Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

pour leur soulagement. Il le prouve par le passage du deuxième livre des Machabées, et par ces paroles de Jésus-Christ : « Si quel• qu'un parle (blasphème) contre le Saint-Esprit, ce péché ne lui « sera remis ni dans ce monde ni dans l'autre ; » ce qui donne à entendre, ajoute-t-il d'après le pape saint Grégoire, qu'il y a des péchés qui peuvent être remis après cette vie; d'où il conclut que c'est avec raison que les saints docteurs reconnaissent un feu purifiant appelé purgatoire, parce qu'il purifie certains péchés (1).

197. Gérard cite saint Grégoire le Grand en effet, suivant ce docteur, on doit croire qu'il y a un feu qui purifie certaines fautes légères avant le jugement général; car celui qui est la « vérité dit que si quelqu'un blasphème contre le Saint-Esprit, « ce péché ne lui sera remis ni en ce monde ni en l'autre (2). C'est pourquoi, dit-il un peu plus bas, je crois que la victime de « l'oblation sainte peut servir aux morts pour l'absolution des « fautes qui peuvent être remises après la mort (3). »

198. Saint Isidore de Séville s'appuie également sur les paroles de Notre-Seigneur : Si quelqu'un blasphème contre le SaintEsprit, pour prouver le dogme du purgatoire; ajoutant que, conformément à la tradition des apôtres, il est reçu dans tout l'univers que l'on prie et que l'on offre le saint sacrifice pour le repos de ceux qui sont morts dans la foi (4).

199. Nous trouvons dans saint Augustin la même interprétation du texte de l'Évangile : Si quelqu'un parle contre le Saint-Esprit. Voici ses paroles : « Il ne serait pas vrai de dire de quelques-uns " qu'il ne leur sera pardonné ni en ce siècle ni en l'autre, s'il n'y « en avait à qui il sera pardonné en l'autre vie (5). Si aucun péché

(1) Spicilegium de dom d'Achery, tom. 1, page 619, édit. in folio. — (2) De quibusdam levibus culpis esse ante judicium purgatorius ignis credendus est, pro eo quod veritas dicit, quia si quis in Sancto Spiritu blasphemiam dixerit, neque in hoc sæculo remittetur, neque in futuro. In qua sententia datur intelligi quasdam culpas in hoc sæculo, quasdam vero in futuro posse laxari. Lib. IV Dialog., c. XXXIX. — (3) Credo quia si insolubiles culpæ non fuerint, ad absolutionem prodesse etiam mortuis victima sacræ oblationis possit. Ibidem, c. LVII. -(4) Sacrificium pro defunctorum fidelium requie offerri, vel pro eis orari, quia per totum hoc orbem custoditur, credimus quod ab ipsis apostolis traditum sit. Hoc enim ubique catholica tenet Ecclesia.... Nam et cum Dominus dicit, qui peccaverit in Spiritum Sanctum, non remittetur ei neque in hoc sæculo, neque in futuro, demonstrat quibusdam illic dimittenda peccata, et quodam purgatorio igne purganda. Lib. 1, de officiis ecclesiasticis, c. xvIII. — (5) Neque enim de quibusdam veraciter diceretur quod non eis remittatur neque in hoc sæculo, neque in futuro, nisi essent quibus, etsi non in isto, tamen remitterentur in futuro. Liv. xxi, de la Cité de Dieu, c. XXIV.

