vous ne puiffiez & ne devez profiter pour acquérir les richesses immortelles. II. Dès que vous entendez l'heure deftinée à votre lever faites-le promptement fans délibérer mais pour Dieu, & en vous faifant un plaifir de vous vaincre pour lui obéir. C'est un trifte préfage pour le refte de la journée, que de la commencer par une infidélité à vos devoirs, & par une immortification; que votre premiere action foit de faire le figne falutaire de la Croix, felon l'ufage des premiers Chrétiens; votre première parole, de prononcer les Saints Noms de Jefus & de Marie; le premier mouvement de votre cœur, de vous offrir à Dieu par un amour fincère & ardent. règles les plus exactes de la pudeur récitez ou quelque Pleaume, ou quelque autre Prière; ou bien occupez-vous de la Méditation que vous avez lue avant que de vous coucher. , IV. Auffi-tôt que vous ferez habillée donnez un temps raisonnable à une prière humble & fervente. On ne peut penfer fans frayeur à la témérité des Chrétiens, qui faute de recourir à Dieu dès le matin, s'expofent à tomber dans les plus grands maux dont lui feul peut les préferver: cette négli gence eft la fource funefte de la corruption & de la perte d'une infinité d'ames. Une perfonne qui ne fe met pas en peine de rendre fes hommages à fon Créateur & de recourir à lui, ne doit-elle pas s'attendre à en être abandonnée ? Quel plus grand malheur ! 2 V. Méditez, le matin, attentivement fur quelque maxime ou fur quelque action de Jefus-Christ. Cette application, qui vous paroit impoffible, vous deviendra très-aifée & très-douce, fi vous en faites un faint ufage. Aimez Dieu & fa Loi & vous y penferez avec plaifir. Ne négligez rien de tout ce qui peut vous faire réuffir dans un exercice fi utile à votre falut, & fi néceffaire à votre perfection. VI. Auffi-tôt que les devoirs de votre état vous appellent, quittez tout, vos prières mêmes, pour obéir à la voix de Dieu. Le ferviteur ne plaît à fon maître, qu'autant qu'il fait fa volonté. 2 VII. Plaignez le temps que vous êtes obligée de donner aux foins du corps. Soy z-en faintement avare & demeurez-en à la néceffité précife. Une Dame qui paffe plufieurs heures à fa toilette, fans y être occupée d'autre penfée que de celle de fe parer, oublie étrangement la fin pour laquelle elle eft créée. Ce temps fi mal ménagé lui coûtera bien cher dans l'autre vie. Une femme véritablement Chrétienne, tâche de nourrir fon ame de quelques réflexions faintes , pendant qu'elle s'habille, felon la fimplicité & la modestie que l'Apôtre recommande fi fort. VIII. A l'égard de la dépenfe, fouvenez-vous qu'un jour vous rendrez à Dieu un compte févère de l'ufage de vos biens, & qu'il ne vous les a pas donnés pour contenter vos paffions: avant donc que de faire aucune dépenfe en meubles en habits en ce qui regarde la table ou les divertiffemens, examinez aux pieds de votre Sauveur mourant nud fur une Croix, fi cette dépenfe s'accorde avec les règles de votre Religion, & fi vous la pouvez faire fans vous mettre en danger d'être hors d'état d'obéir aux loix la charité & de la justice. IX. Ayez en horreur tout divertissement qui déplait à Dieu. Une Chrétienne peut-elle mettre fon plaifir à l'offenfer? Eft-elle fage, quand elle fe permet des fatisfactions qui feront fuivies de cruels remords, & peut-être de la damnation éternelle ? Pourquoi, dit S. Auguftin, prêtez-vous l'oreille à ces plaifirs faux & empoisonnez Ils font faux ils paffent bientôt, ils conduisent à la mort éternelle. Le plaifir eft d'un moment, & le fupplice fera éternel. X. Que la meilleure partie de votre journée foit employée à un travail utile & convenable à votre état. Vous ne pouvez vivre dans l'oifiveté fans contrevenir à l'ordre de Dieu, qui vous a condamnée au travail, fans vous rendre indigne de recevoir de lui votre fubfiftance; puifque celui qui ne travaille point ne mérite point d'être nourri : & s'il condamne une parole inutile, il eft évident que la perte du temps ne peut être permife, fans vous expofer à tomber dans bien des défordres. celui XI. Préfer z au travail purement utile qui eft néceffaire