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vous avez déjà connoiffance aux lumiè res que Jefus-Chrift vous a données bons fentimens qu'il vous a infpirés, aux péchés qu'il vous a pardonnés, aux piéges du fiècle dont il vous a garanti, aux fecours extraordinaires qu'il vous a ménagés. Tâchez de vous attendrir par le fouvenir de toutes ces marques précieufes de fa bonté. Ajoutez-y la penfée des croix dont il vous a chargé pour vous fanctifier ; car ce font encore des richeffes qu'il a tirées de la profondeur de fes tréfors, & vous les devez regarder comme des témoignages fignalés de fon amour. Que la reconnoiffance du paffé vous infpire de la confiance pour l'ave nir. Soyez perfuadée, ame timide, qu'il vous a trop aimée, pour ne vous pas aimer encore. Ne vous défiez pas de lui mais feulement de vous-même. Souvenez-vous qu'il eft , comme dit l'Apôtre, le Père des miféricordes, & le Dieu de toute confolation. Il fépare quelquefois ces deux chofes : la confolation fe retire; mais la miféricorde demeure toujours. Il vous a ôté ce qu'il y avoit de doux & de fenfible dans fa grâce, parce que vous aviez befoin d'être humiliée & d'être punie d'avoir cherché ailleurs de vaines confolations. Ce châtiment eft encore une nouvelle profondeur de fa divine miféricorde.

I.

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Sur la douceur du joug de Jefus-Chrift. On joug eft doux, & mon fardeau eft léger. Que le nom de joug ne nous effraie point. Nous en portons le poids, mais Dieu le porte avec nous, & plus que nous, parce que c'est un joug qui doit être porté par deux, & que c'eft le fien & non pas le nôtre. Jefus-Chrift fait aimer ce joug. Il l'adoucit par le charme intérieur de la juftice & de la vérité. Il répand fes chaftes délices fur les vertus & dégoûte des faux plaifirs. Il foutient l'homme contre lui-même l'arrache à fa corruption originelle, & le rend fort malgré fa foibleffe. O homme de peu de foi, que craignez-vous? Laiffez faire Dieu. Abandonnez-vous à lui. Vous fouffrirez, mais vous fouffrirez avec amour & avec paix. Vous combattrez, mais vous remporterez la victoire & Dieu luimême , après avoir combattu en votre faveur Vous couronnera de fa propre main. Vous pleurerez, mais vos larmes feront douces, & Dieu lui-même viendra avec complaifance les effuyer. Vous n'aurez plus la permiffion de vous abandonner à vos paffions tyranniques; mais en facrifiant librement votre liberté vous en trouverez une autre inconnue aut

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monde & plus précieuse que toute la puiffance des Rois.

II. Quel aveuglement de craindre de trop s'engager avec Dieu! Plongeonsnous dans fon fein. Plus on l'aime plus on aime auffi tout ce qu'il nous fait faire. C'est cet amour qui nous confole de nos pertes, qui adoucit nos croix, qui nous détache de tout ce qu'il eft dangereux d'aimer, qui nous préferve de mille poifons qui nous montre une miféricorde bienfaifante au travers de tous les maux que nous fouffrons, qui nous découvre dans la mort même une gloire & une félicité éternelle. Comment pouvons-nous craindre de nous remplir trop de lui? Eft - ce un malheur d'être déchargé du joug pefant du monde, & de porter le fardeau léger de Jesus-Chrift? Craignonsnous d'être trop heureux, trop délivrés de nous-mêmes des caprices de notre orgueil, de la violence de nos paffions, & de la tyrannie du fiècle trompeur ?

1.

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X XIV. JOU R.

Sur la fauffe liberté.

U eft l'efprit du Seigneur, là eft auffi la liberté. L'amour de la liberté est une des plus dangereufes paffions du cœur humain : & il arrive de cette paffion comme de toutes les autres elle

trompe ceux qui la fuivent, & au lieu de la liberté véritable, elle leur fait trouver le plus dur & le plus honteux efclavage. Comment nommez-vous ce qui fe paffe dans le monde ? Que n'avez-vous point à fouffrir pour ménager l'eftime de ces hommes que vous méprifez ? Que ne Vous en coûte-t-il pas pour maîtriser `vos paffions, quand elles vont trop loin; pour contenter celles à qui vous voulez céder; pour cacher vos peines, pour fauver des apparences embarraffantes & importunes? Est-ce donc là cette liberté que vous aimez tant, & que vous avez tant de peine à facrifier à Dieu ? Où estelle? Montrez-la moi. Je ne vois partout que gêne, que fervitude baffe & indigne , que néceffité déplorable de fe déguifer. On fe refuse à Dieu qui ne nous veut que pour nous fauver, & on fe livre au monde, qui ne nous veut que pour nous tyrannifer & pour nous perdre.

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. II. On s'imagine qu'on ne fait dans le monde que ce qu'on veut, parce qu'on fent le goût de fes paffions, par lefquelles on est entraîné: mais compte-t-on les dégoûts affreux, les ennuis mortels, les mécomptes inféparables des plaifirs, les humiliations qu'on a à effuyer dans les places les plus élevées ? Au dehors, tout eft riant. Au dedans, tout eft plein de

chagrin & d'inquiétude. On croit être libre; quand on ne dépend plus que de foi-même. Folle erreur ! Y a-t-il un état où l'on ne dépende pas d'autant de maîtres qu'il y a de perfonnes avec qui l'on a relation ? Y en a-t-il un où l'on ne dépende pas encore davantage des fantaifies d'autrui que des fiennes propres ? Tout le commerce de la vie n'eft que gêne, par la captivité des bienféances, par la néceffité de plaire aux autres. D'ailleurs, nos paffions font pires que les plus cruels tyrans. Si on ne les fuit qu'à demi, il faut à toute heure être aux prifes avec elles & ne refpirer jamais un feul moment. Elles fe trahiffent; elles déchirent le cœur elles foulent aux pieds les loix de l'honneur & de la raifon, & ne difent jamais, c'eft affez. Si on s'y abandonne tout-à-fait, où ce torrent menera-t-il ? J'ai horreur de le penfer. O mon Dieu ! préfervez-moi de ce funefte efclavage, que l'infolence humaine n'a pas honte de nommer une liberté ! C'est en vous feul qu'on eft libre. C'eft votre vérité qui nous délivrera, & qui nous fera éprouver, que vous fervir c'eft régner.

XXV. JOUR.

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