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doit fe mettre en état d'en dire autant au jour où il faudra rendre compte. Je dois regarder ce qui fe présente à faire chaque jour felon l'ordre de Dieu, comme l'ouvrage dont Dieu me charge, & m'y appliquer d'une manière digne de Dieu, c'eft-à-dire, avec exactitude & avec paix. Je ne négligerai rien. Je ne me paffionnerai fur rien, car il eft dangereux : ou de faire l'oeuvre de Dieu avec négligence, ou de fe l'approprier par amour propre & par un faux zèle. Alors on fait les actions par fon efprit particulier. On les fait mal. On fe pique, on s'échauffe, on veut réuffir. La gloire de Dieu eft le prétexte qui cache l'illufion. L'amour propre déguisé en zèle fe contrifte & fe dépite, s'il ne peut réuffir. O Dieu! donnez-moi la grâce d'être fidèle dans l'action, & indifférent dans le fuccès. Mon unique affaire eft de vouloir votre volonté, & de me recueillir en vous au milieu même de ce que je fais. La votre eft de donner à mes foibles efforts tel fruit qu'il vous plaira, aucun si vous ne voulez.

I.

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XIV. JOUR.

Sur la préparation à la Mort.

Nfenfe, cette nuit, on va te redemander ton ame. Pour qui fera-ce que tu as amaffé? On ne peut trop déplorer l'aveugle

ni

ment des hommes, de ne vouloir pas pen fer à la mort, & de fe détourner d'une chofe inévitable que l'on pourroit rendre heureuse en y penfant. Rien n'est fi terrible que la mort pour ceux qui font attachés à la vie. Il est étrange que tant de fiècles paffés ne nous faffent pas juger folidement du préfent & de l'avenir prendre de plus grandes précautions. Nous fommes infatués du monde comme s'il ne devoit jamais finir. La mémoire de ceux qui jouent aujourd'hui les plus grands rôles fur la fcêne périra avec eux. Dieu permet que tout fe perde dans l'abyme du profond oubli, les hommes plus que tout le refte. Les Pyramides d'Egypte fe voient encore, fans qu'on fache le nom de celui qui les a faites. Que faifons-nous donc fur la terre, & à quoi fervira la plus douce vie, fi par des mefures fages & chrétiennes, elle ne nous conduit pas à une plus douce & plus heureuse mort?

II. Soyez préts, parce qu'à l'heure que vous n'y pensez pas, le Fils de l'homme viendra. Cette parole nous eft adreffée perfonnellement, en quelque âge & en quelque rang que nous foyons. Cependant jufqu'aux gens de bien tous font des projets qui fuppofent une longue vie lors même qu'elle va finir. Si dans l'extrémité d'une maladie incurable on ef

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père encore la guérifon, quelles efpérances n'a-t-on pas en pleine fanté ? Mais d'où vient qu'on efpère fi opiniâtrement la vie? C'eft qu'on l'aime avec paffion. Et d'où vient qu'on veut tant éloigner la mort? C'est qu'on n'aime point le Ro yaume de Dieu, ni les grandeurs du fiècle futur. O hommes pefants de cœur, qui ne peuvent s'élever au-deffus de la terre, où de leur propre aveu, ils font miférables! La véritable manière de fe tenir prêt pour le dernier moment c'eft de bien employer tous les autres, & d'attendre toujours celui-là.

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Sur les efpérances éternelles.

'Eil n'a point vu, ni l'oreille entendu, ni le cœur de l'homme conçu ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment. Quelle proportion entre ce que nous faifons fur la terre, & ce que nous efpérons dans le Ciel ! Les premiers Chrétiens fe réjouiffoient fans ceffe à la vue de leur efpérance. A tous momens ils croyoient voir le Ciel ouvert. Les croix, les infamies, les fupplices, les cruelles morts, rien n'étoit capable de

les rebuter. Ils connoiffoient la libéralité infinie qui doit payer de telles douleurs. Ils ne croyoient jamais affez fouffrir. Ils étoient tranfportés de joie lorfqu'ils

étoient jugés dignes de quelque profonde humiliation, & nous, ames lâches, nous ne favons point foufrir, parce que nous ne favons pas efpérer. Nous fommes accablés par les moindres croix & fouvent mêne par celles qui nous viennent de notre orgueil, de notre imprudence, & de notre délicateffe.

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& ne

II. Ceux qui fement dans les larmes, cueilleront dans la joie. Il faut femer pour recueillir. Cette vie eft deftinée pour femer. Nous jouirons dans l'autre du fruit de nos travaux. L'homme terreftre lâche & impatient, voudroit recueillir avant que d'avoir femé. Nous voulons que Dieu nous confole & qu'il applaniffe les voies pour nous mener à lui. Nous voudrions le fervir, pourvu qu'il nous en coûtât peu. Efpérer beaucoup fouffrir guères: c'eft à quoi l'amour propre tend. Aveugles que nous fommes ne verrons-nous jamais que le Royaume du Ciel fouffre violence & qu'il n'y a que les ames violentes & courageufes pour se vaincre, qui foient dignes de le conquérir? Pleurons donc ici-bas , puifque bienheureux ceux qui pleurent & malheureux ceux qui rient. Malheur à ceux qui ont leur confolation en ce monde ! viendra le tems où ces vaines joies feront confondues. Le monde pleurera à fon tour, & Dieu effuyera toutes les larmes de nos yeux

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Onnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Quel eft-il ce pain, mon Dieu ? Ce n'eft pas feulement le foutien que votre Providence rous donne pour les néceffités de la vie c'eft encore cette nourriture de vérité que vous donnez chaque jour à l'ame. C'eft un pain qui nourrit pour la vie éternelle ! qui fait croître, & qui rend l'ame robufte dans les épreuves de la foi. Vous donnez au-dedans & au-dehors précifément ce qu'il faut à l'ame, pour s'avancer dans la vie de la foi, & dans le renoncement à elle-même. Je n'ai donc qu'à manger ce pain, & qu'à recevoir en efprit de facrifice tout ce que vous me donnerez d'amer dans les affaires extérieures, & dans le fond de mon cœur, car, tout ce qui m'arrivera dans le cours de la journée, eft mon pain quotidien, pourvu que je ne refufe pas de le prendre de votre main & de m'en nourrir.

II. La faim eft ce qui donne le goût aux alimens, & ce qui nous les rend utiles. Que n'avons-nous faim & foif de la juftice? Pourquoi nos ames ne font-elles pas affamées & altérées comme nos corps ? Un homme qui eft dégoûté, &

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