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SÉPARENT EUX-MÊMES. En effet, toutes les sectes. séparées de l'ancienne église sont des rameaux qui, étant coupés et ne recevant plus la nourriture du tronç vivant, tombent, se dessechent et meurent aussitôt. On n'y trouve plus l'esprit de recueillement, de priere et d'humilité; tout y est régularité extérieure, critique sévere, et hauteur pharisaïque. A quoi à servi la prétendue réforme des protestants? Elle n'a produit que scandale, que trouble, qu'incertitude, que disputes, qu'indifférence de religion, sous prétexte de tolérance mutuelle, et enfin qu'irréligion presque dans tout le nord. Voilà les nuées sans eau, et les arbres déracinés..

IV. J'avoue que ceux qui ont fait le schisme par orgueil étoient plus coupables que ceux qui ne font que le continuer par les préjugés de l'éducation et par l'entraînement de l'habitude; mais on ne sauroit trop considérer quel est le principe fondamental de tous les protestants. Ils ne se sont séparés de l'ancienne église qu'en préférant leur propre pensée sur le texte sacré à l'autorité de toute l'église visible. S'ils n'eussent point embrassé ce principe d'indocilité et d'indépen dance, ils n'auroient jamais pu faire leur séparation: ainsi il est essentiel au schisme que chaque schismatique décide ainsi dans son cœur : « Je me sépare de « l'ancienne église pour m'attacher à la nouvelle, non

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« parceque j'attribue à la nouvelle la promesse d'in« faillibilité que je ne veux point attribuer à l'an« cienne, mais parceque je crois qu'aucune église n'a «< cette promesse d'infaillibilité, et que c'est moi qui « dois discerner le sens des livres divins pour y for« mer moi-même ma foi en les examinant. Les pasteurs peuvent m'aider à entendre ce texte; mais ils « peuvent aussi me tromper, comme l'ancienne église « m'a trompé en se trompant elle-même. Je dois les « écouter avec déférence et respect; mais enfin ils ne << sont point infaillibles, et la finale décision doit, indépendamment d'eux, venir de l'esprit de Dieu, qui me fera entendre le texte des écritures ».. Voilà précisément ce qui distingue le protestant séparé de l'ancienne église d'avec le catholique qui demeure dans son sein. Le catholique forme sa foi par pure autorité; le protestant forme la sienne par pur examen : l'un ne fait qu'écouter et croire ce que l'autorité décide; l'autre examine et décide lui-même indépendamment de toute autorité. Il ne pourroit jamais se séparer, s'il ne supposoit pas qu'il juge mieux que l'église. Le schisme est donc fondé sur ce jugement téméraire et présomptueux : « J'entends mieux « le texte sacré que l'ancienne église, et je ne la quitte « que pour interpréter les saintes écritures, indépen « damment de son autorité : il faut préférer la parole:

<< de Dieu à toute autorité humaine ». Ainsi, à proprement parler, chaque protestant fait lui-même son schisme personnel: il ne rejette point l'autorité de l'ancienne église, pour se soumettre aveuglément à l'autorité de la nouvelle; mais il se rend juge entre ces deux églises opposées, et il conclut après un examen d'entiere indépendance pour la nouvelle contre l'ancienne : c'est lui qui, tenant le texte sacré en main, ́décide, fixe lui-même sa croyance, choisit une église, et fait par sa décision son schisme contre celle qu'il rejette. Encore une fois, il faut bien se garder de croire qu'il accorde l'autorité infaillible à la nouvelle église en la refusant à l'ancienne; c'est ce qui seroit le comble de l'extravagance et du délire. Il exclut également toute autorité infaillible de ces deux églises, et il se détermine uniquement par sa propre décision sur les écritures. Si ce particulier vit dans la naissance du schisme, il est lui-même un de ceux qui prononcent le jugement de condamnation contre l'ancienne église, qui la répudient et qui décident pour commencer la séparation. Si au contraire il ne vient au monde qu'après que le schisme est déja formé par ses ancêtres, il marche sur leurs traces, et il continue le schisme sur le même principe fondamental, par lequel ses ancêtres l'ont commencé. Cet homme dit dans son cœur: «Je vois clairement que mes ancêtres ont mieux

<< entendu l'écriture que l'ancienne église je vois qu'ils ont eu raison de s'en séparer. J'adhere à leur séparation, comme juste ; je la ratifie, je la confir« me, je la continue, je la renouvelle autant qu'il est << en moi. Si je voyois qu'ils se fussent trompés et que << leur séparation fût injuste, je me garderois bien de « confirmer leur erreur, leur révolte sacrilege, leur << schisme impie». Ainsi supposé que l'ancienne église ait pour ministres les légitimes successeurs des apôtres, qui ont seuls le droit du sacerdoce, et que cette église n'établisse jamais des erreurs damnables, qu'en un mot elle n'impose rien aux fideles nuisiblement au salut, il est clair comme le jour, que la séparation a été injuste, impie et sacrilege. En vérité, un chrétien qui veut aimer Dieu et être fidele à la vérité, peut-il en conscience adhérer à ce schisme, le ratifier, le confirmer, le continuer et le renouveller en sa personne? Quand on apperçoit le plus grand des maux commis. par ses ancêtres, ne doit-on pas le révoquer et le réparer aussitôt ? Si on y est obligé pour le plus vil intérêt, à combien plus forte raison y est-on obligé, quand il s'agit du corps de Jésus-Christ déchiré, de son épouse rejettée, de la maison de Dieu mise en ruine, et du sacré ministere usurpé sur les légitimes successeurs des apôtres, qui ont seuls le droit du sacerdoce! Quelle excuse peut-on alléguer pour une ratification si im

pie, si ce n'est que l'ancienne église a établi des erreurs damnables, et qu'elle a imposé aux fideles nuisiblement au salut? Or est-il que, de l'aveu des personnes pieuses et éclairées dont il s'agit ici, elle ne l'a jamais fait? Donc ces personnes ne peuvent jamais en conscience confirmer, ratifier, continuer et renou veller en leurs personnes par aucun acte le schisme de leurs ancêtres. Ce schisme est en soi injuste, impie et sacrilege : ils ne pourroient le ratifier par leurs actes, sans autoriser une calomnie atroce contre la vraie église, qui est leur mere et la seule légitime épouse du fils de Dieu. Que doivent-ils donc faire? Dès qu'ils apperçoivent qu'ils mangent l'agneau paschal hors du lieu saint, ils doivent se hâter de retourner sur la sainte montagne, dans le centre de l'unité, pour s'y nourrir du pain descendu du ciel. Dès qu'ils reconnoissent qu'ils sont hors de l'arche, ils doivent y rentrer pour se sauver du déluge. C'est ainsi que les peres parlent unanimement; c'est ratifier, confirmer, renouveller, perpétuer le schisme, que de ne le pas finir pour soi.

V. Il est vrai qu'un homme né dans un pays d'où la vraie église est proscrite par un schisme public, a de grandes précautions à garder, quoiqu'il soit pleine ment catholique. On le voit par l'exemple des chrétiens de l'ancienne église, qui se cachoient avec des

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