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II. On entend Jésus-Christ qui dit," Malheur & vous qui riez! et on veut rire. On l'entend dire, Malheur à vous, riches, qui avez votre consolation en ce monde! et on recherche toujours les richesses. Il dit, Heureux ceux qui pleurent! et on ne craint rien tant que de pleurer. Il faut pleurer ici-bas, non seulement les dangers de notre condition, mais tout ce qui est vain et déréglé. Pleurons sur nous et sur le prochain. Tout ce que nous voyons au-dedans et au-dehors n'est qu'affliction d'esprit, que tentation et que péché. Tout mérite des larmes. Le vrai malheur est d'aimer ces choses si peu dignes d'être aimées. Que de raisons de pleurer! C'est le mieux qu'on puisse faire. Heureuses larmes que la grace opere, qui nous dégoûtent des choses passageres, et qui font naître en nous le desir des biens éternels!

(1) Luc, 6, v. 21, 24, 25.

XX. JOUR.

Sur la prudence du siecle.

La prudence de la chair est la mort. Rom. 8, v. 6.

I. La prudence des enfants du siecle est grande, puisque Jésus-Christ nous en assure dans l'évangile; et elle est même souvent plus grande que celle des enfants de Dieu : mais il se trouve en elle, malgré tout ce qu'elle a d'éclatant et de spécieux, un effroyable défaut; c'est qu'elle donne la mort à tous ceux qui la prennent pour la regle de leur vie. Cette prudence tortueuse et féconde en subtilités est ennemie de celle de Dieu, qui marche toujours dans la droiture et dans la simplicité. Mais que servent aux prudents du siecle tous leurs talents, puisqu'à la fin ils se trouvent pris dans leurs propres pieges? L'apôtre saint Jacques donne à cette prudence le nom de " terrestre, d'animale et de diabolique; terrestre, parcequ'elle borne ses soins à l'acquisition et à la possession des biens de la terre; animale, parcequ'elle n'aspire qu'à fournir aux hommes tout ce qui flatte leurs passions, et à les plonger dans les plaisirs des sens; diabolique, parcequ'ayant tout l'esprit et toute la pé nétration du démon, elle en a toute la malice. Avec elle, on s'imagine tromper tous les autres, et on ne trompe que soi-même.

(1) Jacq. 3, v. 15.

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II. Aveugles donc tous ceux qui se croient sages, et qui ne le sont pas de la sagesse de Jésus-Christ, seule digne du nom de sagesse ! Ils courent, dans une profonde nuit, après des fantômes. Ils sont comme ceux qui, dans un songe, pensent être éveillés, et qui s'imaginent que tous les objets du songe sont réels. Ainsi sont abusés tous les grands de la terre, tous les sages du siecle, tous les hommes enchantés par les faux plaisirs. Il n'y a que les enfants de Dieu qui marchent aux rayons de la pure vérité. Qu'est-ce qu'ont devant eux les hommes pleins de leurs pensées vaines et ambitieuses? Souvent la disgrace; toujours la mort, le jugement de Dieu et l'éternité. Voilà les grands objets qui s'avancent et qui viennent au-devant de ces hommes profanes: cependant ils ne les voient pas. Leur politique prévoit tout, excepté la chûte et l'anéantissement inévitable de tout ce qu'ils cherchent. Ô insensés! quand ouvrirez-vous les yeux à la lumiere de Jésus-Christ, qui vous découvriroit le néant de toutes les grandeurs d'ici bas?

XXI. JOUR.

Sur la confiance en Dieu.

Il vaut mieux mettre sa confiance dans le Seigneur, que de la mettre dans l'homme. Ps. 117, v. 8.

Vous vous confiez tous les jours à des amis foibles, à des hommes inconnus, à des domestiques infideles; et vous craignez de vous fier à Dieu. La signature d'un homme public vous met en repos sur votre bien; et l'évangile éternel ne vous rassure pas. Le monde vous promet, et vous le croyez : Dieu vous jure, et vous avez de la peine à le croire. Quelle honte pour lui! quel malheur pour vous! Rétablissons tout dans l'ordre. Faisons avec modération ce qui dépend de nous. Attendons sans bornes ce qui dépend de Dieu. Réprimons tout empressement, toute inquiétude déguisée sous le nom de raison ou de zele. Celui qui en use ainsi, s'établit en Dieu, et devient immobile comme la montagne de Sion.

II. La confiance pour le salut doit être encore plus élevée et plus ferme. " Je puis tout en celui qui me fortifie. Quand je croyois tout pouvoir, je ne pouvois rien; et maintenant qu'il me semble que je ne puis (1) Phil. 4, v. 13.

rien, je commence à pouvoir tout. Heureuse impuissance qui me fait trouver en vous, ô mon Dieu, tout ce qui me manquoit en moi-même! Je me glorifie dans mon infirmité et dans les maux de la vie, puisqu'ils me désabusent du monde entier et de moimême. Je dois m'estimer heureux d'être écrasé par une main si miséricordieuse, puisque c'est dans cet anéantissement que je serai revêtu de votre force, caché sous vos ailes, et environné de cette protection spéciale que vous étendez sur vos enfants humbles, qui n'attendent rien que de vous.

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