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Tout, dans ce passage de saint Paul, annonce que le Saint-Esprit est une personne distincte du Père et du Fils, une personne qui veut ce qui lui plaît, qui agit, qui opère à volonté. Or, c'est un seul et même Esprit, un seul et même Seigneur, un seul et même Dieu, qui distribue à chacun, selon son bon plaisir, les différentes grâces, les différents ministères, les différentes opérations, les différents dons spirituels utiles à l'Église; c'est un seul et même Esprit qui opère tout en tous, qui communique le don de prière, le don des langues, le don des miracles et des prophéties; dons qui ne peuvent évidemment venir que de Dieu. Donc, encore une fois, le SaintEsprit est Dieu, vrai Dieu avec le Père et le Fils.

311. Enfin, suivant l'Écriture, le Saint-Esprit est partout, il remplit l'univers (1); il est tout-puissant, la vertu du Très-Haut(2); et toute vertu vient de lui (3). Il sait tout, il pénètre tout, même les profondeurs de Dieu (4); il est l'Esprit de vérité, et enseigne toute vérité (5). Il est la vie, l'Esprit vivifiant (6). C'est lui qui nous régénère par l'eau du baptême, conjointement avec le Père et le Fils (7); qui remet les péchés (8); qui nous purifie, nous sanctifie et nous justifie au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ (9); qui répand la charité de Dieu dans nos cœurs (10); qui nous fait enfants de Dieu (11), et qui a établi lui-même les évêques pour gouverner l'Église de Dieu (12). Or, toutes ces choses expriment manifestement et la personne et la divinité du Saint-Esprit.

dem per Spiritum datur sermo sapientiæ : alii autem sermo scientiæ secundum eumdem Spiritum : alteri fides in eodem Spiritu : alii gratia sanitatum in uno Spiritu alii operatio virtutum, alii prophetia, alii discretio spirituum, alii genera linguarum, alii interpretatio sermonum. Hæc autem omnia operatur unus atque idem Spiritus, dividens singulis prout vult. Ibidem, c. XII, v. 4, etc. (1) Spiritus Domini replevit orbem terrarum. Sagesse, c. 1, v. 7. — (2) Virtus Altissimi. Saint Luc, c. 1, v. 35. - (3) Verbo Domini cœli firmati sunt, et Spiritu oris ejus, omnis virtus eorum. Psaume xxxш, v. 6. (4) Spiritus enim omnia scrutatur, etiam profunda Dei. I építre aux Corinthiens, c. 11, v. 10. – (5) Cum autem venerit ille Spiritus veritatis, docebit vos omnem veritatem. Saint Jean, c. xvi, v. 13. — (6) Spiritus vivificus. Ire épître aux Corinthiens, C. XV, v. 45. (7) Saint Matthieu, c. xxvIII, v. 19. · (8) Accipite Spiritum Sanctum; quorum remiseritis peccata, remittuntur eis. Saint Jean, c. xx, v. 22 et 23. (9) Sed abluti estis, sed sanctificati estis, sed justificati estis, in nomine Domini nostri Jesu Christi, et in Spiritu Dei nostri. I épître aux Corinthiens, C. VI, V. 11. (10) Charitas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum Sanctum. Épitre aux Romains, c. v, v. 5. — (11) Accepistis Spiritum adoptionis filiorum, in quo clamamus : Abba (Pater). Ipse enim Spiritus testimonium reddit spiritui nostro, quod sumus Filii Dei. Ibidem, c. viu, v. 15 et 16. — (12) Spiritus Sanctus posuit episcopos regere Ecclesiam Dei. Actes des ápôtres, C. XIII, v. 20.

