devant les yeux & qui leur fait efpérer celle de tout le corps. Tout le temps Pafchal eft comme une Fête qui nous repréfente celle de l'éternité; & c'est pour cela que l'Eglife, durant ce temps, interrompt fes jeûnes & fes autres mortifications, pour mieux faire concevoir à fes enfans la part qu'ils doivent prendre à la joie & à la gloire de fon Epour.

Prière pour le Saint jour de Pâques.

Dleu tout-puiffent, qui avez reffufcité

l'Humanité fainte de v votre Fils , pour faire revivre en lui ceux qui étoient morts en Adam, je vous rends graces de l'avoir couronné de gloire & d'honneur, & de l'avoir établi Juge des vivans & des morts. Faites, s'il vous plaît, ô mon aimable Père ! qu'étant morte & enfevelie avec lui par le Baptême, je fois pleinement affranchie de la mort du péché; faites qu'il ne paroiffe plus rien en moi qui reffente le vieil homme, & que je vive de la vie de Jefus-Chrift reffufcité; communiquez à mon ame les qualités du Corps glorieux de mon divin Chef, afin que ce corps de mort auquel elle eft affujettie ne foit pas un obstacle à ma perfection.

Je ne vous demande pas, Seigneur d'être délivrée des misères & des fouffrances de cette vie, mais je vous prie de me faire la grace de n'y pas fuccomber. Je vous demande votre fecours contre

les traits enflammés du malin efprit, & contre la violence de mes paffions; de forte que mon ame foit comme impaffible. Au lieu de l'agilité qui eft propre aux corps glorieux, donnez-moi un coeur docile à vos faintes infpirations, & aux volontés de mes Supérieurs faites que je ne tombe jamais dans la tiédeur.

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Je crois, mon aimable Jefus , que vous vous êtes livré à la mort pour faire mourir le péché, & que vous êtes reffufcité glorieux afin que nous devenions par vous les héritiers de la vie éternelle. Je me réjouis de vous voir affranchi des misères auxquelles vous vous étiez affujetti pour l'amour de nous, & de nous voir recouvrer dans cette feconde naiffance la gloire & tous les avantages dont vous vous étiez dépouillé dans la première. Je vous adore comme le fouverain Prêtre & le Fils unique du Dieu vivant les prémices & le premier né de tous ceux qui reffufciteront pour la gloire le vainqueur de la mort & de l'enfer. Je vous conjure par toutes ces qualités fi glorieufes, de me communiquer l'efprit de votre fainte Réfurrection afin que comme elle eft l'objet de ma foi & le motif de mon espérance, elle foit le modèle & le principe de ma réfurrection fpirituelle. Hélas! mon ame eft comme enfevelie depuis long-temps dans fes mauvaises habitudes !

habitudes Renverfez donc cette pierre rompez fes liens, afin que je célèbre la fête de votre Réfurrection par la mienne.

O Jefus ! qui êtes notre véritable Pâque, purifiez-moi du vieux levain, créez au dedans de moi un efprit droit & un cœur nouveau faites-moi paffer de la tiédeur & de la diffipation où je vis, à une fainte ferveur & à une vie toute intérieure. Ne permettez pas que ma réfurrection ne foit qu'apparente, ou de peu de durée; ne permettez pas auffi que je change la joie fpirituelle du temps Paschal en une joie vaine & diffipante: faites que je porte dans mon corps votre mortification, & qu'il foit un jour revêtu d'incorruptibilité & d'immortalité. Apprenez-moi, mon adorable Maître, à mener une vie dégagée des fens, à ne converfer que rarement avec les créatures, & à ne m'entretenir que de votre Royaume; accordez-moi la grace de vous y fuivre & de célébrer avec vous votre Pâque éternelle. Ainfi foit-il.

DE LA FÊTE DE L'ASCENSION.

Il faut adorer en ce jour JESUS-CHRIST montant au Ciel, le fuivant de cœur dans fa gloire, le priant d'enlever avec lui tous nos défirs, & de nous délivrer du péché; parce que le péché ne peut accompagner celui qui n'eft defcendu de Ciel que pour le détruire,

H

A

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Prière pour le jour de l'Afcenfion. Dorable Jefus, qui avez promis de placer avec vous dans la gloire tous ceux qui vous glorifient ici-bas par leurs fouffrances attirez-moi promptement à Vous & ne me laiffez pas orpheline & fans fecours; le poids de mes inclinations déréglées & de mes mauvaises habitudes m'entraîne avec violence dans le péché : ce corps de mort & de corruption, auquel vous avez affujetti mon ame, l'appefantit de telle forte, qu'elle porte toutes fes penfées, toutes fes affections & tous fes foins vers la terre, fans fonger que fon Dieu, fon Père & fon tréfor font dans le Ciel.

O Dieu tout-puiffant ! brifez les chaînes qui m'attachent aux fujets fenfibles & qui tiennent mon ame captive fous la cruelle tyrannie de mes paffions & du péché. Que la vue de votre triomphante Afcenfion dans le Ciel, allume dans le fond de mon cœur un ardent défir de vous fuivre & de m'unir à vous; que je méprife & que je haïffe fincèrement tout ce qui peut m'empêcher d'arriver à vous, ou m'arrêter dans ma courfe; que je m'élève fans ceffe par une fainte ambition au-deffus de tout ce qui eft créé, & qui doit finir; que je ne refpire que le Ciel, & que je n'afpire jamais qu'à la bienheureuse éternité; elle eft ma patrie, mon hérita

ge, & le Royaume de mon Père célefte & de mon divin Chef: c'est-là que vous m'avez préparé une place, & que vous m'attendez. Ne permettez pas ô mon Dieu, que j'oublie jamais ce bienheureux féjour faites-moi goûter par avance les délices dont vous enivrez vos Elus de peur que l'amour des plaifirs du monde ne féduife mon cœur.

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Hélas, Seigneur, je fuis dans ce monde comme une captive fur le bord du fleuve de Babylone! Comment pourraije chanter des Cantiques d'allégreffe dans ce lieu d'exil? La vue des misères qui m'environnent & le fouvenir de la Jérufalem célefte d'où je me vois éloignée, rempliffent mon ame de trifteffe: Je fuis obligée de vivre au milieu d'un nombre infini de puiffans ennemis qui s'éforcent de me faire oublier le Ciel, & de m'empêcher d'y arriver: Je ne puis vous voir ici-bas, ni goûter pleinement la douceur de votre converfation: Je fuis dans un danger continuel de vous offenfer & de vous perdre pour jamais. O le bien-aimé de mon cœur ! voilà ce qui fait que je m'abandonne à la douleur.

O mon Juge puifque je ne mérite pas d'être du nombre de ces bienheureux captifs que vous emmenez en triomphe dans le Ciel, que je vous y fuive défirs de mon cœur, que je ne perde

par les