« n'était remis au jugement dernier, je pense que Notre-Seigneur a n'eût pas dit de quelque péché : Il ne lui sera remis ni en ce << monde ni en l'autre (1). » Ailleurs il parle du feu du purgatoire, que certains fidèles souffrent plus ou moins de temps, selon qu'ils ont plus ou moins d'affection pour les choses de la terre (2). « Nous «< lisons dans les livres des Machabées, dit le même docteur, qu'un « sacrifice a été offert pour les morts. Mais lors même que cela ne « se trouverait point du tout dans les anciennes Écritures, ce n'est « pas une faible autorité que celle de l'Église universelle, dont la « croyance se montre clairement dans la coutume de faire la re« commandation des morts dans les prières que le prêtre adresse « au Seigneur, lorsqu'il est à l'autel (3). On ne doit point omettre - les supplications pour les âmes des défunts: l'Église est chargée « de les faire par une commémoration générale pour tous ceux qui << sont morts dans la société chrétienne et catholique, afin que ceux « qui ne peuvent recevoir ce secours de leurs parents ou de leurs << amis le reçoivent de la piété de notre mère commune (4). » Saint Paulin, évêque de Nole, qui vivait du temps de saint Augustin, nous offre un témoignage non moins exprès de la croyance de l'Église touchant le purgatoire; il réclame lui-même les prières de ses amis pour le repos de l'âme de son frère, afin de lui procurer du rafraîchissement et de la consolation dans les peines de l'autre vie (5). Saint Ambroise distingue entre le feu qui consume, après cette vie, les péchés auxquels la volonté a eu moins de part que la surprise, et le feu qui est préparé à Satan et à ses anges, c'est-àdire, entre le feu du purgatoire et le feu de l'enfer (6). Suivant saint Jean Chrysostome, « ce n'est pas en vain que l'on fait des of« frandes, des prières et des aumônes pour les morts; l'Esprit-Saint

(1) Si nulla remitterentur in judicio illo novissimo, puto quod Dominus non dixisset de quodam peccato, non remittetur neque in hoc sæculo neque in futuro. Liv. vi, contre Julien, c. xv. — (2) Enchiridion, c. LXIX. - (3) In Machabæcorum libris legimus oblatum pro mortuis sacrificium. Sed etsi nusquam in Scripturis veteribus omnino legeretur, non parva est universæ Ecclesiæ, quæ in hac consuetudine claret, auctoritas, ubi in precibus sacerdotis, quæ Domino Deo ad ejus altare funduntur, locum suum habet etiam commendatio mortuorum. De cura pro mortuis gerenda, c. 1. — (4) Non sunt prætermittendæ supplicationes pro spiritibus mortuorum : quas faciendas pro omnibus in christiana et catholica societate defunctis etiam tacitis nominibus eorum sub generali commemoratione suscepit Ecclesia, ut quibus ad ista desunt parentes aut filii, aut quicumque cognati vel amici, ab una eis exhibeatur pia matre communi. Ibi. dem, c. IV. - - (5) Lettres xxxv et xxxvI. — (6) Alius iste est ignis quo exuruntur peccata non voluntaria sed fortuita ; alius ille quem deputavit (Christus) diabolo et angelis ejus. Sur le psaume cxvii.

[ocr errors]

« l'a ainsi réglé, voulant que nous nous soulagions mutuellement « les uns les autres (1). Ce n'est pas en vain qu'à la messe le diacre « dit: Prions pour tous ceux qui dorment dans le Seigneur, et pour « ceux qui célèbrent leur mémoire. Il ne dirait pas cela, si on ne devait pas faire de commémoration pour les défunts. Les céré« monies de l'Église ne sont pas des jeux de théâtre : tout s'y fait « d'après l'ordre du Saint-Esprit. Ne soyons donc point négligents « à secourir ceux qui ont quitté ce monde et à offrir des prières pour eux, car l'expiation de toute la terre nous est proposée. « C'est pour cela que nous prions pour l'univers, et que nous nom« mons les morts avec les martyrs, les confesseurs et les pontifes, « ne faisant tous ensemble qu'un même corps, quoiqu'il y ait des « membres plus nobles les uns que les autres; et il peut se faire « que nous obtenions pour les morts une entière réconciliation, « tant par nos prières et nos offrandes que par les mérites des saints dont on récite les noms à l'autel avec les leurs (2). »

[ocr errors]

200. Saint Épiphane, contemporain de saint Jean Chrysostome: « Pour ce qui regarde les morts, on en fait nommément la mé« moire; on célèbre pour eux les saints mystères, le sacrifice et les a prières de l'Église (3). Les prières qui se font pour les morts leur « sont utiles, quoiqu'elles n'effacent pas toutes leurs fautes (4). » Saint Grégoire de Nysse nous parle de ces prières comme d'un usage qui remonte aux apôtres, et qui était reçu de son temps dans toutes les églises de Dieu, ajoutant que c'est une chose utile et agréable au Seigneur de faire, dans la divine et auguste célébration des mystères, la mémoire de ceux qui sont morts dans la vraie foi (5).

