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permission, une volonté de signe. Il en est de même lorsque JésusChrist dit à Judas: Ce que tu veux faire, fais-le au plus tôt (1). Le Sauveur n'avait certainement pas la volonté de confirmer ce traître dans son crime. La volonté de bon plaisir, au contraire, est une vraie volonté, une volonté par laquelle Dieu veut réellement ce qu'il parait vouloir, une volonté en vertu de laquelle il agit: telle est, par exemple, la volonté par laquelle il veut que nous fassions le bien, puisqu'il nous le commande, et qu'il nous récompense quand nous le faisons, et qu'il nous punit quand nous ne le faisons pas.

157. Secondement : la volonté de bon plaisir se divise en volonté antécédente et en volonté conséquente. La volonté antécédente est ainsi appelée parce qu'elle considère un objet en lui-même, abstraction faite des circonstances particulières et personnelles telle est la volonté de Dieu de sauver tous les hommes. Il veut le salut de tous, puisqu'il donne à tous les moyens nécessaires et vraiment suffisants d'observer ses commandements; mais il le veut, abstraction faite du bon et du mauvais usage que chacun fera de ces moyens. La volonté conséquente est celle par laquelle Dieu veut une chose, eu égard à certaines circonstances qui dépendent de la volonté de l'homme. Ainsi, quoique Dieu veuille que tous les hommes soient sauvés, cependant, lorsqu'il voit que tels et tels ne répondront pas à sa grâce, il veut, d'une volonté conséquente, les condamner et les punir éternellement.

158. Troisièmement : la volonté de Dieu est absolue ou çonditionnelle. Elle est absolue quand elle ne dépend d'aucune condition; ce qui a lieu par rapport à nous, pour toutes les choses que Dieu fait seul, sans le concours de la volonté de l'homme: telle a été la volonté de créer le monde, de faire l'homme à son image, en lui donnant la faculté de connaître, d'aimer et d'agir librement. La volonté de Dieu est conditionnelle lorsqu'elle dépend, quant à la fin qu'il se propose, de la libre coopération de l'homme. Ainsi, Dieu veut le salut de tous les hommes; il le veut d'une volonté conditionnelle, c'est-à-dire, sous la condition que les hommes le voudront eux-mêmes, en coopérant librement à la grâce qui leur sera donnée, et qu'ils observeront ses commandements.

159. Quatrièmement: enfin, on distingue en Dieu une volonté efficace, qui a toujours son effet, et la volonté inefficace, qui est privée de son effet par la résistance de l'homme. On appelle inef

(1) Saint Jean, c. xiii, v. 27.

ficace la volonté de Dieu relativement au salut de ceux qui se perdent; non que cette volonté soit stérile à leur égard, car Dieu leur accorde les grâces nécessaires au salut; mais parce qu'ils résistent à cette volonté, qui n'est que conditionnelle.

160. Or Dieu veut, non d'une volonté de signe, mais d'une volonté de bon plaisir, d'une volonté réelle et sincère, le salut de tous les hommes. Quoiqu'il ne donne pas à tous les mêmes moyens, il leur donne à tous, même à ceux qui reçoivent le moins, des grâces vraiment suffisantes pour accomplir sa loi et mériter le salut éternel. Soutenir que le Sauveur du monde n'est pas mort pour tous les hommes, c'est une erreur; soutenir qu'il n'est mort que pour les prédestinés, c'est une hérésie. Jansénius, évêque d'Ypres, renouvelant les erreurs de Calvin et de quelques anciens hérétiques touchant la prédestination, avait avancé que c'est étre semi-pélagien de dire que Jésus-Christ est mort ou qu'il a versé son sang pour tous les hommes. Mais le pape Innocent X, par une constitution dogmatique de l'an 1653, qui a été reçue dans toute l'Église, a condamné solennellement cette proposition comme fausse, téméraire et scandaleuse; et, entendue dans le sens que Notre-Seigneur soit mort pour le salut seulement des prédestinés, il l'a condamnée comme impie, blasphématoire, injurieuse, contraire à la bonté de Dieu, et hérétique (1). Ce décret est fondé sur l'Écriture et la tradition, sur l'enseignement des Pères et des conciles, sur la croyance générale et constante de l'Église universelle, comme on le verra dans les deux articles suivants.

ARTICLE I.

Il est de foi que Dieu vent le salut d'autres que des prédestinés, et que JésusChrist n'est pas mort seulement pour les élus.

