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manuel et Dieu avec nous, revêtu de notre humanité. Evidemment, Dieu qui règne au Ciel favorise et approuve les chrétiens qui vivent dans la créance de Jésus-Christ; car il est adoré par eux comme Dieu, et reçoit des honneurs qui ne sont dûs qu'au vrai Dieu or, s'il n'était le vrai Dieu, celui qui serait le vrai Dieu ne souffrirait pas si longtemps depuis dix-huit cents ans, une telle usurpation. Comme il a confondu et détruit les idoles, ainsi il détruirait l'empire de celui qui usurpe la gloire de Dieu, s'il ne l'était véritablement; car il proteste lui-même qu'il ne donnera pas sa gloire à un autre. Cependant le vrai Dieu du Ciel a maintenu l'Eglise contre toutes les forces de la terre et de l'enfer, et il rend les Juifs misérables, il les tient en servitude et dans l'ignominie par toutes les contrées de la terre; il a désolé leur cité, et les traite comme ses ennemis, parce qu'ils ne reconnaissent pas Jésus-Christ, et qu'ils ne lui rendent pas les honneurs qui appartiennent à sa divinité. C'est donc une marque très-certaine que les chrétiens croient véritablement et les Juifs faussement, et que Jésus-Christ est vrai Dieu aussi bien que vrai homme, et qu'en lui s'est consommée l'Incarnation.

Formez des actes d'une Foi vive sur cette vérité. Dites à JésusChrist avec Isaïe: Vous êtes vraiment un Dieu caché (Isa. 45). Dites-lui avec les disciples de saint Jean-Baptiste : C'est vous qui devez venir, en attendons-nous un autre (Matth. 11)? Dites-lui avec saint Pierre, le père des croyants : Vous êtes le Christ, le Fils de Dieu vivant (Matth. 16). Oh! que cette importante vérité doit nous donner de confiance et de consolation en notre Foi; car ainsi la doctrine qu'il nous a enseignée est toute divine. En la suivant, nous obéissons à Dieu, et étant dans l'Eglise que Jésus a fondée, nous sommes dans la famille et la société du Fils de Dieu. Oh! que cette chose est noble et sublime! O Jésus! vous êtes Dieu, et cette seule pensée est ma joie et ma plus tendre consolation. O Jésus, mon Seigneur et mon Dieu! vivez toujours, et en vous-même, et dans la croyance de tout l'univers. O Jésus! ô Homme-Dieu! l'appui et la subsistance de tous les hommes, vous êtes le vrai soleil de toutes les créatures, le père des lumières et le principe de tout bien! oh! il n'y a point de salut hors de vous !

QUATRIÈME MÉDITATION.

DE L'EXTENSION DU POUVOIR, ET DE LA SINGULARITÉ DE L'UNION QUI S'EST FAITE DANS L'INCARNATION.

I. Considérez l'extension de l'Incarnation, et à quels termes se termine et aboutit l'union qui s'est faite. D'un côté, elle se termine au Verbe divin, la seconde Personne de la Trinité; c'est à savoir premièrement et immédiatement à sa subsistance infinie, et par elle à la nature divine; c'est pourquoi les Pères traitant de ce mystère (1), disent souvent que la nature divine a été jointe à la nature humaine, et la divinité à l'humanité. D'autre part, elle se termine à la nature humaine, composée d'âme et de corps et de toutes les parties qui servent à son intégrité ou à son ornement; premièrement, cette union se termine à l'âme raisonnable, parce que c'est la principale partie de l'humanité, sans laquelle elle ne peut être. L'âme aussi avait été gâtée par le péché ; c'est pourquoi le Fils de Dieu, voulant guérir ce qui était malade, s'est premièrement uni à l'âme raisonnable, qui était en Jésus-Christ, et par qui il formait tous les actes intérieurs de religion et de charité, par lesquels il a mérité et satisfait pour nous; mais comme l'humanité est composée d'esprit et de chair, ou bien de l'âme et du corps, le Verbe divin ne s'est pas contenté de communiquer sa subsistance à l'âme seulement, mais il l'a aussi communiquée au corps pour le faire subsister en soi et en sa personne: Et le Verbe s'est fait chair (Jean, 1), dit saint Jean, et ce mystère porte le nom d'Incarnation et non pas d'animation, quoique le Verbe se soit aussi bien uni à l'âme qu'à la chair, mais c'est que l'Ecriture veut nous représenter la grandeur de son amour, qui a été si excessif, que même il n'a pas refusé de s'unir au corps pour le sanctifier, et

(1) D. August. Serm. 58, de Verb. Domini.

