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nie! il a été un temps que vous étiez la chose du monde à laquelle mon cœur penfoit le moins, & que j'avois plus d'eftime pour la vanité & pour les créatures que pour les tréfor de votre grace, & pour l'efpérance de votre gloire; mes defirs donnoient la loi à ma vie, j'obéiffois aveuglement à mes convoitifes & je faifois auffi peu de cas de vous, que fi jamais je ne vous euffe connu. J'ai été cette infenfée, qui a dit en fon coeur: il n'y a point de Dieu; parce que j'ai vécu long-temps comme fi j'euffe crû qu'il n'y en avoit point. Je n'ai jamais rien fait pour votre amour, je n'ai jamais craint votre juftice je ne me fuis jamais retirée du mal par la crainte de vos Loix; je ne vous ai jamais rendu les graces que je vous devois pour vos bienfaits. Et quoique je fuffe que vous êtes par-tout, je n'ai pas laiffé de vous offenfer impunement en votre présence. J'ai accordé à mes yeux tout ce qu'ils ont defiré, & je n'ai jamais fait la moindre violence à mon cœur , pour le détourner d'aucun plaifir déréglé : déréglé : ma vie n'a été qu'une oppofition & une guerre continuelle contre Vous & qu'un renouvellement de tous les tourmens & de toutes les peines que vous avez foufferts pour moi.

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Q

MÉDITATION

Pour le fecond jour.

Uelque indigne que je fois de vous recevoir dans ce Sacrement Euchariftique vos miféricordes me font espérer que ce pain de vie me donnera la vie éternelle. Faites que j'examine bien fi je n'ai plus aucune part avec les démons; car on ne peut pas participer à leur table & à la vôtre. Lavez-moi les pieds comme à vos Apôtres, & fi je ne fuis pas encore pure dans tout le refte, lavez-moi non-feulement les pieds mais auffi les mains & la tête; puifque fi vous ne me lavez, je ne puis avoir de part avec vous. Purifiez-moi de tout ce qui fouille le corps ou l'efprit, & achevez l'oeuvre de ma fanctification par votre crainte. Purifiezmoi du vieux levain, & rendez-moi une créature nouvelle & toute pure, pour manger le corps de l'Agneau qui a été immolé pour moi. Faites que je mange, non avec le vieux levain du péché, ni avec le levain de la malice & de la corruption; mais avec les fentimens d'un cœur vraiment contrit & fincèrement converti.

Que mon coeur devienne tout brûlant en moi, lorfque je vous recevrai, & que vous me parlerez. Que mes yeux s'offrent dans cet heureux moment :

Que

Que je vous reconnoiffe pour mon Seigneur & mon Dieu : Que je voie le vuide affreux de tout ce qui eft créé, & que j'avoue qu'il n'y a que vous feul qui puiffiez me satisfaire & remplir tous mes defirs & toutes mes affections.

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Vivifiez-moi, Seigneur, par votre Efprit; car votre chair féparée de cet efprit ne fert de rien. Vous me commandez de prendre & de manger votre Corps en mémoire de vous & pour annoncer votre mort, faites-moi mourir au péché, & vivre en vous. Faites qu'étant crucifiée avec vous, je puiffe dire avec l'Apôtre : Je vis ou plutôt ce n'eft point moi qui vis, mais c'est Jefus-Chrift qui vit en moi.

M'appuyant donc, Seigneur, fur votre bonté & fur votre miféricorde, je viens à vous, comme malade & infirme à mon médecin & mon Sauveur & comme à celui qui eft ma force & ma confolation.

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Que puis-je penfer de meilleur & de plus falutaire , que de m'humilier profondement devant vous, & d'adorer votre bonté. Vous êtes le Saint des Saints & vous ne dédaignez pas de vous abaiffer jufqu'à moi, qui ne fuis pas digne d'élever les yeux vers vous.

Vous venez à moi

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vous voulez être avec moi vous m'invitez à votre table

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vous voulez me donner à manger le pain

C

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du Ciel le pain des Anges, le pain vivifiant, qui n'eft autre que vous-même que vous qui êtes le pain defcendu du Ciel, & qui donnez la vie au monde. C'est vous, mon Seigneur & mon Dieu vrai Dieu & vrai Homme, qui êtes renfermé en cette Hoftie, que je dois recevoir. Mettez en moi les difpofitions avec lefquelles vous voulez que je vous reçoive: donnez-moi une foi vive, une humilité profonde, une charité ardente.

Confervez fans tâche mon cœur & mon corps, afin que je puiffe plus fouvent participer au bonheur de vous recevoir. C'est en vous feul en qui je trouve tout ce que je puis, & tout ce que je dois defirer. Vous êtes mon falut & ma rédemption : vous êtes mon efpérance & ma force : vous êtes mon bonheur, ma vie ma vie, & ma gloire.

Mon ame brûle du defir de recevoir votre corps adorable, & mon cœur d'être uni à vous; car vous êtes l'unique confolation de l'ame fidèle, pendant qu'elle eft étrangère & exilée ici-bas dans fon corps mortel. Rien n'eft digne ici-bas mon Dieu! d'être aimé : vous ferez le feul que j'aimerai toute ma vie, & que je defire aimer pendant toute l'éternité.

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MÉDITATION.

vous

Pour le troisième jour.

Prodige, incompréhenfible d'amour! Seigneur! Eh qui fuis-je ? Vous m'aimez jufqu'à l'excès ! Et que trouvez-vous en moi d'aimable ? Il est vrai qu'à mon Baptême j'avois reçu dans mon ame l'image de la Divinité, mais hélas ! que cette image a été défigurée par mes innombrables péchés ! je ne puis revenir de l'étonnement où me jette un & prodigieux amour. Daignez, Seigneur, daignez écouter là-deffus les fentimens de mon cœur, car ma langue n'a point de paroles pour les exprimer : que pourrai-je faire, ô mon aimable Sauveur , pour reconnoître l'excès de votre amour? Je vous aime de tout mon cœur, je voudrois avoir un million de cœurs pour répondre en quelque façon à votre amour. Je ferois bien dure & bien infenfible fi l'ardeur de votre · amour n'attendriffoit mon coeur ; fi ce brafier du plus pur amour dont brûle le votre, n'en allumoit au moins quelque étincelle dans le mien.

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Je vous protefte que je ne veux aimer que vous; je veux que vous foyez l'uni que objet de toutes mes affections. Le matin, le foir à toute heure, à tout

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