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LETTRE VII.

Je ne m'étonne nullement de l'état violent où vous vous trouvez. Le regne de Dieu, dit le Saint Esprit, souffre violence. On ne renaît point sans douleur. Vous auriez tort, si vous ne sentiez pas une extrême peine à quitter tout ce qui vous étoit le plus cher, et à vous renoncer vous-même. On ne meurt pas sans le sentir; mais celui qui vous afflige sera lui-même votre consolateur. La vérité vous délivrera: alors vous serez véritablement libre; vous goûterez la consolation de sacrifier à Dieu vos anciens préjugés.

Il est vrai que la religion catholique vous donnera contre votre amour-propre des leçons d'humilité dont vous aurez un peu à souffrir, parceque la religion où vous avez été nourrie flattoit votre présomption naturelle, et vous rendoit juge de la parole de Dieu même. Mais vous sentirez la vérité de ces paroles de Jésus-Christ: Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos ames. Vous trouverez un repos intérieur à vous rabaisser et à vous corriger, que vous n'avez jamais trouvé à vous croire et à vous enorgueillir. Le grand point est de vous accoutumer à vous recueillir, à chercher le royaume de Dieu qui est au dedans de vous,

et à vous taire pour écouter l'esprit de grace. Il vous montrera les défauts à corriger, et les vertus à acqué-rir par le principe de l'amour de Dieu.

LETTRE VIII.

J'ENTRE de tout mon cœur, M. dans toutes vos peines; elles doivent être très grandes. Que ne voudrois-je point faire et souffrir pour vous les épargner! Mais Dieu ne nous a mis en ce monde que pour y souffrir et pour y mériter le royaume du ciel par notre patience. Heureux ceux que le monde croit malheureux, et qui n'ont point de part à ses vaines joies! Heureux ceux auxquels il est donné d'être attachés à la croix du fils de Dieu! Cette doctrine est insupportable à l'amour propre ; mais on ne peut en douter sans ébranler la foi chrétienne, et elle devient douce par l'onction de l'amour de Dieu. J'avoue qu'il est facile de parler des croix et difficile de les porter avec un courage humble et désintéressé; mais que puis-je faire, sinon vous dire les vérités de l'évangile, comme je voudrois qu'on me les dît dans une épreuve aussi violente que la vôtre? Voici les principales réflexions que je vous prie de faire.

1o. Jésus-Christ parle ainsi : Si quelqu'un n'écoute pas l'église, qu'il soit pour vous comme un païen et

comme un publicain. Remarquez qu'il ne dit pas : si quelqu'un n'écoute pas l'église de son pays ou celle d'entre les diverses églises à laquelle il se trouve attaché par sa naissance et par ses préjugés. Il ne suppose point plusieurs églises, entre lesquelles chacun soit libre de choisir à sa mode : il n'en suppose qu'une seule, qu'il veut être à jamais son unique épouse; elle doit être tout ensemble unique, universelle et subsistante dans tous les siecles; elle doit parler à toutes les nations qui sont sous le ciel, et faire entendre sa voix d'un bout de l'univers à l'autre..

Ce n'est point une église invisible et composée des seuls élus, que chacun mette où il lui plaît, suivant les préjugés, et que personne ne puisse montrer au doigt: c'est la cité élevée sur le sommet de la montagne, que tous les peuples voient de loin; chacun sait le lieu où il peut la trouver, la voir et la consulter: elle répond, elle décide; on l'écoute, on la croit. Malheur à quiconque refuse de lui obéir! Il doit être retranché de la société des enfants de Dieu, comme un païen et comme un publicain.

2o. Un pere terrestre, quoique très imparfait, ne peut souffrir qu'aucun de ses enfants divise sa famille, sous prétexte de la réformer selon ses idées. CroyezVous que notre pere céleste qui aime tant l'union, et qui veut que ce soit à cette marque qu'on reconnoisse

ses enfants, souffre sans indignation que quelqu'un d'entre eux soit assez présomptueux et assez dénaturé pour diviser sa famille, qu'il a voulu par le mérite de son propre sang consommer à jamais dans l'unité? L'époux ne veut qu'une seule épouse; il a horreur de la pluralité. Le schisme qui fait plusieurs églises, malgré Jésus-Christ qui n'en veut qu'une seule, est donc le plus grand de tous les crimes: c'est celui de Coré, de Dathan et d'Abiron, qui voulurent partager le sacré ministere. La terre doit engloutir et le feu du ciel consumer ceux qui déchirent l'épouse unique pour en faire plusieurs.

3o. En vain nos freres séparés soutiendront que l'ancienne église étoit tombée en ruine et en désolation par son idolâtrie, en sorte qu'il a fallu en former une autre à sa place. Si l'église visible avoit pu être un seul jour trompeuse et idolâtre, Jésus-Christ se seroit bien gardé de dire absolument et sans restriction, pour toutes les nations et pour tous les siecles: Si quelqu'un n'écoute pas l'église. Il auroit induit par là ses enfants en erreur. Il n'eût pas manqué de dire tout au contraire. Si quelqu'un écoute l'église pendant les siecles d'erreur et d'idolâtrie où elle tombera, qu'il soit pour vous comme un païen et comme un publicain. Cette défense expresse d'écouter l'église devroit, selon le plan de nos freres séparés,

avoir été faite pour presque tous les siecles, puisque de leur propre aveu le monde a été pendant presque tous les siecles, depuis les apôtres jusques à la prétendue réforme des protestants, sans avoir aucune autre église que celle qui enseignoit, qui administroit les sacrements, qui disoit la messe, qui honoroit les. images et qui prioit les saints, comme nous le faisons. Loin de dire, Gardez-vous bien d'écouter l'église dans ces siecles d'aveuglement, Jésus-Christ dit au contraire pour tous les jours sans exception, jusqu'à celui où il reviendra juger le monde : Si quelqu'un n'écoute pas l'église, qu'il soit pour vous comme un païen et un publicain. Il assure ailleurs que cette église, loin de tomber en idolâtrie et de rendre par là le schis me nécessaire, sera fondée sur la pierre, en sorte que les portes de l'enfer, c'est-à-dire les conseils de l'erreur, ne prévaudront point contre elle. C'est promettre précisément que ce que nos freres prétendent être arrivé, n'arrivera jamais. Jésus-Christ dit encore en quittant son église naissante pour monter au ciel: Allez, instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Pere, du Fils et du Saint-Esprit ; et voilà que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siecles. C'est au corps des pasteurs qu'il s'a-dresse, pour leur confier le ministere de l'instruction et de l'administration des sacrements. Il parle d'une

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