D. Damas. Lib. 4. Fidei Ort. e. 4.

opérer, par ses actions et ses souffrances, notre salut, que nous ruinons le plus souvent par les actions de notre corps. Et ce corps, selon son espèce, n'était point fantastique ou imaginaire, comme l'ont cru les hérétiques Manichéens, mais il était réel et véritable. Il n'était pas d'une nature céleste et descendu du Ciel par la sainte Vierge, comme par un canal, ainsi qu'ont faussement enseigné les Valentiniens, ne pouvant comprendre que Dieu ait eu assez de condescendance pour vouloir unir sa grandeur infinie à un être aussi bas que l'être corporel; c'était un corps formé sur la terre et de la substance très-pure de la Vierge (1). Aussi les Pères de l'Eglise reconnaissent trois substances en Jésus-Christ, et une seule personne; c'est à savoir la substance divine, la substance spirituelle de l'âme, et la substance corporelle de la chair; et l'unique personne qui est en ce mystère est celle du Verbe. De là vient que, comparant ce mystère à celui de la sainte Trinité, ils disent qu'en celui-ci il y a unité de substance et trinité de Personnes, et qu'en celui-là il y a trinité de substances et unité de Personne (2). Au reste, le Verbe divin ne s'est point arrêté là; car il s'est uni à tout le sang qui était en cette humanité, lequel subsistait aussi dans le Verbe. Saint Paul semble enseigner cette vérité, parce que, dit-il, les enfants ont communiqué à la chair et au sang; Jésus-Christ y a également communiqué (Héb. 2). Les Pères de l'Eglise en ont ouvertement parlé, et entr'autres saint Cyrille, qui, interprétant ces paroles: Le Verbe a été fait chair, et disant qu'elles signifient que le Verbe a pris la chair et le sang a été approuvé par l'autorité du quatrième Concile général de l'Eglise. C'est de là que ce sang a eu la vertu de laver tous les péchés du monde, et que dans le saint sacrifice de la messe il est adoré comme étant uni hypostatiquement à la Personne du Verbe. Les théologiens poussent encore plus avant cette considération, et disent communément que cette union s'est étendue jusqu'aux trois autres humeurs, jusqu'aux esprits vitaux et animaux, et même jusqu'aux ongles et aux cheveux qui servaient d'ornement à cette humanité.

Il faut s'étonner de la merveilleuse bonté de Dieu dans ce

(1) Apud D. Epiphan. Hæres. 77. Num. 9. Apud. D. Aug. 1. de Hæres. Hæresi. 11. (2) D. Bernard. Ser. 3, in Vigiliâ Nativit.

sacré mystère, où pouvant se contenter de s'unir à l'âme spirituelle, comme chose plus convenable, quoique ce soit la plus basse des substances spirituelles, et pouvant opérer notre Rédemption par les actes de cette âme sainte, néanmoins il s'est uni au corps de manière à lui appartenir, non moins qu'à l'âme raisonnable. Il est donc vrai, ô Dieu très-bon! vous n'avez pas eu horreur de votre créature, et de ce que vous avez formé en elle. O Dieu très-louable et magnifique ! qui ne vous exaltera, puisqu'ainsi vous exaltez ce qui en nous semble si vil et si méprisable? Oh! que vous aviez bien raison de dire Un cheveu de votre tête ne périra pas (Luc, 21); c'est vous-même, ô Jésus! qui êtes cette tête, et un seul de vos cheveux est plus digne que le soleil et que tout le monde entier !