312. Aussi, s'appuyant sur les livres saints et l'enseignement traditionnel des apôtres, les premiers chrétiens confessaient la divinité du Saint-Esprit, le glorifiant avec le Père et le Fils, en distinguant les trois personnes divines, sans les confondre entre elles et sans diviser la substance, ainsi qu'on le voit par les écrits des docteurs de l'Église, de ceux mêmes qui sont antérieurs à l'impie Macédonius, dont les erreurs ont été solennellement proscrites par le concile œcuménique de Constantinople, en 381. Nous pourrions, en effet, citer les lettres de saint Ignace d'Antioche, la lettre de l'Église de Smyrne sur le martyre de saint Polycarpe, les Apologies de saint Justin, le second livre de saint Théophile d'Antioche à Autolyque, l'ouvrage de saint Irénée contre les hérésies, Clément d'Alexandrie, le livre de Tertullien contre Praxéas, celui de saint Hippolyte contre Noët, saint Cyprien, saint Grégoire Thaumaturge, saint Denys d'Alexandrie, saint Denys de Rome, saint Hilaire de Poitiers, saint Athanase, saint Basile, et saint Grégoire de Nazianze. « Nous croyons, disait ce dernier docteur en présence « de cent cinquante évêques assemblés à Constantinople; nous « croyons au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, qui sont de même substance, et qui ont la même gloire, ejusdem substantiæ et gloriæ. Nous croyons que le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit, << sont trois quant aux hypostases ou personnes, et une seule subs«tance quant à l'essence adorable et indivisible; car nous profes« sons que ces trois personnes n'ont qu'une seule substance: unam « et eamdem horum trium essentiam profitemur (1).» Ces cent cinquante évêques, invoquant la foi évangélique, comme ayant pour elle l'autorité du concile de Nicée, les paroles du baptême et la plus haute antiquité, écrivaient, au pape saint Damase, que cette foi nous enseigne que nous devons croire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, c'est-à-dire, « à la Divinité, puissance et substance, « qui est une dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, en trois hypostases ou personnes parfaites, ayant une dignité égale, et régnant de toute éternité (2). Trinité incréée, coéternelle et con

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(1) Credimus in Patrem, et Filium, et Spiritum Sanctum, ejusdem substantiæ et gloriæ.... Unum quidem quoad essentiam ac divisionis omnis expertem adorationem, credentes; tria autem quantum ad hypostases sive personas... Unam enim et eamdem horum trium essentiam profitemur. Labbe, Concil., tom. II, col. 933. (2) Cum ista fides et antiquissima sit, et lavacro baptismatis consentanea, et nos doceat credere in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, hoc in divinitatem, potentiam et substantiam unam Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, æqualem dignitatem, et coæternum regnum, in tribus perfectissimis hyposta sibus, sive in tribus personis. Labbe, tom. 1, col. 964.

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« substantielle, consubstantialis (1). » Et le pape saint Damasc, de son côté, anathématise « celui qui ne confesse pas franchement « l'unité de puissance et de substance dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit; celui qui ne dit pas que le Père a toujours été, que << le Fils a toujours été, et que le Saint-Esprit a toujours été; celui qui ne dit pas que le Saint-Esprit sait tout, qu'il connaît tout, et << qu'il est partout comme le Père et le Fils; celui qui dit que le << Saint-Esprit est une créature, ou qu'il a été fait par le Fils; celui << qui ne dit pas que le Père a fait toutes choses, visibles et invisi« bles, par le Fils et le Saint-Esprit ; celui qui ne dit pas qu'il y a dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, une seule divinité, un seul pouvoir, une seule majesté, gloire, domination, un seul règne, « une seule volonté et vérité; enfin, celui qui ne dit pas que le Saint-Esprit doit être adoré par toute créature, comme le Père « et le Fils (2). » Ainsi donc, conclut saint Damase, « le salut des «< chrétiens est que nous croyions à la Trinité, c'est-à-dire, au Père, - au Fils et au Saint-Esprit, au nom desquels nous avons été bapa tisés, en croyant fermement qu'il n'y a qu'une seule et vraie divinité, une seule puissance, une seule majesté, une seule subs« tance divine (3). » On croyait donc alors à la divinité du SaintEsprit dans toute l'Église; elle était reconnue dans l'Occident comme dans l'Orient. Or, cette croyance, par cela même qu'elle était universelle au quatrième siècle, ne pouvait venir que des apôtres et de Jésus-Christ. On n'invente rien dans l'Église de Dieu. Nous reconnaissons donc et nous confessons avec joie que le SaintEsprit est Dieu comme le Père et le Fils, vrai Dieu avec le Père et le Fils, coéternel, coégal et consubstantiel au Père et au Fils. O

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(1) Trinitati, quæ increata, et consubstantialis, et coæterna. Ibidem. — (2) Anathematizamus eos qui non tota libertate proclamant, eum cum Patre et Filio unius potestatis et substantiæ.... Si quis non dixerit, semper Patrem, semper Filium, semper Spiritum Sanctum esse, anathema sit.... Si quis non dixerit, omnia posse Spiritum Sanctum, omnia nosse, et ubique esse sicut et Patrem et Filium, anathema sit. Si quis dixerit Spiritum Sanctum facturam, aut per Filium factum, anathema sit. Si quis non dixerit, omnia per Filium et Spiritum Sanctum, Patrem fecisse, id est, visibilia et invisibilia, anathema sit. Si quis non dixerit, Patris et Filii et Spiritus Sancti unam divinitatem, majestatem, potentiam, unam gloriam, dominationem, unum regnum atque unam voluntatem ac veritatem, anathema sit. Si quis non dixerit, Spiritum Sanctum adorandum ab omni creatura, sicut et Filium et Patrem, anathema sit. Professio fidei. Labbe, tom. 11, col. 900 et 901. (3) Hæc est ergo salus christianorum, ut credentes Trinitati, id est Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, et in eam baptizati, veram solamque unam divinitatem, potentiam, majestatem, et substantiam ejus sine dubio credamus. Ibidem.

bienheureuse Trinité, nous vous invoquons, nous vous louons, nous vous adorons! Te invocamus, te laudamus, te adoramus, o beata Trinitas!

