Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

loin de vivre de la Foi, nous la faifons mourir dans notre efprit & dans notre cœur. Nous jugeons en Payens, nous agiffons de même. Qui croiroit ce qu'il faut croire, feroit il ce que nous faifons?

II. Craignons que le Royaume de Dieu ne nous foit ôté, & ne foit donné à d'autres qui en produiront mieux les fruits. Ce Royaume de Dieu eft la Foi, quand elle eft régnante & dominante au milieu de nous. Heureux qui a des yeux pour voir ce Royaume la chair & le fang n'en ont point. La fageffe de l'homme animal eft aveugle là-deffus, & veut l'être. Ce que Dieu fait intérieurement lui eft un fonge. Pour voir les merveilles de ce Royaume intérieur il faut renaître & pour renaître

[ocr errors]
[ocr errors]

il faut mourir. C'est à quoi le monde ne peut consentir. Que le monde méprife donc, qu'il condamne , qu'il fe moque tant qu'il voudra pour nous, mon Dieu, il nous eft ordonné de croire & de goûter le don célefte. Nous voulons être du nombre de vos Élus, & nous favons que perfonne ne peut en être fans conformer fa vie à ce que vous enseignez.

[ocr errors]

II. JOU R.

Sur l'unique chemin du Ciel.
Fforcez-vous d'entrer la
étroite, Ce n'est que par violence

1.

E

par porte

te

qu'on entre dans le Royaume de Dieu. Il faut l'emporter d'affaut comme place affiégée. La porte en eft étroite. Il faut mettre à la gêne le corps du pé ché. Il faut s'abaiffer, se plier, se traîner fe faire petit. La grande porte où paffe la foule & qui fe préfente toute ouvermene à la perdition. Tous les chemins larges & unis doivent nous faire peur. Tandis que le monde nous rit, & que notre voie nous femble douce malheur à nous Jamais nous ne fommes mieux pour l'autre vie, que quand nous fommes mal pour celle-ci. Gardons nous donc bien de fuivre la multitude qui marche par une voie large & commode. Il faut chercher les traces du petit nombre les pas des Saints, le fentier efcarpé de la pénitence, grimper fur les rochers , gagner les lieux fûrs à la fueur de fon vifage, & s'attendre que le dernier pas de la vie fera encore un violent effort, pour entrer dans la porte étroite de l'éternité.

[ocr errors]

II. Nous ne fommes prédeftinés de Dieu, que pour être conformes à l'Image de fon Fils, attachés comme lui fur une croix, renonçant comme lui aux plaifirs fenfibles, contens comme lui dans les douleurs. Mais quel eft notre aveuglement ! Nous voudrions nous détacher de cette croix qui nous unit à notre maître. Nous ne pouvons quitter la croix fans quitter

Jefus-Chrift crucifié. La croix & lui font inséparables. Vivons donc & mourons avec celui qui nous eft venu montrer le véritable chemin du Ciel, & ne craignons rien finon de ne pas finir notre facrifice fur le même autel où il a confommé le fien. Hélas! tous les efforts que nous tâchons de faire en cette vie, ne font que pour nous mettre plus au large, pour nous éloigner de l'unique chemin du Ciel. Nous ne favons ce que nous faifons. Nous ne comprenons pas que le mystère de la grâce joint la béatitude avec les larmes. Tout chemin qui mene à un trône eft

?

délicieux fut-il hériffé d'épines. Tout chemin qui conduit à un précipice, eft effroyable, fut-il tout couvert de rofes. On fouffre dans la voie étroite, mais on efpère; on fouffre, mais on voit les Cieux ouverts; on fouffre mais on veut fouffrir; on aime Dieu, & on eft aimé.

[ocr errors]

III. JOUR.

Sur la véritable Dévotion.

Elui qui féduit lui-même fon cœur, n'a qu'une vaine Religion. Que d'abus dans la dévotion ! Les uns la font confifter uniquement dans la multiplicité des prières; les autres dans le grand nombre des œuvres extérieures qui vont à la gloire de Dieu & au foulagement du prochain. Quelques-uns la mettent dans les

défirs continuels de faire fon falut; quelques autres dans de grandes austérités. Toutes ces chofes font bonnes : Elles font mêmes néceffaires jufqu'à un certain degré. Mais on fe trompe, fi on y place le fond & l'effentiel de la véritable piété. Cette piété qui nous fanctifie & qui nous dévoue tout entiers à Dieu confifte à faire tout ce qu'il veut, & à accomplir précisément dans les circonftances où il nous met, tout ce qu'il défire de nous. Tant de mouvemens que vous voudrez tant d'œuvres éclatantes qu'il vous plaira, vous ne ferez payé que pour avoir fait la volonté du fouverain Maître. Le domeftique qui vous fert, feroit des merveilles dans votre maifon , que, s'il ne faifoit pas ce que vous fouhaitez, vous ne lui tiendriez aucun compte de fes actions, & vous vous plaindriez avec raifon de ce qu'il vous ferviroit mal.

II. Le dévoûment parfait d'où le terme de dévotion a été formé, n'exige pas feulement que nous faffions la

[ocr errors]
[ocr errors]

la

volonté de Dieu mais que nous faffions avec amour. Dieu aime qu'on lui donne avec joie, & dans tout ce qu'il nous prefcrit c'est toujours le cœur qu'il demande. Un tel Maître mérite bien qu'on s'eftime heureux d'être à lui. Il faut que ce dévoûment fe foutienne également par tout, dans

nous tienne

[ocr errors]

ce qui nous déplaît, dans ce qui nous choque, dans ce qui contrarie nos vues, nos inclinations, nos projets & qu'il prêts à donner tout notre bien, notre fortune, notre temps, notre liberté, notre vie, & notre réputation. Être dans ces difpofitions, & en venir aux, effets, c'eft avoir une véritable dévotion. Mais comme la volonté de Dieu nous eft fouvent cachée, il y a encore un pas de renoncement & de mort à faire c'eft de l'accomplir par obéiffance & par obéiffance aveugle, mais fage en fon aveuglement. Condition impofée à tous les hommes. Le plus éclairé d'entr'eux, le plus propre à attirer les ames à Dieu, & le plus capable de les y conduire, doit lui-même être conduit.

IV. JOU R.

Sur les Converfions lâches & imparfaites. Es gens qui étoient éloignés de Dieu, fe craient bien près de lui, dès qu'ils commencent à faire quelques pas pour s'en approcher. Les hommes les plus polis & les plus éclairés ont là-deffus la même ignorance & la même groffiéreté qu'un paysan, qui croiroit être bien à la Cour, parce qu'il auroit vu le Roi. On quitte les vices qui font horreur, on fe retranche dans une vie moins criminelle; mais

« ZurückWeiter »