pour vous ou pour la famille dont Dieu vous a chargé. Donnez chaque jour un temps raisonnable à votre temporel, fans quoi le défordre fe mettra bientôt dans Vos affaires ce qui vous expofera à un danger évident de vous perdre, & de faire bien des fautes capitales contre la Juflice. N'oubliez pas que le Commandement du Seigneur vous oblige de faire l'aumône à proportion du bien qu'il vous a donné Examinez devant lui à quoi va pour vous cette obligation.; faut d'y fatisfaire exactement, ne vous rifquez pas à entendre cette épouvantable fentence: faim, & vous avez refufé de me nourrir, allez au feu éternel. J'ai eu XII. Payez très-exactement vos dettes, faitesvous auffi payer ce qui vous eft dû, mais fans ufer d'une trop grande rigueur, puifque larité chretienne vous le défend. XIII. N'entreprenez jamais aucun procès fans avoir tenté toute autre voie pour vous faire rendre Juftice; votre confcience, votre repos vos intérêts même temporels le demandent. Qu'il eft difficile d'accorder les procès avec les règles de la charité, & de s'y plaire, fans rifquer & fon falut & fon bien. XIV. Nourriffez chaque jour votre ame par quelque faiate lecture; fans quoi, vude de la parole de Dieu, & des vérités éternelles, elle tom bera bera bientôt en défaillance fera fans force & fans vigueur , pour réfifter aux tentations : Ne cherchez pas les Livres qui fatisferoient davantage votre curiofité, & dont la lecture vous feroit plus agréable; mais attachez-vous à ceux qui vous remettront vos devoirs devant les yeux. En cela comme en tout le refte, qui regarde votre confcience fuivre le confeil d'un Directeur fage & prudent.. XV. Sanctifiez toutes vos actions en les rapa portant fincèrement à Dieu : il ne récompenfera que ce qui fera fait pour fon fervice: Que fon amour donc, domine tellement dans votre cœur, que toutes vos affections & fur tout l'amour de vous-même, lui foient fubordonnés: Alors fans peine vous n'aurez en vue que fon honneur & fon bon plaifir en toutes vos actions. XVI. Finiffez votre journée par une prière fervente: joignez-y un examen de confcience trèsexact. Rien n'eit plus propre à empêcher que les mauvaises habitudes ne fe forment dans votre cœur. XVII. Couchez-vous après avoir remis avec confiance votre ame entre les mains de Dieu, fans la protection de qui elle est toujours en danger: Qu'il ait les derniers momens de la journée, comme il en a dû avoir les premiers. Erdormezvous dans quelque fainte penfée ; & fi fommeil eft interrompu, profitez de ce temps pour vous fanctifier par quelques élevations de cœur vers notre Seigneur. votre EXERCICE DE PIÉTÉ POUR LA SAINTE MESSE. LA Sainte Meffe eft le plus Saint de tous les actes de Religion & la plus excellente de toutes les Prières: C'eft le Sacrifice où JESUS B CHRIST rend une gloire infinie à fon Père ; & nous applique encore tous les jours la vertu falutaire du Sacrifice de la Croix pour la rémiffion de nos péchés s'offrant réellement lui-même comme victime par les mains du Prêtre, nous l'offrons auffi tous en même temps, & nous nous immolons nous-mêmes avec lui; & comme il y eft toujours en état de Médiateur pour prier fon Père en notre faveur, nos prières unies aux fiennes, en reçoivent un mérite qui les rend très agréables à Diev. C'eft ce qui a toujours porté les véritables fidèles à une dévotion fingulière envers ce grand & divin Mystère; nous y devons auffi prendre part avec tous les fentimens que peut infpirer une folide & fincère piété; & perfuadez que c'eft une représentation réelle, & même une continuation du Sacrifice de notre Seigneur fur la Croix, nous y devons affifter avec les mêmes difpofitions d'efprit & de cœur que nous aurions eues, fi nous l'avions vû mourir fur le Calvaire. PENSÉES CHRÉTIENNES N ous entrerons dans le Temple du Seigneur, & nous l'adorerons dans le lieu qu'il a choifi pour fa demeure. Ce lieu eft 1errible, il est très-faint; en vérité c'est la maison de Dieu & la porte du Ciel. Prenant de l'eau Benite. Vous me purifierez de mes péchés, Seigneur, & je ferai nette; vous me laverez de votre Sang, & je deviendrai plus |