161. Dieu veut le salut d'autres que des prédestinés, même à partir du péché originel: tous les textes de l'Écriture touchant la volonté de Dieu pour le salut des hommes se rapportent à l'état de nature tombée. Et ce que Dieu veut relativement à notre salut, il le veut réellement; de sorte que quiconque ne fait pas son salut

(1) Quintam (Jansenii propositionem): semipelagianum est dicere Christum pro omnibus omnino hominibus mortuum esse, aut sanguinem fudisse; falsam, temerariam, scandalosam : et intellectam eo sensu, ut Christus pro salute duntaxat prædestinatorum mortuus sit, impiam, blasphemam, contumeliosam, di vina pietati derogantem, et hæreticam declaramus, et uti talem damnamus,

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résiste à la grâce et à la volonté de Dieu. On lit, dans l'évangile selon saint Jean : « Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné « son Fils unique, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé « son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais afin que « le monde soit sauvé par lui (1). » On voit ici que Dieu a aimé le monde, et qu'il l'a tellement aimé qu'il lui a envoyé son Fils, non pour condamner le monde, mais afin que le monde soit sauvé, ou que tous ceux qui croiront en lui aient la vie éternelle. Or dirat-on que le monde ne comprend que les prédestinés? que tous. ceux qui croient en Jésus-Christ sont prédestinés? Non, évidemment donc il est vrai que Dieu ne veut pas le salut seulement des prédestinés.

162. Notre-Seigneur dit aux Juifs : « Je suis descendu du ciel, « non pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui « qui m'a envoyé. Or, la volonté du Père qui m'a envoyé est que « je ne perde aucun de tous ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père, qui m'a envoyé, est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui ait la ⚫ vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour (2). » La volonté du Père céleste est donc de sauver tous ceux qu'il a confiés à son Fils. Or, tous ceux que le Père a confiés à Jésus-Christ, tous ceux qui ont cru en Jésus-Christ n'ont point été sauvés. Jésus dit lui-même à son Père, en parlant de ses disciples : « Ceux que vous « m'avez donnés, je les ai gardés; et aucun d'entre eux ne s'est « perdu, si ce n'est le fils de perdition (3). » Ce fils de perdition, Judas, s'est perdu; il n'était done point prédestiné. Cependant il était un des douze, un de ceux que Dieu avait donnés à JésusChrist, et qui ont été gardés par Jésus-Christ: quos dedisti mihi, custodivi: et nemo ex eis periit, nisi filius perditionis. Ce qui a fait dire à saint Augustin: Le traître Judas a renoncé au prix d'argent dont il avait vendu son maître, et il n'a pas reconnu

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(1) Sic enim Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret: ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed habeat vitam æternam. Non enim misit Deus Filium suum in mundum, ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum. Saint Jean, c. m, v. 16 et 17. — (2) Descendi de cœlo, non ut faciam voluntatem meam, sed voluntatem ejus qui misit me. Hæc est autem voluntas ejus qui misit me Patris: ut omne quod dedit mihi, non perdam ex eo, sed ressuscitem illud in novissimo die. Hæc est autem voluntas Patris mei, qui misit me, ut omnis qui videt Filium et credit in eum, habeat vitam æternam,

et ego ressuscitabo eum in novissimo die. Saint Jean, c. vɩ, v. 38, 39 et 40. — (3) Ibidem, c. xvII, v. 12.

« le prix dont il avait été lui-même racheté par son maitre (1), « Les partisans de Jansénius l'ont compris aussi, voulant donner le change aux fidèles, ils ont altéré le texte sacré dans les traductions françaises qu'ils en ont données, en substituant la particule sed à la particule nisi, pour faire entendre que le fils de perdition n'était point du nombre de ceux que Dieu avait confiés à son Fils pour être sauvés. Au lieu de traduire, « J'ai conservé ceux que « vous m'avez donnés; et nul d'entre eux ne s'est perdu, si ce a n'est le fils de perdition; » ils traduisent, avec la plus insigne mauvaise foi: J'ai conservé ceux que vous m'avez donnés, et nul « d'entre eux ne s'est perdu; mais celui-là seulement qui était enfant de perdition (2).

