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m'honorer de votre divine préfence, ne devrois-je pas être faifie de frayeur & & m'écrier dans le fen

d'étonnement

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timent de votre Apôtre: retirez-vous de moi, Seigneur, parce que je fuis une péchereffe.

Qu'ai-je en moi Seigneur, qui foit capable de vous attirer? Qu'ai-je en moi qui ne foit très-propre à vous rebuter, à vous éloigner & à vous inspirer de l'horreur pour moi? Non, mon Dieu, non, je ne fuis pas digne que vous veniez à moi, faites feulement que j'entende votre voix, dites au fond de mon cœur une feule parole, mais une parole de vie & de falut; que je fache que vous me pardonnerez, que vous ne voulez pas me perdre, que vous me fouffrez à vos pieds, que vous me permettez de vous parler. C'en eft plus que je n'en mérite ; car, Seigneur, mes iniquités ne font pas cachées à vos yeux: vous favez jufqu'où j'ai porté l'excès de ma malice

l'abus

criminel que j'ai fait de tant de graces, la cruelle indifférence que j'ai eue pour vous; avec quelle dureté j'ai ofé vous réfifter & m'oppofer à tous vos deffeins; combien mes penfées, mes affections mes paroles, mes actions ont été contraires à votre fainte Loi; combien enfin ma vie a été jufqu'à préfent peu conforme aux devoirs les plus facrés de ma

Religion. Vous le connoiffez, Seigneur, & cependant vous voulez venir à moi, ô prodige de charité ! ô excès de miféricorde ! ô bonté incompréhenfible !

Hé! qui fuis-je, Seigneur, pour recevoir un fi grand honneur? Votre Eglife s'étonne, & en effet, elle a grand fujet de s'étonner , que vous n'ayez pas en horreur de defcendre dans le fein de la plus pure de toutes les Vierges.

Céleftes intelligences qui connoiffez infiniment mieux que moi la fainteté, la grandeur, & la Majefté de notre commun Maître, & qui n'ignorez pas mes mifères, quelle doit être votre furprife, de ce que cette Majefte íi redoutable, ce Dieu pur n'a pas d'horreur d'entrer dans un auffi mauvais cœur que le mien ?

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Qui peut donc, Seigneur, vous obliger à m'accorder une fi grande grace, & une grace que je mérite fi peu, & dont je fuis fi indigne ?

Que voyez-vous en moi qui vous engage à me donner votre facré Corps, le gage précieux de mon falut, la fource abondante de toutes fortes de biens, ma plus douce confolation en ce lieu de banniffement.

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Je le confefferai ô mon Dieu, à la face du Ciel & de la Terre, pour la gloire de votre nom, & pour reconnoître autant que je le puis, ce que je dois

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à votre infinie miféricorde ; vous trou verez en moi un fond étrangement corrompu, un terrible éloignement du bien un affreux penchant pour le mal bien de la lâcheté, bien de l'inconftance, bien des foibleffes, bien des misères bien des pauvretés; & bien loin que vous en foyez rebuté, j'ofe le dire, c'eft ce qui m'attire votre compaffion, c'eft ce qui vous fait venir dans mon cœur: ce membre quoique très-indigne d'être une partie de votre facré Corps, eft toujours cher, il languit fous le poids de fa corruption, il eft malade. Voilà ce qui me procure le plus grand bonneur que je puiffe avoir en ce monde; toujours charitable toujours bienfaifant, toujours Jefus; plus vous me voyez accablée fous le poids de mes infirmités, & plus la compaffion tendre que vous en avez, vous oblige de me venir foulager.

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Vous

Vous l'avez dit, Seigneur, le Médecin ne cherche point ceux qui jouiffent d'une parfaite fanté. Il eft pour les malades; plus on l'eft & plus on a befoin de fa vifite; plus on la doit defirer plus on la doit attendre de fa charité. C'eft-là, Seigneur, ce qui vous oblige de m'honorer de votre divine préfence; en vous une bonté ineffable en moi bien des maux que

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vous pouvez

feul guérir mais c'eft auffi ce qui me fait fouhaiter ardemment le bonheur de vous pofféder.

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Si je me croyois dans le déplorable état du péché mortel fi j'étois affez malheureufe pour conferver quelque attache criminelle, je n'aurois pas la témérité de me préfenter à vôtre Table que vos Anges même regardent avec une fainte frayeur. Les remèdes les plus falutaires & les plus efficaces ne fervent de rien aux cadavres ; & que doit attendre un Chrétien mort par le péché, & qui ofe cependant manger le pain des vivans finon qu'en punition d'un attentat fi horrible il trouvera fa perte dans la fource même du falut, qu'il fe rendra coupable du crime que les meurtriers de Jefus ont commis , qu'il mangera fon jugement & fa condamnation.

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Je me fuis éprouvée, Seigneur, felon le précepte de votre Apôtre, j'ai fondé mon coeur & grace à votre miféricorde il ne me reproche point une fi malheureuse difpofition , parce que c'est fincèrement & de bonne foi que j'ai renoncé, & que je renonce pour toujours à tout ce qui peut m'attirer votre difgrace.

Mais mon Dieu, il me refte de mes maux paffés une langueur bien dangereuse; elle me menace à tous momens d'une funefte rechûte qui felon la

parole de votre Evangile, me jetteroit dans un état beaucoup plus fâcheux. Et où reprendrai-je mes forces, finon dans l'ufage de ce divin aliment, de ce Pain qui eft defcendu du Ciel; afin qu'en le mangeant, nous ne mourions point, mais que nous ayons la vie éternelle.

Telle eft, ô mon Jefus ! votre charité pour votre Troupeau, vous le nourriffez de votre Chair: j'ai le bonheur d'en être; mais au lieu de defirer fans ceffe cette précieufe nourriture mon penchant ne me porte que trop fouvent à m'en éloigner pour aller chercher ailleurs une viande empoifonnée.

Je fuis cette malheureuse brebis qui s'égare prefque à chaque inftant. Aimable Pasteur vous ne voulez point me laiffer périr; vous me pourfuivez dans mes égaremens.

Je ne penfe plus, Seigneur, à m'éloigner de vous, je ne veux plus vous fuir; je veux vous chercher je vous defire de toute l'ardeur de mon cœur.

Venez

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ô mon charitable Médecin ! ồ mon bon Pasteur! mon Jefus, mon Dicu & mon tout.

Quoi de plus propre à m'attirer , que cette parole infiniment confolante: voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui efface les péchés du monde. Non mon ame " ne foyez point effrayée, celui que vous

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