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une joie ineffable la moiffon d'une vie & d'une félicité éternelle.

II. Je fuis attaché à la croix avec Jefus-Christ, difoit St. Paul. C'eft avec le Sauveur que nous fommes attachés à la croix, & c'eft lui qui nous y attache par fa grâce. C'est à caufe de Jefus, que nous ne voulons point quitter la croix , parce qu'il eft inféparable d'elle. O corps adorable & fouffrant, avec qui nous ne faifons plus qu'une feule & même victime! En me donnant votre croix, donnez-moi votre efprit d'amour & d'abandon. Faites que je pense moins à mes fouffrances, qu'au bonheur de fouffrir avec vous. Qu'est-ce que je fouffre, que vous n'ayez fouffert Ou plutôt, qu'eft-ce que je fouffre fi j'ofe me comparer à vous? O homme lâche ! tais-toi; regarde ton Maître, & rougis. Seigneur, faites que j'aime, & je ne craindrai plus la croix. Alors fije fouffre encore des chofes dures & douloureuses du moins je n'en fouffrirai plus que je ne veuille bien fouffrir.

I.

A

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X I. JOU R.

Sur la douceur & l'humilité.

Pprenez de moi que je fuis doux & humble de cœur. O Jefus, c'eft vous qui me donnez cette leçon de douceur & d'humilité. Tout autre qui voudroit me

l'apprendre,

l'apprendre, me révolteroit. Je trouverois par tout de l'imperfection, & mon orgueil ne manqueroit pas de s'en prévaloir. Il faut donc que ce foit vous-même qui m'inftruifiez. Mais que vois-je, ô mon cher Maître vous daignez m'inftruire par votre exemple. Quelle autorité ! je n'ai qu'à me taire, qu'à adorer, qu'à me confondre, qu'à imiter. Quoi, le Fils de Dieu defcend du Ciel fur la terre, prend un corps de boue, expire fur une croix pour me faire rougir de mon orgueil ! Celui qui est tout, s'anéantit, & moi qui ne fuis rien, je veux être, ou du moins je veux qu'on me croie tout ce que je ne fuis pas. O menfonge! ô folie! ô impudente vanité! ô diabolique préfomption ! Seigneur, vous ne me dites point; foyez doux & humble mais vous dites 9 , que vous êtes doux & humble. C'eft affez de favoir que vous l'êtes , pour conclure fur un tel exemple que nous devons l'être. Qui ofera s'en difpenfer après vous, Serace le pécheur qui a mérité tant de fois par fon ingratitude d'être foudroyé par votre justice?

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II. Mon Dieu vous êtes ensemble doux & humble, parce que l'humilité est la fource de la véritable douceur. L'orgueil est toujours hautain, impatient prêt à s'aigrir. Celui qui fe méprise de bonne foi veut bien être méprifé. Celui

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qui croit que rien ne lui eft dù, ne f croit jamais maltraité. Il n'y a point de douceur véritablement vertueuse pat tempérament. Ce n'est que molleffe indolence ou artifice. Pour être doux aux autres, il faut renoncer à foi-même. Vous ajoutez, ô mon Sauveur, doux & humble de cœur. Ce n'eft pas un abaissement qui ne foit que dans l'efprit par réflexions. C'est un goût du cœur. C'eft un abaiffement auquel la volonté confent & qu'elle aime pour glorifier Dieu. C'eft une destruction de toute confiance en fon propre efprit & en fon courage naturel, afin de ne devoir fa guérison qu'à Dieu feul. Voir fa misère, & en être au défespoir, ce n'eft pas être humble : c'eft au contraire un dépit d'orgueil, qui est pire que l'orgueil même.

1.

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Ortez les fardeaux les uns des autres:

PCeft ainfi que vous accomplirez la

Loi de Jefus-Chrift. La charité ne va pas jufqu'à demander de nous que nous ne voyions jamais les défauts d'autrui. Il fau droit nous crever les yeux. Mais elle demande que nous évitions d'y être at tentifs volontairement fans néceffité " & que nous ne foyons pas aveugles fur

le bon, pendant que nous fommes éclairés fur le mauvais. Il faut toujours nous fouvenir de ce que Dieu peut faire de moment à autre de la plus vile & de la plus indigne créature; rappeller les fujets que nous avons de nous méprifer nous-mêmes, & enfin confidérer que la charité embiaffe même ce qu'il y a de plus bas. Elle voit par la vue de Dieu, que le mépris qu'on a pour les autres a quelque chofe de dur & de hautain qui éteint l'efprit de Jefus-Chrift. La grâce ne s'aveugle pas fur ce qui eft méprifable, mais elle le fupporte pour entrer dans les fecrets deffeins de Dieu. Elle ne fe laiffe aller ni aux dégoûts dédaigneux, ni aux impatiences naturelles. Nulle corruption ne l'étonne, nulle impuissance ne la rebute parce qu'elle ne compte que fur Dieu, & qu'elle ne voit par-tout hors de lui, que néant & que péché.

II. De ce que les autres font foibles eft-ce une bonne raifon pour garder moins de mefures avec eux ? Vous qui vous plaignez qu'on vous fait fouffrir croyez-vous ne faire fouffrir perfonne? Vous qui êtes fi choqué des défauts du prochain, vous imaginez-vous être parfait? Que vous feriez étonné, fi tous ceux à qui vous pefez, venoient tout à coup s'appéfantir fur vous ? Mais quand vous trouveriez votre juftification fur la ter

re, Dieu qui fait tout, & qui a tant de chofes à vous reprocher, ne peut-il pas, d'un feul mot, vous confondre ? Et ne vous vient-il jamais dans l'efprit de craindre qu'il ne vous demande, pourquoi vous n'exercez pas envers votre frère un peu de miféricorde, que lui, qui eft votre Maître, exerce fi abondamment envers vous ?

1. V

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Ous vous empreffez, & vous vous troublez de beaucoup de chofes une feule eft néceffaire. Nous croyons avoir mille affaires, & nous n'en avons qu'une. Si cellelà fe fait toutes les autres fe trouveront faites: Si elle manque, toutes les autres quelque fuccès qu'elles femblent avoir, tomberont en ruine. Pourquoi donc tant partager fon coeur & fes foins? O unique affaire que j'ai fur la terre, vous aurez déformais mon unique attention ! Au rayon de la lumière de Dieu, je ferai à chaque moment fans inquiétude, felon les forces qu'il me donnera ce que fa Providence me présentera à faire. Ĵ'abandonnerai le refte fans douleur, parce que le refte n'eft pas mon œuvre.

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II. Père céleste j'ai achevé l'ouvrage que vous m'aviez donné à faire. Chacun de nous

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