(1) Non frustra oblationes pro defunctis fiunt, non frustra preces, non frustra eleemosyna. Hæc omnia Spiritus disposuit, volens ut nos mutuo juvemus. Homélie xxi sur les Actes. — (2) Neque abs re is qui adstat altari, dum veneranda peraguntur mysteria, clamat: pro omnibus qui in Christo dormierunt, et iis qui pro ipsis celebrant memorias. Nam si pro ipsis non fierent commemorationes, ne hæc quidem dicta essent. Non sunt enim res nostræ ludi scenici, absit: hæc enim fiunt ordinatione Spiritus.... Ne nos pigeat opem ferre iis qui excesserunt, et pro eis offerre preces: est enim propositum orbis terræ commune piaculum. Propterea fidenter pro orbe terræ tunc rogamus, et cum martyribus eos vocamus, cum confessoribus, cum sacerdotibus. Etenim unum corpus omnes sumus, etiamsi sint membra membris splendidiora : et fieri potest ut veniam eis omni ex parte conciliemus, a precibus, a donis quæ pro eis offeruntur, ab iis qui cum ipsis vocantur. Homélie Li sur la 1' épitre aux Corinthiens. —(3) Jam vero quoad mortuos spectat, nominatim illorum mentio fit; ac preces, ac sacrificia mysteriaque frequentantur. Exposit. de la foi catholique, c. xxш. (4) Cæterum, quæ pro mortuis concipiuntur preces iis utiles sunt, tametsi non omnes culpas extingunt. Hérés. LXXV, c. VII. - (5) Nihil inconsulte nihilque perperam

«

Saint Ephrem, diacre d'Édesse, mort en 375, se voyant en danger, recommande à ses disciples d'accompagner ses funérailles de prières, d'offrandes, et du chant des psaumes; parce que, dit-il, les morts sont soulagés par les oblations des vivants; et il le prouve par le second livre des Machabées, en s'exprimant en ces termes : Si les fils de Mathathias, en faisant des oblations qui n'étaient qu'une figure de nos saints mystères, ont purifié de leurs péchés «< ceux qui avaient succombé dans le combat, quoique leurs œu« vres fussent mauvaises et semblables à celles des gentils, à plus « forte raison les prêtres du Fils de Dieu effaceront les dettes des « mourants par leurs prières, et les oblations saintes qu'ils font au Seigneur (1). »

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

201. « Nous prions, dit saint Cyrille de Jérusalem, pour nos pères, pour les évêques, et généralement pour tous ceux qui « sont morts dans la foi; parce que nous croyons que la victime « sainte et adorable, en présence de laquelle nous prions, est d'un « grand soulagement pour les âmes des défunts (2). Saint Athanase parle aussi, dans plusieurs endroits, de la prière pour les morts, disant que Dieu inspire à leurs parents et à leurs amis de les secourir, et de suppléer par leurs bonnes œuvres à ce qui leur manque pour être admis au bonheur des saints (3). Eusèbe de Césarée, qui florissait au commencement du quatrième siècle, rapporte qu'une multitude innombrable de fidèles, s'unissant aux prêtres du Seigneur pour les funérailles de Constantin, offraient à Dieu des prières pour le repos de l'âme de l'empereur, ne pouvant lui rendre un service plus avantageux (4). Il était