II. Considérez en second lieu le grand pouvoir et la noblesse de cette union. Certes, l'esprit a de quoi s'exercer en ces pensées. Car quel pouvoir plus grand que d'allier ensemble, et de joindre, pour une éternité, deux êtres infiniment distants et éloignés l'un de l'autre? Quel pouvoir plus grand que d'élever l'être humain jusqu'à l'être divin, jusqu'au trône de Dieu même ? C'est ce que fait cette union; elle lie ensemble en unité de personne Dieu et l'homme, l'infini et le fini, l'immortel et le mortel, le riche et le pauvre, et exalte la nature humaine jusqu'à un si haut point de grandeur, que rien ne se peut imaginer audessus; de plus, le terme de cette union, et ce qui en résulte, est Jésus-Christ, Dieu-Homme et Homme-Dieu. Cette union fait que Dieu est homme et que l'homme est Dieu, et néanmoins que Dieu demeure Dieu, sans être changé aucunement. Pourrait-il donc y avoir une union plus grande que celle de l'Incarnation? Or, pour en mieux concevoir la grandeur et l'excellence, nous la pouvons comparer à l'union des trois Personnes de la Trinité dans la nature divine, à l'union de l'âme raisonnable avec le corps, et à l'union de l'esprit bienheureux avec Dieu, par la béatitude qui le met en possession de Dieu même. Si nous la comparons à la première union, sans doute elle lui est inférieure; car les Personnes divines sont l'essence même par identité, en laquelle elles sont unies; si bien que ce n'est pas tant une union qu'une unité, pour en parler proprement. Mais après cette union ou unité, celle de l'Incarnation l'emporte sur toutes les autres; car quant à l'union de l'âme avec le

corps, la mort la peut dissoudre; mais, dit saint Léon, la nature de Dieu et celle de l'homme sont tellement unies, qu'elles n'ont pu être désunies par le supplice et séparées par la mort. Et quant à ce qui regarde l'union des esprits bienheureux avec Dieu, ce n'est qu'une union accidentelle, et celle de l'Incarnation est substantielle; celle-là rend les hommes enfants de Dieu par adoption, celle-ci rend l'homme fils de Dieu par nature. Par l'union béatifique, Dieu se donne et se communique comme objet qui termine et perfectionne les actions et les puissances de l'ange ou de l'âme; mais par l'union hypostatique, la Personne du Verbe se donne et se communique pour terminer et accomplir par soi-même la substance même de l'humanité; si bien qu'elle est digne de plus grands respects et de plus d'amour, sans comparaison, pour être ainsi intimement pénétrée et soutenue dans le Verbe, que tous les esprits créés pour tous les dons de grâce et de gloire, qu'ils sont capables de recevoir, ou qu'ils reçoivent en effet.

Qui pourra donc jamais assez estimer le bonheur de cette sainte humanité ? Et puisque tout le monde admirerait le bonheur d'une pauvre villageoise, qui serait entrée dans l'alliance du plus puissant monarque de la terre, pour être participante de ses grandeurs, de ses honneurs, de ses pouvoirs, de ses contentements et de toutes ses richesses; que n'admirons-nous incessamment en esprit d'amour et de révérence cette très-heureuse humanité qui est entrée en union avec le Verbe infini? O humanité sacrée! quand nos esprits s'appliqueront-ils parfaitement à vous méditer et à vous glorifier! Plusieurs ont amassé des richesses (Prov. 31), tous les Séraphins et toutes les hiérarchies célestes jouissent d'une parfaite félicité dans leur union béatifique, ainsi que les âmes vertueuses qui sont arrivées au terme de la gloire : Mais vous les surpassez toutes, et ce que le Père éternel vous a donné est au-dessus de tout ce qu'ils possèdent. O humanité! humanité! ayez toujours cette noblesse et cette élévation. Oh! jouissez, jouissez toujours du bonheur de votre alliance avec le noble Fils de Dieu, le prince de l'univers. Oh! régnez toujours, triomphez toujours en votre gloire.

III. Considérez la singularité de cette union personnelle; car elle est doublement singulière, et elle contient deux singularités très-dignes d'être longuement méditées. La première de ces

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