CHAPITRE V.

De la distinction du Père, du Fils, et du Saint-Esprit; de la génération du Fils, et de la procession du Saint-Esprit; de la mission des personnes divines.

ARTICLE I.

Ce qui distingue le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.

313. Il est de foi que les trois personnes divines sont distinctes entre elles. Le Père n'est ni le Fils ni le Saint-Esprit; le Fils n'est ni le Père ni le Saint-Esprit; le Saint-Esprit n'est ni le Père ni le Fils. Or ce n'est point par la substance ni par les attributs absolus, qui ne sont pas autre chose que la substance, que les trois personnes divines sont distinguées entre elles, car elles ont toutes trois une seule et même substance: et hi tres unum sunt (1). Elles sont coéternelles, consubstantielles, coégales en toutes choses, à raison de l'unité parfaite de la substance divine, qui est commune au Père, au Fils et au Saint-Esprit, étant indivise et tout entière dans chaque personne. Elles sont unies entre elles dans une même substance, sans se confondre, et néanmoins tellement unies qu'elles sont véritablement l'une dans l'autre : Je suis dans mon Père, et mon Père est en moi, dit Jésus-Christ (2).

314. Il faut donc chercher ailleurs que dans la substance divine ce qui distingue le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. Ce qui les distingue, ce sont les propriétés relatives ou personnelles, qu'on appelle aussi simplement relations. Or, les propriétés relatives sont la palernité, la filiation, et la spiration. La paternité distingue le Père du Fils et du Saint-Esprit, qui n'ont ni l'un ni l'autre la qualité de Père; la filiation distingue le Fils du Père et du SaintEsprit, qui ne sont point engendrés; la spiration, en tant qu'elle

(1) Ire épitre de saint Jean, c. v, v. 7. · Saint Jean, c. xiv, v. 10.

(2) Ego in Patre, et Pater in me est.

est passive, distingue le Saint-Esprit du Père et du Fils. La paternité constitue la personne du Père, qui n'est d'aucun autre ; il est le principe du Fils, et le principe du Saint-Esprit conjointement avec le Fils. La filiation constitue la personne du Fils, qui est engendré du Père, et qui, avec le Père, est un seul et même principe, d'où procède le Saint-Esprit. La spiration constitue la personne du Saint-Esprit, qui procède et du Père et du Fils; le Père et le Fils sont l'un et l'autre le principe de la spiration qui produit le SaintEsprit. Ainsi, la personne du Père vient en premier lieu, et se nomme la première personne de la Trinité; la personne du Fils vient en second lieu, et se nomme la seconde personne; la personne du Saint-Esprit vient en troisième lieu, et se nomme la troisième personne. Néanmoins ces trois personnes sont éternelles.

ARTICLE II.

De la génération du Fils, et de la procession du Saint-Esprit.

315. Quand il s'agit d'exprimer l'origine de la seconde et de la troisième personne de la sainte Trinité, on doit se conformer au langage consacré par l'Église, et distinguer la génération du Fils de la procession du Saint-Esprit. Le Fils est engendré et non procédant; le Saint-Esprit est procédant et non engendré: Filius nascens, et Spiritus Sanctus procedens; Filius gignitur, et Spiritus Sanctus procedit. Ainsi s'exprime le quatrième concile général de Latran (1); ce qui s'accorde parfaitement avec les symboles de Constantinople et de saint Athanase, où le mot procéder n'est employé que pour exprimer l'origine du Saint-Esprit.

316. Or, premièrement, il est de foi que le Fils est engendré du Père, et du Père seul, Filius a Patre solo est genitus (2). Suivant les symboles de Nicée et de Constantinople, nous devons croire en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non fait, genitum, non factum. Aussi l'Écriture et la tradition nous représentent le Verbe comme Fils de Dieu, engendré de Dieu, né de Dieu. D'ailleurs, tous ceux qui reconnaissent la divinité du Verbe reconnaissent en même temps qu'il est le vrai Fils de Dieu, engendré de Dieu de

(1) Labbe, tom. xi, col. 142 et 145.

- (2) Symbole de saint Athanase.

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