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163. Ailleurs : « Je ne prie pas seulement pour eux, dit Jésus«< Christ, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur pa« role (3). La prière du Fils de Dieu n'a point été vaine: pendant le temps qu'il a été sur la terre, il a été exaucé, dit saint Paul, à cause de son respect pour son Père; exauditus est pro sua reverentia (4). Il a donc obtenu les grâces du salut pour tous ceux qui croient en lui: cependant tous ceux qui croient ne sont pas sauvés, de l'aveu des jansénistes, qui restreignent tant qu'ils peuvent le nombre des élus, même parmi les chrétiens. On peut citer encore, entre mille, ce passage de l'apôtre : « Nous mettons « notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le sauveur de tous « les hommes, principalement des fidèles (5).» Dieu ne peut être le sauveur de tous les hommes qu'autant qu'il leur accorde les moyens nécessaires au salut; moyens suffisants pour tous, et pour toutes les circonstances où ils sont obligés de faire le bien et d'éviter le mal, ou d'accomplir quelque commandement. Or, il en est plusieurs, même parmi les fidèles, qui ne font point leur salut; il en est plus ou moins qui se perdent pour l'éternité : donc, encore une fois, Dieu ne veut pas seulement le salut des prédestinés.

164. C'est ainsi que l'ont compris les Pères et les conciles,

(1) Projecit pretium argenti quo ab illo Dominus venditus erat ; nec agnovit pretium quo ipse a Domino redemptus erat. In psalm. LXVш. (2) Celte traduction janséniste se trouve dans le Nouveau Testament imprimé à Mons en 1667; dans celui de le Maître de Sacy, et dans la Bible traduite sur les texles originaux, par Legros, chanoine de Reims. — (3) Non pro eis autem rogo tantum, sed et pro eis qui credituri sunt per verbum corum in me. Saint Jean, c. xvn, v. 20. — (4) Épître aux Hébreux, c. v, v. 7. (5) Speramus in Deum vivum, qui est salvator omnium hominum, maxime fidelium. Ire építre à Timothée, c. IV, v. 9.

comme nous le verrons dans l'article suivant : c'est ainsi que l'a toujours entendu l'Église. Elle répète et fait répéter à tous les fidèles cette profession de foi, qui a été consacrée par les Pères du concile de Nicée de l'an 325, et de celui de Constantinople de 381: « Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique « de Dieu..., qui est descendu du ciel pour nous et pour notre sa« lut; qui s'est incarné par l'opération du Saint-Esprit dans le sein " de la Vierge Marie; s'est fait homme, et a été crucifié pour nous. » Nous devons donc croire que Jésus-Christ est venu sur la terre pour notre salut, et qu'il est mort pour nous tous. Cependant qui oserait soutenir que tous les fidèles sont prédestinés à la gloire? Ce ne seront pas les jansénistes. Donc ils doivent confesser, avec tous les catholiques, que Dieu ne veut pas sauver seulement les prédestinés.

165. Ne dites pas que si Dieu voulait le salut de tous les fidèles, tous les fidèles seraient sauvés; que Dieu a fait tout ce qu'il a voulu (1); que toutes ses volontés s'accomplissent (2); qu'on ne peut résister à sa volonté (3). Car s'il est vrai, ce dont personne ne doute, qu'on ne peut résister à la volonté de Dieu quand il veut une chose d'une manière absolue, sans la faire dépendre de notre coopération, il est également vrai qu'on peut résister à sa volonté pour les choses qu'il ne veut que conditionnellement, ou qu'il fait dépendre de la volonté de l'homme. Dieu voulait, bien certainement, que tous les anges lui demeurassent fidèles; cependant un grand nombre d'entre eux se sont révoltés. Il voulait qu'Adam persévérât dans la justice et la sainteté ; cependant notre premier père a résisté à sa volonté. Le Seigneur voulait sauver Jérusalem, et Jérusalem ne l'a pas voulu : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues « les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois « j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble « ses petits sous ses ailes! et tu ne l'as pas voulu (4). Mainte« nant donc, ô habitants de Jérusalem, et vous, hommes de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne. Qu'ai-je dû faire de plus << pour ma vigne, que je n'aie fait pour elle? N'avais-je pas le « droit d'attendre qu'elle me donnât de bons raisins? et elle ne • m'en a donné que de sauvages (5). Hommes durs, incirconcis

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(1) Psaume cxIII. — (2) Isaïe, c. XI.VI, v. 3.—(3) Esther, c. xm, v. 9.—(4) Jerusalem, Jerusalem, quæ occidis prophetas, et lapidas cos qui ad te missi sunt, quoties volui congregare filios tuos quemadmodum gallina congregat pullos suos sub alas! et noluisti. Saint Matthieu, c. xx, v. 37. — (5) Nunc ergo, habitatores Jerusalem, et viri Juda, judicate inter me et vincam meam. Quid est quod

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