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II. On entend Jefus-Chrift qui dit : Malheur à vous qui riez, & on veut rire. On l'entend dire: Malheur à vous riches qui avez votre confolation en ce monde, & on recherche toujours les richeffes. Il dit : Heureux ceux qui pleurent, & on ne craint rien tant que de pleurer; il faut pleurer icibas non feulement les dangers de votre condition mais tout ce qui eft vain & déréglé. Pleurons fur nous & fur le prochain. Tout ce que nous voyons au-dedans & au-dehors n'eft qu'affliction d'efprit, que tentation & que péché. Tout mérite des larmes. Le vrai malheur eft d'aimer ces chofes fi peu dignes d'être aimées. Que de raifon de pleurer! c'eft le mieux qu'on puiffe faire. Heureufes larmes que la grâce opère, qui nous dégoûtent des choses paffagères, & qui font naître en nous le défir des biens éternels!

1. L

X X.

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JOUR.

Sur la prudence du fiècle.

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A prudence de la chair eft la mort des ames. La prudence des enfans du fiècle eft grande puifque Jefus-Chrift nous en affure dans l'Evangile, & elle est même fouvent plus grande que celle des enfans de Dieu mais il fe trouve en elle, malgré tout ce qu'elle a d'éclatant & de Spécieux, un effroyable défaut : c'est

qu'elle donne la mort à tous ceux qui la prennent pour la règle de leur vie. Cette prudence tortueufe & féconde en subtilités, eft ennemie de celle de Dieu, qui marche toujours dans la droiture & dans la fimplicité. Mais que fervent aux prudens du fiècle tous leurs talens, puifqu'à la fin ils fe trouvent pris dans leurs propres pièges? L'Apôtre St. Jacques donne à cette prudence le nom de terreftre, d'animale & de diabolique; terreftre, parce qu'elle borne fes foins à l'acquifition & à la poffeffion des biens de la terre; animale , parce qu'elle n'afpire qu'à fournir aux hommes tout ce qui flatte leurs paffions, & à les plonger dans les plaifirs des fens; diabolique, parce qu'ayant tout l'efprit & toute la pénétration du démon, elle en a toute la malice. Avec elle, on s'imagine tromper tous les autres, & on ne trompe que foi-même.

II. Aveugles donc tous ceux qui fe croient fages, & qui ne le font pas de la fageffe de Jefus - Chrift feule digne du nom de fageffe. Ils courent dans une profonde nuit après des fantômes. Ils font comme ceux qui dans un fonge penfent être éveillés, & qui s'imaginent que tous les objets du fonge font réels. Ainfi font abufés tous les grands de la terre, tous les fages du fiècle tous les hommes enchantés par les faux plaifirs. Il n'y a

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que les enfans de Dieu qui marchent aux rayons de la pure vérité. Qu'est-ce qu'ont devant eux les hommes pleins de leurs pensées vaines & ambitieufes ? Souvent la difgrâce toujours la mort le jugement de Dieu & l'éternité. Voilà les grands objets qui s'avancent & qui viennent au-devant de ces hommes profanes. Cependant, ils ne les voient pas. Leur politique prévoit tout, excepté la chûte & l'anéantiffement inévitable de tout ce qu'ils cherchent. O infenfés ! quand ouvrirez-vous les yeux à la lumière de Jesus-Chrift , qui vous découvriroit le néant de toutes les grandeurs d'ici-bas.

I.

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XXI. JOUR.

Sur la confiance en Dieu.

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L vaut mieux mettre fa confiance dans le Seigneur, que de la mettre dans l'homme. Vous vous confiez tous les jours à des amis foibles à des hommes inconnus à des domeftiques infidèles, & vous craignez de vous fier à Dieu. La fignature d'un homme public vous met en repos fur votre bien & l'Evangile éternel ne vous raffure Le monde vous promet, pas & vous le croyez. Dieu vous jure & vous avez de la peine à le croire. Quelle honte pour lui! Quel malheur pour vous! Rétabliffons tout dans l'ordre. Faifons

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avec modération ce qui dépend de nous. Attendons fans bornes ce qui dépend de Dieu. Réprimons tout empreffement de paffions toute inquiétude déguifée fous le nom de raifon ou de zèle. Celui qui en use ainfi, s'établit en Dieu & devient immobile comme la montagne de Sion.

vous,

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II. La confiance pour le falut doit être encore plus élevée & plus ferme. Je puis tout en celui qui me fortifie. Quand je croyois tout pouvoir je ne pouvois rien, & maintenant qu'il me femble que je ne puis rien, je commence à pouvoir tout. Heureufe impuiffance qui me fait trouver en ô mon Dieu, tout ce qui me manquoit en moi-même. Je me glorifie dans mon infirmité & dans les malheurs de ma vie, puifqu'ils me défabufent du monde entier & de moi-même. Je dois m'eftimer heureux d'être écrafé par une main fi miféricordieuse, puifque c'eft dans cet anéantiffement que je ferai revêtu de votre force, caché fous vos aîles & environné de cette protection fpéciale que vous étendez fur vos enfans humbles, qui n'attendent rien que de vous.

I.

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Sur la profondeur de la miféricorde de Dieu. U'elle eft grande la miféricorde du Seigneur ! C'est un afyle certain pour

Q s

,

tous ceux qui fe tournent vers elle. Que tardons-nous à nous jetter dans la profondeur de cet abyme? Plus nous nous y perdons avec une confiance pleine d'amour, plus nous ferons en état de nous fauver. Donnons-nous à Dieu fans réferve, & ne craignons rien. Il nous aimera & nous l'aimerons. Son amour croiffant chaque jour, nous tiendra lieu de tout le refte. Il remplira lui feul tout notre cœur, que le monde avoit enivré agité, troublé fans le pouvoir jamais à remplir. Il ne nous ôtera que ce qui nous rend malheureux. Il ne nous fera méprifer que le monde , que nous méprifons peut-être déjà. Il ne nous fera faire que la plupart des chofes que nous faifons mais que nous faifons mal; au lieu que nous les ferons bien en les rapportant à lui. Tout jufqu'aux moindres actions d'une vie fimple & commune fe tournera en confolation en mérite & en récompenfe. Nous verrons en paix venir la mort elle fera changée pour nous en un commencement de vie immortelle. Bien loin de nous dépouiller, elle nous revêtira de tout, comme dit Saint Paul, & alors nous verrons la profondeur des miféricordes que Dieu a exercées fur notre

ame.

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II. Penfez devant Dieu aux effets de cette miféricorde infinie, à ceux dont

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