROISIEME JOUR.

L faut prendre la réfolution d'aller mezer une vie toute nouvelle, par la pratique des vertus qui nous font les plus néceffaires, & commencer l'année, qui fera peut-être la dernière de notre vie, avec toute la ferveur & la vigilance poffible, & un attachement conftant à tous nos devoirs.

DE LA FÊTE

DE LA CIRCONCISION. Cette Fête arrive le premier jour de l'année, & elle nous représente le Fils de Dieu Circoncis, & rece vant le nom de JESUS. Il faut donc le prier en ce jour d'être vraiment notre Sauveur, de laver par fon Sang les fautes de toutes les années paffées, & de fanctifier par le même Sang, toutes les actions que l'on fera dans l'année que l'on commence.

Jefus ! le plus beau & le plus faint

des enfans des hommes, pourquoi voulez-vous porter fur votre Corps innocent la marque honteufe du péché ? Vous êtes le Fils unique du Père Éternel & l'objet de fon affection, vous êtes le Dieu d'Ifraël & l'auteur de la Loi; fouvenez-vous donc, Seigneur, que cette Loi n'oblige que les malheureux enfans d'Adam, & que vous êtes venu en ce monde pour l'abolir.

O bonté incompréhenfible de mon Dieu! vous voulez que le couteau qui donne le dernier coup à la Loi de rigueur, s'émouffe fur votre facré Corps, & en faffe couler le Sang adorable! ô gage affuré de l'amour de Jefas-Chrift pour les pécheurs, purifiez moi de toutes fouillures! beaume précieux! guériffez toutes les plaies de mon ame, & la fortifiez! O Agneau fans-tache, qui vous affujettiffez au jour humiliant & douloureux de la Loi, pour nous en délivrer 2

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