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qui ne peut recevoir les alimens, eft malade. C'eft ainfi que notre ame languit, en ne recherchant ni le raffafiement ni

donc,

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la nourriture qui vient de Dieu. L'aliment de l'ame eft la vérité & la juftice. Connoître le bien s'en remplir s'y fortifier voilà le pain fpirituel, le pain céleste qu'il faut manger. Mangeons-en ayons-en faim. Soyons devant Dieu comme des pauvres qui mendient & qui attendent un peu de pain. Sentons notre foibleffe & notre défaillance. Malheureux fi nous en perdons le fentiment. Lifons, prions avec cette faim de nourrir nos ames; avec cette foif ardente de nous défaltérer de l'eau qui rejaillit jufques dans le Ciel. Il n'y a qu'un grand & continuel défir de l'inftruction qui nous rend dignes de découvrir les merveilles de la loi, de Dieu. Chacun reçoit ce pain facré felon la mefure de fon défir & par là, on fe difpofe à recevoir fouvent & faintement le pain substantiel de l'Eucharistie non feulement corporellement comme font plufieurs mais

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avec l'efprit qui conferve & qui augmente la vie.

I.

J

XVII. JOUR.

Sur la Paix de l'Ame.

E vous laiffe ma paix : je vous donne ma paix; non comme le monde la donne. Tous les hommes cherchent la paix mais ils ne la cherchent pas où elle est. La paix que fait efpérer le monde eft auffi différente & auffi éloignée de celle qui vient de Dieu, que Dieu lui même est différent & éloigné du monde : ou plutôt le monde promet la paix, mais il ne peut la donner. Il préfente quelques plaifirs paffagers mais ces plaifirs coûtent plus qu'ils ne valent. Jefus-Chrift feul peut mettre l'homme en paix : il l'accorde avec lui-même ; il lui foumet fes paffions; il borne fes défirs; il le confole par l'efpérance des biens éternels; il lui donne la joie du Saint-Efprit ; il lui fait goûter cette joie intérieure dans la peine même. Et comme la fource qui la pro duit eft intariffable, & que le fond de l'ame où elle réfide eft inacceffible à toute la malignité des hommes, elle devient pour le juste un trésor que perfonne ne lui peut

ravir.

II. La vraie paix, n'eft que dans la poffeffion de Dieu & la poffeffion de Dieu ici bas ne fe trouve que dans la foumifsion à la foi, & dans l'obéiffance à fa loi.

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L'une & l'autre entretiennent au fond du cœur un amour pur & fans mélange. Éloignez de vous tous les objets défendus. Retranchez tous les défirs illicites. Banniffez tout empreffement & toute inquiétude. Ne défirez que Dieu, ne cherchez que Dieu, & vous goûterez la paix. Vous la goûterez malgré le monde. Qu'est-ce qui vous trouble? La pauvreté, les mauvais fuccès, les croix intérieures & extérieures. Regardez tout cela dans la main de Dieu, comme de véritables faveurs qu'il diftribue à fes amis, & dont il daigne vous faire part. Alors, le monde changera de face pour vous, & rien ne vous ôtera votre paix.

I.

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XVIII. JOUR.

Sur les joies trompeufes.

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'Ai regardé les ris comme un fonge, & j'ai dit à la joie : Pourquoi me trompezvous? Le monde fe réjouit comme les malades qui font en délire ou comme ceux qui rêvent agréablement en dormant. On n'a garde de trouver de la folidité quand on ne s'attache qu'à une peinture vaine à une image creufe, à une ombre qui fuit, à une figure qui paffe. On ne fe réjouit qu'à caufe qu'on fe trompe, qu'à caufe qu'on croit pofféder beaucoup lors même qu'on ne possède rien.

Au réveil de la mort on fe trouvera les mains vuides & on fera honteux de fa joie. Malheur donc à ceux qui ont en ce monde une fauffe confolation qui les exclut de la véritable. Difons fans ceffe à la joie vaine & évaporée que le fiècle infpire: Pourquoi me trompez-vous fi groffièrement? Rien n'eft digne de nous donner de la joie, que notre bienheureuse espérance. Tout le refte qui n'est pas fondé là-deffus n'eft qu'un fonge.

aura en

à me

II. Celui qui boira de cette eau, core foif. Plus on boit de ces eaux corrompues du fiècle, plus on eft altéré. A mefure qu'on fe plonge dans le mal, fure il naît des défirs inquiets dans le cœur. La poffeffion des richeffes ne fait qu'irriter la foif. L'avarice & l'ambition font plus mécontentes de ce qu'elles n'ont pas encore qu'elles ne font fatisfaites de tout ce qu'elles poffèdent. La jouiffance des plaifirs ne fait qu'amolir l'ame, elle la corrompt: elle la rend infatiable. Plus on fe relâche, plus on fe veut relâcher. Il eft plus facile de retenir fon cœur dans un état de ferveur & de pénitence, que de le ramener ou de le contenir lorfqu'il eft une fois dans la pente du plaifir & du relâchement. Veillons donc fur nous-mêmes. Gardonsnous de boire d'une eau qui augmenteroit notre. foif. Confervons notre cœur

avec précaution, de peur que le monde & fes vaines confolations ne le féduifent, & ne lui Jaiffent à la fin que le désespoir de s'être trompé.

1. B

XIX. JOUR.

Sur les faintes Larmes. ·

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Ienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils feront confolés. Quel nouveau genre de larmes, dit St. Auguftin! Elles -rendent heureux ceux qui les verfent. Leur bonheur confifte à s'affliger, à gémir de la corruption du monde qui nous environne des pièges dont nous fommes entourés du fonds inépuisable de corruption qui eft au milieu de notre cœur. C'eft un grand don de Dieu que de craindre de perdre fon amour, que de craindre de s'écarter de la voie étroite. C'est le fujet des larmes des Saints. Quand on eft en danger de perdre ce que l'on poffède de plus précieux, & de fe perdre foi-même, il est difficile de fe réjouir. Quand on ne voit que vanité, qu'égarement que fcandale , qu'oubli, & que mépris du Dieu qu'on aime, il eft impoffible de ne fe pas affliger. Pleurons donc à la vue de tant de fujets de larmes. Notre trifteffe réjouira Dieu. C'est lui-même qui nous l'infpire : c'eft fon amour qui fait couler nos larmes. Il viendra lui-même les effuyer.

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