a Christi præconibus et discipulis traditum fuit, et in omnibus Dei ecclesiis invaluit; sed res utilis est et Deo placens, ut, in divina splendidissimaque myste riorum celebratione, eorum qui in recta fide abierunt memoriam agamus. Apud S. Damascenum, lib. de iis qui in fide dormierunt. — (1) Si autem Mathathiæ filii, qui festa et commemorationes in mysterio duntaxat res nostras præfigurante celebrant, sicut in Scripturis legistis, per oblationes tamen eos a reatibus mundarunt, qui in bello ceciderant, licet operibus suis ethnici, suisque moribus mali fuissent, quanto magis sacerdotes filii Dei per sanctas suas oblationes et per linguarum suarum precationes debita mortuorum condonabunt. Testament de saint Éphrem. —(2) Oramus pro defunctis sanctis patribus, et episcopis, et omnibus generatim qui inter nos vita functi sunt, maximum hoc credentes adjumentum illis animabus fore pro quibus oratio defertur, dum sancta et perquam tremenda coram jacet victima. Catéchèse xxIII. (3) Deus, post ejus (Lepidi) interitum, familiares et cognatos ejus excitabit, eorum mentem diriget, corda pertrahet, animos flectet; atque ii ad opem et auxilium ipsi ferendum accedent : quare iidem, movente Domino corda ipsorum, quæ defuncto deerant supplebunt. Collect. nova Patrum græcorum, tom. 11, page 48. • (4) Innu

donc alors reçu dans l'Église qu'il est utile de prier pour les morts. 202. Arnobe atteste également que, de son temps, on priait, dans les assemblées des chrétiens, et pour les vivants et pour les morts (1). Saint Cyprien, qui est mort en 258, distingue trois états de l'homme après la mort : celui des saints dans le ciel, celui de l'enfer, où les méchants souffrent des peines éternelles, et celui du purgatoire, où l'on est purifié par le feu avant d'être admis dans le séjour de la gloire (2). Il reconnaissait aussi qu'on peut soulager ceux qui sont dans ce dernier état, puisqu'il marque en plus d'un endroit que c'était la coutume de l'Église de prier pour les morts, et d'offrir pour eux le saint sacrifice (3).

203. Tertullien, auteur du second et du troisième siècle, dit que les chrétiens faisaient des oblations pour les défunts; puis il ajoute : «Si vous me demandez une loi en faveur de ces pratiques, vous « n'en trouverez point qui soit écrite; mais la tradition les sanc⚫tionne de son autorité, la coutume les confirme, et la foi nous « les fait observer (4). » Ailleurs il parle des prières et des offrandes annuelles que les fidèles avaient coutume de faire pour les morts, en demandant à Dieu de leur accorder le rafraîchissement et la participation à la résurrection première (5).

204. A toutes ces autorités nous pourrions ajouter celles des anciennes liturgies: il n'en est aucune qui ne suppose le dogme du purgatoire. Celles qui portent le nom des apôtres, comme celles qui ont été rédigées sous le nom de saint Basile, de saint Jean Chrysostome ou d'autres évêques; celles des Églises occidentales comme celles des Églises orientales, celles des orthodoxes comme

merabilis autem populus una cum sacerdotibus Dei, non sine gemitu ac lacrymis pro imperatoris anima preces offerebant Deo gratissimum pio principi officium exhibentes. Liv. iv, de la vie de Constantin, c. LXXI. — (1) In quibus summus oratur Deus, pax cunctis et venia postulatur, magistratibus, exercitibus, regibus, familiaribus, inimicis adhuc vitam degentibus, et resolutis corporum vinctione. Lib. iv, adversus gentes, sub finem. — (2) Lettre LVI. — (3) Aliud est ad veniam stare, aliud ad gloriam pervenire; aliud missum in carcerem non exire inde donec solvat novissimum quadrantem, aliud statim virtutis et fidei ardore mercedem accipere; aliud pro peccatis longo dolore cruciatum emundari et purgari diu igne, aliud peccata omnia passione purgasse; aliud denique pendere in diem judicii ad sententiam Domini, aliud statim a Domino coronari. Épître LII. — (4) Oblationes pro defunctis, pro nataliis annua die facimus.... Harum et aliarum hujusmodi disciplinarum si legem expostules Scripturarum, nullam invenies: traditio tibi prætendetur auctrix, consuetudo confirmatrix, et fides observatrix. Liv. de la Couronne, c. metiv.-(5) Pro anima ejus (viri sui) orat (uxor), et refrigerium interim adspostulat ei, et in prima resurrectione consortium, et offert annuis diebus dormitionis ejus. Liv. de la Monogamie, c. x.

« ZurückWeiter »