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IV. MÉDITATION.

Combien peu renoncent à l'amour du monde, qui est si digne de mépris.

N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. S. Jean, 1, ch. II, v. 15.

Que ces paroles ont d'étendue! Le monde est cette multitude aveugle et corrompue que JésusChrist maudit dans l'évangile, et pour laquelle il ne veut pas même prier en mourant. Chacun parle contre le monde, et chacun a pourtant le monde dans son cœur. Le monde n'est que l'assemblage des

gens qui s'aiment eux-mêmes, et qui aiment les créatures sans rapport à Dieu. Nous sommes donc le monde nous-mêmes, puisqu'il ne faut pour cela que s'aimer, et que chercher dans les créatures ce qui n'est qu'en Dieu. Avouons que nous appartenons au monde, et que nous n'avons point l'esprit de Jésus-Christ. Quelle honte de renoncer en apparence au monde, et d'en conserver les sentiments! Jalousie pour l'autorité, amour pour la réputation qu'on ne mérite pas, dissipation dans les compagnies, recherche des commodités qui flattent la chair, lâcheté dans les exercices chrétiens, inapplication à étudier les vérités de l'évangile; voilà le monde.

Il vit en nous; et nous voulons vivre en lui, puisque nous desirons tant qu'on nous aime, et que nous craignons qu'on nous oublie. Heureux le saint

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apôtre pour qui le monde étoit crucifié, et qui l'étoit aussi pour le monde!

(1) Gal, 6, v. 14.

V. MÉDITATION.

Sur la véritable paix.

Je vous donne la paix, non comme le monde la donne. Jean, XIV, v. 27.

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Quel bonheur de savoir combien le monde est méprisable! C'est sacrifier à Dieu peu de chose, que de lui sacrifier ce fantôme. Qu'on est foible quand on ne le méprise pas autant qu'il le mérite! Qu'on est à plaindre quand on croit avoir beaucoup quitté en le quittant! Tout chrétien y a renoncé par son baptême les personnes religieuses et retirées ne font donc que suivre cet engagement avec plus de précaution que les autres. C'est avoir cherché le port en fuyant la tempête. Le monde promet la paix, il est vrai, mais il ne la donne jamais; il cause quelques plaisirs passagers, mais ces plaisirs coûtent plus qu'ils ne valent. Jésus-Christ seul peut mettre l'homme en paix; il l'accorde avec lui-même; il soumet ses passions; il borne ses desirs; il le console par son amour; il lui donne la joie dans la peine même : ainsi cette joie ne peut lui être ôtée.

VI. MÉDITATION.

Que Jésus-Christ a refusé de prier pour le monde:

Je ne prie point pour le monde. Jean, XVII, v. 9.:

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Jésus-Christ mourant prie pour ses bourreaux et refuse de prier pour le monde. Que dois-je donc penser de ces hommes qu'on appelle honnêtes gens, et que j'ai appelés amis, puisque les persécuteurs et les meurtriers de Jésus-Christ lui sont moins odieux que ces hommes auxquels j'avois livré mon cœur? Que puis-je attendre de ma foiblesse dans les conpagnies où l'on se pique d'oublier Dieu, de traiter la piété de foiblesse, et de suivre tous ses desirs? Puisje croire que j'aime Dieu et que je ne rougisse point de son évangile, si j'aime tant la société de ses ennemis et si je crains de leur déplaire en témoignant. que je crains Dieu? Ô Seigneur! soutenez-moi contre les torrents du monde; rompez mes liens; éloignezmoi des tabernacles des pécheurs; unissez-moi avec ceux qui vous aiment!

VII. MÉDITATION.

Sur la fuite du monde.

Malheur au monde, à cause de ses scandales! Matth. XVIII, v. 7.

Le monde porte déja sur son front la condamnation de Dieu; et il ose s'ériger en juge pour décider de tout. On veut aimer Dieu, et on craint lâchement de déplaire au monde, son irréconciliable ennemi. Ô ame adultere et infidele à l'époux sacré! ne savez-vous pas que l'amitié du monde rend ennemi de Dieu? Malheur donc à ceux qui plaisent au monde, ce juge aveugle et corrompu!

Mais qu'est-ce que le monde? Est-ce un fantôme? Non; c'est cette foule d'amis profanes qui m'entretiennent tous les jours, qui passent pour honnêtes gens, qui ont de l'honneur, que j'aime et dont je suis aimé, mais qui ne m'aiment point pour Dieu. Voilà mes plus dangereux ennemis. Un ennemi déclaré ne tueroit que mon corps; ceux-ci ont tué mon ame. Voilà le monde, que je dois fuir avec horreur, si je veux suivre Jésus-Christ.

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